Après avoir couvert le festival ProPulse pendant trois jours, votre serviteur est invité par le groupe Ozvald, à assister au concert qui se déroulera –selon Facebook– au café People's House, sur la Place de Dour. Le nom de la salle sonne très insulaire et rock'n'roll. L'adresse est introduite dans le GPS qui guide souvent mon chemin, lorsque la destination m’est inconnue. Arrivé au terme de mon parcours, je ne discerne pas de café au nom évocateur. Evidemment, la ville qui accueille le célèbre festival de rock alternatif compte trois places. Interpellation d'un indigène ! Il me répond : ‘Pas de café anglais à Dour. Pour les concerts, il faut attendre 5 mois et le festival’.
Suis mal barré ! Je décide donc de parquer mon véhicule. Après 5 minutes de recherche, je passe devant un café assez imposant. Je relève la tête et découvre l'enseigne ‘Maison du Peuple’. Le franc tombe et effectue le parallèle entre « People's House » et « La Casa del Populo ».
Le concert débute normalement à 20h00. Il est déjà 21h00. Pas grand monde dans l'établissement, mais je reconnais quelques têtes connues. Surprise, MusicZine est représenté en force. Trois reporters sont présents. Stéphane va se charger de la rédaction du compte-rendu d'Ozvald et Didier, du supporting act, c’est-à-dire Speaking Corner, qu'il découvre. Le troisième collaborateur est prêt à prendre la relève, en cas de défaillance. Une équipe soudée décidée à affronter le déluge sonore.
La salle est magnifique, immense, mais malheureusement elle ne se prête pas au déroulement de concerts rock. L'ingé-son va pourtant accomplir des miracles et faire tout son possible pour maîtriser la sonorisation.
Speaking Corner est un quintet. Fred se réserve le micro, Bob et Raf, les grattes, Fab la basse et Max les drums. Claudia, la chanteuse/choriste est absente. Le combo est issu du coin. On me signale que chanteur a participé à l'aventure du ‘Plan Langues’ de la RTBF. Son anglais est d’ailleurs parfait, même si ses textes sont également écrits dans la langue de Molière. Le band a publié un album au titre évocateur, « Prochaine Saison », chez Hats Records. Normalement, ils portent tous un chapeau. Je ne remarque la présence que d’un barbu coiffé d’une toque en peau de castor. D’après la bio, la formation écume les salles obscures de notre royaume depuis quelques années. Ils ont du vécu et de la technique ; ce qui se ressent dans leur musique.
« Despereado » ouvre le bal. La voix de Fred est grave et caverneuse. Elle aurait pu naître d’un croisement entre Ian Dury, Nick Cave, Léonard Cohen et feu Ian Curtis, chanteur de Joy Division. L'artiste a vécu une relation fusionnelle avec Annick Honoré, une Montoise que j'ai connue. Annick a malheureusement été emportée par le cancer…
Lorsque les textes sont exprimés en français, ils oscillent entre le slam et le débit déclamatoire, proche d’un Serge Gainsbourg. « Michel Pop » est un extrait du roman ‘La possibilité d'une île’ de Michel Houellebecq. On écoute les lyrics de ce morceau, religieusement. Plutôt rock, la musique est parfaitement adaptée et se prête bien à ces écrits. Jean-Louis Aubert interprète « Les Parages Du Vide » de Houellebecq. Quelle belle coïncidence ! « Sens Unique » est hanté par un Gainsbarre taillé dans le rock. Les guitares s’y réservent la part du lion. Il manque cependant une petite touche féminine pour adoucir l’ensemble. « Brand New Church » est un morceau que chante habituellement Claudia. Elle est supplée, pour la circonstance, par Fred. A cet instant, c’est le spectre de Léonard Cohen qui se met à planer. Paradoxalement, si les guitares peuvent se révéler incisives, c’est la section rythmique qui se charge de tempérer les vocalises du chanteur. L’obstacle principal vient de la taille de la salle. Trop grande ! Et pourtant, on peut affirmer que derrière la console, le responsable s’est coupé en quatre pour le franchir.
J’espère revoir Speaking Corner dans de meilleures conditions. Pour la review d’Ozvald, c’est ici.
(Organisation : Xtrm Scandalous)