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Pierre Vangilbergen

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Courtrai est ce vendredi le théâtre des opérations de la reformation de Snot, groupe-phare du Neo-Metal des années ’90. Alors qu’il était en pleine ascension, le groupe implose le 11 décembre 1998 suite au décès inopiné de son chanteur, Lynn Strait, victime d’un accident de voiture, alors qu’il se rendait au studio d’enregistrement. Après quelques timides reformations entre 2008 et 2013, le band annonce, en août 2014, qu’il est désormais bel et bien de retour et prêt à battre le plancher dès le mois de novembre, pour accomplir une tournée américaine. Une bonne mise en jambes pour cette soirée, coup de départ de celle programmée sur le Vieux Continent, de pas moins de trente dates. Un revival débordant d’énergie et de bonne humeur !

La petite salle courtraisienne ‘De Kreun’ est à peine à moitié pleine lorsque les Limbourgeois de Hell City montent sur les planches. Un backflag rouge et noir, à l’effigie du logo du groupe, tapisse l’arrière-plan. Couleurs retrouvées également sur les membres du groupe aux vêtements noirs déchirés çà et là par de grosses griffes et laissant apparaître une chair rouge mise à nu. Six ans que le groupe propose un Heavy Metal assez pêchu. Mené par la sexy Michelle Nivelle, dont la voix est particulièrement puissante, le quintet va puiser, pendant une demi-heure, au sein de ses deux albums et tenter d’entraîner, tant bien que mal, l’auditoire. Tantôt enfourchant son pied de micro orné d’un ‘Hell City’ en lettres métalliques, tantôt arpentant la scène de droite à gauche, Michelle cherche à motiver le public, l’invite à frapper dans les mains ; mais… sans grand succès. Une passivité non méritée et certainement due à un parterre qui s’est essentiellement déplacé pour la tête d’affiche. Ce band devrait néanmoins encore faire parler de lui… A suivre. (Photos ici)

Le temps pour Hell City de prendre une photo souvenir et leur backflag est débarrassé afin de faire place à celui des Américains de Snot, frappé d’une femme légèrement drapée, à la poitrine généreuse et entourée de feuilles de cannabis. Deux structures arborant une toile tendue sont disposées à gauche et à droite de l’estrade, affichant un ‘Fuck the Record‘ et un ‘Fuck the People’ en lettres taguées. Un peu de fumée se répand sur la scène et l’espace est maintenant fin prêt à recevoir ce combo alors considéré de référence, il y a déjà quinze ans, sur la scène Neo-Metal américaine. Le setlist de ce soir est d’avance connue : le premier LP, « Get Some », sera intégralement joué. Mikey Doling, fondateur du groupe, agrippe sa guitare (NDR : sur laquelle est appliqué un autocollant ‘Dime’, en hommage à Dimebag Darell, feu le guitariste légendaire de Pantera) et appuie sur sa pédale wah-wah pour répercuter les premiers riffs du titre éponyme, « Snot ». La salle est à présent bien remplie et l’absence de barrières de sécurité permet une symbiose plus qu’appréciable entre les spectateurs et les musicos. Peu importe de se produire face à un public réduit, les artistes sont heureux d’être là et communiquent allègrement leur bonne humeur. Carl Bensley, chanteur recruté en octobre dernier pour succéder au défunt Lynn Strait, alterne entre hurlements, chuchotements et rap tout en faisant virevolter ses dreadlocks dans les airs. A ses côtés, John Fahnestock (aussi surnommé Tumor…) s’acharne frénétiquement sur sa basse, le regard possédé et perdu dans un univers inaccessible, peut-être atteint grâce à la consommation de certaines substances… Un feu intérieur également partagé par Sonny Mayo et Jamie Miller, respectivement second gratteur et batteur de la formation.

‘Je suis vraiment content de commencer cette tournée en Belgique, je sais que vous êtes un public formidable…’, lance Mikey. Faut-il en effet encore rappeler qu’il a rejoint, il y a quelques années maintenant, la reformation de Channel Zero, véritable emblème du Metal en Belgique ? Mikey ne manque d’ailleurs pas de remercier les membres de Channel Zero pour leur présence en coulisses et demande une salve d’applaudissement et de cris en mémoire de Phil Baheux, batteur du band belge décédé prématurément en août 2013, suite à un AVC. Les titres se succèdent et l’ambiance dans la fosse ne cesse de monter. A défaut de pouvoir atterrir sur l’estrade –manque de place– les stage-divers sont portés à bout de bras aux quatre coins de la salle. Une tension qui va crescendo, alimentée par la distribution de gobelets au public ; Mikey Doling les remplissant d’une généreuse rasade de Jack Daniels. Autant l’alcool que la joie d’être sur place se partagent ce soir. Et ce, certainement encore un peu plus pour ce grand fan qui est invité par le fondateur du groupe à monter sur l’estrade, à s’emparer de sa gratte et y jouer quelques riffs. A voir le regard autant émerveillé que stupéfait de ce spectateur, ce moment risque de rester gravé pendant un bout de temps dans sa mémoire. Alors que la fin du morceau « My Balls » est censée siffler la fin de la récréation, Mikey Doling invite Franky De Smet-Van Damme, frontman de Channel Zero, à le rejoindre sur le podium. Les artistes discutent brièvement entre eux, Franky prend un micro et… les premières notes de « Suck My Energy », un des tubes du groupe belge, envahit les lieux ! Cette énième salve de notes finit par électriser un public définitivement convaincu, qui ne résiste pas à s’époumoner en compagnie du chanteur. Carl Bensley rallie la troupe à la fin du morceau, tous deux hurlant ensemble le dernier refrain. Les artistes s’étreignent sous les applaudissements et le show se clôture par « Absent », seul morceau ne figurant pas sur l’opus « Get Some ». Incroyable, mais c’est déjà fini. Un moment trop vite passé, une bulle temporelle où une centaine de personnes ont bien pris leur pied, ensemble.

