On se dit que la voix est un vrai miroir de l’âme. Aussi y a-t-il de la mélancolie et du soleil, de l’assurance et de la douceur dans celle de la songwriteuse Joe Bel. Ce dimanche 19 mai 2024, la Lyonnaise vient défendre et son nouvel opus, à la Rotonde du Botanique.
Née d’une famille cosmopolite, Joe Bel grandit à travers ses expériences de voyages. A ce goût de la découverte se mêle celui de la musique qu’elle explore dès l’enfance : il y a un piano à la maison, les vinyles de Paul Mc McCartney, George Harrison, Otis Redding, ainsi que les chants traditionnels judéo-espagnols chers à sa famille, qui tournent en boucle. Instinctive et autodidacte, Joe fait ses tous premiers pas sur scène seule à la guitare en 2012 dans la ville natale : Lyon. C’est Asaf Avidan qui découvre son soul folk envoûtant et lui offre toutes les premières parties de sa tournée européenne, jusqu’à l’Olympia de Paris ! Depuis, elle a fait du chemin, et son dernier elpee –son second– « Family Tree » (arbre généalogique), est paru en mars dernier.
La petite salle à l’acoustique exceptionnelle est blindée. Et c’est Anwar qui assure le supporting act. Originaire de Forest, ce globe-trotteur atypique est un auteur-compositeur qui s’est construit à travers ses voyages, racontant ses histoires de tous les jours et celles de gens qu’il rencontre sur sa route. Sa musique navigue quelque part entre pop, folk, reggae et blues. A son actif, un album paru cette année, baptisé « Lights », au sein duquel il va puiser généreusement pour alimenter la setlist de ce concert, et un single, intitulé « Follow Me (Jamy Ben Rework) ».
Très chaleureux, Awar va dispenser un récital cool, cosy et de bonne facture, tout au long duquel la foule va se montrer attentive (voir sa page ‘Artistes’ ici).
Place ensuite à Joe Bel. Elle est vêtue d’un pantalon et d’une veste de couleur noire. Mais on la reconnaît surtout à sa chevelure rousse et à ses yeux marrons qui brillent sous les feux des projecteurs.
Outre le micro, elle se consacre à la gratte semi-acoustique. Elle est accompagnée par un sixcordiste (excellent, par ailleurs) un bassiste (à la technique irréprochable) et son fidèle drummer (il est présent à ses côtés, sur les planches, depuis ses débuts).
Elle va nous proposer de larges extraits de son dernier long playing, dont les titres sont plutôt mélancoliques, mais également des compositions plus anciennes comme « In The Morning », « No, no » ou encore « Hit The Roads ». Le répertoire est varié et interprété, en général, dans la langue de Shakespeare. Dans celle de Molière, elle nous réserve, notamment, cette jolie ode à « Montréal » où Joe a enregistré et vécu un certain temps.
L’expression sonore s’autorise des incursions dans la bossa nova, la country et l'americana, mais également dans le rock, à l’instar de « What Lullaby », et dans le psychédélisme, lorsque le guitariste et le bassiste se mettent à torturer leurs cordes. Les clappements de mains des spectateurs battent la mesure tout au long de ce morceau, mais également de « In the morning. Elle n’oublie pas « Morenika » qu’elle chante en Ladino (NDR : un dérivé de vieil espagnol parlé au Moyen Age par ses ancêtres, parfois encore utilisé dans certains pays méditerranéens et couramment parlé par ses parents et ses grands-parents), tout en rendant hommage à ses racines latines.
Joe déclare être ravie de revenir dans un des plus belles salles de la capitale bruxelloise. Elle nous parle que son plus grand fils, âgé de 12 ans, qui découvre les chansons signées par sa maman et notamment « No, no » qu’elle a écrit lorsqu’elle osait dire non à tout. Elle signale alors qu’il est difficile de fournir des explications à un gamin de 12 ans et qu’il comprendra un peu plus tard …
L’auditoire et l’artiste sont d’ailleurs très complices. Très agréables à découvrir, les morceaux sont caressés par son timbre de voix feutré.
Le drummer troque ses fûts contre un xylophone. C’est inattendu et la situation provoque l’hilarité dans l’hémicycle. En outre, la Grenobloise sort régulièrement de petites vannes afin d’entretenir l’interactivité
Au beau milieu d’une chanson, une dame s’écroule. Joe s’arrête de chanter et s’enquiert immédiatement de cette spectatrice et lui demande si elle a besoin d’eau ou d’autre chose. Joe s’excuse presque devant le public. Elle est vraiment bienveillante. A trois reprises, elle abandonne sa guitare pour s’installer derrière les ivoires. Et franchement, elle est aussi douée sur cet instrument que sur sa guitare.
Lors du rappel, Anwar la rejoint, pour exécuter un morceau en acoustique, à la sèche. Vivement le prochain concert annoncé pour cet automne !
(Organisation Botanique)