Quelle galère pour garer son véhicule à Anvers, près du Lotto Arena ! Si on n’arrive pas suffisamment tôt, on doit se taper des kilomètres de marche. En outre, le Sportpaleis est actuellement squatté par Hans Zimmer ; donc l’éventuelle alternative de parking est condamnée. Bref, votre serviteur débarque bien avant l’heure, mais doit quand même débourser 8€ pour frais de stationnement. Direction la zone orange, une place de choix pour assister au show de Bonamassa, qui va se dérouler devant 8 700 âmes. Un habitué des lieux, au sein desquels il s’était notamment produit en compagnie de Beth Hart.
Joe vient de graver sont 21ème elpee studio, « Blues of desperation » ; et il va nous en proposer de larges extraits.
Un rideau rouge plissé est déployé en arrière-plan, juste derrière le drummer Anton Fig ainsi que les deux choristes, Mahalia Barnes et Jade McRae (NDR : des Australiennes !) Préposés aux cuivres, le trompettiste Lie Thronburg et le saxophoniste Paulie Cerra s’installent à l’extrême gauche, derrière deux immenses meubles sur lesquels sont imprimés clairement les initiales ‘J’et ‘B’. Au piano, Reese Wynans s’est planté de l’autre côté. Le bassiste Michael Rhodes et –surtout– Bonamassa occupent le plus souvent le front de scène. Pour y entrer régulièrement en duel. Bref, c’est la crème des musiciens qui soutiennent le natif d’Utica (NDR : c’est dans l’Etat de New-York).
Pendant qu’une intro préenregistrée est diffusée par les haut-parleurs, les artistes grimpent sur le podium. Mais dans le noir. Puis lorsque des sonorités puissantes de claviers s’élèvent, les spots éclairent enfin les artistes. Ce premier morceau est extrait de « Blues Of Desperation », et s’intitule « This Train ». Le son n’est pas au top. Et la voix de Joe n’est pas assez distincte. Elle est surplombée par celles des choristes. Dommage ! La suite baigne dans un r&b alimenté par l’orgue Hammond, les percus incandescentes et des cuivres flamboyants.
Caractérisé par son refrain à la mélodie accrocheuse, « Mountain Climbing » est un morceau bien radiophonique. Un rock’n’roll aux accents blues au cours duquel la gratte de Joe sort des sentiers battus. Sans doute pour essayer d’atteindre les sommets… Une ligne de basse écrasante mais chargée d’effets amorce le titre maître de « Blues Of Desperation ». Wynans tapisse l’ensemble de ses claviers ‘jonlordesques’. Joe se sert d’un bottleneck pour rendre les tonalités de ses cordes davantage métalliques, presque hard. La rythmique imprimée à « No Good Place For The Lonely » est digne du « Million Miles Away » de Rory Gallagher. Et Bonamassa nous réserve un solo de toute beauté.
On quitte les montagnes pour plonger dans la vallée ; celle du Delta. Au cœur du Bayou, « How Deep The River Runs » navigue lentement, dans un style bien laid back. Si la guitare préférée de Joe est une Gibson Les Paul datant de 1959, à chaque morceau, les deux gratteurs changent d’instrument. L’ingé son a réussi à régler les balances et les parties vocales sont bien mieux équilibrées. La cover du « Boogie With Stu » de Led Zeppelin est remarquable. Joe rend un hommage à son maître, BB King, en adaptant superbement son « Never Make You Move To Soon ». Autre cover le « Angel Of Mercy » d’Albert King, un titre qui s’achève par un solide solo de batterie. De quoi permettre aux autre musicos de prendre une petite pause, tout en appréciant le drumming de leur partenaire. Enfin, le band nous accorde un extrait de « Different Shades of Blue », soit l’album favori de votre serviteur : « Love Ain’T Love Song ». Et la version est tout bonnement magnifique.
Joe est à nouveau magistral à la six cordes, tout au long de « Song of Yesterday » (« Black Country Communion »), une compo hantée par le spectre du dirigeable. Climat accentué par le « How Many More Times » du… Led Zep. La fin de parcours sera d’ailleurs parsemée de covers, à l’instar du « Little Girl » de John Mayall & The Bluesbreakers, « Going Down » de The Alabama State Troupers et lors du rappel, de « Hummingbird », en forme d’hommage au grand BB King.
En 145 minutes, Joe Bonamassa a démontré qu’il était bien le nouveau ‘guitar hero’. Il est âgé de 40 balais. Bien vivant. Et aujourd’hui, il n’existe guère de concurrent dans le domaine…
(Organisation : Greenhouse Talent)