Personne ne sait vraiment si Snot repassera par la Belgique, mais ils est néanmoins programmé ce 21 juin prochain en France, dans le cadre du Hellfest. A ne point manquer si vous êtes dans les parages, ce jour là ! Et pour ne pas oublier la date, faites un nœud à votre mouchoir…(Photos )

(Organisation : Alcatraz clubshows)

vendredi, 06 février 2015 12:20

Un retour aux sources

Dix-huit ans que Danko Jones nous balance son Rock explosif aux multiples influences. Il est peine perdue de tenter de les ranger dans tel ou tel style. Leur but : traduire en musique le feu intérieur qui ne cesse de les consumer. ‘Fire Music’, son onzième album studio, enregistré sous un nouveau line-up et marqué par un retour aux sources, sortira au début du mois de février 2015. Rencontre avec Danko Jones et John Calabrese, respectivement chanteur/guitariste et bassiste de la formation.

C’est à Bruxelles, dans un hôtel situé à côté de la Gare de Bruxelles Midi, que la rencontre s’est déroulée. La formation canadienne y était venue nous parler de leurs nouvelles compos. Le précédent elpee, ‘Rock and Roll is Black and Blue’, était paru il y a trois ans. Le groupe a depuis lors sillonné les routes et mis le feu à bon nombre de festivals. On se souviendra notamment du set endiablé accordé lors de leur dernier passage en Belgique, dans le cadre de l’édition 2013 du Festival de Dour.

Le temps d’avaler leur repas et ils me rejoignent, autour d’un verre, pour débattre de leur nouvelle production. « Il n’y a pas de concept au-delà des chansons elles-mêmes » explique Danko, chanteur de la formation. « On voulait tout simplement apporter de nouveaux morceaux au public. Comme à chaque fois, on a tenté de rassembler l’énergie qui était en nous et de la transposer en musique ». Ce qui explique d’ailleurs le choix du titre du nouveau CD, ‘Fire Music’, un brasier musical retranscrit en onze morceaux, certains plus calmes, d’autres carrément déchaînés. « On pourrait qualifier notre album de Fast and Furious », ajoute en rigolant le bassiste John Calabrese.

Ce nouvel opus célèbre également le retour du producteur de leurs débuts, Eric Ratz. C’est lui qui était derrière les manettes pour le premier opus intitulé ‘My Love is Bold’. Le groupe et lui s’étaient ensuite perdus de vue, chacun poursuivant son chemin. Et ce, jusqu’à ces dernières années où Danko et lui avaient fini par se recroiser de temps à autre. Se rendant compte que le courant passait toujours aussi bien, Danko n’a pas hésité à lui confier une nouvelle collaboration. « Eric a de suite accepté de devenir à nouveau notre producteur, en adoptant la même méthode de travail que celle qu’il avait appliquée en ’99. On avait beaucoup aimé ce qu’il avait réalisé à cette époque. C’était quelque chose d’important pour nous qu’il accepte à nouveau de collaborer. C’est comme si on revenait à cette phase initiale où tout a débuté pour nous. C’était un retour aux sources ».

‘Fire Music’ est également marqué par l’arrivée de Rich Knox, nouveau batteur au sein du trio. Un changement bénéfique pour le band, où chacun peut apparemment désormais se concentrer uniquement sur son instrument. « C’est le premier drummer à rejoindre le line up pour lequel je n’ai absolument rien à dire concernant son jeu. Ce n’était pas le cas de nos deux précédents, car je devais fréquemment vocaliser la batterie pour qu’ils comprennent. Rich est un peu comme Damon Richardson (NDR : derrière les fûts jusqu’en 2005). Aussi, je peux à nouveau me concentrer sur mes vocaux et ma guitare sans avoir à me soucier des drums. » Une osmose qui, selon le groupe, s’étend également au niveau relationnel. Après avoir sillonné bon nombre de routes l’année dernière, le nouveau trio n’hésite pas à parler de symbiose entre eux trois. Une ambiance qui facilite le quotidien, particulièrement lors du récent passage en studio. « Tout a immédiatement bien fonctionné. Rich est entré dans le studio et a géré totalement l’affaire. A un certain moment, lors de l’enregistrement, Eric (NDR : le producteur) s’est tourné vers nous et a déclaré ‘Vous l’avez trouvé où ce mec ?!’. Ses parties de batterie ont été magnifiquement exécutées, sans que nous en ayons particulièrement discuté auparavant. Le genre de détail qui facilite la vie… »

