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Puissance ‘A’! Spécial

Écrit par - Anne-Marie Dekimpe et Bernard Dagnies -

Dominique A vient donc de publier un nouvel album. Baptisé « Toute latitude », il a été enregistré en compagnie d’un groupe et fait la part belle au rock électrique et électronique. Et l’auteur-compositeur-interprète a prévu d’en graver un second, à l’automne prochain. Réalisé en solo, il proposera des mélodies plus acoustiques et intimistes. Et s’intitulera « La fragilité ». ‘Toute latitude’, c’est également le nom du périple qui transitait par l’Aéronef de Lille, ce jeudi 12 avril.  

Ce soir, Dominique est entouré d’un quatuor réunissant Jeff Hallam à la basse (NDR : filiforme, il tient sa basse très haut, parfois comme une arme, quand il ne fait pas corps avec elle ; et puis parfois, il se sert d’une petite console électronique) ainsi que Thomas Poli aux claviers, machines et guitares (NDR : dont une pedal steel). Tous deux avaient déjà participé au sessions de l’elpee et la tournée de « Vers les lueurs », paru en 2012. Sans oublier Sacha Toorop, complice de longue date, et Etienne Bonhomme, longtemps collaborateur de Claire Dit Terzi, aux batteries, ce dernier, se concentrant plus régulièrement sur ses drum pads.

La salle est comble lorsque le quintet grimpe sur le podium. Dominique semble surpris par le monde qui peuple l’Aéronef, ce soir. Et il le signale d’emblée. Un public multigénérationnel et particulièrement chaud. Le set s’ouvre par « Cycle », titre qui ouvre le nouvel opus, et embraie par « La mort d’un oiseau », une plage qui reflète son indignation face aux sévices qu’on inflige aux animaux, sa stupéfaction vis-à-vis de l’idée du mal, sa colère face à un monde qu’il n’aime pas et qui se complaît dans l’apathie ambiante. Des thèmes qu’il défend tout au long de son dernier long playing. Le son est puissant. Parfois très. Et pour de nombreux titres, l’intensité se développe en crescendo. Le natif de Provins (NDR : c’est en Seine-et-Marne) alterne registre chanté et déclamatoire. A l’instar de « Les deux côtés d’une ombre », une compo angoissante et obsessionnelle, entraîné au cœur d’une mécanique industrielle infernale, au cours de laquelle il se déhanche. La fusion entre organique et électronique est parfaitement équilibrée. Et le robotique « Va t’en » en et une autre démonstration. Régulièrement, Thomas se sert de la pedal steel pour libérer des sonorités gémissantes. Le light show est caractérisé par des rectangles –aussi bien concrets que virtuels– placés au-dessus des musiciens, qui reflètent des rayons lasers. Et le tout est parfois déchiré par des lumières stroboscopiques. Mais la scène est plongée dans le rouge, tout au long du très électrique « Aujourd’hui n’existe plus » et bleu pendant « Vers le bleu » (NDR : of course !). « Se décentrer » nous rappelle que la terre n’est pas le centre de l’univers et l’Europe, pas le centre de la terre. Frémissant et caractérisé par le vocal overdubbé, « Le reflet » prélude sans doute le climat du prochain opus, « La fragilité ». « Toute latitude » et « Le sens » sont chargés de swing, ce dernier est en outre, souligné de chœurs. Atmosphérique, « L’océan » communique l’impression vibratoire de l’eau. La voix nous porte pendant le puissant « Rendez nous la lumière ». Hypnotique, envoûtant même, « Corps de ferme à l’abandon » est riche en texte, et dans son imaginaire, on se projette l’idée de la ferme à l’abandon et du château. « Lorsque nous vivions ensemble » évoque la vie rangée, qui s’arrête… à la maternité. Lorsque Thomas empoigne sa guitare, les compositions deviennent, très souvent plus rock et les éclats d’électricité foisonnent. Et c’est la tendre ballade « Eléor » qui clôt le set.

Premier rappel ! Qui s’ouvre par le très beau et romantique « Au revoir mon amour » et embraie par le musclé « Immortels », au cours duquel les deux drummers libèrent toute leur énergie. Dansant, « Le twenty-two bar » ressemble à un paso doble au rythme accéléré. Et « Le courage des oiseaux » a été traduit en titre électro dansant, un peu dans l’esprit de Visage. Mais la foule en réclame davantage.

Lors du deuxième rappel, elle est en délire. Le combo nous réserve alors encore « Le convoi ». L’entame est minimaliste, mais à l’instar de nombreuses compositions interprétées ce soir, elle monte progressivement en intensité… avant l’explosion finale. Dominique A remercie le public qui applaudit encore quelques minutes à tout rompre. Deux heures dix d’un concert puissant et de qualité. De quoi rassasier l’auditoire présent ce soir.

En première partie, on a eu droit à Powerdove, le projet d’Annie Lewandowski pour lequel elle est aujourd’hui soutenue par Chad Popple aux percussions et à la batterie et le multi-instrumentiste (banjo, concertina, cuivres rafistolés, percus artisanales et tutti quanti) Thomas Bonvalet. Expérimentale, la musique de ce trio est à la fois percussive et atmosphérique, la voix de l’Américaine, qui se sert également d’une sorte de keytar, est particulièrement éthérée. Lorsqu’il ne frappe pas sur ses cymbales ou les bois de ses fûts, parfois quand même sur les peaux, Chad tripote des cordes à l’intérieur d’une sorte de barbecue qui répercute des sonorités proche du marimba. Le résultat est sans doute original, mais manque cruellement de punch.

(Organisation : l’Aéronef) 

Setlist

1) Cycle
2) La mort d'un oiseau
3) Pour la peau
4) Les Deux Côtés d’une ombre
5) Vers le bleu
6) Va t'en
7) Le sens
8) Aujourd’hui n’existe plus
9) Le Reflet
10) Se décentrer
11) L'Océan
12) Toute Latitude
13) Rendez-nous la lumière
14) Le commerce de l'eau
15) Lorsque nous vivions ensemble
16) Exit
17) Cap Farvel
18) Corps de ferme à l’abandon
19) Le métier de faussaire
20) Éléor

Encore:

21) Au revoir mon amour
22) Immortels
23) Le Twenty-Two Bar
24) Le courage des oiseaux

Encore 2:

25) Le convoi

Informations supplémentaires

  • Band Name: Dominique A
  • Date: 2018-04-12
  • Concert Place: Aéronef
  • Concert City: Lille
  • Rating: 0
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