And Also The Trees est une formation mythique. Britannique. Née en 1978, en pleine explosion punk. Les deux leaders sont frères : Simon et Justin Huw Jones. Le premier est chanteur et le second guitariste. Ce sont les seuls rescapés du line up originel. En 28 ans, la formation a enregistré dix albums, dont le dernier « (Listen for) the rag and bone man », vient de paraître. AATT est réputé pour sa musique gothique, tantôt introspective, tantôt violente, parfois jazzyfiante, mais au sein de laquelle l’imaginaire occupe une place importante. Un climat entretenu par la nature des lyrics. Vous n’en saurez pas plus pour l’instant, puisqu’à l’issue de leur set, les frangins Simon se sont prêtés à l’exercice de l’interview. Un entretien qui sera publié d’ici quelques jours. Vous pourrez ainsi mieux comprendre l’univers romantique, ténébreux, rural et typiquement insulaire de ce combo issu du Worcestershire…
En première partie, Kim Novak a tenté de nous faire croire qu’il était hanté par Joy Division, The Cure, et toute la scène cold wave des eighties. Mais ne sont pas Editors ou Interpol qui veulent. Responsable d’un premier album en avril dernier, le quatuor normand (NDR : de Caen très exactement) manque assurément de planches. Et son set de piètre facture fait peine à écouter. Ils sont pourtant six sur scène : un drummer, un bassiste et deux guitaristes dont le chanteur (à la voix plus que limite) ainsi que deux mannequins de couturière postés de chaque côté de la scène. Dommage que les modèles n’étaient pas en chair et en os, à l’image d’une jeune Kim Novak, par exemple ; on se serait au moins rincé l’œil à défaut de se boucher les oreilles.
Lorsqu’And Also The Trees monte sur les planches, la Rotonde du Botanique est pleine à craquer. Le public y est même debout. Le line up campe aujourd’hui un quintet. La claviériste (Emer Brizzolara) joue circonstanciellement de la guitare et du melodica. Elle s’est installée à droite de la scène. Le batteur (Paul Hill) participe à l’aventure depuis 1997. Son drumming est à la fois ample, impulsif et syncopé ; il complète parfaitement la ligne de basse jazzyfiante de Ian Jenkins. En fait de basse, il s’agit le plus souvent d’une double basse, que ce virtuose joue tantôt en pinçant les cordes de ses doigts, tantôt avec un archet. A gauche, Justin (NDR : toutes les filles étaient en pâmoison, en regardant ce beau mec au physique à la Léonardo Di Caprio), costard BCBG, joue sur ‘sa’ guitare (NDR : de couleur rouge !) en s’aidant de pédales de distorsion. Lorsqu’elle lui prend aux tripes, il se cambre en arrière. Elle a un son propre. Il a un style très personnel, privilégiant l’émotion, qui a d’ailleurs influencé toute une génération de groupes noisy pop du début des eighties. Et ses interventions aussi parcimonieuses que judicieuses sont un véritable régal pour les oreilles. Simon porte une chemise blanche à col relevé. Il a enfilé une redingote qu’il ôtera au beau milieu du concert, au même moment où Justin laissera tomber la veste. Simon n’a pas une voix extraordinaire, mais elle colle parfaitement à son style déclamatoire, un style qu’il accompagne de postures très théâtrales. Il lève les yeux au ciel, puis les clôt comme s’il cherchait des images d’un autre monde, s’agenouille, étend les bras en croix, susurre dans son micro toute en l’étreignant de ses mains. Parfois, il entame quelques pas de danse semi-classiques, semi épileptiques. La setlist puise dans toute la discographie du groupe, même si elle épingle cinq morceaux du dernier opus, un répertoire parfaitement équilibré pour cette prestation, dont l’intensité croît au fil du temps, atteignant un premier sommet lors du classique « A room for Lucy ». L’envoûtement commence à produire son effet…
Mais lors du premier rappel, la version de « Slow pulse boy » fait monter l’ambiance encore d’un cran. Justin y est sublime sur ses six cordes. Un premier rappel. Puis un second, clôturé par un bouleversant « Virus meadow ». Enflammé, le public en redemande obtient satisfaction. Il en réclamera même un quatrième, qui ne viendra jamais, malgré les acclamations nourries de l’audience, qui se prolongeront encore cinq bonnes minutes. Une situation qui peut parfois engendrer des réactions incontrôlées. Surtout quand on laisse les lumières éteintes et que la musique de fond ne vient pas calmer les ardeurs résiduelles. Heureusement, les frères Jones avaient bien saisi la frustration ; et assez rapidement, après le concert, ils sont venus près du merchandising, signer des autographes, se laisser prendre en photo avec de fans et serrer des pinces. Mais quelle soirée !
Setlist : The beautiful silence – Gone… like the swallows – The suffering of the stream – Under the stars – Maps in her wrists and arms – Brother fear – Paradiso – Stay away for the accordion girl – Feeling fine – Shaletown – Rive droite
1er rappel : Slow pulse boy – Dialogue
2ème rappel : The legend of Mucklow – There was a man of double deed – Virus meadow
3ème rappel : Vu l’ambiance, j’ai oublié de noter les titres… c’est dire !
Organisation Botanique