Après un set privé accordé au Botanique ce mercredi 13 février, Girls In Hawaii entamait sa tournée à Anvers. Au Trix, très exactement. Et alors que la plupart de mes collègues francophones avait choisi d’aller les applaudir au Cirque Royal de Bruxelles (NDR : vous y trouverez cependant les photos réalisées par Aude, dans notre galerie), j’ai accepté, à l’initiative du rédacteur en chef néerlandophone et ami Johan, de l’accompagner tout au Nord du pays. Là où ils ne sont pas encore (re)connus. Une autoroute, des voies à quatre bandes, des buildings abritant des bureaux (vides à cette heure de la journée), un supermarché, une station de carburant : c’est dans ce cadre horriblement urbain que l’on trouve le Trix. Et comme Megadeth jouait au Hof Ter Lo, juste à côté, on pouvait faire le poirier pour trouver une place de parking. En cherchant un peu, nous sommes quand même parvenus à dénicher un emplacement, à plusieurs centaines de mètres du club. Dans une sorte de terrain vague recouvert de gravier meuble. Heureusement, l’intérieur du Trix est particulièrement convivial. En y entrant, on remarque immédiatement le bar à gauche. Le prix des consommations est raisonnable et le service extrêmement rapide. En avançant, on arrive dans la salle de concert proprement dite, un peu comme dans une maison du peuple. La scène est petite et le podium assez bas, mais l’acoustique est excellente.
La chanteuse de folk/pop Jesy Fortino alias Tiny Vipers a déjà commencé son set. Assise, elle joue de la guitare acoustique électrifiée. Et chante aussi, bien sûr. Cette américaine (NDR : elle est établie à Seattle) possède une très belle voix, dont le timbre rappelle parfois Melanie. Mais son répertoire est plutôt monotone et suscite rapidement l’ennui. Après une demi-heure de prestation ponctuée de quelques applaudissements, elle se retire. Mais manifestement, son passage ne nous laissera pas un souvenir impérissable…
Place ensuite à Girls In Hawaii. Paradoxalement, le public est constitué d’une bonne moitié de francophones. Il y a toujours ces lampadaires disséminés entre les amplis et les baffles, mais les téléviseurs sont identiques. Et neufs ! Six en tout. Finis les postes récupérés à la casse. Et tout au long du spectacle, ces TV vont diffuser des images tournées le plus souvent dans les Ardennes ou au littoral. Mettant en scène, mais de dos et chacun leur tour, les musiciens du groupe. Un peu comme dans des clips.
Le sextuor ouvre les hostilités par « This farm will end up in fire » et son répertoire va constamment osciller entre compos issues de son nouvel opus (« Plan your escape ») et titres extraits du premier elpee (« From here to there »). La cohésion est quasi-parfaite. Les harmonies vocales échangées entre Antoine et Lionel sont irréprochables. Lionel joue toujours assis et son falsetto limpide et diaphane nous donne parfois la chair de poule. Circonstancielle ment, il se consacre au xylophone. Comme le claviériste/guitariste. Christophe. Un multi-instrumentiste dont on commence aujourd’hui à cerner l’importance ; et pour cause, il cherche constamment à souder les différentes composantes des morceaux. Enfin, lorsque son orgue rogne « Sun of the sons », on pense inévitablement aux groupes de garage issus des sixties. Lionel, le frère d’Antoine est un excellent drummer. On en était déjà convaincu ; mais lorsqu’il empoigne des maracas, à la manière de Butch Norton, ex-drummer d’Eels, on est vraiment impressionné. Les compos défilent. Construit en crescendo, « Fields of gold » est remarquable d’intensité. Lors du titre maître du nouvel opus, Daniel, le bassiste a empoigné un accordéon. Une ballade empreinte d’une grande sensibilité. Antoine chante « The fog » à travers un téléphone trafiqué, une composition dont le tempo est accentué par une boîte à rythmes. Petite pause au cours de laquelle Antoine lit un petit texte dans la langue de Vondel pour le terminer en anglais. A moins que ce ne soit du franglais ! Lors de « Road to luna », un instrumental, Antoine a troqué sa six cordes contre la basse et en profite pour monter sur un des téléviseurs face à son frangin (une attitude qu’il reproduit régulièrement, lorsque les chansons décollent). « Time to forgive the winter » lorgne vers le jazz, alors que « Couples on TV », interprété par Daniel, plutôt vers la valse. Davantage éthéré, « Colors » est manifestement hanté par Sigur Ros ; alors que l’inévitable « Flavor » et son rythme à la Stooges, permet à Brice, le soliste de se libérer, et au combo de clore le corps du concert en beauté.
Un premier rappel nous vaudra une cover du « Taxman » des Beatles, dont Antoine ne maîtrise pas encore tout à fait les lyrics (NDR : il se sert d’un aide-mémoire ; et puis une version presque garage/rock’n roll (NDR : encore ces claviers rognés !) de « Casper », au cours duquel il a sorti un harmonica de sa poche. Lors du deuxième rappel, GIH concèdera une version minimaliste de « Grasshopper », limitée à Antoine et au drummer, dans un style que n’aurait pas renié Sparklehorse.
A l’issue du concert Johan m’avouait avoir été impressionné par leur prestation, n’hésitant pas à comparer le talent, mais dans des styles différents, de dEUS et de Girls In Hawaii. C’est un compliment. Maintenant, à l’instar de Showstar, être diffusé sur Studio Brussel serait sans doute la meilleure manière de mieux se faire connaître auprès des voisins du Nord. Il le mérite, assurément. Faudra trouver le bon single !
Tracklist
This farm will end up in fire
Bees and butterflies
Sun of the sons
Fields of gold
Plan your escape
The fog
Road To Luna
Time to forgive the winter
Couples on TV
Colors
Found in the ground
Birthday call
Flavor
Taxman
Bored
Casper
Grassphopper
Organisation Trix