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Lucie Rezsöhazy

Lucie Rezsöhazy

mercredi, 07 septembre 2011 02:00

There’s always another girl

Depuis le 27/07/2011, cet album est disponible en téléchargement libre pour ceux qui ont eu la bonté d’en parrainer sa production sur le site http://www.pledgemusic.com, où la chanteuse a mis en vente exclusive d’autres articles de merchandising, généralement dédicacés. Mon potentiel extatique a encore connu une bonne journée.

Juliana va bien. Elle est même en pleine forme. Si sa voix était aussi accomplie sur « How To Walk Away » et si la belle avait eu le temps de publier ses mémoires, elle n’a pas parachevé son double succès par des dédicaces et encore moins par une tournée, mais bien en se tapant un passage à l’hôpital pour cause de ce qui semble avoir été la conséquence d’une crise d’anorexie (NDR : cette affection n’a jamais été clairement annoncée dans ses écrits, mais elle a un jour refait surface pour expliquer, avec ses mots bourrés d’allusions involontaires, les raisons de son absence). Elle a fermé son blog. Elle a publié un autre album deux ans plus tard, sur lequel les paroles de sa chanson « I’m disappearing » sont déchirantes (ou est-ce son timbre qui semble vibrer d’un ‘help !’ sur chaque note ?) Pourtant, elle est loin du cliché de la starlette déchue tombée dans la drogue, le sexe et l’alcool ; bien au contraire. Soit, elle dégage la même volonté humaine de vouloir être aimée pour ce qu’elle est, mais elle boit, mange et dort à peine, ne fume pas et ne prend rien d’autre qui soit plus jubilatoire que du chocolat Lindt & Sprüngli. Comme si le monde était trop pour elle. Ses sens ont l’air exacerbés ; et en plus elle lit pour dix.

« There’s always another girl » est plus rocky que ses deux précédents opus, mais a conservé les mêmes harmonies vocales. Toujours aussi magnifiques. La chanteuse s’en amuse brillamment depuis « Peace & Love ». Le rock est loin de la limite des riot grrrls comme pouvait l’être « Bed » ou « Juliana’s Pony: Total System Failure », mais porte les influences des, disons, cinq dernières années issues de la scène rock indé. Et qui le niera, elle a rarement été si prolifique.

Prochain espoir : qu’elle se produise enfin à nouveau autre part qu’à Boston et NY. Ses nouveaux titres ont un potentiel scénique évident et on espère qu’elle surmontera sa timidité.

 

mercredi, 06 juillet 2011 20:26

Ugly Side of Love

Derrière Malachai se cache le duo originaire de Bristol formé par Gee Ealey et Scott Hendy. Et dans le même esprit que leurs compatriotes de Portishead et Tricky, ils chamboulent le terrain musical en renouvelant l’établi. Les années 1970 sont leur terrain d’expérimentation, qu’ils réactualisent en ajoutant un côté ‘qui dérange’. Dès qu’on tente de les classer dans une époque ou un style, un élément vient perturber notre jugement. Alors certes, on connaît ce vieil orgue, ce sample presque hip hop et ce solo de guitare, mais pas tous à la fois et pas pour un tel résultat.

Malachai déconstruit. L’ambiance zen (« Snake Charmer ») sera cassée par le groove ‘lennykravitzien’ qui suit (« Snowflake »). Outre le psychédélique, il embrasse sans complexe l’héritage des Beatles (« Another Sun ») et de la british pop des années 1970 en général (« How Long »). On penche également parfois pour un rock garage sur lequel Malachai joue des samples vintage, des rips de vinyle, et du hip hop (« Fading World »).

Plus ‘déclassé’ qu’inclassable, l’effet général de l’album est fondamentalement posé mais laisse transparaître ce caractère faussement brouillon des Black Keys. Le duo parvient à produire un son complètement neuf en n’utilisant quasiment que du vieux, révélation qui nous submerge dès le premier titre.

