La cavalcade de Jéhan…

Poussé par un nouvel élan poétique, Jean Jéhan a sorti son nouvel opus, « On ne sait jamais », le 18 novembre 2023. Pour ce cinquième elpee, Jéhan fait le choix de s'affranchir de ses affinités folk rock, pour aller vers des horizons plus dégagés. On retrouve…

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Philippe Blackmarquis

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Marie Davidson et Pierre Guerineau produisent une musique électronique particulièrement novatrice, sublimée par une prose 'voice-over' déclamée ou chantée. Leurs créations s'articulent autour de deux projets : celui solo de Marie Davidson et le duo Essaie Pas. Leur univers musical évolue entre ‘ambient’ introspective et ‘minimal synth’, tout en affichant un côté ‘clubbing’ nu-disco/techno. Le caractère onirique est omniprésent, un peu comme si on écoutait la bande-son sensuelle d'un film imaginaire.

Le duo avait déjà accordé une interview à Musiczine, lors de son passage à Bruxelles, en 2013 (voir ici). Il était donc judicieux de profiter du concert, accordé le 20 août dernier, dans le club La Villaine, à Bruxelles, pour retrouver les deux musiciens et débattre de leurs nouvelles productions. Mais abordons d’abord le projet solo de Marie Davidson.

Tu as publié un nouvel opus cette année : « Un Autre Voyage ». Comment pourrais-tu décrire son évolution, par rapport au précédent ?

Marie Davidson (MD) : C'est de la musique électronique sur laquelle on pose des textes souvent parlés, parfois chantés. En outre, je me suis familiarisée avec mon nouveau matériel pour réaliser ce disque. Il est plus performant. Pour la prod, j'ai travaillé en compagnie de Pierre (NDR : Guerineau). En général, je compose tout moi-même, y compris la musique ; puis j'enregistre. Par contre pour « Un Autre Voyage », on a bossé ensemble sur la production. Pierre a amené ses idées. Je ne me sers pas d’un ordinateur, alors que Pierre utilise un Pro-Tools ; ce qui a permis de raffiner certains sons et de développer différentes perspectives. En résumé, la progression est naturelle ; elle repose sur l'approfondissement d'une esthétique de travail et reflète l’expérimentation d’une personne qui apprend au fil du temps.

N’as-tu pas l'impression d’y privilégier le côté davantage dansant, un peu plus 'techno' ?

MD : Pas vraiment sur l'album, mais il y a une certaine mutation vers la techno sur certains morceaux. Ils ne sont pas encore sortis, mais je les joue en concert. Cependant, je conserve l'influence italo-disco, déjà palpable sur « Perte d'Identité » comme pour le titre « Shaky Leg » et son remix. Cette approche a toujours été présente, mais depuis la parution d’« Un Autre Voyage », la direction est franchement plus dance-floor.


Est-ce parce que vous résidez maintenant à Berlin ?

MD : Les styles de musique, je les aime tous ; enfin presque tous. J'apprécie le jazz, la musique contemporaine, la pop, le rock. Les Doors sont toujours une des mes influences majeures. Mais auparavant, je n'étais pas capable de créer de la musique 'dance-floor'. Ce n’est pas une musique facile, car elle exige beaucoup de travail et une bonne synchronisation mentale. Il faut être capable de synthétiser ses idées, de structurer ses chansons pour trouver le groove, le conserver, et susciter l'intérêt des gens pour qu'ils continuent à danser. Mais il est clair que je composerai toujours de la musique 'ambient'. Berlin, c'est une chouette ville. Elle inspire la techno ; mais de la dance, il y en a partout.

Au cours du concert, tu as interprété un nouveau titre, « I Dedicate My Life ». Il y en a d'autres ?

MD : Oui, un instrumental intitulé « D1 » ; et puis, un morceau qui n'a pas encore de titre. Il a été composé à Berlin et s’appuie sur un bpm (NDR : beats par minute) très élevé : 260 !
Pierre Guerineau (PG) : C'est comme un 130bpm mais en doubles croches... C'est très...

Frénétique ?

PG : Oui !

Pierre, venons-en à votre duo, Essaie Pas, responsable récemment d’un single baptisé « Danse Sociale »...

PG : Oui, c'est un 7 pouces, que l'on a sorti sur le label franco-belge Teenage Menopause...

De notre ami Elzo Durt...

PG : Et François. C'est un très chouette objet. La pochette est originale. Elle bénéficie d’une trame visuelle animée. C’est lui et un ami qui l’ont conçue…  

Et le label envisage de publier une série de singles qui adoptent ce concept visuel, je crois ?

PG : Oui, dont The Horrorist, et quelques autres.

« Danse Sociale » est, comme son nom l'indique, très 'dance'. La production est très directe et intègre peu d'effets. On a l'impression que le son de la boîte à rythmes est super 'dry'.

PG : Il y a un peu de distorsion et de réverbération sur l'ensemble. C'est différent de ce qu'on faisait avant. Essaie Pas essaie d’explorer de nouveaux horizons, de nouveaux sons et cherche à éviter la redite...

Par contre, la face B, « Ausgang », creuse davantage une veine cinématographique.

MD : C'est un morceau expérimental composé à Berlin, il y a 2 ans.
PG : C'est une improvisation préparée, une compo qu'on aimait, mais qui n'avait pas trouvé sa place sur nos disques. Et c'était sans doute le moment idéal de le sortir. Sur le single, les deux morceaux sont très différents ; ils représentent deux facettes de ce que l'on apprécie.

Les textes abordés sur le dernier elpee de Marie Davidson, « Un Autre Voyage », reposent logiquement sur le voyage. Chaque chanson correspond-t-elle à un moment particulier de vos périples ?

MD : Il n'y a pas nécessairement de moment précis, mais chaque chanson est inspirée par des événements que j'ai vécus, des gens rencontrés, des idées ou des impressions échangées.

« Boulevard Taschereau », par exemple ?

MD : C'est un endroit qui existe vraiment. Il est situé dans la banlieue de Montréal, du côté de la rive sud. On y est allé, il y a deux ans.

Donc, on peut espérer un jour une chanson intitulée « La Villaine » ou « Place Flagey » ? (rires)

MD : Non, il faut que ce soit un peu plus onirique. Je pourrais composer une chanson consacrée au nom d'un bar ; mais il faudrait qu'il s’y produise un événement mémorable. Il y a de l'humour dans mon écriture, mais elle est toujours authentique. Par contre, je n’y exprime pas de dérision…
PG : Si tu voyais le Boulevard Taschereau, tu serais déçu. L’endroit n’est pas particulièrement intéressant.
MD : C'est un échangeur d'autoroutes, entouré de motels, de centres commerciaux...
PG :
C'est un 'non-lieu', un endroit de passage...
MD : ... qui laisse beaucoup de place à l'imagination. On y croise de drôles d'individus ; dont celui qu’on a rencontré et qui nous a raconté son vécu…

Votre musique affiche manifestement un aspect cinématographique ; avez-vous envisagé de composer des B.O. de films ?

MD : On a réalisé celle d'un documentaire. Mais en effet, c'est un rêve pour nous. En fait, un de nos vieux morceaux, une reprise de Jacno, « Anne cherchait l'amour », a servi au premier court-métrage de Larissa Corriveau et Fernando Lopez, « Le Fugitif ». C’est une fiction.
PG : Mais la chanson n'avait pas été enregistrée dans ce but.

Marie, tu prévois la parution d’un nouvel LP ?

MD : Je ne sais pas. Je vais prendre mon temps.

Et une date a-t-elle été fixée pour celui d'Essaie Pas ?

PG : Au mois de janvier. Sur DFA. On est très excités de le voir sortir sur ce label new-yorkais.

DFA est un label notoire !

PG : Il était connu pour le dance-punk, un mélange entre la musique très dansante et en même temps un peu foutraque. Il hébergeait surtout des projets comme LCD Soundsystem, Hot Chip... C'est un peu disco-punk, funk, no-wave, voire noise. Black Dice, Eric Copeland y sont aussi signés. Puis Factory Floor, qui a marché pas mal l'année passée. C'est en assurant la première partie de Factory Floor, à Montréal, qu'on est entrés en contact avec DFA.

C’est un long playing ? Vinyle et CD ?

PG : Oui, vinyle et CD. Il est fini, masterisé. La pochette a été conceptualisée. Il n'y a plus qu'à attendre la sortie.

Quel est son titre?

MD : « Demain est une autre nuit ». Il comporte 8 plages.

Et comme d'habitude, vous y abordez différents styles musicaux ?

MD : Oui, par rapport au premier, il est très concis. Ce sont les mêmes instruments, les mêmes sons, mais la musique communique une forme d’urgence…
PG : Les rythmes sont relativement enlevés et les arrangements sont axés autour des séquences.

