Il y a un bon moment que votre serviteur n’avait plus fréquenté l’Eden à Charleroi. Une salle à taille humaine qui s’est rapidement forgée une certaine notoriété pour la qualité du son. Et dont les organisateurs, particulièrement dynamiques, accueillent de manière conviviale, artistes et public. Qui seront plongés, ce soir, dans l’univers du ragamuffin, du dancehall et du rub à dub. D’abord grâce au band carolo, Babelsouk, puis liégeois, Atomic Spliff, dont c’est la ‘release party’. Il vient de publier son second opus, « Robomuffin ». Et si vous souhaitez relire la chronique de l’album, c’est ici.La foule s’est déplacée en nombre, pour cette soirée. Compte-rendu.
Né en 2011, Babelsouk a gravé son premier LP, « Charlykingston », l’an dernier. La release avait rempli l’Eden ! MC : KLM en est le chanteur. Il est soutenu par les guitaristes Nesta et Damien, le percussionniste Alibih, le claviériste Sem, le bassiste Eric et le drummer Mnk. Il pratique une fusion de reggae, dub, raggamuffin, ska, funk, soul, rock et hiphop, façon old school. Ce qui n’est pas pour me déplaire. Ensoleillée, la musique véhicule des textes engagés mais positifs. Un flow qui aborde des sujets de la vie quotidienne comme l’amour, le respect de soi et des autres, la solidarité, la paix et l’espoir. Et en ouverture, « Babylon Low » en est une belle illustration. La guitare rythmique balise la compo et met les points sur les ‘i’. Le mélodica la colore et la sucre, alors que les percus lui communiquent graduellement des accès de fièvre…
« Babelsouk Anthem » nous entraîne dans le Kingston du pays noir. Les lyrics y traitent de la mondialisation, de la guerre en Irak, du nucléaire. Et de l’emploi. Il faut « Tendre La Main » avec « Action » sur une « Soif De Justice » pour le « Peuple d’aujourd’hui » dans une ambiance africaine. Mais c’est la musique qui fédère. Le message est clair. En 20 voire 30 mots, cette ‘Impro Freestyle’ est construite sans complexe et facilement. De l’excellent hip hop qui en revient aux roots. « La Nuit Porte Conseil » quand on a « La Tête Dans Les Etoiles ». Bref, drivé par un KLM, capable de jouer sur les mots comme MAKYzart, on peut affirmer que Bablesouk… a mis le souk !
Après un changement de matos, place à Atomic Spliff. Stone Man (NDR : artiste complet, il est également sculpteur et cartooniste) est coiffé d’un bonnet jaune paille (anti-héro) sur le bandana couvrant des dreadlocks qui lui arrivent aux talons. Il est chaussé de lunettes fumées dont les montures sont de la même couleur que le couvre-chef.
La formation liégeoise est responsable d’un reggae particulièrement ‘roots’, oscillant entre ragggamuffin, dancehall et rub a dub. Propices à la bonne humeur, les paroles sont humoristiques et traitent de leurs expériences quotidiennes. La scène est immense : pas de problème, le crew est imposant et les musicos sont, à l’instar de votre serviteur, quasi tous barbus. Il réunit deux Mc’s, Daddy Cookies et Stone Man, un guitariste, Kevin Maclot (il pourrait jouer le rôle de Lépold II, dans un biopic), le claviériste Brieu Di Maria, le bassiste Boris Valley Colledos, le drummer Renaud Baivier, le saxophoniste Jort Verdijk et le trompettiste Kris Van Stoes (NDR : deux Anversois, aux cuivres !), sans oublier deux ‘Flagmen’ (des agitateurs de drapeaux, aux couleurs jamaïcaines, fallait s’en douter), dont Bernard Jaegero…
Les chanteurs sont en forme et dès leur entrée en scène, ils frappent dans les mains des spectateurs, aux premiers rangs. Un mélodica amorce « Appelle-Moi », une compo pleine de bonnes vibes, construite comme un comics yankee. « Robomuffin », c’est le titre du nouvel elpee. Les martiens ont débarqué en 2015. Les hommes sont devenus des numéros. Des robots même. Les Mc’s adoptent ces gestes automatiques sur des bruits mécaniques. « Mr Postman » est devenu une bête. Il dépose les factures, mais pas les colis qui viennent de Kingston. L’envoi contenait malheureusement des mixtapes…
« Rock Steady / Well Now » remonte le temps. Mais que ce soit sur le sable de Kingston ou le dancefloor, ‘Ya Man’, on bouge le popotin. Tout en se vidant la cervelle et oubliant ses tracas. « Train To Zion » est envahi de cuivres. De solides musicos ! Départ Gare des Guillemins. Le voyage en train nous conduira à Zion. Un paradis sur terre. Pas de ticket. No Stress. On danse dans le wagon fumeur. La ganja calme les nerfs. « Pas Assez ». Non, on en veut encore. Le show tire à sa fin. « Remove Ya ». Je m’emmerde à Babylon. Je veux travailler à mon rythme. La chaleur monte graduellement. L’ambiance également. Des meufs sont montées sur l’estrade, mais la fumée est trop épaisse pour voir distinctement ce qui s’y passe. « Nerveux » s’enfonce dans le hip hop, l’oreille dans le rétroviseur (?!?!?). On crache tous sur Babylon. On n’aime pas la guerre. Atomic dresse le raggamuffin comme un cheval sauvage, lors d’un rodéo. Dansant, « Gal Ina Di Dance » baigne dans un rub a dub plutôt pointu.
Au bout de 120 minutes de folie, mais bien contrôlée, le public a rechargé ses accus de bonnes vibrations. La prestation scénique était impeccable. Pas un seul temps mort. Une soirée à marquer d’une pierre blanche !
Le 20 juin, Atomic Spliff se produira au Rogery Festival de Gouvy et le 24 du même mois, au Don’t Support Punish, qui se déroulera dans le Parc Royal à Bruxelles, mais également au Concerto à 5 euros de Rebecq. Allez checker sur leur Facebook (voir là), tout est indiqué.
(Organisation : Eden et Charlykingston ASBL)