L’adage est bien connu : qui dit sortie d’album dit nouvelle tournée. Même si les dates n’ont pas encore été toutes dévoilées, les Canadiens ont d’ores et déjà confirmé leur présence en Belgique en juin prochain, au Graspop Metal Meeting. « C’est un peu bizarre pour nous de jouer au Graspop car c’est un festival de Metal, et on se demande si on est vraiment en phase pour jouer là, aux côtés de Slipknot ou encore d’In Flames. Une situation qui nous laisse un peu perplexes. Mais on verra bien ! », lance Danko. Le groupe est d’ailleurs un habitué de nos festivals. Outre celui de Dour en 2013, le band s’est déjà affiché à Werchter ainsi qu’au Pukkelpop. « Les festivals belges sont incroyables. Je me souviens que lorsqu’on s’y est produit, le Pukkelpop programmait en tête d’affiche Iron Maiden. On jouait évidemment sur la scène voisine et il n’y avait que quelques personnes pour nous regarder, mais c’était très intense. On ne pouvait s’empêcher de penser, pendant notre set, qu’Iron Maiden allait embrayer à côté de nous juste après… », raconte en souriant le bassiste John Calabrese.

L’occasion de revenir sur leur participation au ‘Motörhead’s Motörboat Cruise’ à la fin du mois de septembre 2014. Une expérience particulière de cinq jours, sur un bateau de croisière, où se sont succédés des groupes invités par Motörhead. « Cette invitation a vraiment été un honneur pour nous. Ce périple nous a permis de jouer parmi d’autres groupes comme Down, Anthrax ou encore Testament. Sans oublier les gars de Ministry, pour qui on avait déjà ouvert le show à Los Angeles. Ce sont des amis. On s’est vraiment bien amusés ! » Ce n’est pas non plus la première fois que Danko Jones figure sur la même affiche que Mötörhead. On se souviendra notamment de leur set en 2008, à l’Ancienne Belgique, où les Canadiens avaient ouvert pour la bande à Lemmy, avant de rejoindre ce dernier sur les planches, un peu plus tard, sur le morceau ‘Killed By Death’.

Danko se remémore : « Je pense qu’on a joué ensemble à une vingtaine de reprises. J’ai eu l’occasion de voir Lemmy deux fois sur le Motörboat, dont une fois où on a pu parler entre quatre yeux, ce qui n’était pas facile car il y avait toujours une vingtaine de personnes autour de lui. Je dois dire que c’était quand même intimidant de se retrouver face à lui. Il est ce qu’il est ! Il a une aura. Il dégage quelque chose de particulier. J’ai d’ailleurs une bonne anecdote… Lemmy savait que je ne buvais pas beaucoup d’alcool mais il a quand même tenu à m’offrir à boire un whisky coca. Mais je ne savais pas qu’un whisky coca à la Lemmy, c’était autant de coca et autant de whisky (NDR : il mime un dosage dans un verre où le whisky est largement dominant…) Et moi, évidemment, j’ai bu ça comme si c’était de la bière. J’ai bien failli m’étaler. Lemmy a rigolé et m’a rattrapé par le bras en me disant ‘Sit down man, take it easy…’ On a bien rigolé ! »

C’est d’ailleurs à l’occasion de cette croisière que le groupe a partiellement tourné le clip de ‘Gonna Be a Fight Tonight’ (pour le visionner, c’est ici), single du nouvel album, histoire de se mettre l’eau à la bouche avant la sortie officielle de ‘Fire Music’ le 6 février prochain. A bon entendeur : outre leur concert prévu au Graspop Metal Meering en juin, il est probable que Danko Jones revienne  à l’Ancienne Belgique, après l’été.


 

Une affiche particulièrement mélodique attend les fans de Metal, ce dimanche soir à l’Ancienne Belgique. Diablo Blvd, groupe belge en pleine ascension, est appelé à préparer une montée en puissance, … activée par le sens hypermélodique de DragonForce avant un aboutissement en apothéose, sous les nappes harmonieuses et vocales d’Epica. Une soirée haute en couleurs.

Même si le concert de ce soir est annoncé sold out, la foule massée devant l’Ancienne Belgique est néanmoins impressionnante. Illusoire de penser pouvoir y pénétrer directement ; il faut sagement patienter sous la pluie, au milieu d’une file, majoritairement de noir vêtue. Plutôt embêtant quand on sait que le premier groupe de la soirée passe un quart d’heure après l’ouverture des portes.