Grâce à DFA, vous aurez accès à une distribution et une promotion plus conséquentes…

MD : Oui, bien sûr !
P
G : Ils travaillent avec PiaS en Europe.

Ah oui ? C'est un label belge à l'origine…

PG : Ah bon ? Je ne savais pas.

Oui, ils sont très bien. Ils distribuent des grands noms. Grâce à eux, vous pourrez progresser.

PG : C'est bien pour nous. On va toucher un public qui n’avait pas encore eu le loisir d’écouter ce qu'on fait. C’est une satisfaction.

Passons maintenant aux sélections. Je vous ai proposé de choisir quelques titres récents qui vous ont séduits.

MD : Je recommande d'écouter « Gold Mirror » de Night Musik. Cet artiste est originaire d'Ottawa. Il a vécu à Montréal et s’est aujourd’hui expatrié à Berlin. Il a sorti son premier album sur Mind Records à Paris. Il est excellent.
PG : J'ai choisi Ran May, un artiste montréalais. Il relève d’un jeune label, Neuromodulation. Il s’inscrit plutôt dans la veine techno-industrielle, mais très atmosphérique. La chanson s’intitule « Construction d'Agencements ». Sur cette firme de disques, militent également  Harmaline, qui est de LA, mais également Ater Charta, Ginger Breaker, Vox Nihili. Ce sont tous de jeunes musiciens avec lesquels on a des affinités. Je les aide parfois pour des productions, des masterings.
MD : La 3ème sélection, c'est Symbol, le projet solo de Christopher Royal King. Egalement chez Holodeck Records. Il joue au sein d’une formation américaine qui jouit d’une solide réputation : This Will Destroy You. Son projet solo est magnifique. Il est 100% modulaire, ambient, cinématographique, intemporel. Une de mes parutions préférées de ces dernières années.

Je vous ai aussi proposé de choisir quelques titres qui ont été fondateurs de votre culture musicale au début de votre parcours ?

PG : Oui, pour moi, c'est une composition du chanteur français Christophe, « Voie Sans Issue ». Elle est parue en face B de « J'l'ai Pas Touchée ». Ce titre est incroyable, complètement électronique.
MD : Perso, il est difficile d'identifier des morceaux fondateurs, car la musique est un flot continu dans ma vie depuis l'enfance. Mais je peux citer quelques compos qui m'ont inspirée et ouvert des portes. Le « Alleys of your mind » de Cybotron m'a ainsi permis de découvrir la early-techno issue de Detroit. La formation a été influencée par Kraftwerk, le funk, l'electrofunk et la musique électronique avant-gardiste. Un artiste plus moderne qui m'a également marqué au cours des dernières années, c'est Function ; et tout particulièrement la chanson « Against The Wall ». Il est américain, mais vit à Berlin. Sinon, mes références oscillent entre la musique contemporaine, les musiques de film, l'italo-disco et le disco en général. Giorgio Moroder restera toujours une influence incontournable. Et certains producteurs comme Mike Mareen. Notamment son morceau Dancing In The Dark ».

Enfin, quelles impressions gardez-vous de la Belgique ?

PG : C'est la 3ème fois qu'on y vient et c'est toujours un plaisir. C'est ici qu'on a commencé la tournée et qu'on la finit. C'est symbolique : on a une amitié particulière avec Bruxelles, la Belgique.
MD : On apprécie s’y produire ; les gens sont ouverts d'esprit. Il y a toujours de bonnes soirées, de bons concerts et on y rencontre de bons amis. La culture musicale y est bonne.
PG : Et en plus, Bruxelles est une ville très cosmopolite et très agréable à fréquenter...

Pour écouter l'interview en audio sur Mixcloud dans le cadre de l'émission WΛVES (Radio Vibration), c’est ici 

Pour écouter et acheter « Un Autre Voyage » de Marie Davidson, c’est là 

Pour écouter et acheter le 7'' de Essaie Pas, c’est encore ici

 

 

jeudi, 17 septembre 2015 13:19

Un nouvel EP pour les 10 ans de Thot

THOT est un projet musical créé en 2005 par le musicien français Grégoire Fray, qui est basé à Bruxelles. Il décrit sa musique comme "Vegetal Noise Music". Elle se situe quelque part entre l'électro-indus d'un Nine Inch Nails, la no-wave tribale d'un Swans et un post-metal-prog qui fait penser à Anathema et Porcupine Tree. Pour célébrer ses dix ans d'existence, Thot publie un EP : #XVNM (pour 10 ans de Vegetal Noise Music).

Si Thot a toujours été le projet de Grégoire Fray, il s'est ici entouré d'un groupe à part entière. Les deux titres, (Never) Never Again Land et I Need(ed) Much More, témoignent de l'esthétique sonore originale et de l'énergie développée par la formation au cours de cette décennie d'enregistrements et de tournées.

L'EP est disponible dans une édition (très) limitée de 30 copies sur vinyle (7 pouces), incluant le téléchargement du premier album et de ses remixes. Du 14 au 21 septembre, tous les gains des ventes digitales seront reversés à la Croix Rouge pour soutenir son action en faveur des réfugiés.

Thot s'embarque pour une tournée européenne le 24 septembre prochain. Deux concerts sont prévus en Belgique : 25.09 - Magasin4 (Brussels, BE) et 26.09 - MJ Rix (Rixensart, BE).

Lineup du groupe :
Grégoire Fray: guitares, programmation et voix

Gil Chevigné: batterie et programmation
Hugues Peeters: piano et claviers
Dimitri Iannello: basse
Arielle Moens: voix et VJ

Pour plus d'infos:
http://soundcloud.com/thotmusic/sets/thot-xvnm
http://thot.bandcamp.com/album/xvnm

C'est le dernier jour du festival et l'heure est aux bilans. Dans l'espace VIP, Denis Gérardy,  directeur de la programmation, ne cache pas sa satisfaction. Et il me confie : ‘Avec plus de 125 000 visiteurs, nous dépassons légèrement le chiffre de l'an dernier’. Cette performance est d'autant plus remarquable qu'elle est atteinte malgré une concurrence accrue des nombreux festivals régionaux. Lors de la conférence de presse, organisée début du mois de juillet, il avait regretté la prolifération d'évènements locaux comme ceux de Ronquières ou Tubize. Pour compenser, le BSF a dû séduire un nouveau public. ‘On a eu moins de gros noms à l'affiche, mais on a attiré un auditoire un peu différent. Grâce à Triggerfinger, samedi soir, on a, pour la première fois, vraiment touché le public flamand, qui était majoritaire ce soir-là. On a aussi dépassé les 10% de clientèle étrangère, en enregistrant, notamment, beaucoup de ventes en France. On a aussi profité de la forte affluence de touristes à Bruxelles ce week-end’.

Au rayon des améliorations, Gérardy cite le confort accru de la Place des Palais, dotée d'un nouveau podium (une des scènes de Rock Werchter), plus grand et plus haut. Le bloc abritant la table de mixage a été déplacé sur le côté au profit d'une meilleure visibilité pour les spectateurs. Autre nouveauté : la salle de la Madeleine ; mais elle a été victime de son succès. Pour répondre aux polémiques fustigeant les énormes files d'attente, Gérardy rappelle que c'est un problème commun à tous les grands rassemblements. ‘Si on souhaite absolument avoir accès à une salle (ou un chapiteau) plus petit, il faut débarquer plus tôt. Il m'est souvent arrivé, à Werchter, de ne pouvoir pénétrer dans un des chapiteaux parce qu'il était bondé. Cette situation appartient aux aléas des grands festivals. Malheureusement, une partie du public du BSF n'est pas habituée à rencontrer de telles situations, d'où ces petits couacs.’ Il avoue néanmoins réfléchir à un système plus efficace pour réguler l'accès à la Madeleine.

Mais revenons à la soirée du 23 août. A l'affiche de la Place des Palais : Paon, OMD, AaRON et Archive. Vu l’interview d'OMD, votre serviteur n’a malheureusement pas pu assister au set de Paon, le jeune quatuor bruxellois. Mais les échos qui me sont parvenus sont assez positifs et il semble que leur rock indie ait plu au public présent.

Mais c'est juste après Paon que les grandes manoeuvres commencent, et plus précisément les ‘Manoeuvres orchestrales dans l'obscurité’. La Place des Palais est déjà bien remplie et on compte évidemment une majorité de fans d'Orchestral Manoeuvres in the Dark. Cette formation anglaise, issue de la région de Liverpool, a marqué les années 80 en dispensant une new wave électronique très mélodique et très dansante. Formée en 1978, elle a connu une ascension fulgurante jusque dans les nineties, où elle a été balayée par les mouvements Grunge et Britpop. Mais en 2006, OMD s'est reformé, surfant sur la vague nostalgique des eighties. A contrario d’une belle brochette de groupes 'rétros', il a préféré composer de nouveaux morceaux, enregistrant d’ailleurs deux excellents long playings : « History of Modern » et surtout « English Electric ».

