Pour le concert de Triggerfinger, Forest National recense 6 000 personnes. Un belle prouesse quand on sait que la capacité totale de cette salle est de + ou – 8 400 spectateurs. Le nombre d’artistes ou de groupes belges capables de la remplir n’est pas légion (dEUS, Machiavel, Vaya Con Dios, Puggy, etc.) ; mais en général, ils jouissent déjà d’une belle notoriété ou sont à l’aube de la reconnaissance internationale. Et ce soir, c’est blindé de chez blindé pour assister au set du trio anversois, éminemment sympathique. En supporting act, on retrouve la formation canadienne Big Sugar, qui avait déjà joué ce rôle, lors du show accordé à l'Ancienne Belgique, en mai 2014.
Big Sugar est un combo qui a déjà connu deux vies. La première entre 1991 et 2004. La seconde depuis avril 2010, soit depuis leur reformation. Le line up réunit Kelly 'Mr Chill' Hoppe au saxophone, à l'harmonica et aux claviers, Garry Loweest à la basse, Gordie Johnson au micro et à la six ou la douze cordes et enfin le drummer St ainsi que le claviériste DJ Friendlyness. Big Sugar est une véritable institution au pays de l’érable. Dans l’univers du blues et du roots, il est considéré comme un des plus créatifs ayant sévi au cours des 90’s. Il est né de la rencontre improbable entre un guitariste de hard-rock, un bassiste jamaïquain et un batteur punk.
Leur musique est plutôt originale et métissée. Une forme de blues aux réminiscences reggae et ragga. Le chanteur a une bonne voix et se révèle excellent gratteur. Les musicos bougent pas mal sur les planches. Le band s’était produit le 1er mai dans le cadre du Roots & Roses de Lessines ; et honnêtement, il ne m’avait pas particulièrement marqué. Bref, si le son manque quand même de pêche, il faut reconnaître que le show est dynamique et bien rôdé. En outre, les musicos manifestent une belle interactivité avec le public…
Véritable institution en Flandre, Triggerfinger jouit aujourd’hui d’une notoriété internationale, qu’il a acquise au fil du temps. Surtout comme groupe ‘live’. A tel point, qu’au cours des dernières années, le combo a été programmé au sein des plus grands festivals européens : Werchter, Vieilles Charrues, Rock Am Ring, Dour, Pukkelpop, Pinkpop, Sziget, Lowlands, Main Square, etc. Il a même assuré le supporting act des Stones à Hyde Park, l’an dernier. Eponyme, son premier opus est paru en 2004. Suivi par l’album ‘live’ « Fathers Up » en 2007, « What Grabs Ya » en 2008, « All this Dancin' Around » en 2010 (NDR : il a récolté un succès phénoménal qui s’est traduit notamment par un disque de platine en Belgique) et le dernier, « By Absence Of The Sun », cette année. Un enregistrement qui a été postposé, suite au succès imprévisible de leur cover du « I Follow Rivers » de Lykke Li, immortalisé lors d’une session radio pour la chaîne hollandaise 3FM. Un tube aussi énorme qu’inattendu qui les a renvoyés sur les routes, pour un nouveau périple de 6 mois, aux quatre coins du Vieux Continent. Une reprise qui figure sur le nouvel LP ‘live’ « Faders Up 2 ». Mais si vous souhaitez en savoir davantage sur l’épisode qui a marqué les sessions de leur dernier long playing, réalisé aux States, je vous renvoie à l’interview que le trio avait accordée à Musiczine au printemps dernier (voir ici)
A l’instar de la pochette du dernier LP, le chanteur/guitariste Ruben Block, le bassiste Paul Van Bruystegem, aka Monsieur Paul, et le drummer Mario Goossens ont revêtu leurs costards. Sexy, zébré mauve et rose pour Ruben, bleu foncé aux rayures verticales bleu ciel et blanches pour la veste chez Mario et comme d’hab’, blanc pour Mr Paul. Le rideau gris habituel est tiré en fond de scène. Et le set va bénéficier d’un solide light show. Avant que le combo ne monte sur l’estrade, une intro ténébreuse est crachée par les haut-parleurs. Et le spectacle de commencer par « Black Panic », un premier extrait du petit dernier, « By Absence Of The Sun ». Ruben triture sa gratte. Mario est déjà en super forme et invite la foule à se remuer en frappant dans les mains. Il se lève régulièrement de son siège pour haranguer la foule. Les 120 minutes de concert ont démarré à du 100 à l’heure ! D’autant que Mario martèle ses fûts toujours aussi frénétiquement. Comme sur le titre suivant, « And There She Was Lying in Wait ». Faut dire aussi que la section rythmique est particulièrement solide et balise les compos à la perfection. Car le showman, c’est avant tout Ruben. Il arpente l’estrade de long en large. Petit problème quand même, récurrent à Forest National, la voix de Block est trop en retrait. « By Absence Of The Sun » déclenche un véritable délire dans l’auditoire. Mario marque la cadence à l’aide de ses sticks pendant que les spectateurs frappent des mains. Enfin, l’ambiance commence timidement à décoller. Et « There Isn't Time » prolonge cet engouement. On My Knees » est un extrait du premier album, gravé en 2004. L’éponyme ! Une compo qui leur a permis de faire leurs premiers pas. Il fait de plus en plus chaud. Sur le podium. Les trois musicos se livrent et donnent tout ce qu’ils ont dans le ventre. Ruben tombe la cravate ainsi que la veste. Normal, il assure le show. Mario se charge plutôt de relancer (NDR : réveiller ?) la foule, quelque peu mollassonne et l’incite à applaudir le barbu. Après « Perfect Match », la voix légèrement vocodée de Block amorce « My Baby's Got a Gun » (NDR : tiré d’« All This Dancin' Around »), un titre qu’il va charge d’intensité à l’aide de sa guitare, par paliers, avant d’atteindre une saturation ultime. C’est évidemment lors d’« All This Dancin' Around » que Mario va nous accorder un solo d’enfer sur ses fûts, moment choisi par ses deux comparses pour l’éclairer à l’aide de deux énormes spots ; et pendant les 20 bonnes minutes de son exercice de style !
« Is It » achève le set, un excellent boogie issu du premier elpee. Les membres de Big Sugar et du trio sont devenus très proches. Aussi, plusieurs d’entre eux les rejoignent sur le podium. Pour rappel, on aura droit à « Off the Rack », une version singulière du « I Follow Rivers » de Lykke Li (NDR : surtout l’intro) et à « Cherry ». Bref, si Triggerfinger s’est montré à la hauteur de sa prestation, il faut avouer que le public a quand même manqué de réactivité. La faute à une qualité de son insuffisante ? Sans doute. Mais pour le régler à la perfection, dans une telle salle, il faudrait bien une baguette magique. Ou alors disposer d’un matos hyper pro comme Neil Young, par exemple…
(Organisation : Live Nation)
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