Les vacances de Carnaval viennent de commencer. Et ce 14 février, le Cirque
Royal accueille les Kooks. Une longue file s'étire déjà jusqu'au coin de la rue et il n'est que 18h15. The Kooks est de retour après trois années de silence. Il vient de publier un nouvel album. Intitulé « Listen », il est plus funky et plus dansant. Ce qui risque de surprendre les aficionados du groupe. Bleachers assure le supporting act.
Bleachers nous vient d’outre-Atlantique. Un combo fondé par le chanteur/guitariste Jack Michael Antonoff, en 2014. Originaire du New Jersey, ce sympathique trentenaire est actif sur la scène musicale américaine, depuis plus de 10 ans. A partir de 2002, il se réserve les vocaux chez Steel Train, un combo qui va graver trois albums au cours de son existence : « Twilight Tales From The Prairies Of The Sun » en 2005, « Trampoline » en 2007 et « Steel Train » en 2010.
Jack est également guitariste au sein de Fun. Une aventure qu’il a entamée en 2008, en compagnie de Nate Ruess et Andrew Dost. Le trio a décrocher un Grammy Award en 2013, pour la chanson de l’année, grâce à son hit « We Are Young », titre auquel la charmante Janelle Monáe avait participé. Outre son talent de musicien, Jack est un auteur/compositeur/producteur unanimement reconnu par la critique. Jack a également reçu une nomination lors des Golden Globe pour « Sweeter Than Fiction », une chanson pour laquelle il avait reçu le concours de Taylor Swift. Bleachers est venu défendre son nouvel opus « Strange Desir ». Mais il ne dispose que de 30 minutes. Un peu court !
Pour ce spectacle, Jack est soutenu par 4 musicos. Soit deux drummers et deux multi-instrumentistes (claviers, guitares, saxophone). Et ils sont placés en avant-plan. C’est aussi l'anniversaire d'un des deux claviéristes. Jack est bien sûr le chef d’orchestre. La voix d’Antonoff est d’abord douce, avant de devenir puissante. Son timbre campe un hybride entre Jim Kerr et Bono. L’ambiance monte progressivement dans les tours. Et Jack finit même par haranguer le public pour qu’il chante et jumpe ; un public majoritairement féminin, dont l’âge oscille entre 18 et 25 ans. Et il réagit instantanément. Un peu à la manière du Boss (NDR : également issu du New Jersew), Jack achève son set, tel un Bruce triomphateur. Bleachers se retire alors, ravi d’être parvenu à conquérir l’auditoire. Idéal pour chauffer la salle…
Qui est pleine à craquer. Votre serviteur a choisi de s’installer à l’étage, juste au-dessus de la table de mixage, pour mieux dominer la situation. Les aficionados s'agglutinent contre les barrières devant la scène. Vu le nombre de filles, c’est parfois nécessaire pour éviter les débordements. Faut dire qu’elles attendent impatiemment Luke et sa belle gueule d'ange…
The Kooks est un jeune quatuor né en 2004. A Brighton. Il n’a fallu au band qu’un single (« Naive ») et un album (« Inside In-Inside Out », le premier, paru en 2006) pour se forger sa notoriété. Encensé par la presse musicale insulaire, il fait alors un malheur en Grande-Bretagne. Mais également en Europe et aux States, où les concerts sont accordés à guichets fermés. Le long playing récolte un énorme succès : quadruple disque de platine en un an au Royaume-Uni, platine en Australie et double platine en Irlande. The Kooks remporte également le Best UK & Ireland Act aux MTV Europe Music Awards, en 2006, et décroche une nomination aux Brit Awards, pour le single « She Moves In Her Own Way ».