C’est donc sans un passage par les vestiaires, qui aurait pourtant été salutaire afin de se débarrasser quelque peu, que votre serviteur débarque dans une salle aux trois-quarts remplie. Et pour cause, Diablo Blvd, flèche montante belge de la scène Heavy Metal, entame les hostilités de ce dimanche soir par « Fear is for the Enemy ». Il y a déjà pas mal de monde pour accueillir ces Anversois, surnommés les ‘Volbeat belges’. Outre leur talent avéré, Diablo Blvd bénéficie d’un atout de poids : la popularité de son chanteur. Habitué de la scène, Alex Agnew revêt également le costume d’humoriste, quand il n’est pas entouré de son band. ‘Qui est néerlandophone ici ? Qui est francophone ? On s’en fout de toute façon, on est aime tous la même musique’, lance-t-il à la foule. Il ne manque en effet jamais de faire savoir son attachement à une Belgique unie, peu importe son public. Fort de trois albums studios, Diablo Blvd profite de ses 30 minutes de set pour enchaîner ses hits, de « Builders of Empires » à « Saint of Killers » en passant par « Beyond the Veil » et « Rise Like Lions », single gravé fin de l’année dernière. Gros succès ce soir, annonciateur d’une popularité qui n’ira que grandissante. Ce n’est pas pour rien que le combo a signé chez le label Nuclear Blast, en octobre dernier. Eh oui, rien que ça. On risque donc encore d’entendre parler d’eux à l’avenir ou je n’y comprends plus rien. « Black Heart Bleed » clôture le set ; et Alex, particulièrement en forme, termine le morceau a capella, aidé chaleureusement par l’auditoire dans la fosse. (Photos ici)

La soirée se poursuit au cœur des mélodies teintées de Metal par les Anglais de Dragonforce. Amis du Power Metal rapide et de branlettes de manche (de guitares, rassurez-vous), vous êtes servis ! Les premières notes de « Fury of the Storm » retentissent à peine que l’impressionnant Herman Li, guitariste de la formation, attaque son premier solo. Des dizaines d’autres suivront lors de cette prestation proche d’une heure. Exceptionnellement long pour une formation qui sert de supporting act, même si elle n’était pas renseignée comme telle, mais bien comme ‘exceptional guest’. Un détail qui a son importance. Très vite Herman est rejoint par le second gratteur du band, Sam Totman. La paire mimera une compétition tout au long du show, prenant le public à parti, afin de savoir lequel des deux joue le mieux. Les artistes se mettront également dos-à-dos de temps à autre, s’envolant dans des soli de frettes aiguës à n’en plus finir. Quel bonheur de voir des musiciens jouer si vite avec une telle aisance ! Presque la moitié de la prestation est issue de leur nouveau long playing, « Maximum Overload », paru l’été dernier. Les fans du groupe semblent conquis. DragonForce constitue cependant peut-être une découverte quelque peu surprenante pour les inconditionnels d’Epica qui n’ont pas l’habitude d’ouvrir leur horizon musical. Petit clin d’œil lorsque le chanteur, Marc Hudson, adresse deux expressions en néerlandais au public, sûrement suite à un défi lancé par le frontman de Diablo Blvd. Vu l’hilarité de l’auditoire, les phrases revêtent un caractère humoristique. Mais Hudson a au préalable précisé ne pas comprendre ce qu’il disait. Il n’était pas le seul, moi non plus. Un seul bémol : Dragonforce n’a pas inclus dans sa setlit la reprise de Johnny Cash, « Ring of Fire ». Ce morceau, issu de son dernier opus, a suscité bon nombre de critiques, majoritairement négatives, lors de sa sortie l’année dernière. Le groupe s’est défendu en le proposant ‘live’ sous une forme particulièrement bien interprétée. J’aurais voulu pouvoir en juger par moi-même ce soir-là… Peut-être une prochaine fois ? (Photos )