Au début de cette année, Malachai a publié « Return of the Ugly Love », dans la même lignée d’exploitation de basiques mais dans une orientation distinctement trip hop.

mercredi, 06 juillet 2011 20:13

Terminal

L’Islande ne finit pas de nous surprendre, et Hjaltalìn persiste et signe dans la catégorie de leurs confrères : tous inclassables. Originaires de Reykjavik, Hjaltalìn connaît un énorme succès national depuis 2007, c’est-à-dire lors de la sortie de leur premier album « Sleepdrunk Seasons » ; sans doute en raison de la palette des styles intégrés simultanément dans leur musique.

L’introduction et la conclusion de « Terminal » sont typiquement philharmoniques. Et pour cause, l’orchestre symphonique d’Islande a participé à l’enregistrement de l’opus d’un bout à l’autre. Ne vous y méprenez pas, les 11 titres ne restent pas figés dans un rock orchestré, mais traversent les genres et les époques : des violons très ’60s (« Feels like Sugar »), des ambiances ecclésiastiques menaçantes (« Son From Incidental Music »), le souvenir d’une comédie musicale (« Montabone »), des ballades pop moins encombrées ou plus rock, mais dignes d’un excellent single (« Stay By You »), des mélodies aux arrangements Disney (« Vanity Music »), un chant au refrain disco-funk (« 7 years »), le tout formant une grande épopée contemporaine.

Alors si l’écho sacré nous rappelle d’emblée Arcade Fire, Hjaltalìn se distingue nettement par les voix. Non contents d’être tous multi-instrumentistes, les membres du groupe passent aussi devant le micro, et ce, pour un échantillon vocal extrêmement varié : une voix masculine mixte, rauque ou soul, une voix féminine diaphane, funky ; et le tout entremêlé (« Hooked on Chili »).

« Terminal » nous invite à entrer dans un film qui n’atteindrait jamais une pleine éclaircie. Une musique généreuse et ample sans être pompeuse constitue ce disque magnifiant qui a consolé l’Islande en pleine crise et en ressort la tête haute, en réitérant ce qui était fondamentalement important.

mercredi, 29 juin 2011 18:25

Wherever The Sun Sets (b)

Qu’attendre d’Anoraak, lorsqu’on n’a jamais eu l’occasion de les écouter. Une atmosphère qui incite à enfiler son pardessus lors des longs après-midi de novembre ? Que nenni, un album tout en soleil, qui habillera merveilleusement la saison chaude.

Anoraak, c’est en quelque sorte le pseudo d’un Nantais qui a suivi une formation rock. Etabli à Paris, il a fait un tour chez les Pony Pony Run Run, comme batteur, avant de se convertir à l’électro pop, faute de pouvoir pratiquer ses instruments, vu l’exiguïté des chambres de bonne. Anoraak est donc né d’essais électroniques, jusqu’au jour où il fait la connaissance de College et de son blog Valerie. De cette rencontre, et de l’arrivée d’autres groupes dans la clique, Valerie devient un collectif de musiciens solo-potes, et officialise Anoraak parmi ses projets.

Valerie résonne peu en France (à Paris et à Nantes) mais voyage beaucoup pour satisfaire un public qui les écoute jusque New York. Est-ce la French touch à la Phoenix (« Try Me »), son goût pour le funk old school (« Crazy Eyes ») ou les bons vieux synthés des années 70 (« Long Hot Summer Night ») qui attirent les éclairés ? Ou encore, le son finement moderne, conservé soigneusement (« Dolphins & Highways ») ? En tous les cas, le succès inopiné encourage le jeune artiste à continuer.

Les différents instruments typiques apparaissent au cours de l’album, mais c’est principalement seul, à l’aide de son ordinateur et d’un micro qu’Anoraak se présente sur scène. Si « Wherever The Sun Sets » est sorti il y a quelques mois déjà, il ira aussi de pair avec les beaux jours : relax, groovy mais léger, ce projet rétro-futuriste sera idéal pour agrémenter vos soirées d’été.

