Par un dimanche ensoleillé, votre serviteur se rend chez Dominique Fronville. Il a généreusement prêté sa propriété pour un spectacle ‘Cerises’. Un concert de 60 minutes, en appartement. La propriété est vaste, les musiciens occupent la terrasse. Tout au plus 40 spectateurs sont installés dans le jardin. Cinq mètres séparent les artistes du public. Une proximité qui rend le spectacle plus feutré et intimiste. Frédéric Bulté (http://soireescerises.over-blog.com/) est le responsable de cette judicieuse initiative.
L'entrée est gratuite. Il suffit de s'inscrire par e-mail, d’apporter sa chaise, sa bonne humeur, son sourire, ses boissons et un billet pour le chapeau qui circulera après le spectacle et constituera le cachet des artistes. Une formule, ma foi, qui tient parfaitement la route...
Franco-bruxellois, Beautiful Badness est drivé par Gabriel Sesboué. Prof de chant, il se consacre tout naturellement aux vocaux. Il est soutenu par Olivier Delescaille à la gratte acoustique et électrique, Gilles Servais aux drums (NDR : il est assis sur un cajon !) et Antoine Guenet aux claviers. Sans oublier une petite nouvelle qui vient d'intégrer le groupe, Raphaëlle Germser, préposée à la basse et au violon. Elle apporte une touche féminine à un ensemble, exclusivement mâle jusqu’alors.
Beautiful Badness profite de l'occasion pour tester les nouveaux morceaux de l'Ep « Many Years ». La sortie de ce disque est prévue le jour de la ‘Release Party’ ; soit le 15 octobre 2015, à la Rotonde du Botanique. En outre, la formation assurera le supporting act de la tournée de Birdpen (NDR : le projet solo de Dave Penny, le chanteur d'Archive). Après avoir salué son auditoire, recueillant ainsi les premiers applaudissements, les musicos se plantent derrière leurs instrus et Gabriel le micro. Curieux, ce dernier n’a pas ôté ses chaussures et ses chaussettes, comme lors de son set accordé en première partie de Fuel Fandango. Faut dire que ce jour là, il avait été victime d’un racket ‘shoes and socks’ (NDR : très rock’n’roll, cette expression !)
« Elder's Choir », le premier morceau, est attaqué sous forme de polyphonie vocale. Seuls quelques accords de piano soutiennent Gabriel. Un départ tout en douceur. « I Will Hunt You Down » est un nouveau titre. Les ivoires balisent l’ensemble. La voix de Gab est emphatique avant qu’elle ne monte dans les aigus. La mélodie accroche instantanément. La sèche s’emballe. Manifestement, les orchestrations s’inspirent de la musique symphonique.
Pour « It's Hard To Do It », Gab empoigne sa sèche. Il est à nouveau épaulé par le piano. « Wasting Your Time » c’est le titre maître du premier Ep. La voix de Gabriel s’envole à la manière de Freddie Mercury. Les grattes s’emballent. S’il n’y avait la musique, on pourrait entendre les moustiques et les libellules voler.
Pas de « Slipping Away » électrifié, mais unplugged. Ce qui permet, à nouveau, de bien mettre en exergue les vocaux de Gabriel qu’il utilise comme un instrument. Il se désaltère et met son micro très près de ses lèvres, un peu comme s’il allait déguster un glace. Et sa voix vous fait fondre, comme si elle restait au soleil. Il aborde alors « Run », un hit qui a permis au combo de se faire connaître. Cajon et ivoires, sont au diapason. Raphaëlle est particulièrement efficace à la basse. Gabriel siège derrière les claviers et déverse son miel sonore dans vos oreilles. Derrière ses lunettes, Gilles ferme les yeux et semble apprécier le moment. L’auditoire aussi. Place ensuite à la deuxième chanson proposée sous le format piano/voix : « The Time ». Un format au sein duquel Gabriel excelle également.
Après avoir fait un peu de promo pour le merchandising et le show programmé à la Rotonde, le combo embraie par « A Sunny Morning », le single qui a précédé le second Ep, paru en janvier 2015. Presque a capella, la compo est magique. Gabriel reprend sa gratte. Raphaëlle troque sa basse contre le violon. Antoine est préposé au banjo. Pas de cuivres cependant pour ce classieux « Many Years », un morceau vraiment épatant (NDR : un single potentiel !) Le timbre de Gabriel remonte dans les aigus sur « Tonight », une superbe chanson. On se croirait à l'opéra (NDR : le spectre d’Andréa Bocelli plane).
En finale du rappel, Beautiful Badness nous réserve une remarquable version du « We Will Rock You » de Queen (NDR : c’est rituel !) ; et à cet instant c’est le fantôme de Freddie qui se met à rôder…
Pendant ce concert, j’ai parfois eu l’impression de me retrouver au sein du chœur d’une chapelle ; à moins que ne soit au Théâtre Royal de La Monnaie.
Alors imaginez, le chapeau était rempli de pas mal de billets bleus, après avoir passé par les mains des spectateurs. Preuve que le set était excellent.
(Organisation : Les Soirées Cerises - Frédéric Bulté)