Le temps d’accrocher un énorme drapeau à l’effigie du dernier album d’Epica, « The Quantum Enigma », et d’installer ça et là des projecteurs que la salle est plongée dans le noir. Les projos s’allument et des faisceaux dans les tons mauves éclairent le podium. Une introduction épique de chants féminins mêlés à des violons emplit l’espace sonore. Le batteur est le premier à s’emparer de son instrument, suivi de près du claviériste, des guitaristes et du bassiste. C’est sous une ovation générale que la formation orange débute le set par « The Second Stone ». Apparaît enfin Simone Simons, chanteuse soprano du band. Nouvelle acclamation et c’est parti pour 90 minutes de show ultra mélodique. Première constatation : la voix de la chanteuse est étouffée et on parvient difficilement à l’entendre. Il faudra attendre le troisième morceau, « Unleashed », avant qu’elle ne puisse prendre toute son amplitude. Heureusement ! Et elle est magnifique. Les Néerlandais vont piocher dans les sept elpees de leur discographie, remontant donc ainsi jusqu’à douze ans en arrière quand ils attaquent « Cry for the Moon », titre issu du premier LP, « The Phantom Agony ». ‘C’est pour nous un rêve de jouer ici ce soir, et ça, c’est uniquement grâce à vous’, balance la vocaliste à son public, visiblement sous le charme. Autre moment d’émotion palpable lorsque Mark Jannssen (préposé à la guitare et aux backing vocaux) dédie « Martyr of the Free Word » au cinéaste néerlandais Theo Van Gogh, assassiné en 2004 pour avoir critiqué des dérives de l’Islam dans l’un de ses films. Bien que laissant apparaître de temps à autre, quelques signes de fatigue, dernière date de cette tournée européenne oblige, le sextuor va délivrer un set intense qui marie adroitement périodes calmes et moments plus agités. Dommage que les chœurs préenregistrés viennent parfois ‘cadenasser’ les morceaux, éliminant toute improvisation ou prise de distance par rapport aux originaux. Non pas un mais trois titres viendront combler, en guise de rappel, la salle sold out bruxelloise. C’est donc sur les dernières notes de « Consign to Oblivion » qu’Epica est rejoint sur scène par DragonForce et DiabloBlvd, les artistes se prenant chaleureusement dans les bras afin de profiter, ensemble, du point final de cette tournée de douze shows. (Photos ici)

Vous les avez ratés ? Plus d’excuses, DragonForce et Epica reviennent cet été au Graspop Metal Meeting !

(Organisation Live Nation + AB)

dimanche, 01 février 2015 16:36

Led Zeppelin se voit dépoussiéré

Le 24 février 1975 sortait "Physical Graffiti", sixième LP de Led Zeppelin. Quarante ans après sortira une version entièrement remastérisée par son guitariste de légende, Jimmy Page. Donc dès ce 20 février, les fans de ce groupe mythique du rock/heavy metal (même s’ils ne veulent pas être rangés dans ce tiroir, leur influence est indéniable) pourront non seulement mettre la main (ou l’oreille) sur la version revue de ce double disque (en cd ou en vinyle) mais également sur une version ‘deluxe’, reprenant sept inédits d’époque de cet opus.
 
On y trouvera notamment des mixs bruts de “In My Time Of Dying” et “Houses Of The Holy,” un premier mix de “Trampled Under Foot”, alors intitulé  “Brandy & Coke”. Mais également “Driving Through Kashmir,” un mix orchestral brut de leur morceau d’anthologie “Kashmir”, sans oublier “Everybody Makes It Through,” une version différente de “In The Light” comprenant des lyrics différents.
 
Jimmy Page, à défaut de se produire à nouveau sur les planches avec Led Zeppelin suite à un refus catégorique de son chanteur Robert Plant, poursuit ici la réédition de ces albums qui ont marqué l’histoire du Rock (les rééditions des quatre premiers albums ainsi que celle de "Houses of the Holy" sont déjà sorties en 2014). A réserver aux fans du groupe qui tendront certainement une oreille comparative et amusée par rapport aux versions originales. Pas de bouleversements majeurs, on joue dans les détails.
 
dimanche, 25 janvier 2015 00:00

Persistence Tour 2015 : dimanche 25 janvier

Le Persistence Tour est une des plus grandes tournées annuelles européennes consacrée à des groupes de Hardcore. Cette édition 2015, transitant pour l’occasion par le Brielpoort de Deinze, se focalisait principalement sur des formations proposant un style old-school. L’occasion de (re)voir les stars new-yorkaises incontestées de Sick of it All, mais également Ignite, Walls of Jericho, Ryker’s, Turnstile, All for Nothing et Broken Teeth. Quelques heures de prestations de haute qualité, le tout dans un esprit de fraternité propre au Hardcore. Une belle réussite.

C’est en présence d’une salle à moitié vide que résonnent pourtant les premiers riffs de Broken Teeth. Autant certaines premières parties laissent parfois à désirer –ou laissent entrevoir encore un manque d’expérience de la scène– autant les Anglais placent tout de suite la barre assez haut. Deux morceaux s’écoulent et le tee-shirt du frontman est déjà de trop. C’est Hardcore, c’est viril et c’est sans concession. Il faut dire qu’il n’y a pas de temps à perdre ; toutes les formations ne bénéficient que de trente minutes pour faire leurs preuves, à l’exception des deux derniers noms. Les fans du combo sont bien présents, répliquant quand le micro leur est tendu. C’est d’ailleurs une des caractéristiques des concerts Hardcore : la grande proximité avec le public. Une symbiose entre la scène et la fosse à coups d’encouragements virils, de refrains et de cris.

