Après avoir écumé les bars américains à coups de reprises de Glam Metal des années 80, les amis d’école de Metal Skool décident de composer leurs propres morceaux et deviennent, en 2008, les Steel Panther. Reconnus pour leur humour franchement décalé, portant essentiellement sur leur côté festif, la drogue et le sexe à outrance, les Américains ont la réputation de dispenser des shows explosifs et totalement déjantés. Ils avaient mis une fameuse ambiance, lors de leur dernier passage en Belgique, au Graspop Metal Meeting, en 2014 ; mais quid de leur première date à l’Ancienne Belgique ? Immersion au cœur des paillettes et du troisième degré en dessous de la ceinture.
Alors que je m’attendais à croiser un public plus âgé, nostalgique de l’âge d’or du Glam Metal de la fin des 70 et du début des années 80, marquées par Twisted Sister, Mötley Crue ou encore W.A.S.P., c’est au contraire un public majoritairement dans la vingtaine qui a répondu ce soir à l’appel des glammers. Deuxième surprise : il y a très peu de monde à l’ouverture des portes. Impossible pourtant que la foule ne se soit pas déplacée pour applaudir les Yankees potaches… La raison procède peut-être de l’absence d’une première partie ‘consistante’. D’ailleurs, le public va affluer progressivement jusqu’à finalement transformer le show en spectacle sold-out. Mission réussie.
Sur l’estrade, sont disposées deux toiles tendues sur des armatures métalliques. Sur l’une d’elle figure l’inscription ‘The Lounge Kittens’ en lettres néon multicolores ; sur l’autre, les initiales ‘TLK’, toutes aussi bariolées. Trois femmes montent sur les planches, vêtues d’une tenue moulante rayée verte et noire. Seul un petit piano trône sur l’estrade. Et là… surprise : sur une rythmique digne d’un twist complètement déjanté, les trois demoiselles vont reprendre pendant une demi-heure des classiques du Metal ; depuis Slipknot à Iron Maiden, en passant par Metallica, Limp Bizkit, Papa Roach, System of a Down, mais aussi Queen, Bob Marley ou encore Prodigy. De véritables ovnis. Se réappropriant totalement les chansons, toutes trois ont chauffé l’ambiance à coups d’humour, de stéréotypes et de folie, le tout dans un style cabaret décalé. Une ouverture de show atypique, dont la sauce a peut-être eu du mal à prendre au début tant ce genre d’‘opening act’ est unique en son genre. Mais au final, un bon moment de bonne humeur. De quoi mettre en appétit avant un show qui va glisser directement à la troisième vitesse, en matière de facéties décalées.
Un voile bleu, similaire à de la soie, cache l’ensemble de la scène de l’Ancienne Belgique. La fosse, mais également les gradins, sont à présent bien remplis. La salle est plongée dans le noir lorsque retentit « Runnin’ with the Devil » de Van Halen. L’ambiance monte crescendo, atteignant son apogée à la fin du morceau, lorsque retentissent des coups de batterie. Les premières notes de « Pussywhipped » s’envolent et font tomber le voile, laissant apparaître les membres du band en grande forme. Vous voyez Slayer ? Faites-en un cliché en négatif et vous obtiendrez l’image qui correspond le mieux à Steel Panther. A la virilité exacerbée à coups de laque, pantalon moulant, lifting et gestes obscènes à outrance, les membres n’hésitent pas à stéréotyper et à amplifier le mouvement Glam. Tout sourire et les yeux un peu plus ouverts que la normale, vêtu d’un pantalon noir ultra serrant étoilé et d’un t-shirt à tête de chat, Michael Starr enflamme directement le public. Et le band d’attaquer « Party Like Tomorrow Is the End of the World », issu de son dernier opus, « All You Can Eat » (qui est en outre l’appellation de la tournée). Michael exécute ses mimiques, en triturant son micro, tel un phallus en érection. Le bassiste, Lexxi Foxx, le plus efféminé des rockers, se dandine dans son cuir pailleté et lance des regards appuyés à la foule, tenant sa bouche en cul de poule. Satchel, quant à lui, le guitariste musclé, légèrement vêtu d’un treillis déchiré de partout, manie sa guitare vigoureusement, tout en lançant des clins d’œil aux premiers rangs, pour le bonheur de ces dames médusées. Plus discret, le puissant Stix Zadinia, bandeau autour de la tête pour tenir ses cheveux, se contente de marteler les fûts de sa batterie, élevée sur un podium.
