Mais où vont-ils s'arrêter ? C'est la question qu'on est en droit de se poser concernant Eosine. Originaire de Liège et emmenée par la très talentueuse Elena Lacroix, cette formation ne cesse de surprendre. Après sa victoire au Concours-Circuit et la sortie de deux remarquables Eps, elle est occupée d'exploser grâce à une série de concerts hallucinants.
Il y a quelques jours, son style shoegaze hybride et innovant a enflammé le podium de la Fête de la Musique, au Cinquantenaire, à Bruxelles. Une prestation énergique et captivante qui a enthousiasmé les spectateurs présents qui, pour la plupart, ne connaissaient pas le combo.
Fait surprenant, la majorité de la setlist est composée de titres inédits. Seuls “Plant Healing”, “Digitaline” et “Progeria”, son dernier single, relèvent de sa discographie. Les 5 autres morceaux sont des compositions récentes et, pour être franc, ils sont époustouflants. L’expression sonore évolue toujours dans un style combinant shoegaze, postpunk, dream-pop et inspiration celtique mais le spectre musical s’élargit grâce à des touches progressives, krautrock et, par moments, carrément grunge.
Le nouveau guitariste, Dima Fontaine, qui militait auparavant au sein du groupe liégeois Naked Passion, n'est certainement pas étranger à cette évolution. Il apporte une palette musicale très riche et renforce parfaitement le travail vocal d'Elena.
Mais ce qui frappe le plus dans ce nouvel avatar d'Eosine, qui est complété par Benjamin Franssen à la batterie et Guillaume Van Ngoc à la basse (remplaçant), c'est la puissance de son show en ‘live’. Le côté shoegaze un peu nonchalant est supplanté, sur les planches, par une énergie brute et une maîtrise étonnante des pulsions et des flux. Le groupe alterne les moments aériens et les envolées rythmiques les plus féroces.
D'ailleurs, le public ne s'y trompe pas car l'espace devant la scène se remplit au fil des minutes et l’auditoire devient plus en plus conséquent. Il finit même par s’enflammer, et lors de la dernière partie du show, les premiers rangs s’engagent dans un ‘pogo’ débridé, et tout particulièrement lors du final, “Digitaline”. Pour faire monter la pression, Elena se lance dans une diatribe vocale insensée sur la rythmique hyperrapide et, conclusion paroxystique, se roule par terre en criant comme une possédée. L'ange habillé de blanc s'était transformée en démon. Le tout, devant une foule médusée, touchée par une sorte de transe. Un moment inoubliable.
On attend impatiemment le nouvel Ep du groupe. Il doit sortir en septembre sur le label Mayway Records, qui héberge déjà les excellents Haunted Youth. Et l'année prochaine, paraîtra le premier album ‘long format’ du quatuor. Tout est en place pour qu'Eosine devienne un des groupes phares du rock belge, au même titre qu'un Whispering Sons. En tout cas, et sans mauvais jeu de mot, au Cinquantenaire, Eosine était déjà un monument...
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Si vous souhaitez écouter les interviews en podcast dans l'émission ‘WAVES’, c’est ici pour Eosine et là pour le projet solo d’Elena, Tokyo Witch.
(Crédit photo : Christophe Dehousse)