Ce soir, à l’AB, trois chanteuses norvégiennes y sont programmées. En supporting acts, Sei Selina et Thea Wang ; et en tête d’affiche, Aurora. Devant la salle, la file est très longue, elle s’arrête au milieu de la rue longeant l’hôtel de Ville et donnant accès à la Grand-Place, derrière le célèbre Hôtel Amigo. Heureusement, elle va se résorber en 10 bonnes minutes. Le concert est sold out depuis 2 ans.
Le concert d’Aurora a été reporté à deux reprises, suite à la pandémie. Elle est venue défendre son dernier elpee, « The Gods We Can Touch », paru en janvier dernier. Une véritable perle ! Votre serviteur l’écoute en boucle. Un opus bien plus sensuel et enjoué que son précédent, « A Different Kind Of Human »
N’hésitant pas à utiliser son art pour porter son engagement envers une société égalitaire et respectueuse de l’environnement, Aurora est une artiste moderne d’une maturité étonnante.
Le décor est déjà prêt pour Aurora. Mais place à Thea Wang, qui finalement bénéficie du cadre déjà planté. La scène est ainsi divisée en 4 vagues ondulantes blanches derrière lesquelles s’installent les musicos. Un énorme disque blanc, rétroéclairé, s’érige au milieu du podium.
La musique de Thea baigne au sein d’une forme d’électro-soul-folk séduisante, le plus souvent paisible, mais très susceptible de s’autoriser des envolées percutantes. Sur les planches, elle est soutenue par un claviériste/guitariste. Plutôt jolie, elle se révèle douée aussi bien au dobro électrique qu’à la gratte semi-acoustique. Douce et profonde, sa voix est remarquable. C’est grâce à son single, « Word On The Street », qu’elle est parvenue à sortir de l’anonymat. Et elle ne va pas se priver de l’inclure dans sa setlist. Ecoutée attentivement par l’auditoire, elle est longuement et chaleureusement applaudie, à l’issue de sa prestation.
Petite interruption pour permettre le changement de matos et Sei Selina grimpe sur l’estrade. Elle est épaulée par un drummer et un claviériste, mais bien qu’annoncée r’n’b, la musique dispensée sera essentiellement électro. Généreux, le light show se focalise sur Sei. Le grand disque est en repos. Mais pas l’artiste qui va littéralement mettre le feu… se signalant ainsi comme une fameuse entertainer…
Charismatique, Aurora Aksnes, aka Aurora, débarque sur podium, pieds nus, le visage diaphane et vêtue d'une robe blanche vintage qui pourrait provenir de la garde-robe de Madame de Maintenon. Elle lève les bras pour accueillir l’ensemble de son auditoire. Mais revenons au décor. Sur les planches un grand orbe campe au beau milieu de l’estrade. L'orbe reproduit un coucher de soleil ainsi que des vagues et des nuages encadrés de chaque côté. Une scénographie minimaliste mais efficace.
Aurora va nous proposer de larges extraits de son dernier elpee, « The Gods We Can Touch. Elle ouvre le set en douceur par « The Forbidden Fruits of Eden », avant que les percussions deviennent entêtantes. A l’instar de Florence & The Machine ou de Björk, elle semble habitée par sa musique.
Cette poupée magique mêle habilement le folklore norvégien et les sonorités électroniques tout en prenant soin du sens mélodique afin d’embrasser une gamme d'émotions à vous flanquer des frissons partout. Sa pop alternative, lumineuse et mystérieuse libère une force étonnante. Alternant doux murmures, vocaux cristallins ou puissants, elle crée un monde tour à tour enchanteur et inquiétant. Il suffit parfois de fermer les yeux et de s’imaginer au cœur des fjords… Pourtant, interactive, elle n’hésite pas à plaisanter avec un public acquis à sa cause.
Elle interprète « Everything Matters », mais sans Pomme. Elle se mue alors en chef d’orchestre, rappelant la grâce de Tori Amos.
Elle n’en oublie pas son nouveau single, « Cure For Me », un morceau étonnant, étrangement disco, voire funkysant. Et puis, « Runaway », un titre qui suscite la réflexion, parce qu’il aborde le thème des thérapies de conversion pour les homosexuel.les.
La fin du set est acoustique et notamment la dernière chanson « Giving In To The Love ». Mais également le rappel. Si l’orbe change régulièrement de couleur il met magnifiquement en exergue la silhouette d’Aurora tout au long de « Exist For Love », compo au cours de laquelle elle place l’amour du côté spirituel, et dans un français impeccable…
Un concert de toute beauté ! Votre serviteur est resté subjugué par les étoiles qui brillent dans ses yeux.
Son univers est à découvrir absolument…
(Voir aussi notre section photos ici)
Setlist : « The Forbidden Fruits of Eden », « Heathens », « Blood in the Wine », « Everything Matters » sans Pomme, « Churchyard », « Warrior », « Cure for Me », « Daydreamer », « The River », « Infections of a Different Kind », « A Different Kind of Human », « A Dangerous Thing », « Runaway », « The Seed », « Queendom », « Running With the Wolves », « Giving In To The Love ».
Rappel : « Exist for Love » (acoustique), « Murder Song (5, 4, 3, 2, 1) »
(Organisation : Live Nation et Ancienne Belgique)