 

dimanche, 26 juin 2011 02:00

The Unspeakable Genius

Il n’est pas idéal d’assister à deux concerts, en autant de soirées d’affilée ; car lorsque le spectacle parvient à me transporter, il me faut plus de 24h pour le digérer… Et ce sera le cas pour l’Unspeakable Chilly Gonzales programmé à la Volksbühne. Etait-ce de la musique contemporaine ? Un one-man show ? Une leçon d’éthique ? Ce que j’ai retenu, c’est que je ne me suis pas emmerdée une seconde. Le concert était ultra sold-out ; mais on a récupéré des cartes de ‘désistement’ après 3/4h d’attente à la caisse. D’un seul coup, 10 places se sont libérées (NDR : oui, je sais, j’aurais dû m’y prendre plus tôt ; et pareil pour les Foo Fighters).

L’homme est mégalomane : il se déclare légèrement dictateur à l’égard du Fuck Luck Orchestra (sic) qu’il ‘paie pour qu’ils fassent ce qu’il dit’.

L’homme est humble : en pantoufles et peignoir, comme à son habitude, il aspire avant tout à se décarcasser ostensiblement pour le public. Dans son interview sur Motor FM le lendemain, il expliquait que seuls les vrais artistes sont ceux chez qui on sent les années-misères, le vrai ‘job alimentaire’ de musicien de studio/d’ambiance/prof derrière eux, qui ont acquis assez d’humilité pour ne pas jouer les invincibles ‘même pas mal quand je joue’ une fois sur la scène du succès. Chilly Gonzales transpire, postillonne, s’obstine et s’essouffle. Il a parfois le profil du pianiste dans ‘Shine’.

L’homme est génial : il définit le musical genius comme la simple faculté d’entendre des choses et de les rejouer. Cela ne signifie pas le talent. Mais avant tout, l’unspeakable genius de Gonzales procède de l’invention d’un langage musical drôle et compréhensible qui demeure dans la finesse. Un piano s’exprime. Des incises au semblant improvisé donnent l’impression qu’il nous parle à tous, et pas seulement dans un jargon destiné aux musicos, même dans son trip extatique.

L’homme est un poète : il a peut-être pensé que les gens l’écouteraient plus que ne le liraient et a intégré ses poèmes, voire son pamphlet, dans sa musique. Résultat : du rap blanc qui ne parle ni de misère, ni de fric, ni de sexe et baston, mais résonne tel un article de Slate. Pourquoi le rap ? Parce que ‘si vous n’aimez pas le rap d’aujourd’hui, vous n’aimez pas aujourd’hui’.

L’homme souhaite vivre dans son temps: ‘I want to be a man of my time with my old-fashioned skills. (…) Find a way in. Find your way in’. Le pianiste tambourine de la pédale et va dans les cordes, mais accuse les musiciens classiques contemporains d’avoir tué la musique classique et se met à jouer n’importe quoi, ‘What I’m playin’ is bullshit, you know, just make the face so as to make it credible’.

L’homme est capitaliste : ‘Vous savez, ceux qui aiment ce que je fais achèteront mes disques et viendront à mes concerts, c’est comme ça que ça marche, je suis capitaliste’. ‘I’m a lot of things, but a left-wing singer songwriter I’m not.’

L’homme est arrogant, atypique, légèrement démoniaque, et complètement barge…

(Organisation Volksbühne)

mercredi, 13 avril 2011 02:00

Still Grounds for Love

Derrière Watine musardent Catherine Watine, chanteuse française, et son compagnon de jeu Nicolas Boscovic. Le duo est entré sur la scène rock indie en 2006, en publiant l’album « Dermaphrodite », et a renforcé sa présence par « B-Side Life » en 2009. A peine un an plus tard, ils nous reviennent en nous plongeant dans l’univers organique, cinématographique et très personnel de « Still Grounds for Love ».