Et le concert commence très fort par « Enola Gay » ; sans doute leur plus gros hit. L'ambiance monte immédiatement d'un cran. Sur l’estrade, on reconnaît le chanteur, Andy McCluskey. Il porte une chemise blanche. Derrière lui, aux claviers, s’est planté son compère, Paul Humphreys, la cinquantaine, les cheveux grisonnants et un visage de poupon souriant. Constat remarquable : les deux autres musiciens : Malcolm Holmes, à la batterie, et Martin Cooper, préposé aux synthés ainsi qu’au saxophone, sont les membres du line up ‘live’ emblématique, soit celui de 1980.

‘Voici un titre qui a été enregistré en Belgique’, annonce Andy McCluskey avant « Tesla Girls ». On se souvient, en effet, qu'OMD avait loué une ferme à De Haan (Le Coq), à l'époque, pour y bosser pendant plusieurs mois. En lâchant ces petites phrases, McCluskey établit dès le départ un très bon contact avec la foule. Il déborde d’énergie et son attitude très enthousiaste sur les planches force l'admiration. On le sait : ce type est un vrai showman ! Les hits se succèdent à un rythme effréné. « History of Modern (Part 1) » prouve qu'OMD est encore capable encore écrire des hits, 30 ans plus tard. Le riff au synthé est simple mais d'une efficacité redoutable.

Après « Forever Live and Die », chanté par Paul Humphreys, McCluskey raconte, non sans ironie, comment OMD est passé du stade de groupe 'cool électronique' à celui de 'star millionnaire', en publiant un seul titre : « If You Leave », écrit pour le film « Pretty In Pink ».

Paul est toujours au micro pour « Souvenir », un morceau qui nous rappelle de très beaux... souvenirs, avant que « Joan of Arc » et « Maid of Orleans » n'imposent leurs atmosphères hypnotiques et fascinantes. Andy McCluskey a reconnu un fan dans le public, et se fend de lui chanter a capella un couplet de « Pandora's Box ». Un grand moment ! « Locomotion » démontre une fois de plus l'étonnante capacité de ces Anglais à composer des chansons irrésistibles qui donnent furieusement envie de se remuer.

Le set s’achève comme il a commencé : en force. « Sailing On The Seven Seas », composé en trio avec Nik Kershaw, donne aux Belges l'occasion de se rattraper. McCluskey regrette en effet que la chanson ait fait un flop ici alors qu'elle faisait un malheur en Allemagne. Humour britannique, une fois de plus ! Enfin, « Electricity », leur premier single gravé en 1979, parvient une dernière fois à faire grimper la tension devant un public... survolté...

En un mot ? Un concert parfait. Ou comment des vétérans donnent une leçon cinglante aux formations contemporaines. Tout y est : génie musical, énergie, présence, humour et modestie : bravo, OMD !

C'est à AaRON (Artificial animals Riding on Neverland) que revient la tâche ardue de succéder à cette bombe musicale venue d'Albion. Le duo français réunit Simon Buret et Olivier Coursier. Il est venu présenter, en quasi-exclusivité européenne, son tout nouvel opus : « We Cut the Night ». Il fait nuit, et la Place est maintenant comble ; mais on a l'impression que l'ambiance est retombée d’un cran. On écoute religieusement l'électro-pop sophistiquée –et très mélodique– d'AaRON, mais on n’est pas transportés. Sur des compos comme « Trip On Love » et surtout « U-Turn (Lili) », le semi-hit qui lui a permis de décoller, l’atmosphère remonte un peu. Le hic c'est que le début de « Lili » est foireux ; heureusement, les musicos retombent sur leurs pattes grâce à leur humour. En fait, ce n'est qu'en fin de show, et principalement lors du morceau le plus électro, « Blouson Noir », que les spectateurs au-delà des premiers rangs commenceront vraiment à vibrer. ‘Give me my blouson noir, coz I have no espoir’ : sympa ce mélange des langues. Au final, un set en demi-teinte, mais qui donne quand même envie de mieux connaître AaRON, surtout sur disque. Finalement, le band aurait peut-être dû se produire avant OMD. Un enchaînement plus logique afin d’élaborer une programmation qui monte graduellement en puissance...

Une montée en puissance qui culminera en compagnie d’Archive, un des combos les plus importants des 20 dernières années. Formé en 1993, à Londres, il s’est forgé un style unique, croisement entre le rock/prog/psyché à la Pink Floyd (période Roger Waters), le trip-hop circa Portishead et le post-rock. Il avait déjà enflammé le BSF en 2011 ; et cette année, il va prouver qu'il est encore une valeur sûre. Au chant, Dave Pen (qui défend aussi son projet solo, BirdPen) et Pollard Berrier sont impeccables ; mais manifestement, le patron, c'est Darius Keeler. Installé à gauche du podium, il se consacre aux claviers, essentiellement au Fender Rhodes. Mais surtout il lève le bras gauche comme un chef d'orchestre, pour donner le tempo. Malgré « Fuck U », qui met la barre très haute dès le départ, Archive parvient sans difficulté à maintenir le cap. Les compos sont longues et hypnotiques, et les variations de dynamique emportent vos consciences dans une autre dimension. Les lumières collent parfaitement à ces variations ; et on est ébloui dans tous les sens du terme. Grand fan d'Archive à ses débuts, j'avais un peu lâché prise, par la suite. Il va falloir que je me replonge dans sa discographie ! Ce concert a été un vrai régal et constitue, une belle apothéose pour le BSF…

(Organisation : BSF)

Pour lire l'interview d'OMD, accordée ce soir-là à Musiczine, c’est ici

(Voir aussi notre section photos )

dimanche, 23 août 2015 01:00

On a encore quelque chose à dire !

Paul Humphreys, cofondateur d'Orchestral Manoeuvres in the Dark (OMD), est un gentleman. En pénétrant dans sa loge du BSF, son grand sourire et sa simplicité forcent l'admiration. Qui pourrait croire que lui et son compère, Andy McCluskey, ont vendu plus de 40 millions de disques ? Une modestie qui est la marque des plus grands.

L’interview de Paul Humphreys se déroule avant le concert que le groupe va accorder sur la Place des Palais, en cette soirée de clôture du festival. Après John Foxx et Peter Hook, votre serviteur a la chance de côtoyer un autre de ses héros. Paul n'a pas tellement changé depuis les années 80. Evidemment, ses cheveux ont viré au gris, mais il a toujours cette bonne bouille de bébé rayonnant qui fait son charme.

La première question est très classique, elle concerne le patronyme du groupe. ‘Manoeuvres orchestrales dans l'obscurité’, c’est presque un gag, non ? « En fait, nous avions reçu un appel téléphonique émanant du Eric's Club à Liverpool », raconte Paul. « C'était en 1978. Les organisateurs nous proposaient d’assurer la première partie de Joy Division. On a répondu qu’on aimerait beaucoup le faire! Le gars nous a demandé alors : « C'est quoi le nom de votre groupe ? » On n'en avait pas. Il a ajouté : ‘Vous avez deux heures avant que nous imprimions les affiches’. Alors nous avons couru vers la maison d'Andy. A l'époque, on notait toutes nos idées de chansons sur le mur. On a parcouru la liste et quand on a lu ‘Orchestral Manoeuvres in the Dark’, on en a conclu qu’il nous distinguerait des autres formations. » Issues du punk, sans doute ? « Oui, Eric's Club était un club punk et nous voulions nous différencier. En plus, on était convaincu de ne jouer qu’un seul concert ; donc ce choix n’avait aucune importance » (rires).