Le drapeau à leur effigie est hissé depuis l’ouverture des portes ; c’est à présent à All For Nothing de prendre le relais. Les Hollandais pratiquent un Hardcore assez traditionnel ; mais se signalent par une spécificité : la présence d’une fille au chant. On pourrait croire naïvement que la première apparence virile et violente de ce style pourrait repousser la gente féminine. Au contraire ! Le band en profite au passage pour égratigner la montée du racisme en Europe, en hissant dans les airs un majeur évocateur. L’extrême droite et la xénophobie sont indissolubles dans ce style de musique. Et les artistes ne manquent jamais de le rappeler. Les gens commencent à affluer et le traditionnel demi-cercle autour de la scène commence à se former, laissant la place aux moshers pour se défouler. Les morceaux s’enchaînent, où la hargne des lyrics passionnés est contrebalancée par des passages mélodiques. On regrettera néanmoins parfois un étirement en longueur de certaines compositions.

La formation quitte l’estrade, laissant un quart d’heure aux roadies le soin de préparer le terrain pour les Nord-américains de Turnstile. L’organisation est à marquer d’une pierre blanche : les timings ont été respectés au poil ! Il ne faut pas attendre la fin du second morceau pour que Brendan, vocaliste du band, saute du podium, grimpe sur les barrières et propose le micro à la foule. Les corps foncent vers le frontman, se jettent l’un sur l’autre afin de pouvoir s’époumoner en compagnie du band. Pas de doute, l’ambiance est montée d’un cran et les t-shirts commencent à coller au corps. Actif seulement depuis 2010, Turnstile pratique un Hardcore old school influencé par Madball et Breakdown. Dans le genre, il fait preuve d’une grande maîtrise en ‘live’ et parvient sans problème à entraîner le public dans son sillage.

Une ambiance parfaite pour accueillir Ryker’s. Le décor prend des teintes rougeâtres, des bruits d’hélicoptère l’envahissent. Les cinq Allemands déboulent et de suite le ton est donné : un set sans concession de Hardcore largement influencé par la scène new-yorkaise. Quand Kid-D ne hurle pas, c’est un grand sourire qui illumine son visage. Le band semble content d’être présent et cette bonne humeur est communicative. Très vite le chanteur, dégoulinant de sueur, vient rejoindre les coreux agglutinés contre les barrières, alors que leur show ne vient que de commencer. Il lui suffit de prononcer le mot ‘circle-pit’ pour que les gens s’exécutent et commencent à tournoyer à l’unisson. Le groupe observe, partagé entre amusement et fierté. Inlassable, c’est sur « Hard to the Core » que Kid-D redescend dans la fosse, mais pour cette fois se mêler directement à la foule. Les fans l’entourent, chacun d’eux recevant à leur tour le micro pour hurler le refrain du morceau. C’est sur « Emergency », tiré de l’Ep studio « A Lesson in Loyalty », que Ryker’s achève en beauté ce set tout en puissance.

A peine le temps de boire une mousse que le prochain band se met en place. Les spectateurs commencent à se serrer pour accueillir comme il se doit Walls of Jericho qui, soyons honnêtes, pourrait également être tête d’affiche de ce genre de show. Sept longues années que le quintet n’a plus sorti d’album… et force est de constater que cette carence n’a pas entraîné l’érosion du nombre de fans ! La salle est plongée dans l’obscurité, l’intro composée de distorsions de guitare devient oppressante et les membres prennent petit à petit leur place sous les acclamations de la foule. Finalement, débarque Candace Kucsulain, chanteuse de la formation, plus musclée que jamais. Cette dernière pratique en effet le powerlifting (un dérivé de l’haltérophilie visant à soulever des charges plus lourdes mais en adoptant des mouvements plus réduits). Homme ou femme, peu de personnes ce soir-là auraient pu faire de l’ombre à sa musculature, c’est dire le côté impressionnant du personnage. « The Ministry », titre d’ouverture de leur dernier opus « The American Dream », ouvre le set. La scène s’enflamme à l’instant. Une bonne trentaine de personne se mettent à mosher. « A Trigger Full of Promises » vient ajouter quelques degrés supplémentaires dans la fosse. Le groupe bénéficie d’un très bon son, décuplant la force des morceaux. Entre les compositions les plus connues, vient se glisser un « Relentless », nouvelle chanson qui devrait figurer sur le prochain elpee des Américains. Une ambiance qui atteindra un sommet lorsque non seulement la chanteuse mais également le bassiste décident de descendre du podium pour rejoindre un public survolté et acquis à sa cause. Trente minutes de prestation, période bien trop courte, qui se clôturent par un « The American Dream », entonné en chœur par un public désormais conquis.