Dans le souffle d’un vieux vinyle, l’opus débute par un conte joliment progressif (« The Story of That Girl ») bercé par une ballade pop rock harmonieuse. Si les thèmes abordés semblent féminins (voire féministes), ils relèvent plus d’une philosophie personnelle et universaliste : « Connected Queen » aborde la Femme dans un son doucement expérimental insufflé de cordes qui octroient la même délicatesse que notre Raymondo national, d’autant plus par le xylophone qui conclut le morceau, rejoint par un piano, ouvre « The strings of my fate » dans l’intimité d’une boîte à musique en rythme de valse. Ce sont aussi des éléments tels que la résonance des ivoires ou de sabots sur les pavés qui confirment le monde féérique dans lequel Watine développe son savoir musical. Mais les synthétiseurs –fantomatiques, certes– nous rattrapent (« Trying to »), notamment en mode clavecin électrique sur « Books & Lovers » ; et si l’on replonge ci et là dans le sombre monde de Tim Burton, l’histoire mène toujours à une éclaircie et revient systématiquement à un confortable cocon. La voix étrangement masculine qui chuchote les mélodies dans son monde intimiste pourrait nous faire penser au petit frère de Keren Ann. « Strong Inside » reste dans la mélancolie et souligne l’impression baroque de l’album. Watine ne s’immobilise cependant ni dans le niais ni le contemplatif : leur plénitude est prouvée par l’intelligence compositionnelle de certains titres (le rythme décalé d’« Architect ») et le son brut qu’ils s’approprient très bien également (« Le cours de ma vie »).

Watine dépeint son univers par une electronica organique, à l’aide d’un son parfois analogue à celui exploré par Imogen Heap, dans une profusion d’arrangements réalisés avec maturité.

 

mercredi, 23 mars 2011 20:51

The Age of Adz

Cinq ans se sont écoulés depuis le dernier projet du natif de Detroit, « Illinois ». On pensait Sufjan Stevens plus intéressé à expérimenter les collaborations (auprès de The National, notamment), mais quelques jours après la sortie d’un Ep annonciateur d’un regain d’écriture, baptisé « All Delighted People », il nous propose un album hautement visionnaire.

« The Age of Adz » se réfère aux œuvres apocalyptiques de l’artiste Royal Robertson, dont la confusion psychique, cosmique et prophétique est reflétée dans l’opus. D’ailleurs, Sufjan s’est inspiré de la pauvre condition matérielle et physique vécue par l’artiste comme catharsis pour les douleurs physiques qu’il endurait lui-même au cours de l’écriture de l’œuvre. Il souffrait en effet d’un virus affectant son système nerveux ; certains entremêlements électroniques rappellent d’ailleurs les connexions nerveuses apparemment arbitraires et chaotiques, qui se fondent en une sorte de mélodrame hystérique.

Contrairement à son écriture habituellement spirituelle et thématique, l’artiste n’a cette fois pas produit d’album conceptuel, car il s’inscrit sous le signe de l’introspection, sans fondement théorique préalable, et sonde la primitivité des sensations. Fi des préconcepts historiques, géographiques ou culturels qui guidaient ses projets (scénico)-musicaux : l’instinctif est à l’honneur tout au long d’une tapisserie électronique démunie de tout narratif. Et c’est en ce sens que l’elpee est sans doute l’un des plus originaux concocté par Stevens. Si l’amour, la foi et la souffrance hantent toujours ses textes, ils sont explorés au niveau personnel et non polémique. Compte tenu de cette approche, le paradoxe réside en ce que, pour exprimer l’humain en lui, Stevens remplace guitares acoustiques et banjo par des synthétiseurs. Et ceux-ci ainsi que l’orchestration symphonique s’harmonisent à merveille. A la limite des expérimentations classiques contemporaines, la réussite de cette symbiose électro-acoustique risque de bluffer plus d’un expert en la matière, dans l’éternel débat musicologique sur la limite entre le classique et le populaire.

L’ouverture « Futile devices » pressent un rock mélodique, s’en suit l’explosion « Too Much » qui se développe comme un Aphex Twin en marasme plus modéré, une ambiance « Kid A » aussi, s’il faut vraiment comparer. On avance, et l’auditeur a du mal à trouver pied ; il est en constante lévitation. Les arpèges virtuoses des flûtes et les cuivres annoncent déjà le son orchestral qui se développe dans toute sa splendeur lors du titre suivant, « Age of Adz ». Une chorale d’Arcade Fire rythme la cacophonie des dissonances organisées.

