Tiens, très étonnant ; le rédac’ chef assiste à un concert d’Olivia Ruiz. Oui, celle qui a participé à la Star’Ac, il y a maintenant quinze ans, et décroché un énorme tube intitulé « La femme chocolat », en 2005. De la chanson française quoi ! Bonne, mais chanson française quand même. Quoique. C’est en regardant, dernièrement, la rediffusion d’une émission de ‘Taratata’ que le regard de votre serviteur a changé. Elle y avait alors interprété « London Calling » du Clash en compagnie de Cali. Une prestation très énergique qui dévoilait une autre facette de cette artiste, dont j’ignorais l’existence, jusqu’à ce moment-là. Même si l’écoute de son dernier elpee, « A nos corps-aimants » n’a pas vraiment de quoi faire flasher tout amateur de pop/rock…
En cherchant sur la toile, on apprend qu’originaire de Carcassonne, la belle Olivia Ruiz est de descendance espagnole. Et qu’en outre, elle a fait un break de quatre années, suite à la naissance à son premier enfant. Entre-temps, elle a quand même collaboré à un spectacle chorégraphique en compagnie de Jean-Claude Gallotta, baptisé ‘Volver’. Son thème central ? La situation des enfants de la famille d’immigrés, riches de deux cultures, mais considérés trop souvent étrangers, d’un côté, comme de l’autre. On y reviendra…
Le supporting act est assuré par Annika & The Forest, un duo féminin réunissant une violoncelliste et une bassiste. La seconde assure le lead vocal, la première le backing. Parfois, elles conjuguent leurs voix en harmonie ; et franchement, à cet instant, c’est vraiment superbe. Le seul problème procède des bandes préenregistrées, et notamment de cette boîte à rythme (NDR : sans ‘s’, il faut le préciser) aux beats bien trop répétitifs. Un(e) violoniste, l’acquisition d’un ‘controller’ et surtout le recours aux boucles pourraient ainsi apporter davantage de relief aux compos. Enfin, ce n’est qu’un avis personnel…
La salle n’est pas sold out, mais presque. D’ailleurs, les balcons sont ouverts. Un rideau rose sépare la scène des musicos, dont on voit les silhouettes se déplacer. Puis la tenture se lève laissant apparaître une énorme structure triangulaire qui encadre la formation, structure sur laquelle est posé un light show qui va également jouer sur les ombres, pour y varier les ambiances. Olivia est vêtue d’une robe noire et coiffée en chignon. Elle est soutenue par un guitariste (y compris ukulélé), un contrebassiste/bassiste, un drummer, un claviériste/trompettiste (également préposé aux machines) et un multi-instrumentiste qui se sert aussi bien d’instruments issus de la technologie moderne (theremin, sequencer) que séculaires, et tout particulièrement à cordes (NDR : sans oublier la gratte et la guimbarde). Passé le titre d’intro, Olivia dénoue son chignon et enlève une première couche, pour laisser apparaître une robe de couleur gris/noir au large décolleté qui épouse parfaitement ses formes. Elle est sexy, quoi. Et quand elle se met à danser, cette robe virevolte comme celle d’une danseuse de flamenco. ‘Belle de jour, je m’habille, la nuit, les loups me font danser’. Un peu comme une créature féerique qui serait à la fois ange et sorcière… Dynamique, interactive, féminine, elle ne tient pas en place et sa voix est à la fois rauque et sensuelle. Très à l’aise sur les planches, elle frappe des mains et incite l’auditoire à la suivre. En outre, elle peut compter sur un backing group solide et talentueux. Elle les appelle ‘mes chéris’ (NDR : clin d’œil adressé à Cyril Hanouna ?) Les trahit en dénonçant les couleurs de deux d’entre eux, dans l’univers du football hexagonal. Des supporters de l’Olympique de Marseille ! Mais ceux du L.O.S.C. sont manifestement moins fanatiques que les partisans du P.S.G. ! Elle charrie le claviériste qui rate une intro. Mais le plus intéressant procède de sa capacité à adapter les compos en ‘live’. Plusieurs titres de son dernier opus sont bien plus percutants et changent judicieusement de tempo. Il y en a même qui prennent une forme plus rock. Comme « Les crêpes aux champignons ». Elle chante aussi dans la langue de Cervantès. Notamment la ritournelle « Nino mi niño », en parlant de son premier enfant, qui lui manque quand elle s’absente en tournée. A son invitation, la foule reprend le refrain en chœur. Moment d’émotion ! Sans quoi, quand elle chante dans cet idiome, qu’elle mêle parfois au français, c’est souvent lors des morceaux les plus flamboyants. Dans le style du tango ou du paso doble. Comme « Quijote » ou « L’éternité ». Elle évoque Dali dans sa résidence à Figueras. Ses racines. Ses chansons parlent souvent d’amour. De cœur, mais aussi d’amour physique. De baise (« Mon corps, mon amour ») ! Elle s’adresse à l’auditoire en lui indiquant que suivant les réponses formulées sur les réseaux sociaux, elle interprètera 4 chansons de son choix. Et que sa robe portée ce soir, a également été plébiscitée par ces internautes. Un des sommets du concert sera, bien entendu, « La femme chocolat ». ‘Une chanson pour réveilleur les morts !’ précise-t-elle. Une version très latino, mais aussi très électrique, à cause de ces deux grattes qui entrent carrément en fusion…
Lors du premier rappel, la scène est plongée dans la pénombre et le mystère. Et Olivia interprète « Le blanc du plafond », dont les textes ont été écrits par Annika & the Forest. Elle le signale, par ailleurs. Et elle se barre, avant même la fin de la compo, laissant alors les musicos achever le morceau en beauté…
L’attente est plus longue, lors du second encore. Normal, Olivia Ruiz s’est changée et a enfilé une robe blanche plutôt excentrique, digne de Lady Gaga. Elle a emporté des baguettes et chante, en anglais, le rock bien pêchu « Tokyo eyes ». Et ponctue son show par « J’traîne les pieds », partiellement en espagnol, incluant un passage a capella, avant de repartir en rythme, sous les stroboscopes. Puis c’est sous un hymne traditionnel hispanique, diffusé par les haut-parleurs, que le sextuor, bras dessous, bras dessus, salue la foule, sous un tonnerre d’applaudissements.
(Organisation : Aéronef)