La fatigue commence déjà à éprouver les organismes en ce troisième jour de festival. Comme souvent, la nuit a été courte ; d’autant plus que le soleil transperce la toile des tentes dès 8h du matin.
Après une douche obligatoire, on se dirige, début d’après-midi, vers La Petite Maison dans la Prairie, où BRNS va se produire. Le quatuor est certainement un des plus originaux mais également un des meilleurs groupes rock en Belgique. La formation construit ses compos lentement, en crescendo, avant d’atteindre l’explosion finale, une expression sonore portée par la voix d’un chanteur, également préposé aux fûts. Le groupe a acquis une notoriété certaine. Ce qui explique pourquoi le chapiteau est bien rempli, alors que nous ne sommes que le vendredi soir. Après un début de set fracassant, au cours duquel le combo va nous réserver quelques nouveaux morceaux mais surtout l’incontournable « Deathbed », exceptionnel de constance, le climat va devenir plus paisible à partir de « Forest », avant de reprendre de l’intensité lors du méga tube, « Mexico », un titre qui va mettre littéralement le feu à cette petite prairie. Nonobstant le ventre mou du show, BRNS a confirmé son statut de top groupe du plat pays.
On décide de rester sur place pour celui de Shame, un band attendu avec grande impatience. Véritable révélation outre-Manche, les gamins de Londres se sont signalés cette année grâce à leur excellent premier elpee, « Songs Of Praise ». Après avoir passé la nuit dans l’avion, depuis le Canada, les Anglais débarquent à Dour, la mine bien fatiguée… Qu’importe, une petite bière et c’est reparti. ! Le punk typiquement british de Shame fait mouche instantanément. Les gars de Brixton sont des disciples du célèbre Fat White Family… Et on s’en compte à travers le jeu de scène de Charlie Steen qui s’inspire grandement de son illustre mentor, Lias Saoudi. Il pose des gestes insensés, saute dans la fosse ou encore prend des bouteilles d’eau sur la tronche. Côté musique, le band va interpréter l’intégralité de son album, sublimé par l’excellent single « One Rizla ». La voix est rauque, la batterie, puissante et la guitare, agressive : une recette punk dans toute sa splendeur !
On reste dans l’univers du punk, mais préfixé par le terme post ! Direction la Caverne pour Preoccupations. Il s’agit du premier passage à Dour de ce groupe de post-punk. Les Canadiens restent néanmoins injustement méconnus ; et il est décevant de voir cette faible affluence sous le chapiteau. Faut croire que la découverte n’est plus dans les petits papiers du mélomane lambda… Et pourtant, le combo va démontrer qu’il mérite bien mieux que cette ingratitude. D’abord, il peut compter sur un remarquable batteur, capable d’imprimer (NDR : et le mot est faible !) le tempo, sur tous les morceaux. La plupart des compos sont d’ailleurs construites sur le drumming de Mike Wallace. Le quatuor s’appuie aussi sur la superbe voix du très sympathique Matt Flegel. De « Memory » à « Silhouettes », presque tous les tubes y passent. Dommage quand même de ne pas avoir inclus l’exceptionnel « Death », au sein du tracklisting. Un petit regret pour ce set qui n’a guère dévoilé de surprises, mais s’est révélé diablement efficace.
Il est 20h15 quand Slowdive pénètre sur l’estrade de la scène de la Petite Maison dans la Prairie. Après 20 années d’absence, les Anglais ont publié une pépite de shoegaze, en 2017. Un véritable tour de force ! On avait donc hâte d’assister à ce concert. Mélodieuses, parfois douces, mais surtout atmosphériques, les compostions sont enchanteresses et propices au rêve. En outre, la petite touche dreampop injectée dans leur expression sonore ne fait qu’accentuer la sensation de légèreté. Que du bonheur !
Changement de style à la Caverne, où se produit de groupe de rock, The Bronx. Le chanteur met une ambiance incroyable. Après deux titres, il rejoint l’auditoire et commence à pogoter avec tout le public. Il finit même par monter sur un pilonne, avant de se jeter dans la fosse. C’est une formation véritablement taillée pour le ‘live’ ! D’ailleurs, du show, on retiendra surtout son aspect festif, plutôt que la musique en elle-même. Mais en concert, c’est également très important !
Nouveau changement de genre grâce à Mogwai. Les maîtres du post-prog-rock sont de retour à Dour. La construction des morceaux constitue toujours leur atout majeur. Le calme avant la tempête, c’est ainsi qu’on pourrait décrire métaphoriquement sa musique. Après la tornade Bronx, rien de tel pour se détendre un peu…
Un crochet par la Last Arena pour jeter une oreille au set de Soulwax. Mais il est bien trop mou, et on décide de faire demi-tour. La scène principale est plutôt décevante, pour l’instant.
A contrario, l’electro d’Atari Teenage Riot retourne littéralement la Caverne. Le show est particulièrement agressif, mais il faut croire qu’il sert d’exutoire à la foule, quand minuit approche. Perso, j’estime que c’est beaucoup de bruit pour pas grand-chose. L’aspect mélodique est presque inexistant. Dommage !
On achève ce troisième jour tranquilou au Labo. Le Dj amstellodamois Young Marco passe en revue de nombreux styles musicaux. Et le plus sereinement du monde. Parfait avant d’aller ce coucher.
La température a bien chuté. Pour tenir le coup, ce samedi, quelques heures de sommeil sont indispensables. Il reste deux jours à gérer, et la météo annonce des records de température rarement atteints à Dour. Courage (NDLR : qui a dit fuyons ?) !
(Organisation : Dour Festival)
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