Les Steel Panther sont également reconnus pour leurs blagues commises pendant leur show, prenant le temps de se vanner l’un l’autre tout le long du set. Exprimant la plupart du temps des propos à connotations sexuelles, ils se plaisent à évoquer la taille de leur sexe, se rappeler qui ils ont baisé la nuit dernière ou encore savoir qui s’est envoyé la mère, la fille ou la grand-mère des filles qu’ils ont connues. Finesse, quand tu nous tiens. Une part belle du concert sera consacrée à leur second LP, paru en 2009, « Feel The Steel », à travers les tubes tels que « Asian Hooker », « Eyes of a Panther » ou encore « Death to All but Metal ». Récemment questionné pour savoir si, vu leur renommée importante, le groupe allait enfin écrire des chansons un peu sérieuses, la réponse de Michael Starr avait été très explicite : ‘Non ! On veut uniquement se marrer et on va toujours plus loin. On a décidé qu’on prendrait toujours notre pied et qu’on ne se prendrait jamais au sérieux’. Du fun à la Steel Panther, c’est aussi inviter un maximum de filles sur le podium lors du morceau évocateur « 17 Girls in a Row », où les plus aventureuses (et plantureuses) se sont ruées sur la stage afin de rejoindre, parfois de manière très proche, les Américains. Les plus échauffées ont atteint Michael Starr, s’y frottant de manière suggestive avant de dévoiler leur poitrine, pour le plus grand plaisir des mâles, dans la fosse. Le chanteur va même comparer les nichons des deux nanas, présentant l’une comme la version post-chirurgie esthétique de l’autre. Une attitude stéréotypée qui s’assoit parfois sur le respect et glorifie pompeusement le machisme, mais ne semble pas affecter les donzelles montées sur l’estrade.
Steel Panther ne manque également pas de régler ses comptes avec le rappeur Kanye West. Car ce dernier leur aurait manqué de respect lors de la remise d’un Grammy Awards. Avant de démarrer le morceau « Kanye », les artistes invitent la foule à entonner en chœur un ‘Fuck Kanye’ tout à fait suggestif. Cette revanche passée, les glammers poursuivent par « Weenie Ride » ou encore « Why Can’t You Trust Me », issus de leur elpee « Balls Out », au cours duquel Michael Starr s’amuse à lancer son chapeau que rattrape au vol Stix Zadinia, de sa baguette. Les filles de The Lounge Kittens –qui terminent le supporting act de la tournée Steel Panther, ce soir– sont conviées à rallier la tête d’affiche pour attaquer « Girl From Oklahoma », et de poursuivre par la reprise du « Ain't Talkin' 'Bout Love » de Van Halen.
‘You’re absolutely amazing tonight, Belgium. I must admit, it’s the best show of our career’. Bon, on continuera à prendre sa déclaration au troisième degré, en évitant de penser que le frontman doit certainement avoir le même discours lors de chaque prestation. La scène est plongée dans le noir, seul le backflag à l’effigie du band reste éclairé par des spots de couleur bleue. Les spectateurs en redemandent, hurlant un ‘We want more’ avant de reprendre tel un seul homme le refrain de « Party All Day (Fuck All Night) ». Après un long moment d’attente, Michael Starr et Satchel finissent par réapparaître et abordent « Community Property », puis leur tube réclamé par la foule pendant le rappel, laissant un auditoire désormais rassasié après quasi deux heures de show explosif. Vu le niveau des lyrics et l’attitude qu’on qualifiera sans limite dans l’obscénité, ce type de projet n’aurait jamais dû dépasser le stade de la reconnaissance locale. Mais comme les membres de Steel Panther sont de redoutables musicos, ils parviennent à relever le défi d’enchaîner les bêtises et les blagues potaches en se servant de compositions puissantes et accrocheuses. Personne (ou du moins, peu de monde) ne peut vraiment confirmer qu’ils sont, comme ils le prétendent, des bêtes de sexe. Mais toute l’Ancienne Belgique a bien conclu, jeudi soir, que les Steel Panther étaient définitivement des bêtes de scène. (Voir aussi la section photos ici)
Tracklist : Pussywhipped, Party Like Tomorrow Is the End of the World, Fat Girl (Thar She Blows), Tomorrow Night, The Shocker, 17 Girls in a Row , Gloryhole , If I Was the King, Ten Strikes You're Out, Kanye, Weenie Ride, Stripper Girl, Why Can't You Trust Me, Girl From Oklahoma, Ain't Talkin' 'Bout Love, Asian Hooker, Eyes of a Panthers, Death to All but Metal, Community Property, Party All Day (Fuck All Night)
(Organisation : Ancienne Belgique)