Deux plages plus douces, chaleureuses, servent d’interludes avant de se relancer lors d’un « Get Real Get Right », qui présente un véritable esprit opératique. Le quasi drum 'n' bass et impressionnant « I want to Be Well » conjugue electronica et philharmonie avec virtuosité. Le mélancolique « Impossible Soul » est magnifiquement invraisemblable : ses 25 minutes (!) reproduisent une espèce de condensé sonique du même esprit que les plages précédentes (malgré son passage à voix bionique digne d’Usher –ou de Madonna– et concluent sur un refrain en chœur qui restera en écho dans notre tête toute la journée.

L’univers inquiétant et légèrement dingue du multi-instrumentiste nous invite à découvrir un pays des merveilles où l’on suivra le lapin, effarouchés mais hypnotisés par l’étrange tintamarre que nous offre ce nouveau monde fantastique. La folie de Sufjan Stevens le transforme en artiste indéniablement majeur.

 

mercredi, 23 mars 2011 20:17

Pilgrim’s Progress

On aurait pu s’attendre à un revirement de style, une innovation après le lapsus de quelques années accusé par Kula Shaker en 1999, avant de refaire surface en 2007, lors de la sortie de « Strangefolk ». Si les musicos se sont éparpillés chacun de leur côté (Jay Darlington a d’ailleurs eu sa part de succès, lors de ses périples accomplis en compagnie d’Oasis), c’est en toute intégrité que les Londoniens ont décidé de publier leur quatrième album. Forts de leur quête métaphysique du Graal profondément imprégnée de philosophie indienne, le quatuor est pourtant revenu les pieds sur terre, en abordant des sujets plus pragmatiques et politiques. La musique, elle, reste fidèle à elle-même : leur rock psychédélique qui avait réorienté la britpop 90’s au goût des 70’s (ils ont tout de même reçu la collaboration du producteur de Pink Floyd) se bride poliment en folk moins exalté.

Enregistré dans le studio que le groupe s’est construit pas loin de Chimay ( !), l’elpee aurait subi une subtile influence des environs campagnards. Les membres ne s’attendaient pas à octroyer une dimension ‘contes de fées dans la forêt enchantée’ à son opus, impact direct de leur situation au cœur de nos Ardennes.

« Pilgrim’s Progress » débute par une cavalcade de violoncelles (en plus de la nature belge, Kula Shaker aurait-il également écouté nos crus, tels Venus ?) Les morceaux qui suivent restent dans le folk (« Ophelia », « Only Love ») sans virer dans une humeur rock, mais bien dans le country-bluesy, comme « All Dressed Up », censé incarné le far-ouest de John Ford et Ennio Morricone (à l’instar de « Cavalry »). « Modern Blues » est un peu le track à part qui incarne un parfait rock and roll des années 60. Bien sûr, l’exotisme indien qui avait constitué leur marque émerge circonstanciellement (« Figure It Out », « To Wait Till I Come ») ; et tout particulièrement lors du mélodieux « When A Brave Meets A Maid », caractérisé par la présence d’un santour. Et il faut reconnaître que cet instrument, la flûte et les guitares western forment un melting pot étonnamment harmonieux. Surprise également lorsque le grand orgue impose la majestueuse finale de « Winter’s Call ».

« Pilgrim’s Progress » existe en deux éditions superluxe, outre la conventionnelle. Si l’on est loin du rocky « Tattva », Kula Shaker poursuit son style en l’explorant à l’aide de nouveaux éléments. « Pilgrim’s Progress » aurait pu naître au cours des nineties : une constatation qui constitue son atout majeur autant que son plus grand défaut.

mercredi, 16 mars 2011 21:04

Inner Anger, Feather

Le rock français ne s’épanouit pas uniquement à Paris, Lille ou Bordeaux : Moonjellies est originaire de Tours et s’autoproduit depuis 2008. Après son premier Ep, Moonjellies publie « Inner Anger, Feather » qui conforte notre foi en la qualité du rock européen.