Le destin en décidera autrement. En fait, l’épouse de Tony Wilson, le patron de Factory Records, la compagnie de disques de Joy Division, est tombée sous le charme de leur musique et elle a insisté auprès de son mari pour qu'il les prenne sous son aile. Pour Wilson, OMD était beaucoup trop pop, mais il accepte néanmoins de les engager à l’essai. OMD est donc invité à enregistrer un premier single, ‘Electricity’, sous la houlette de Martin Hannett, le légendaire producteur qui a, entre autres, créé le son de Joy Division. Petit problème : Andy et Paul ne sont pas satisfaits du résultat ! « En fait, nous avons accepté sa version d’‘Almost’, qui figurait en face B », rectifie Paul. « Mais celle d'‘Electricity’ était un peu trop 'ambient' à notre goût. Nous en souhaitions une plus dense, plus électro. Nous préférions la nôtre à celle de Martin, même si nous étions fans de son travail. C'était juste pas ce qu'on voulait. »

C'est donc la mouture enregistrée en compagnie de Paul Collister qui devient le très recherché single ‘FAC6’ de Factory Records. Grâce à cette carte de visite, OMD signe un contrat juteux chez Dindisc, une filiale de Virgin. « Andy et moi, nous avons alors décidé de consacrer l’argent encaissé, à l’achat d’un équipement studio. Nous avons construit le nôtre, conscients qu’il n’existait pas de marché pour ce type de musique et qu’en définitive, on allait être largués après le premier elpee. Mais au moins, on disposerait de notre propre studio ! »

Une fois de plus, le destin va en décider autrement. La 3ème version d'‘Electricity’, enregistrée dans leurs nouvelles installations, opère son entrée dans les charts anglais et européens, lançant ainsi leur carrière. Paul insiste beaucoup sur le contrôle qu'ils ont constamment voulu avoir sur leur son. « Andy et moi avons toujours eu une idée très claire de la façon dont notre musique doit sonner. C’est pourquoi nous avons régulièrement rencontré des problèmes auprès des producteurs. Nous avons même bossé en compagnie de Toni Visconti sur l’LP ‘Junk Culture’. Visconti a produit des disques fabuleux pour David Bowie et bien d'autres, mais il ne convenait pas pour nous. Dans son livre, il a écrit qu'on comptait trop sur la technologie. Mais nous sommes un groupe électro ; bien sûr que nous tirons parti de la technologie! » (rires)

Ce côté technologique, OMD le doit certainement à Kraftwerk, les pionniers allemands de la musique électronique. Le génie d'OMD a été de marier la technologie de Kraftwerk, le côté proto-punk hypnotique de Neu! et l’aspect sombre de la new wave. Paul Humphreys approuve mon analyse. « Quand nous avons commencé, nous écoutions 5 groupes ou artistes : Kraftwerk, Neu!, LA Düsseldorf, Can et David Bowie. Egalement le Roxy Music des débuts, celui de Brian Eno. Quand ce dernier a quitté Roxy, nous avons continué à suivre son parcours. C'est grâce à lui que nous avons acquis ce côté mélancolique, je pense… »

Il est vrai que le rôle d'Eno a été prépondérant dans la naissance de la new wave, surtout le feeling sombre, le ‘Weltschmerz’, le ‘Spleen’, que l'on rencontre sur les albums de Bowie dans sa période berlinoise. En intégrant, cette ‘noirceur’, Humphreys et McCluskey ont contribué à définir le son de la new wave électronique. Etonnant, mais certains artistes ont, au même moment, développé une musique similaire. Notamment The Human League et Gary Numan. Hasard ou synchronisme ? « A l'époque, Internet n’existait pas », explique Paul. « Nous n'avions aucune idée de l'existence de ces autres formations. En fait, certains magasins de disques importaient de la musique allemande. Et je pense que nous l’avons tous découverte au même moment. Personne n'était plus choqué que nous quand Gary Numan a atteint le numéro ‘1’ des charts grâce à ‘Are Friends Electric’. On s'est dit : ‘Il vient d'où, celui-là ?!’ Puis, nous nous sommes aperçus que nous n’étions pas les seuls à partager les mêmes influences. »

Parmi ces pionniers, n'oublions pas John Foxx ! Rappelons que ‘Hiroshima, mon amour’, un titre qui date de 1977, est probablement le premier titre 100% électronique new wave de l'histoire de la musique. Sur ce point également, Paul abonde dans le même sens. « Oui, je pense que c'est vrai. J'aime beaucoup John Foxx. Il a tourné avec nous en 2013. Très chouette de vivre en sa compagnie. Et puis, c'est un gars adorable ! » Ayant eu la chance de l'interviewer, votre serviteur ne peut que confirmer, ajoutant même que son attitude, très 'gentleman', donne envie de l'appeler 'Sir'. « Exactement », confirme Paul. « Il a ce style typiquement britannique. »

Impossible de ne pas parler de synthétiseurs quand on a devant soi un ‘synth wizard’ comme Paul Humphreys. Il paraît même qu'il construit lui-même des synthés. Est-ce une légende ? « Au début, on était fauchés ; donc j'ai fabriqué des synthés, c'est vrai. On les entend sur le premier long playing. J'ai aussi façonné une batterie électronique très 'kraftwerkienne', qu'on entend sur ‘Almost’. Après, elle est tombée en panne et je m’en suis débarrassée. Je la regrette maintenant ! »

Comme pas mal de groupes issus des eighties, OMD a connu un passage à vide pendant les périodes 'grunge' et 'britpop' des années 90 et 2000. Mais en 2006, le tandem est à nouveau rattrapé par le destin. « On a eu l'occasion de jouer quelques concerts. On s'est demandé qui peut encore être intéressé par OMD aujourd'hui ? Nous avions été absents pendant 10 ans. On a décidé d’accorder 9 prestations afin d’y interpréter ‘Architecture & Morality’, dans son intégralité. Certaines chansons n'avaient jamais été exécutées en ‘live’ et c'est de toute façon un LP emblématique. Les 9 spectacles ont été sold out en quelques heures et on a fini par aligner 49 dates. Soudainement, nous étions de retour… »

Petit problème technique : comment se débrouille-t-on pour rejouer les anciens morceaux à l'identique quand on n'a plus les synthés originaux ? « On a été obligé de racheter tous les synthés ! Je me souviens même qu'à un certain moment, on avait besoin d'un Korg Micro-Preset ; et, Andy et moi, on s’est mis à renchérir l'un contre l'autre, sans le savoir, sur eBay, pour l’acquérir ! » Pas question, par contre, d’emporter sur la route, ces vieux synthés. « Non, ils ne sont pas fiables. Ils se désaccordent et il faut avoir tout en double. Donc, on a échantillonné les sons. Ce qui exige beaucoup de mémoire mais les synthés modernes, comme la station Roland Fantom, peuvent y parvenir sans problème. »

Et si on parlait de la Belgique ? « On aime beaucoup la Belgique ! Nous y avons vécu pendant plusieurs mois, dans les eighties ! Nous avons loué une ferme près de De Haan (NDLR : Le Coq) pour y travailler. » N'est-ce pas là qu'a été enregistrée la version 'dub' de ‘Julia's Song’, qui vient de ressortir il y a quelques mois ? « En effet ! On l’a réalisée avec la section de cuivres des Frères Weir... »

Toujours concernant la Belgique, OMD a également travaillé en compagnie de la formation malinoise Metroland. « Oui, quand nous avons achevé la chanson intitulée ‘Metroland’, on s’est rendu compte qu’il existait un groupe baptisé Metroland. Donc, on les a contactés et il s'est avéré qu’il s’agissait de grands fans, donc ils ont réalisé un remix du morceau ! » Malheureusement, un des gars de Metroland, Louis, est décédé récemment… « Je sais, c'est tellement triste... »

A propos, n’est-il pas bizarre pour vous, de revenir dans le parcours, après autant d'années d’absence ? N'est-ce pas un peu comme si on vous avait accordé une seconde vie ? « Oui, c'est tout à fait ça ! Mais en même temps, on ne veut pas passer pour un groupe 'rétro', incarner un pastiche de nous-mêmes. Nous avons astreint notre reformation à une condition : avoir encore quelque chose à dire ». Donc, on est retournés en studio et on s'est rendu compte qu'on éprouvait encore beaucoup de plaisir à composer ensemble. Et manifestement, on a encore quelque chose à dire ! Ce qui a débouché sur la confection d’‘English Electric’, un album dont nous sommes très fiers. »

Y a-t-il de nouvelles compos en préparation ? « Nous disposons déjà de 5 chansons pour le prochain disque. Il paraîtra l’an prochain » Thank you, Paul ! « My pleasure... »

Merci à Nicky du BSF, à Simon Fuller, le tour manager d'OMD et bien sûr à Paul Humphreys ainsi qu’à Andy McCluskey.

Pour voir la vidéo d’OMD interprétant « Electricity » au BSF, c’est ici 

 

 

mercredi, 15 juillet 2015 17:14

Nouveau single gratuit de FRONT 242

It's A Lovely Day! Le groupe culte belge FRONT 242, un des leaders de l'EBM (Electronic Body Music), a annoncé la sortie d'un single en téléchargement gratuit sur Bandcamp: "Lovely Day (Remastered)" / "Take One (RADICAL G Mix)".

Le remastering de "Lovely Day" annonce la sortie imminente d'une réédition de l'album emblématique "No Comment" (1984). Le label, Alfa Matrix, affirme que cette réédition "présentera le son novateur de l'album dans la meilleure qualité audio possible aujourd'hui, tant sur vinyle que sur CD". On se réjouit d'avance! 