Paru en 2008, leur second LP, « Konk » se classe numéro ‘1’ dans les charts britanniques. Il s’écoule à 65 000 exemplaires en une semaine. Et obtient, à nouveau, un disque d'or au Royaume-Uni et en Irlande. Au cours de cette même année, Max Rafferty, le bassiste/guitariste, quitte le navire. Il est d’abord remplacé par Dan Logan, puis par Peter Denton. Gravé en 2011, « Junk Of The Heart » accentue leur progression vers les sommets. En septembre dernier, le combo publie son quatrième opus, « Listen », un disque enregistré entre Los Angeles et Londres. Luke et Inflo, un jeune prodige de la scène hip hop anglaise, le coproduisent. Victime de son addiction à la drogue, Paul Garred cède alors ses drums à Alex Nunez. Du line up initial, il ne reste donc plus que le gratteur Hugh Harris et Pritchard. Luke a déclaré que ce nouvel elpee constituait un nouveau chapitre dans l’histoire du groupe, et reflétait leur nouvelle orientation musicale. Avant de paraître, ce long playing a été précédé par trois singles, issus de l’œuvre : « Down » en avril, « Around Town » en juin et « Forgive And Forget », en août.
A l’origine, la musique des Kooks était principalement influencée par le mouvement 'British Invasion’ qui a contaminé les States au cours des 60’s et le post-punk du nouveau millénaire. The Kooks se définit cependant, comme un groupe pop. Ce qui ne l’a pas empêché de se frotter au rock, à la britpop, au reggae et au ska. Ni de concocter des singles aussi contagieux qu’efficaces.
Le quatuor monte sur le podium. On en a déjà plein les mirettes. A cause du light show, mais également du support vidéo. Il n'y a pas moins de 12 écrans aux dimensions différentes, réparties sur la scène. Le drummer s’est installé sur une haute estrade, juste sous le grand écran. Luke Pritchard occupe bien sûr l’avant-plan. Il a même toute la place pour faire le choix entre ses grattes acoustiques ou électriques.
Le set s’ouvre par une nouvelle compo, « Around Town », et embraie par deux morceaux issus du premier elpee, « See The World » et « Ooh La ». Un disque qui m’avait permis de découvrir le groupe, puis incité à le voir en ‘live’, dans le cadre du festival Rock Werchter, pour un concert plutôt explosif. C’était d’ailleurs l’époque de leur splendeur juvénile. Depuis le band a acquis une certaine maturité. S’est assagi. Mais a aussi perdu cette forme de candeur et tempéré cette d’énergie qui faisaient son charme. On a même l’impression qu’il se repose davantage sur ses lauriers. D’ailleurs, sur les planches, les musiciens sont plutôt statiques.
« It Was London », « Bad Habit » et « Down » sont trois titres issus du nouveau cd. Plutôt déroutants. Funkysants même. Manifestement le combo évolue. Luke a empoigné une six cordes électro-acoustique pour interpréter le plus paisible « She Moves In Her Own Way ». Place ensuite aux hits « Eddie Gun's» et « Seaside ». Nous sommes en terrain connu. Quoique extrait du nouvel essai, « Dreams » est une jolie ballade assez classique.
« Tick Of Time » est une plage tirée de « Konk ». Curieux, on dirait que « Westside » est un pastiche de leur « Sea Side ». Différence ? Des synthés hybrides et décousus ont été ajoutés. « Always Where I Need To Be » libère enfin l’énergie originelle ; celle qui me rappelle la pêche que le band manifestait lors des festivals. Balayé par des interventions de claviers, « Sweet Emotion » opère un virage électro/pop. C’est dans l’air du temps. Plus rock, percutant, « The Saboteur » figure sur le troisième opus, « Junk Of The Heart ». Caractérisé par la voix beatlenesque de Luke, il est particulièrement apprécié par l’auditoire. Sans doute aussi, pour son approche théâtrale. Plutôt rock'n'roll, « Sway » est une compo qui me botte particulièrement. Après « Sofa Song », The Kooks achève sa prestation par « Forgive And Forget », un morceau qui lorgne généreusement vers le funk, un style davantage exploré sur le dernier elpee. Luke remercie le public belge, à qui il reconnaît devoir une partie de son succès.
En rappel, le combo va encore nous réserver « See Me Now », « Junk Of The Heart (Happy) » et « Naïve ». Mais, je dois avouer que ce concert m’a laissé sur ma faim. J’espère tout simplement que la tournée est encore en rodage et leurs prestations vont davantage s’électriser au fil du temps. Pour atteindre leur pic, au moment des festivals.
(Organisation : Live Nation)
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