Après avoir sorti son troisième elpee, « Reason enough », ce 27 septembre 2024, Crows est donc reparti en tournée. Un périple qui passait par l’Aéronef de Lille, ce mercredi 13 novembre. Il s’était produit au même endroit, en février 2023, après avoir gravé son second essai, « Beware believers », en mars 2022. Et le show avait déjà été convaincant
Dans l’univers du rock indé, « Reason enough » devrait figurer parmi les albums de l’année. C’est, en tout cas, une certitude pour l’équipe d’Inaudible
Mais il est toujours intéressant d’assister au concert d’un groupe quand il vient défendre de nouvelles compositions. D’autant plus que Crows a passé des années à perfectionner son art, se forgeant une réputation pour que son expression sonore devienne à la fois brute, électrique et atmosphérique.
Une constante : un concert de Crows dure 60 minutes, parce que les musicos estiment que c’est suffisant.
En arrière-plan, on remarque la présence du logo du groupe. Et puis, le podium du club a été relooké ; ce qui permet d’offrir une meilleure visibilité à l’auditoire, mais aussi, en rehaussant le plafond de cette scène, de rendre le light show plus efficace.
A 21 heures, après la diffusion d’une bande sonore, Crows grimpe sur l’estrade et attaque « Room 156 ». James Cox dispose de deux micros, dont un astatique et joue régulièrement avec les supports de ces microphones. Le grognement de la basse d'Amarasinghe se révèle déjà ténébreux.
Dès le viscéral « Bored », James Cox descend dans la foule, micro en main, brisant ainsi le fossé traditionnel qui sépare l’artiste du public.
Un exercice qu’il réitèrera pendant « Healing ». Il est toujours dans la fosse au début de « Demeanour », mais finit par remonter sur les planches au milieu de cette compo imprimée sur un tempo à la Ramones et caractérisée par ses riffs de sixcordes hypnotiques.
Après l’échevelé « Wednesday’s Child », « Land of the rose », imprimé dans sa première partie sur un rythme new wave, prend un virage ouvertement politique. Il décrit le combat intérieur de James entre l’amour et la haine à l’égard de son pays détruit par les ceux qui le dirigent. Il se sert alors de nouveau des deux micros pour entonner ‘Goodbye, Goodbye, Goodbye to the Land of the Rose’…
Tout a long de l’introspectif « Vision of me », un morceau qui fusionne les lignes de guitare sombres et anguleuses ainsi que les rythmes lourds du post-punk avec une sensibilité moderne, le spectre de Ian Curtis se met à planer.
Evoluant sur un tempo tribal, « Slowly Separate » est écorché par les stridulations féroces de la guitare. La batterie de Sam Lister et la basse de Jith Amarasinghe - il assure quand même et régulièrement les backing vocals - cognent avec une force viscérale, amplifiant l’énergie libérée et créant une atmosphère électrique alors que la voix de Cox s’élève au-dessus de l’ensemble.
Avant que le band n’entame « Every day of every year », Cox enlève sa veste. Après l’hymnique « Silhouettes », « Living on my knees » monte progressivement en crescendo. Le refrain est construit sur un chant répétitif. Un couplet est récité en spoken word et James se sert alors et encore, mais alternativement, de ses deux microphones ; mais soudain, tel un coup de feu, la guitare électrique retentit. Un audacieux se lance alors dans un crowdsurfing. La foule est de plus en remuante et notamment durant le punkysant « Closer still », « Garden of England » et le décapant « The Itch »
Le set s’achève par le mélodieux « Is it better ? », au cours duquel Cox pose une question existentielle : ‘Vaut-il mieux aimer et vivre dans la peur de la douleur ?’, alors qu’un téméraire risque l’exercice du stagediving.
La performance de la soirée a clairement confirmé que Crows n’est pas seulement un groupe de studio, mais qu’il est également taillé pour le ‘live’, où sa musique prend vraiment une dimension viscérale et conflictuelle. Ce qui en fait l’une des formations les plus excitantes de la scène post-punk contemporaine.
Photos Ludovic Vandenweghe ici
Setlist
Room 156
Bored
Demeanour
Wednesday’s child
Land of the rose
Vision of me
Slowly separate
Every day of every year
Silhouettes
Living on my knees
Healing
Closer Stll
Garden of England
The itch
Is it better ?
(Organisation : Aéronef Lille)