En supplément, le nouveau single propose un remix de "Take One" par Glenn Keteleer, aka RADICAL G, un des artistes les plus prometteurs de la scène Dark Techno/EBM en Belgique.

Et ce n'est pas tout: FRONT 242 offre de surcroît un kit de remix de "Take One" pour les candidats remixeurs. Le groupe sélectionnera les trois meilleurs remixes, qui seront intégrés dans un deuxième single en téléchargement gratuit, qui sera publié le 30 août.

On est évidemment déçus que FRONT 242 ne propose pas de nouvelles compositions mais les membres du groupe ont déclaré à plusieurs reprises qu'il préfèrent ne rien sortir de nouveau plutôt que de sortir quelque chose dont ils ne sont pas satisfaits à 100%. 

C'est par cette affirmation que Denis Gérardy, directeur de la programmation du Brussels Summer Festival (BSF), a clôturé la conférence de presse organisée le 24 juin dernier au BIP, à côté de la Place Royale. Le calcul est en effet simple : le 'pass' de 10 jours du BSF coûte entre 50 et 70 EUR, ce qui équivaut à un coût de 5 à 7 EUR par jour, de loin le prix le plus démocratique dans la catégorie des festivals de haut niveau.

Avant de passer en revue les nouveautés et les atouts principaux de cette 14ème édition, Gérardy n'a pas pu s'empêcher de préciser que l'organisation du festival est devenue « de plus en plus compliquée et ça ne devrait pas s'arranger à l'avenir ». A l'issue de la conférence de presse, il a accepté de nous en dire plus et a confié, dans une entrevue exclusive, sans langue de bois : « Il y a trop de festivals et d'événements ! Cette prolifération n'est pas bonne !». En effet, à côté des incontournables Rock Werchter et Pukkelpop sont venus se greffer une série de festivals 'moyens' qui constituent une concurrence pour le BSF, comme par exemple, le festival à Ronquières ou celui de Tubize.

En plus, selon lui, « les marchés de l'Asie et des pays de l'Est sont en pleine explosion et ils font des ponts d'or aux grands groupes ». Conséquence, le catalogue disponible pour l'Europe se réduit et les festivals se battent pour obtenir les têtes d'affiche. Autre conséquence, Rock Werchter se voit obligé d'aller puiser dans la catégorie des groupes 'midrange', qui sont habituellement l'apanage du BSF. Gérardy donne l'exemple d'Archive, que Rock Werchter et le BSF vont devoir se partager. Il donne également l'exemple des Pet Shop Boys, qui ont finalement préféré les contrats juteux des festivals asiatiques.

En dépit de cette situation 'compliquée', le BSF se réjouit d'avoir pu négocier quelques belles exclusivités. On pense évidemment à Etienne Daho, qui accordera un concert exclusif pour la Belgique. « Nous avons été les premiers à identifier l'opportunité », signale Gérardy. « Cela nous a permis d'imposer une exclusivité pour la période d'été ». Autre succès du BSF : AaRON, le duo français, qui présentera son nouvel album, « We Cut the Night », en exclusivité européenne (à l'exception du festival de Montreux).

Autre belle 'exclu' belge, Orchestral Manoeuvres in the Dark (OMD), les pionniers anglais de la new-wave électronique, chers au coeur de votre serviteur, qui compléteront le tableau du dimanche 23 août, à côté d'Archive, Paon et AaRON.

Les nouveautés

Au rayon des nouveautés, rappelons que le festival remplacera le « Magic Mirror » par la salle de La Madeleine, qui est en pleine rénovation. C'est là que se produiront une majorité d'artistes locaux et/ou de projets plus intimistes. La salle mythique abritera également une soirée Télébruxelles, une soirée Jaune-Orange ainsi qu'une spéciale du nouveau partenaire média, Bel-RTL.

Notons aussi que les 4 soirées de concerts sur la place des Palais seront placées à la fin du festival, plutôt qu'au début comme auparavant. Les organisateurs promettent également un meilleur aménagement de cette place qui est, il faut le reconnaître, un goulot peu confortable pour le public.

Enfin, l'instauration du piétonnier dans le centre de Bruxelles aura un impact sur le BSF : en effet, le boulevard de l'Empereur, devenu une des artères majeures de contournement du centre, devra rester libre jusqu'au soir. Les concerts au Mont des Arts commenceront donc plus tard, vers 19h30.

En conclusion : on se réjouit de la bonne santé de ce festival citadin, qui parvient chaque année à se renouveler. Ses atouts majeurs sont l'intégration au coeur de la ville, les prix démocratiques, la variété de programmation et la très bonne ambiance ! On regrettera cependant à nouveau le relatif conformisme de la programmation, qui favorise les courants 'mainstream' et les habituels 'chouchous' belges et qui hésite malheureusement trop à piocher dans les genres plus alternatifs ou à donner une chance à des formations locales qui n'ont pas le support des cercles 'médiatico-culturels'.

Les informations complètes sur le festival se trouvent ici : www.bsf.be

Un an après avoir accordé un concert au Depot à Louvain, Chameleons Vox était de retour dans la même salle. Dirigé par Mark Burgess, l'un des plus talentueux chanteurs/compositeurs de l'histoire du rock (et un de mes ‘héros’), The Chameleons a marqué les années 80 en ciselant des bijoux de rock post-punk psychédélique, comme "Script of The Bridge" ou "Strange Times". Malheureusement, la formation s'est séparée après la mort de son manager Tony Fletcher, en 1987. Après avoir tenté plusieurs projets en solo ou en compagnie d'autres musiciens (The Sun and The Moon, Invincible, ...), Mark Burgess a décidé, en 2000, de reprendre le flambeau sous le patronyme Chameleons Vox (la voix des Chameleons) en s'associant au batteur originel, John Lever et à d'autres musiciens.

La tournée 2014 se concentrait sur l'interprétation intégrale du premier album des Mancuniens, « Script of the Bridge ». Cette année, Mark Burgess a enrichi la setlist en ajoutant des titres issus de leur second opus : « What Does Anything Mean? Basically », qui date de 1985.

L'année dernière, Mark Burgess avait accordé une interview à votre serviteur (voir l'enregistrement ici). C'est un homme attachant, brillant et pétri d'un humour typiquement britannique. Il nous avait parlé de son enfance à Manchester, des Beatles, de T.-Rex, de l'enregistrement de « Script... », de ses projets, etc., mais aussi, de son intérêt pour les OVNI, les expériences proches de la mort et les phénomènes paranormaux, en général.

Cette année, pas d'interview mais un concert qui promet, à nouveau, d'être émouvant. Le Depot est en configuration 'box', car un rideau coupe la salle en deux. The Chameleons Vox n'attire pas la toute grande foule, mais c'est un public de véritables fans, majoritairement des quadragénaires, qui est venu vivre ce moment unique.

Dès la première chanson, « Swamp Thing », le ton est donné. La formation reproduit à la perfection le titre original. Depuis qu'il a recommencé à jouer de la basse sur scène et qu'il s’est coupé les cheveux, Mark Burgess ressemble beaucoup plus à l'image qu'il reflétait dans les années 80. Ce qui frappe également, c'est l'excellent travail réalisé par les deux guitaristes, Neil Dwerryhouse et Chris Oliver, qui réussissent la gageure de reproduire les tonalités extrêmement élaborées, créées à l'époque par Dave Fielding et Reg Smithies. Par contre, pas de John Lever cette année : le batteur originel des Chameleons est remplacé par un Français, Yves Altana.

Le son général est parfait. Le public est assez calme mais la première grosse réaction ne tarde pas à venir, pendant « Monkeyland ». C'est un des titres phares des Chameleons. Le morceau s’ébroue tout en douceur, mais quand éclate le refrain, le public reprend comme un seul homme : ‘It's just a trick of the light !’

Pendant « Soul In Isolation », une composition particulièrement complexe issue du troisième elpee, « Strange Times », Burgess a recours au 'song dropping' en glissant quelques extraits d’« Eleanor Rigby », des Beatles. Et il introduit, lors de « Singing Rule Britannia (While the Walls Close In) », une évocation musicale de « Transmission », de Joy Division, une autre formation issue de Manchester.

Le set se termine par « Second Skin », une de mes 10 chansons préférées toutes époques et catégories confondues. Sept minutes de pur plaisir, où l'on ressent pleinement la profondeur de l'inspiration de Burgess, qui puise ses racines dans les années 60. Le public chante en choeur l'introduction mais le meilleur moment, c'est bien sûr la partie finale, superbement psychédélique. On flotte dans un autre monde, transpercé par la beauté hypnotique de la musique. Mark glisse à nouveau quelques notes de « Please, Please Me », adressant un nouveau clin d'oeil aux quatre garçons dans le vent, qui ont bercé son enfance.

