Ce soir, tout le monde croise les doigts pour que le concert ne soit pas encore reporté à une date ultérieure, comme déjà, précédemment, à deux reprises. Charlie Winston était attendu à l'Ancienne Belgique le 24/11/2009. Malade, il avait fait faux bond. Le show avait cependant été reporté à Forest National ; et il avait été magique. Pour son deuxième passage à l’AB, prévu le 26/03/2012, dans le cadre de la présentation du 2ème LP, victime d’une hernie discale, il avait à nouveau dû déclarer forfait. Le spectacle avait été également reporté au 08/04/2012. En débarquant à l’AB, pas d’affiche d’annulation. Ouf ! C’est une bonne nouvelle. Je me place donc dans la file, en attendant l'ouverture des portes. Adulé en Belgique et dans l’Hexagone, Charlie Winston est pourtant méconnu en Grande-Bretagne. Et pourtant, il est né dans les Cornouailles et chante dans la langue de Shakespeare. Le spectacle est sold out !
C’est en 2007 que Charlie rencontre Peter Gabriel. Ce dernier l’invite à assurer la première partie de sa tournée européenne. Deux ans plus tard, il publie son premier long playing, « Hobo », qu'il étrenne sur tous les continents. En 2011, il embraie par « Running Still ». Considéré comme un tournant dans une carrière, son troisième, « Curio City », vient de paraître. Sur son propre label. Enregistré au sein de son studio londonien, il est celui de la maturité. Charlie s’est chargé de toute l’instrumentation, sauf des drums. Il en a assuré également la production. Mixé par Ruahdri Cushnan (Ed Sheeran, Mumford And Sons), l’LP marque un virage électro.
Le supporting act est assuré par le nouveau batteur de Charlie, Sam Walker. Un homme-orchestre, qui se réserve la guitare électrique ou acoustique, les percus, le synthé et le chant. Il est venu défendre son premier elpee, « Point ». C’est Charlie en personne qui vient présenter son musicien, appelé à squatter le podium toute la soirée. Sympa ! 30 minutes de set qui démarrent à 19h45. Après avoir interprété un premier titre paisible, l’artiste commence à mettre du rythme dans ses compos. Sa voix est assez particulière et il excelle tant à la gratte acoustique qu’électrique. Il est assis sur un cajon, pas seulement pour s’en servir comme siège, mais pour le marteler du pied à l’aide d’une pédale de grosse caisse. Il parle à la foule entre ses compos ; et en français !
Sam s’accompagne à la fois aux claviers et aux percus sur la jolie ballade « This Is The Blues » ; et s’en sort parfaitement. Plage d’ouverture de son opus, « Dreamtime », permet à la voix et la six cordes de s’envoler graduellement. Dominé par les claviers, « Blood Cells » baigne davantage dans l’électro. Pas mal du tout ! Sa palette de styles est variée. Elle est même diablement capable de se colorer de folk, de bluegrass ou de rockabilly.
C'est la troisième fois que Charlie affronte le public de l'Ancienne Belgique. Le backing group de Charlie a été renouvelé. Plus de Ben Edwards à l’harmo, ni de Medi à la batterie, remplacé, bien sûr, par Sam Walker. Le line up est complété par un bassiste chevelu, et surtout talentueux ; et d’un claviériste, qui harangue constamment la foule. Hobo est vêtu d'un costume trois pièces à damiers verts pailletés et coiffé d’un chapeau mou neuf de la même couleur que le costard. Il se plante au milieu de la scène, sur une estrade surélevée et lumineuse. En arrière-plan, juste derrière le drummer, 8 rangées d'immenses miroirs vont se mouvoir en fonction du light show.
Pendant l’intro, la scène baigne dans les lumières bleues. Charlie est précédé par ses trois musiciens, pour monter sur le podium. Le set s’ouvre par « Too Long », une plage issue du nouvel elpee. La setlist épinglera d’ailleurs 9 autres pistes de ce disque : « Evening Comes »,« Truth », « Lately » , « Wilderness », « Say Something », « Another Trigger », « Just Saying », « A Light (Day) » et « A Light (Night) », morceau qui termine le show.
L’auditoire écoute religieusement ses compos les plus paisibles. Puis prend manifestement plaisir à écouter ses nouvelles chansons au profil davantage électro. A l’instar de « Just Saying » et « A Light (Day) », deux pistes découpées dans les guitares funkysantes qui invitent à rejoindre le dancefloor. Et même « In Your Hands » a subi le même traitement. Charlie en profite pour faire son jogging dans la fosse qu’il termine en hauteur sur un fly-case, juste à gauche de la table de mixage. Il va également saluer sa maman assise au troisième rang du balcon.
Le fond de commerce de Winston demeure bien sûr ancré dans le folk/pop. Des chansons contagieuses qu’on se surprend à fredonner sous la douche. Caractérisé par son sifflotement, « Lately » en est un parfait exemple.
Charlie pousse la chansonnette sur « Saint-Claude » de la Reine Christine et embraie par le bouleversant « I Love Your Smile ». Un grand moment du concert au cours duquel le public donne de la voix. A la sauce électro, « Like A Hobo » enflamme littéralement l’auditoire, avant qu’« A Light (Night) » n’achève le show en douceur.
Lors du premier rappel, on a droit à trois titres. D’abord « Constant Sorrow / Speak To Me » que votre serviteur découvre pour la première fois. Puis une cover surprenante et chargée d’émotion du « Back To Black » d'Amy Winehouse, qu’il dédie à deux amis décédés. Et enfin « Kick The Bucket », au cours duquel il danse comme un automate, alors que le light show monte du dessous de la petite estrade, sur lequel Charlie est érigé.
Second rappel sous les applaudissements, avant que Charlie Winston n’attaque « My Life As A Duck », a capella. Showman hors pair, il nous a accordé un excellent concert, ce soir. Sa voix, la richesse de l’instrumentation et l’excellent son, même si la basse me paraissait légèrement vrombissante, ont fait le reste…
Setlist : Intro – Too Long (Jump On The Back)– Evening Comes – Truth –Lately – Wilderness – Say Something – Suburbs– Another Trigger– Hello Alone – In Your Hands – Saint-Claude (Christine and The Queens cover ) / I love Your Smile – A Light (Day) – Just Saying – Generation Spent – Like a Hobo –A Light (Night)
Rappel 1 : Constant Sorrow / Speak To Me – Back To Black (Amy Winehouse cover) – Kick The Bucket
Rappel 2 : My Life As A Duck (a capella)
(Organisation: Live Nation)
Voir aussi notre section photos ici