Après un rafraîchissement plus que nécessaire, c’est au tour du Punk-Rock-Hardcore d’Ignite de prendre possession du Brielpoort. Une parenthèse dans cette programmation où le style résolument plus calme de la formation viendra un peu ‘casser’ l’ambiance crescendo alimentée depuis maintenant un peu moins de quatre heures. Détonnant par son chant clair, le groupe s’identifie distinctement comme socialement engagé et soucieux de la préservation de l’environnement. ‘Pendant que nous sommes ici réunis à faire la fête, des milliers de personnes sont actuellement dans la pauvreté la plus totale en Syrie ou encore en Afghanistan. J’ai parfois du mal avec ma conscience quand je me retrouve dans mon bus de tournée comportant tout le confort nécessaire. Je ne veux pas plomber l’ambiance mais soyez en conscient’, lance le chanteur Zoli Teglas. Compte tenu du nombre de refrains chantés en chœur, il semblerait que bon nombre de personnes s’étaient déplacées pour l’occasion.

Une bulle de quiétude réconfortante qui permet d’économiser les forces restantes pour apprécier le show des icônes new-yorkaises de Sick of it All. En quasi trente années de présence, la bande des frères Koller est parvenue à s’imposer comme une référence du monde Hardcore. Armé de leur vingtième album (!), « Last Act of Defiance » –sorti en septembre de l’année dernière– les Américains ont accordé un show survitaminé d’une heure, montre en main. Ouvrant par « Good Loonkin’ Out », les hommes du Queens ont directement taillé dans le gras. Affichant une forme olympique, bassiste, guitariste et chanteur ne cessent de changer de place. Mention spéciale au gratteur Pete Koller qui enchaîne les sauts toute la soirée, qu’ils soient sur place, à reculons ou en exécutant le grand écart. Le tout, évidemment, en ne cessant de jouer. ‘Vous voulez du nouveau son ?’, interroge le frontman Lou Koller. Pas le temps de répondre que retentit déjà « Sound the Alarm », le morceau d’ouverture de leur nouvel LP. « Get Bronx », « Outgunned », « DNC » et « Road Less Traveled » de ce même disque figurent dans la setlist, et le reste des morceaux sont piochés, çà et là, dans l’impressionnante discographie du combo. Ce n’est pas le choix qui manque !

‘C’est la dernière date de cette Perseverence Tour, j’aimerais que vous nous fassiez le plus grand circle-pit possible en passant jusque derrière la console de son’, lance le chanteur. Aussitôt dit, aussitôt fait. Un immense cercle de plus de la moitié de la salle se met à courir sur le rythme effréné des guitares et de la batterie. Quelques chansons plus tard et c’est un ‘wall of death’ qui se forme. La salle se divise en deux, chaque côté du public s’apprêtant à allègrement se rentrer dedans. Tous, sauf deux irréductibles hippies (dixit Lou Koller) et le vocaliste de Ryker’s, descendu dans la foule pour l’occasion et tous trois situés à égale distance des deux camps, prêts à recevoir de plein fouet les coreux en transe. « Us VS Them » clôture la prestation de Sick of it All, qui comme à son habitude, n’a pas manqué de punch et n’a surtout pas failli à se réputation de maître du genre. Les planches seront finalement envahies par une partie du public, invité à rejoindre le groupe afin de fêter, en famille, cette dernière date de la tournée.

(Organisation : Heartbreaktunes)

 

Pour les photos du Persistance Tour, c’est ici

 

Histoire d’avoir quelque chose à se mettre sous la dent avant la sortie de leur nouvel album, les Allemands de Scorpions ont sorti ‘We Built This House’, premier single de ‘Return to Forever’ qui sortira le 20 février prochain. Après cinquante années de présence sur scène, les Scorpions – alors qu’ils avaient annoncé que la précédente tournée était celle des adieux -, sont toujours bien aux manettes et trôneront en tête d’affiche, le dimanche 21 juin, au Graspop Metal Meeting à Dessel !
 

Le 30 mars prochain sortira ‘Blaster’, le nouvel album de Scott Weiland, frontman original des Stone Temple Pilots et des Velvet Revolver. Accompagné de son nouveau groupe ‘Wildabouts' (Jeremy Brown à la guitare, Tommy Black à la basse et Danny Thompson aux drums) , Weiland a écrit onze des douze morceaux présents sur ce nouvel opus. ‘J’avais envie de faire un album rock. Tout s’est mis en place simplement. Bien que doté d’une identité sonore propre, ‘Blaster’ devrait également attirer les fans de Stone Temple Pilots et de Velvet Revolver. Nous sommes arrivés à quelque chose de lourd, moulant et sexy. Il y a comme de duvet, comme s’il était doté d’une fourrure’.

Scott Weiland a vendu pas moins de 44 millions de disques avec Stone Temple Pilots et Velvet Revolver. Il a gagné deux Grammy Awards dans la catégorie ‘Best Hard Rock Performance’ et a marqué de sa voix bon nombre de hits dans l’histoire du rock’n’roll, tels que “Sex Type Thing”, “Wicked Garden”, “Creep”, “Interstate Love Song”, “Vasoline”, “The Big Empty”, “Sour Girl” et “Down”.

