Le Brabant Wallon manque singulièrement de salles de concerts. Il y a bien le Moulin Fantôme à Tubize, mais pour le reste, c’est un peu le désert. Aussi, votre serviteur ne pouvait manquer l’inauguration d’un nouveau site destiné à accueillir ce type d’événement. Le Zik Zak a donc élu domicile à Tubize. Bien vu, car la région regorge de talents nouveaux. Surtout dans l’univers du pop/rock. Et puis d’une capacité de 300 personnes, l’endroit est suffisamment isolé pour éviter les problèmes de voisinage. Enfin, il bénéficie du concours d’un ingé-son pro, Olivier Delescaille (NDR : c’est le guitariste chez Beautiful Badness). Bref après le vernissage –au cours duquel on a croisé pas mal de connaissances issues du milieu– place à la musique…
Z ouvre les hostilités. A son actif, un Ep six titres. Mister Woody (alias Matthieu Van Dyck), content d'être présent, va prendre plusieurs bains de fosse pour mieux imprégner le public de son énergie toute communicative. Un petit hic, le son, un rien trop fort, empêche votre serviteur de comprendre les paroles des chansons. Heureusement, derrière les manettes, Oli veille au grain et règle très vite ce léger problème. Le drumming de Jay (Jerry Delmote) est tribal, instinctif, mais distinct, la ligne de basse tracée par Mich’ (Michel Vrydag) est fluide. Une section rythmique qui se révèle, en outre, implacable et parfaitement en phase. Et les riffs de gratte dispensés par Dweez (Morgan Tuiziz) sont saignants. Du rock pur et dur, chargé de testostérone, mis au service de mélodies entêtantes, obsédantes ; des mélodies pilotées par la voix de Woody. De son répertoire, Z va puiser 4 plages de son Ep et proposer quelques nouvelles compos. A suivre de très près…
Setlist : « Got A Mission », « Diamonds », « YYY », « Into The Wilde », « Sweet Fruit », « El Fush », « Right There » ,« War Machine », « No Loose Behavior », « Voice / Fist », « Mozarella ».
The Banging Souls, c’est le nouveau side project de Gaëlle Mievis (BJ Scoot, Sirius Plan). Un trio namurois au sein duquel Gaëlle se consacre au chant et à la gratte semi-acoustique, Ludwig Pinchart à l’électrique et Pitt Abras aux drums. Ils se connaissent depuis plus de 15 ans et ont accompli leur propre parcours musical avant de lancer ce nouveau challenge. A leur actif un Ep 4 titres disponible sur les plateformes de téléchargement légaux. Il y a de la technique, du métier et de la sueur, bref un fameux bagage, chez ces 3 artistes.
Le rock délivré par la bande à Gaëlle est musclé, décape et décoiffe en même temps. Bref, il est brut de décoffrage. Et tout particulièrement en ‘live’. Pourtant, il semble que le combo cherche encore son créneau, hésitant entre un stoner burné et un métal dévastateur. Quoiqu’il en soit, la voix de Gaëlle est hargneuse, vindicative, même si les racines de cette artiste sont surtout blues. En fait, elle utilise sa voix comme un instrument. Certaines compos nous replongent carrément dans les 70’s. Les solos de gratte dispensés par Ludwig sont limpides et caustiques. Le drumming est métronomique.
« A Change » ouvre le set. Féline, Gaëlle vous incite à vous bouger le popotin. Trois brûlots vont nous entraîner dans le Sud profond, quelque part entre le delta du Bayou et le Texas. Ce southern rock est même réminiscent de ZZ Top. Si les nouvelles compos sont particulièrement jouissives, on épinglera la cover imparable du « Black Betty » de Lead Belly, un titre popularisé par Ram Jam, en 1977, et le blues solide, huileux, graisseux même, « Race », morceau qui a achevé la prestation…
Setlist : « A Change », « Back To Roots », « Whisper », « The Call », « Seeds », « I Love RNR », « Queen », « Be », « Black Betty », « I Got A Woman », « Race ».
Le Zik Zak ressemble maintenant à une véritable fournaise. A point pour entamer le concert de Black Mirrors. Telle une squaw –mais sans les plumes– dont le visage a revêtu ses peintures de guerre, Marcella Di Troia grimpe sur les planches. Elle est constamment prête à déterrer la hache de guerre. Et vous fusille du regard. Puissante, sa voix peut rappeler celle de Janis Joplin. Sur le podium, elle occupe tout l'espace. Et ose même affronter l’auditoire, dans la fosse.
Elle est bien entourée par son fidèle guitariste Pierre Lateur, le bassiste Ludwig Pinchart (un polyvalent du manche) et un nouveau drummer, Nicolas Scalliet, que Marcella décrit comme un solide bûcheron, capable de dévaster ses fûts, sans tronçonneuse, ni merlin. Mais en se servant de ses baguettes. Pierre semble hanté par Jimi Hendrix. Ses solos sortent des sentiers battus. Et le nouveau single, « Funky Queen », un morceau qui ne manque ni de peps, ni de musicalité, confirme la recherche d’originalité de la formation. Bref, si le stoner très seventies de The Black Mirrors est toujours aussi susceptible de déraper dans le blues, le rock, le garage ou le métal, il est aussi capable de s’ouvrir de nouveaux horizons. Une belle preuve de maturité nouvellement acquise. On attend d’ailleurs impatiemment la sortie du premier album…
Setlist : « Shoes For Booze », « Funky Queen », « The Mess », « Control », « Mind Shape », « Drop D », « Canard », « Make The Same », « Till The Land », « Burning Warriors», « Things Go Up ».
(Organisation : Zik Zak)