Håvard Ellefsen est un des membres fondateurs du légendaire groupe de black metal symphonique, Emperor. Il n’y est cependant resté qu’un an, montant ensuite différents projets, dont Mortiis, qu’il lance dès 1993. Ce Norvégien le pilote, tantôt en solo ou flanqué d’un groupe. Sa musique mêle darkwave, synthpop et rock industriel. Ce soir, il se produit en solitaire, au Magasin 4.
Le supporting act est assuré par The Nightstalker. Il ne s’agit cependant pas du groupe grec qui porte le même patronyme, sans le ‘The’, un combo responsable d’une forme d’atmospheric gothic/dark metal. Et rien à voir avec le livre du Liégeois Steve ‘Serpent’ Fabry, ‘Le journal de Nightstalker’. En fait il s’agit d’un duo issu de la région gantoise impliquant un guitariste et un drummer. A son actif, deux albums. Intitulés « Death Bringer » et « Destination Dystopia », ils sont vendus lors de leurs concerts sous la forme de cassettes, vinyles ou alors en numérique, via Bandcamp.
A l’arrivée du tandem, le guitariste reproduit le signe de ralliement des métalleux, soit le ‘V’ des cornes du diable. Il saisit un le squelette d’un crâne, placé à sa gauche, puis le remet à sa place. Des images défilent sur l’écran placé derrière le drummer, qui se sert d’un kit de batterie électronique. Les sonorités de de trompettes et de cuivres sont issues de samplings. Atmosphérique, instrumentale, la musique est plutôt agréable à écouter, mais lorsqu’elle monte dans les tours, elle devient ténébreuse et glaciale, rappelant alors les B.O. des films d’épouvante nés au cours des eighties. Synthwave elle est également baptisée outrun ou retrowave. Et puis quand la guitare s’impose, elle vire vers une forme de black-death-indus métal. Le leader du band se qualifie lui-même de ‘John Carpenter qui rencontre les années 80 et l’Electro Body Music (EBM) qui a popularisé Front 242’. C’est somme toute très cérébral, mélodique à souhait et finalement une belle découverte.
Recouverte d’un drap noir, une immense table envahit la partie centrale du podium. Y sont disposés plusieurs synthétiseurs. Mortiis vient se placer derrière, sous un déluge de lumières bleutées et dans un épais brouillard de fumée. Son look est impressionnant : piercings, dreadlocks et visage maquillé de blanc, pour ne pas dire blafard. L’artiste va nous livrer de larges extraits de son troisième album, « Ånden Som Gjorde Opprør », paru en 1994. Son rock industriel est uniquement instrumental. En ‘live’, ses compos se révèlent plus puissantes et énergiques, mais toujours soignées. Certaines sonorités de claviers adoptent même celles d’orgues d’église. Pas question ici de voyage au cœur des fjords, mais plutôt au sein d’un univers anxiogène, un peu comme chez The Nightstalker, raison, sans doute pour laquelle, ce duo a été choisi pour assurer la première partie. Et au sein de cet univers, Mortiis se sent comme –non pas un poisson dans l’eau, sinon on parlerait de cœlacanthe– un Zombie dans un cimetière…
(Organisation : Hellhole Project).