Déjà 3 ans que les Cranes ne s’étaient plus produits en Belgique. Qu’étaient-ils devenus ? La voix d'Alison Shaw était-elle toujours aussi pré-pubère? Et surtout, les ‘grues’ étaient-elles encore susceptibles de déplacer suffisamment de fans pour remplir le VK ?
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas The Cranes, imaginez un peu la musique de The Cure période « Pornography » voire « Disintegration », si Robert Smith avait été de sexe féminin. Enfin, pas seulement, puisqu’il y a du Tolkien dans l'ambiance. Il y a de l’éther atmosphérique aussi. Bref, un trip au sein duquel il faut oser et être capable de rentrer. La salle de Molenbeek n’était qu’aux trois-quarts remplie. Et en majorité de trentenaires. Dommage ! En fait, à l’instar des Charlatans, qui s’étaient également produits au VK en février dernier, la formation issue de Portsmouth éprouve de grosses difficultés à renouveler son contingent de fans. Evidemment, en n’accordant plus de concert chez nous depuis 2005 (un crochet par le VK et une première partie de Cure à Lokeren), difficile de se rappeler au bon souvenir de ses aficionados.
Début de set, les morceaux manquent carrément de pèche. Et le son est tout à fait catastrophique. Mécontent, un spectateur dit même tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Et dans la langue de Molière ! Déjà pas trop à l’aise en début de parcours, la brave Alison n’y comprend rien, imaginant que cette critique lui est adressée. Curieusement, à partir de cet instant –je ne suis pas ingé du son, mais bon je n’ai pas les oreilles bouchées– la qualité sonore est devenue, au fil du temps, de plus en plus nette. Bizarre... Enfin, passons… Bref, à cet instant, la prestation est encore trop inégale pour convaincre. Alison cherche ses marques ; et surtout à poser sa voix. A leur décharge on notera que cette date bruxelloise n'était que la seconde de leur périple (NDR : le combo avait joué à la Maroquinerie de Paris, la veille). Et leur dernière tournée date déjà de trois longues années.
Mais le show s’est bonifié en deuxième partie. Là, la magie a vraiment (et enfin) commencé à opérer. Carton plein pour "Far away", "Adrift", "Everywhere" et "Paris and Rome", avant une série copieuse de rappels. Soit plus de deux heures de concert. Générosité, tendresse, émotion... ce band est définitivement le genre musique à écouter en boucle pendant un gros câlin. Pas besoin d'un pétard. Leurs mélodies ont toujours eu la formule pour générer des hormones zen, destinées à atteindre directement le cortex reptilien (le plus primaire). Alors, oui, certaines tonalités sont un peu surannées, comme nous le reprochait l’un ou l’autre spectateur lambda. Mais ce côté vintage donne in fine tout son charme à la formation insulaire. Et puis, il y a Alison. Toujours d'une gentillesse, d'une attention rare vis-à-vis de son public. Nous sommes ses invités. Elle ne veut pas nous décevoir… Laissons les enchaîner les dates et rôder encore leur set (leur nouvel album sort cette semaine). Et si pour l’été prochain, des organisateurs de festivals ont suffisamment de flair pour les inviter, ils devraient (comme naguère) casser la baraque.
Setlist :
1 Clear
2 Jewel
3 Vanishing point
4 Future song
5 Worlds
6 Wires
7 Panorama
8 Feathers
9 Sunrise
10 Far away
11 Adrift
12 Here comes the snow
13 Flute song
14 Everywhere
15 Paris & Rome
NB : dans leur élan de générosité, les Cranes ont encore interprété trois titres qui ne figurent pas sur la setlist officielle.