Amorçant sur des chœurs ostensiblement dignes des Beatles, l’album saute ensuite quatre décennies du british pop pour nous offrir la mélodie entraînante et le piano d’un vieux Hoosier sur « You don’t have to » (pareillement sur « Pauline »), avec la même crédulité. « Come across your shade » continue sur la même lancée à l’aide d’un son rétro plus brut pour nous emmener sur la Pacific Coast des années 90 (ou dans les petites salles belges, en fonction de ce qui aura imprégné chacun d’entre nous). On se sent bien, donc, au sein de cet enchevêtrement de guitares.

L’album s’effiloche ensuite sur quelques titres un peu moins accrocheurs ni novateurs sans pour autant désagréables, puisqu’ils rappellent Neil Young et Yes. La voix instable chancèle mais nous retombons sur nos repères ; des arpèges ‘radioheadiens’, des modulations ‘pavementiennes’… et le fade out tout en choral de « Sunrise » rappelle moins les Beach Boys qu’un optimiste Elliott Smith ; c’est-à-dire un Brendan Benson, analogie davantage valable pour « Black Cloud » et « Summer Dress », sorte d’hybride avec les Dandy Warhols. Plus de références américaines, alors, que de patrimoine britannique. L’album s’achève en beauté par le magistral « Whispering stone », un morceau étoffé de cordes et cuivres, suivi d’une intime ballade très proche de leurs compatriotes de Cocoon (glockenspiel inclus) qui confirme le potentiel compositionnel du groupe, et prouve que la naïveté ironique, si la mélodie solide est la pierre angulaire de l’édifice des arrangements, devient parfaitement crédible.

L’album fin et audacieux manque peut-être de carrure, mais incarne l’une des preuves que la scène pop rock française s’est émancipée et joue désormais dans la même cour que celle des Anglo-Saxons.

mercredi, 02 février 2011 22:10

The Unwinding Hours

Après l’annonce de la fin du groupe Aereogramme en 2007, Craig B. a repris la composition sans attentes particulières, jusqu’à ce que son coéquipier d’alors, Iain Cook, le rejoigne dans l’écriture oisive de quelques titres sans prétention. Tout en douceur, donc, le duo s’est retrouvé à la tête d’une dizaine de titres et les ont partagés sur MySpace avant de se donner un nouveau nom, sans objectif commercial défini.

Enregistré chez Paul Savage, qui a ‘pris les baguettes’ au sens propre, le disque débute lui aussi graduellement par « Knut », introduction qui pourrait très bien constituer la conclusion de l'album ; basse et accord quasi continus, une montée toute en percussions. Passé ce début épique, l’elpee s’engage dans du british rock pop. Craig B. ne peut vraisemblablement pas cacher la ressemblance de sa voix avec celle d’un autre chanteur originaire de Glasgow : Francis Healy, de Travis. Les influences métal de l’ancienne formation sont perceptibles dans la production de l’album, même si celui-ci recèle cordes et piano sur la plupart des pistes. La plage suivante, « Little One » (tout comme « There are worse Things than being alone », « Solstice » et « Traces »), retombe dans le folk anglais de cette dernière décennie, une simplicité à la Tom McRae. Les rares longueurs noisy rappellent un sage My Bloody Valentine (« Peaceful Liquid Shell ») voire Archive ; les mélodies esseulées et mystérieuses Sigur Rós (« Child », « Traces »).

Les relations humaines constituent le noyau poétique du fruit de leur vécu et de leur travail, mais s’assimilent un peu trop à une potentielle BO de Grey’s Anatomy : le pouvoir nostalgique du présent. L’absence de deadline ou de pression quelconque se réverbère dans leur musique : ils ne sont en effet pas pressés. Les diverses textures et humeurs offrent un tout homogène, joliment orchestré, sensiblement et accessiblement pop.

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