Le rappel va nous réserver quelques classiques incontournables et indémodables, depuis l'énergique « Up the Down Escalator » jusqu'au superbe « View From A Hill », sans oublier « Return Of The Roughnecks ».

De retour sur le podium pour un second encore, événement assez rare pour le souligner, Mark Burgess accède enfin à la demande de certains fans, qui réclamaient « Don't Fall » depuis le début du concert. L'interprétation est impeccable et Mark Burgess clôture sa prestation en descendant de la scène avec sa basse pour se mêler au public. On a presque envie de lui dire : ‘Don't fall, Mark. Don't do like The Edge !’

En conclusion, hormis le manque relatif d'interaction entre les musiciens en ‘live’, ce show a été en tous points parfait. On a pu se rendre compte de l'incroyable spectre qui caractérise les Chameleons : une musique puissante et en même temps très sophistiquée, des paroles très poétiques, voire philosophiques, révélant un regard unique sur la société et la condition humaine. On attend impatiemment les nouvelles compositions de Mark Burgess et surtout son nouvel elpee, dont la parution semble malheureusement reportée d'année en année.

La première partie a été assurée par Der Klinke, une formation établie à Ostende drivée par l’ami Geert ‘Chesko’ Vandekerkhof. Savant mélange entre new-wave des années 80 et darkwave des années 90, sa musique évoque Fad Gadget, mais aussi Project Pitchfork. Responsable de hits tels que « The Doll » (inspiré par « Ladyshave », dixit Chesko lui-même) et « Where It Ends » (chanté par Sam Claeys, le bassiste, ex-Red Zebra), Der Klinke est un des groupes les plus prometteurs de la scène 'dark' belge.

Setlist Chameleons Vox :

Swamp Thing
A Person Isn't Safe Anywhere These Days
Here Today
Perfume
Garden
One Flesh
As High As You Can Go
Caution
Monkeyland
Soul In Isolation
Singing Rule Britannia (While The Walls Close In)
Second Skin

Encore 1 :

Up The Down Escalator
Return Of The Roughnecks
View From A Hill

Encore 2 :

Don't Fall

(Organisation : Het Depot, Leuven)

Photo : Emmanuelle Golenvaux

samedi, 16 mai 2015 01:00

Eurorock 2015 : samedi 16 mai

C'est le dernier jour de l'Eurorock et aussi le plus important, car c'est aujourd'hui que doivent se produire les plus grandes têtes d'affiche : Killing Joke, Front 242, Fields of The Nephilim, etc. Pour rappel, l'Eurorock est un festival qui tente de renaître de ses cendres après 12 ans de silence. Se déroulant à Neerpelt, dans le Limbourg, il se focalise sur les musiques ‘sombres’ qui ont marqué les années '80. Et tout particulièrement les genres new wave, post punk, rock gothique, EBM (Electronic Body Music), synth-pop, électro-indus, etc.

Lorsque nous arrivons sur place, vers 13h, le ciel est gris et il semble régner une atmosphère de chaos. Nous l'apprendrons plus tard, le festival a dû être interrompu vers midi en raison du vol d'une partie de la recette. En outre, victime d’un malaise l'organisateur a dû être hospitalisé. Après plus d'une heure et demie d'attente, des responsables montent sur le podium pour annoncer que le festival a été repris en main par des volontaires et qu'ils vont essayer de poursuivre le programme en compagnie des artistes qui acceptent de jouer gratuitement ou pour une partie de leur 'fee'.

Lacrimas Profundere, monte alors sur l’estrade. Un groupe allemand de rock gothique. Sa musique est sombre et mélancolique, ce qui a l'heur de plomber encore plus l'atmosphère.

Il faudra attendre Crash Course In Science pour nous remonter quelque peu le moral. Issue de Philadelphie, la formation est née en 1979. En ‘live’, elle propose une minimal synth très sautillante et pétulante. Michael Zodorozny, un des membres originaux, est toujours au poste. Il chante plein d’entrain les petites perles de pop expérimentales que sont « Flying Turns » ou « No More Hollow Doors ». La chanteuse qui le soutient s'acquitte honorablement –même si elle en fait parfois un peu trop– des parties vocales, interprétées à l'origine par Dale Feliciello : « Cardboard Lamb » et « It Costs To Be Austere ». Nice show !

Groupe de metal gothique, Xandria tente de réchauffer un peu l’atmosphère, qui demeure cependant morose. Et ce n’est pas le set assez décevant de Portion Control qui parviendra à inverser la tendance.

Un peu plus tard, on apprend que Front 242, Neon Judgement et Fields of The Nephilim ne se déplaceront pas. Pffff... On craint que l’Eurorock ne tourne au fiasco et puis... miracle, on nous informe que Peter Hook and The Light, la formation drivée par le légendaire bassiste de Joy Division et de New Order, va quand même jouer! On est soufflés car le Mancunien a une réputation de mauvais caractère ; et on se souvient du ramdam qu'il avait provoqué lorsqu'il n'avait pas été payé lors du Shadowplay de Waregem. En prenant du recul, il faut reconnaître que c'est sans doute Peter Hook qui a sauvé l'Eurorock d'une débâcle totale.

Au moment où il monte sur l’estrade, Hook précise d'emblée : ‘Nous allons jouer pour rien mais on a déjà dû jouer pour rien dans des festivals encore pires que celui-ci !’ Il enchaîne immédiatement par « Atmosphere » et on a l’impression qu’un événement va se produire. En effet, survolté par les circonstances négatives, Peter Hook va accorder une prestation remarquable, carrément punk ! Ce sera un véritable ‘best of’ de Joy Division que le combo va dispenser, en hommage à Ian Curtis, à quelques jours de la commémoration de sa mort. Evidemment, la voix de Peter Hook est plus que limite ; et il l’avoue lui-même. Mais de le voir interpréter des classiques comme « Insight » et « Dead Souls », 35 ans plus tard, ça fait chaud au coeur. C'est son propre fils, Jack, qui se charge de la basse. Peter ne sait pas cumuler voix et instrument en même temps, mais il nous réserve quand même quelques parties sur sa superbe Eccleshall de couleur rouge. Pendant « Digital », la foule entame même un pogo ! Le reste du show touche au sublime : « Isolation », « She's Lost Control » et enfin, « Shadowplay » nous achèvent complètement. Peter Hook a prouvé qu'il était un grand Monsieur. En plus, il se murmure qu'il a prêté son 'backline', son matériel de scène, aux autres groupes suite à la défection d'un des fournisseurs. Chapeau !

Vers 18h45, boostés par ce grand moment et par le soleil qui est revenu, nous retournons vers l'autre podium pour assister au concert d'Absolute Body Control, le premier projet créé par Dirk Ivens, à la fin des années 70. Comme d’habitude, il est accompagné par son compère Eric Van Wonterghem, aux claviers. Poursuivant sur la lancée de Peter Hook, le duo belge aligne également hit sur hit. Evidemment, le son est moins énorme : c'est de la synth-pop assez minimale, comparable au premier album de Depeche Mode. « Melting Away » est superbe et Dirk se déplace sur la scène tel un félin à la recherche d'une proie. Après un tout nouveau titre, « Sorrow », assez calme, ABC repart en force et attaque « Never Seen » et « Give Me Your Hands ». En rappel, le tandem va nous gratifier d'un excellent « Into The Light » : ‘Proficiat, Dirk & Eric !’

Nous nous autorisons une pause pendant Whispers in The Shadow, une formation de cold wave/gothic rock déjà vue auparavant, mais pas question de rater Anathema ! Créé à Liverpool au début des années '90, ce band est parvenu à faire évoluer son style du doom-metal vers le prog-metal, avant de s’orienter vers un prog rock alternatif proche de Steven Wilson, Radiohead, voire même Portishead. ‘Nous ne sommes pas payés mais il y a des choses plus importantes que l'argent. Le respect, par exemple, le respect pour vous, qui avez payé vos tickets’. C'est par ces mots, admirables, que Vincent Cavannagh, le chanteur, entame le concert. Le premier titre est éponyme, c'est « Anathema » et aux côté de Vincent, on retrouve la famille Cavannagh : Danny à la guitare et Jamie à la basse. A la batterie, il y a John Douglas et au second chant, la jolie Lee Douglas (encore une histoire de famille).

Pendant « Untouchable Part 1 & 2 », on se met à planer sur les belles harmonies mais l’ensemble manque un peu de pêche. Heureusement, on a droit au fabuleux « Closer », un OVNI musical aux confins de l'électro, du prog rock et de l'indie rock : une pure merveille. Anathema prend congé sur « Distant Satellites » et on remercie les musicos pour le merveilleux geste désintéressé qu'ils viennent de poser. Thx !

