L’occasion était belle de découvrir enfin le Reflektor, première salle de concert d’une réelle envergure à Liège.
Inauguré début mars, ce nouvel écrin a déjà eu l’occasion d’accueillir, entre autres, Jean-Louis Murat et Oscar and The Wolf.
Perso, le concert de la petite folkeuse américaine était une belle opportunité de vérifier tout le bien qui avait déjà été dit au sujet de cet endroit.
Et force est de constater que Liège possède (enfin !) un lieu digne du nom en matière d’investissement musical.
Si les proportions de l’endroit restent modestes (on y entassera quand même près de six cent personnes les soirs de gala), il faut reconnaître que ouatée et teintée de reflets bleus, son atmopshère est manifestement propice à bien des réjouissances.
Et puis, surtout, l’acoustique est absolument bluffante.
Bref, d’excellentes conditions pour apprécier pleinement le spectacle de ce soir, tout comme ceux programmés dans le futur.
Peu de monde à l’entame de cette soirée aux abords intimistes.
Le seul Sam Amidon est donc contraint de chauffer la salle, armé de sa guitare sèche ou de son banjo.
Un exercice périlleux auquel l’Américain semble néanmoins rôdé.
Pour attachantes que sont ses chansons sur support physique, sa prestation ne m’emballe guère.
Si les plus polies des oreilles daignent refuser l’appel d’une bière savourée en terrasse, les autres s’esquivent par grappes au fil du set.
Vous laissant deviner à quelle catégorie appartient mon appareil auditif, laissez-moi enchaîner sans plus attendre sur le concert ce la charmante Sharon.
Faisons fi de toute surprise.
Il semble évident que chaque spectateur sait à quoi s’attendre.
Et Sharon Van Etten n’est pas du genre à décevoir ses fans.
Si l’artiste s’excuse pour les quelques approximations rencontrées, suite à la mise en place de son groupe qui la rejoint pour le premier soir, pas un spectateur présent ne pensera à lui en tenir rigueur.
Car ici, tout est soigneusement mis en place, et rien ne semble dépasser.
La configuration scénique du band, installé en arc de cercle, ouvre directement la voie de la modestie, mais certainement pas de l’effacement.
Car la voix a, au fil du temps, gagné en assurance.
La présence sera donc opérée par le biais de ce vecteur.
Les interventions entre les morceaux sont un peu formatées, certes, mais l’émotion transmise pendant l’exécution des morceaux, assure son quota de frissons.
Le répertoire gonflé d’amertume s’égrène comme un chapelet, à peine secoué par quelques vagues électriques.
Pas de mise en danger, mais une constante mise en abîme qui tire ici quelques larmes, là quelques zestes de bonheur.
Voilà, cela s’arrête là. Tout simplement.
Les fans savent pourquoi.
Je ne fais pas partie de cette catégorie.
Donc je me suis un peu lassé...
Faut dire que j’avais déjà vu.
Du coup, mes portugaises allaient de temps à autre prendre la température au dehors, mon gosier clapotait dans une bière ou mes lèvres tiraient longuement sur une cigarette, avant de revenir et de constater que tout était toujours parfaitement coordonné...
Rien à reprocher, rien à regretter.
Une excellente soirée qui s’achève au final devant un point merchandising étonnamment déserté.
Par les fans, mais aussi par Sharon elle même.
Dommage, quelques prétendants l’attendaient de pied ferme !
(Organisation : Les Ardentes)
Photos concert du 17 avril au Botanique :