Epuisés, nous nous accordons une nouvelle pause pendant Tanzwut et après une courte interruption, on entend la musique d'Eyes Wide Shut (« Masked Ball » de Jocelyn Pook) et c'est... Killing Joke !!! La formation de Notting Hill commence en force, par son plus grand hit, « Love Like Blood ». Immédiatement, c'est le délire dans le (et autour du) chapiteau. Le son est d'une puissance phénoménale et Jaz Coleman, arborant son look rituel de Severus Rogue (ça me rappelle quelqu'un – private joke), parvient sans trop d'effort à placer sa voix de stentor au-dessus de la mêlée. On vit un grand moment, qui se poursuit par Wardance », « Complications » et « Requiem ». Le béret sur la tête et la cigarette au bec, Geordie White est impérial, comme à l'accoutumée. Quant à Youth, à la basse, il a l'air de plus en plus... jeune ! Symboliquement, le groupe nous réserve « Money Is Not Our God », un titre de circonstance ! Au total, Killing Joke va interpréter 17 titres, dont certains, rallongés. Un show exceptionnellement long et d'une rare intensité.

Trop fatigués pour attendre Therion, nous quittons la plaine de Neerpelt satisfaits, persuadés d'avoir assisté à un festival à nul autre pareil. Evidemment, il faudra que la lumière soit faite sur ce qui s'est réellement passé mais une chose est sûre : c'est l'altruisme des volontaires, tant techniciens que musiciens, qui a permis au festival de poursuivre son déroulement et pour cette raison, ils méritent notre respect ! Et c'est grâce à eux que l'Eurorock n'est pas devenu l'Horror-rock... Hum... 

Pour les photos, c’est ici 

vendredi, 15 mai 2015 01:00

Eurorock 2015 : vendredi 15 mai

L'Eurorock renaissait de ses cendres après 12 ans de silence. Il se déroule à Neerpelt, dans le Limbourg, et se focalise sur les musiques ‘sombres’ qui ont marqué les années 80. Et tout particulièrement les genres new wave, post punk, rock gothique, EBM (Electronic Body Music), synth-pop, électro-indus, etc. On se réjouissait du retour de ce festival, d'autant que l'autre grand évènement de ce type, le ‘Gothic Festival’ (qui a changé de nom par la suite, pour devenir le ‘Shadowplay’), avait disparu de la circulation, suite à un imbroglio financier. Si vous avez suivi les communiqués de presse diffusés ces derniers jours, vous êtes donc bien informés : l'Eurorock a dû être interrompu à midi, le samedi 16 mai, en raison du vol d'une partie de la recette. Pris d’un malaise, l'organisateur a dû être hospitalisé. L’organisation a été reprise en main par quelques volontaires et heureusement, la plupart des groupes ont accepté d’abandonner leur cachet ou une partie de leur 'fee'.

Mais revenons au vendredi. Lors de notre arrivée, vers 13h (nous avions fait l'impasse sur la soirée de 'warm-up' du jeudi qui ne proposait qu'un groupe 'live'), rien ne laisse présager cette future débâcle. Tout semble baigner dans l’huile. Un énorme chapiteau abrite deux podiums qui se font face. Ce qui permet de passer d'un concert à l'autre sans interruption. Ce n'est pas encore la toute grande foule, mais l'ambiance est sereine ; et en plus, il fait beau !

Nous mangeons un bout en écoutant de loin la musique électro-indus de XMH ; mais c'est au moment de This Morn' Omina, que nous nous pénétrons sous la tente. Quoique méconnu, ce combo belge (le jeu de mot, lui est connu!) surprend agréablement. Sa musique post-industrielle véhicule des accents tribaux, notamment grâce au chant et aux percussions 'live'. Le line up réunit le fondateur Mika Goedrijk, Karolus Lerocq, Jelle Mattez, Peter Morningstar et mon ami Bavo Jipla. Dans l'ensemble, le set est réussi, fascinant et irrésistible. Une belle découverte !

Star Industry, c'est un peu le Sisters of Mercy noir-jaune-rouge. Son rock gothique se complait malheureusement trop dans le mimétisme pour attirer l’attention. On a quand épinglé une reprise, très douteuse, du célébrissime hit ‘Kids’ de MGMT. Hum...

Ensuite, le légendaire Luc Van Acker, une des figures marquantes de la pop/new wave des années 80 en Belgique, va nous accorder un show impressionnant. Coiffé de sa casquette de marin et entouré de 6 musiciens, il nous propose les meilleurs morceaux de son unique album, « The Ship », un elpee qui date de 1984. L'ambiance est très fun, et très funky ! « Feels Like Love », « Wildlife » et « Climbing The Mountain » déménagent littéralement. Classique, « Zanna » est superbement exécuté en duo, non pas en compagnie d’Anna Domino, mais de la choriste du band. Chouette set !

A Split Second est une autre formation belge. Selon la légende, elle est la responsable de la new beat. C'est en effet un de ses morceaux, « Flesh » qui, ralenti de 45 tours à 33 tours (+ 8% de pitch) par le DJ Marc Grouls, a lancé ce phénomène au Boccacio, près de Gand. Mais il ne faut pas se tromper : A Split Second est au départ, un groupe EBM. Créé par Peter Boone et Marc Ickx en 1985, il est toujours actif aujourd'hui. Sur les planches, il commence par le célèbre « Colonial Discharge », qui est malheureusement coupé au moment de l'instrumental pour laisser la place à « Rigor Mortis ». Pendant « Colosseum Crash » et « Mambo Witch », on remarque la très forte présence sur le podium du chanteur, Marc Ickx. Très autoritaire, il va jusqu'à agresser (gentiment) son guitariste sur le titre « On Command ». La dernière flèche décochée sera... « Flesh », dans sa version rapide (45 tours), pour le plus grand plaisir d'un public de plus en plus nombreux et de plus en plus réceptif.

Après une longue pause, nous revenons pour Diary of Dreams, les champions de la darkwave allemande. Originaire de Reutlinger, la formation emmenée par Adrian Hates est une tête d'affiche régulière des festivals gothiques. Sur disque, sa musique est très élaborée et affiche un côté solennel, symphonique et romantique. Malheureusement, le band a la mauvaise idée de durcir le ton en ‘live’, de rajouter des guitares un peu poussives et d'en faire une tonne pour jouer aux ‘entertainers’. Mais ne boudons pas notre plaisir, la qualité y est et les compos font quand même mouche, que ce soit « Chemicals », « Undivided » ou surtout, le superbe « Kindrom ».

Nous zappons volontairement Crüxshadows, ne supportant ni la voix de canard du chanteur, ni le côté pop décérébrée des compositions. Nous préférons nous placer pour la sensation de la journée : Suicide Commando. J'ai beau avoir vu la formation de Johan van Roy de nombreuses fois, je suis toujours soufflé par la puissance de sa musique. Après avoir créé son projet en 1986, le Campinois est devenu un des pionniers de l'electro-indus, en combinant les aspects EBM de groupes comme The Klinik ou Front 242 et des éléments post-industriels inspirés par Throbbing Gristle ou Cabaret Voltaire, épiçant le tout à d’une imagerie très 'dark' et de vocaux 'diaboliques', trafiqués par de multiples effets. Son hit « See You In Hell » a été l'un des club-killers des années 90 et continue de faire le bonheur des soirées 'dark'. A l'Eurorock, le groupe n’a pas joué « See You In Hell », mais il y a suffisamment de titres irrésistibles dans le répertoire de Suicide Commando pour satisfaire les fans. « Bind, Torture & Kill », par exemple ou « God Is In The Rain », caractérisé par son riff très orienté folk (eh oui!). Van Roy est, comme d'habitude, vêtu d’une chemise noire, sur laquelle il a noué une cravate rouge. Il virevolte d'un côté à l'autre de l’estrade. Le public réagit très positivement à cette musique captivante et danse sans hésiter sur « Dein Herz Meine Gier » ou « Love Breeds Suicide ». Les vidéos sont superbes, extrêmes et d'une esthétique volontairement violente. « Attention Whore » et « Die, Motherf*cker Die » clôturent à merveille une prestation en tous points irréprochable. Bravo !

A peine le temps de souffler que les amis de Vive La Fête entament leur set de l'autre côté du chapiteau. Els Pinnoo et Danny Mommens font pratiquement partie des meubles. Il n'y a pas un festival ou une fête de village sans un concert des Gantois. Créé en 1997, Vive La Fête a réussi à percer grâce au support fourni à l'époque par Karl Lagerfeld. Leur show à l'Eurorock est sans surprise, très professionnel. Leur style associe new wave, Neue Welle avec un côté électro-pop naïf très touchant. « Tokyo », « Assez » et « Schwarzkopf » sont d'une efficacité redoutable et la danse frénétique d'Els Pynoo incite tout le monde à remuer les fesses. Dans « Noir Désir », la chanteuse nous montre toute l'étendue de son registre vocal par des cris qui s’élèvent de plus en plus haut. La prestation s’achève très classiquement par la reprise du thème de Jésus-Christ Superstar à la guitare et un final très rock. Rien à redire !

Il est maintenant 22h et on commence sérieusement à se les geler sur la prairie de Neerpelt. Le chapiteau laisse passer le vent qui devient glacial. L'enthousiasme retombe un peu, d'autant que les deux formations suivantes, Oomph ! et ASP, sont tout sauf passionnantes. Le style de Oomph ! est proche de celui de Rammstein. Il est donc plutôt lourdingue. Le seul bon moment du concert survient lors de l’exécution de plus anciens titres, «  Mein Herz » et, surtout, le fabuleux « Der Neue Gott », une bombe de dance-floor ! Mais pour le reste, les musicos sont un peu ridicules, dans leurs costumes de marins. Ils poussent même l'humour (?) jusqu'à entonner une chanson digne de l'Oktoberfest et finissent leur show par une adaptation d’« Always Look On The Bright Side of Life ». Ooumch !

La prestation d’ASP est pire ! Son rock gothique est encore plus pénible et le concert, interminable (1h15!). On ne comprend pas trop bien pourquoi ce groupe figure aussi haut à l’affiche du festival.

Au moment où Apoptygma Berzerk monte sur le podium, il est passé minuit. Frigorifiés, nous parvenons à résister pendant un peu plus de 20 minutes, juste assez pour constater que la formation norvégienne a quand même un peu perdu de sa superbe. Stephan Groth n'est plus le jeune éphèbe look-alike de Brian Molko. Il a pris un peu de poids et porte... une moustache ! Sa synth-pop acidulée ne passe plus aussi bien qu'il y a 10 ans, sans doute à cause de l'heure tardive… Nous décidons donc de rejoindre nos pénates, car demain est un autre jour !

Pour les photos, c’est ici 

 

 

Créé en 2009 par Luis Vasquez, The Soft Moon a contribué à l'émergence d'un style musical à la frontière entre post punk, shoegaze, dark wave, psyché et électro/techno. Aujourd'hui, après avoir publié trois albums et accompli une tournée en première partie de Depeche Mode, le projet de ce Californien d’origine cubaine est devenu le fer de lance d'une nouvelle scène alternative.

Consécration suprême : il accède même aux programmations des festivals branchés 'indie', à l’instar de ce concert accordé en clôture des Nuits Bota. Votre serviteur a eu l’opportunité de d’interviewer l’artiste à deux reprises, ce qui permet notre nouvelle rencontre avant le spectacle. Il me confie ses inquiétudes relatives au choix de la salle. On peut en effet s'étonner qu'un groupe 'noisy' soit programmé dans le Grand Salon, un espace assez intimiste et privé de podium. La Rotonde ou l'Orangerie auraient été mieux adaptées à la puissance que libère la musique de The Soft Moon. Heureusement, Vasquez a quand même obtenu que les sièges du public soient enlevés.

C'est Walter Hus, 'résident' au Grand Salon pendant tout le festival, qui ouvre les hostilités. Il est connu pour le générique de fin du film « The Sound Of Belgium », une adaptation pour Orgue Decap du cultissime « Universal Nation » créé par le producteur electro trance Push. L'Orgue Decap est un instrument inventé par W. Hus : il est composé de flûtes d'orgue et se combine à différents instruments (percussions, accordéon, ...) ; le tout est piloté par des automates programmables reliés à un ordinateur et un clavier. Dingue !

Lors de la soirée Night Owls, il y a une semaine, Walter Hus avait interprété une partition très techno ; mais ce soir, l'orgue de barbarie version 2.0 sonne plus classique, plus cinématographique. Le compositeur gantois joue sur un magnifique piano à queue et l'étrange orchestre impose une ambiance unique, hypnotique même. On épinglera particulièrement « Faro, Ode à la Bière », une belle chevauchée martelée par le rythme des flûtes d'orgue. Surréaliste...

Nul besoin de pause car la formation suivante a déjà installé ses instruments devant l'orchestre de W. Hus. Il s'agit de Prairie, le projet ‘ambient’ du Bruxellois Marc Jacobson. Son premier opus, « Like a Pack of Hounds », est sorti en février. Accompagné de Grégoire Fray (guitare et claviers, Thot et The Hills Mover) et de Catherine Graindorge (violon), Jacobson propose des atmosphères sombres aux structures harmonieuses tout en y entretenant une certaine tension, voire même en y communiquant un sentiment d’angoisse. Pensez à Sigur Rós, Haxan Cloak, Kreng : c'est onirique, comme la bande-son d'un océan calme au crépuscule. Plus tard, des vagues puissantes, déclenchées au synthé-controlleur Akai par G. Fray, viennent se fracasser sur nos tympans, enrichies de guitares cristallines et d'interventions de violon torturées. Superbe et envoûtant...  

Un saut dans le temps et nous sommes prêts à accueillir The Soft Moon. Nous avons pris soin de nous placer au premier rang, vu qu'il n'y a pas d’estrade. C'est le problème au Grand Salon, comme d'ailleurs aussi dans le Witloof Bar. Les sons de synthé de « Inward », l'intro du dernier album « Deeper », s'insinuent dans les baffles et les trois musiciens prennent place. Aux côtés de Luis Vasquez, on reconnaît les deux Matteo : Matteo Salviato à la basse et aux drumpads ainsi que Matteo Vallicelli, à la batterie.

Ce dernier entame un beat répétitif à la grosse caisse pour attaquer « Black », un des meilleurs titres de « Deeper ». La voix de Luis évolue à la frontière entre murmure et cri, un style de chant immortalisé par Trent Reznor. La comparaison avec Nine Inch Nails ne s'arrête d'ailleurs pas là. L'ambiance générale du titre est très 'NINiesque', une tendance qui caractérise plusieurs titres récents de Soft Moon. Dans l'interview qu'il a accordée à Musiczine en février dernier (voir ici dans Musiczine et sur Youtube), Luis nous confiait qu'il considérait Trent Reznor comme ‘une âme-sœur’ (‘a kindred spirit’) ; ce qui explique sans doute cette corrélation inconsciente.

En tout cas, la musique dispensée par The Soft Moon est fabuleuse et captivante, comme si elle était le fruit d’une combinaison parfaite entre l'héritage post punk/new wave/shoegaze et des sonorités technoïdes plus récentes. En parlant de post punk, « Alive » et « Dead Love » déroulent ensuite leurs basses très ‘Curesque’ et leurs guitares ‘batcave’ dopées au flanger. Ici, le chant de Vasquez est plus tribal, davantage dans le cri comme chez Andrew Eldritch. Pour les solos, Vasquez utilise un Moog Sub Phatty, duquel il tire de longues notes en ‘sustain’, qu'il étire et triture à l'aide du 'pitch bend', la molette qui permet de modifier la hauteur de note.

Tout au long de « Far », une bombe imprimée sur un tempo frénétique, le public réagit en dansant et en bondissant, provoquant même un début de pogo. « Wrong » accentue la pression encore grâce à son rythme robotique et son riff exécuté au vocodeur. Au milieu du morceau, Vasquez se fend d'un solo de percussions sur... un fût. Un chouette moment post-industriel !

J'attendais impatiemment « Wasting », une composition issue de « Deeper », qui marque une évolution vers un chant plus structuré et la présence de vraies mélodies. Je n’ai pas été déçu : l'interprétation est impeccable et on est bluffé par la prouesse vocale. Pendant le refrain, on ne peut s’empêcher de penser à Martin Gore et même à Tears For Fears, des comparaisons que Luis accepte volontiers (cfr l'interview).

La fin du set est une irrésistible montée en puissance qui culmine au moment de « Being », un véritable brûlot ! Drapé dans un riff de guitare à nouveau très 'Curesque', Vasquez crie ‘I can't See My Face’ avant d'éructer ‘I don't know who I am – What is this place – I don't know who I am’, lors d’un final super noisy.

La formation revient interpréter trois titres : « Die Life », « Parallels » et « Want ». Les derniers moments sont à nouveau hallucinants, martelés par les percussions et un interminable crescendo de synthés. Un concert superbe, très percutant, nettement mieux maîtrisé que celui accordé par le musicien au Magasin 4, en 2012. C'est d'ores et déjà un des meilleurs de 2015 ! Je n'ose imaginer le résultat au sein d’une Orangerie pleine à craquer. Une prochaine fois, peut-être ?

(Organisation : Les Nuits Botanique)

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