Tracklist

1. Modzilla
2. Way She Moves
3. Hotel Rio
4. Amethyst
5. White Lightning
6. Blue Eyes
7. Bleed Out
8. Youth Quake
9. Beach Pop
10. Parachute
11. 20th Century Boy
12. Circles

mercredi, 21 janvier 2015 16:06

Frontschwein

Marduk est un des piliers du mouvement Black Metal, actif dans le milieu depuis maintenant un peu plus de vingt-quatre ans. Pas étonnant donc que la sortie d’un nouvel essai suscite beaucoup d’intrigue et d’attentes. D’autant plus que la formation revêt depuis dix ans maintenant sa seconde mue, marquée par l’arrivée dans le milieu des années ’90 au chant de Mortuus, figure autant possédée qu’impressionnante du Black Metal underground et frontman du groupe suédois Funeral Mist.

Marduk (pour la petite histoire, dont le patronyme fait référence à un Dieu de la mythologie mésopotamienne qui a créé le ciel et la terre à partir d’un dragon), vient donc de publier son treizième album studio et le second qui s’inspire des faits, épisodes et personnages issus de la seconde guerre mondiale. Après avoir jeté un coup d’œil à la pochette, il faudrait de toute façon être à moitié borgne pour ne pas s’en rendre compte. Mais le parallèle avec le premier LP, « Panzer Division Marduk », s’arrête là. Ce dernier, sorti en ’99, avait surtout été reconnu à l’époque pour son côté hyper rapide et dense, où Legion sévissait encore aux vocaux. Tout au long de « Frontschwein », le quatuor prend le temps d’installer une ambiance où, pendant quasi une heure, il passe de la haine et de la violence des champs de bataille au désespoir et au chaos régnant en maître après que les peuples se soient entretués.

L’elpee s’ouvre par le titre maître, où les riffs incisifs et typiques de Marduk sont immédiatement reconnaissables. Pas de doute, on ne se trompe pas de groupe. On s’imagine les balles siffler, le coup d’envoi est donné et il faut être plus rapide que l’ennemi pour ne pas tomber. Epique à souhait, ce titre ne pouvait pas mieux débuter les hostilités. « Frontschwein », littéralement le ‘front de cochons’, était un terme utilisé par les soldats, désignant ceux qui étaient en première ligne. La chair à canon, les âmes condamnées à tomber dans la boue et dans le sang au milieu des tranchées. Le décor est planté et la lutte peut continuer. « The Blond Beast », morceau qui suit, apporte quant à lui son lot de nouveautés. L’attaque est opérée par une batterie en mid-tempo, légèrement groovy, sur laquelle viennent se poser des guitares lentes et lancinantes et une ligne de chant vindicative. Un contraste très intéressant, auquel le combo nous avait peu habitués dernièrement. Cette recette sera d’ailleurs répétée sur « Wartheland » et « Nebelwerfer », qui raviront les fans d’ambiance glauque et dévastatrice. Quelques respirations plus tard et c’est sur le front de Normandie qu’on se retrouve grâce au titre évocateur « Falaise-Cauldron of Blood ». La plaque touche à sa fin par un lent « 503 », suite du morceau « 502 » présent sur « Panzer Division Marduk » évoqué un peu plus haut, où les cris désormais plaintifs de Mortuus viennent se frotter aux frôlements métalliques des armes sur le champ de bataille. L’ultrarapide « Thousand-Fold Death » clôture cette production thématique hors du commun et franchement réussie.

J’avoue avoir été partagé avant d’écouter attentivement cet elpee tiraillé entre l’excitation de pouvoir savourer un nouvel essai de Marduk, mais également repoussé par leur choix quant au cadre de la seconde guerre mondiale. Ce choix peut s’avérer tendancieux ; d’ailleurs certains combos de Metal ont parfois fait le ‘pas de trop’. Mais Morgan, guitariste, membre fondateur et par ailleurs véritable encyclopédie concernant ce conflit, explique comment les événements se sont produits : ‘C’est notre vision des réalités de la guerre, sans compromis et sans fioritures. Tenter d’appliquer un quelconque agenda politique à ce que nous faisons serait totalement futile. Ce n’est pas l’histoire que nous avons écrite mais bien la bande-son de ses chapitres les plus sombres’. Au final donc un très bon Marduk, remarquable autant par ses atmosphères sombres et destructrices que par la palette vocale très impressionnante de Mortuus, nous assénant en passant une grosse claque, bien loin des chants monotones et barbants d’autres groupes du même style. Un ticket d’entrée direct pour Helvete.

 

mercredi, 21 janvier 2015 15:55

Hidden Evolution

Sortez les vestes à patchs, Angelus Appatrida est de retour. Et tout particulièrement son Thrash old-school sur un cinquième album studio baptisé « Hidden Evolution ». Fondé en 2000 à Albacete, ville du Sud-Est de l’Espagne, le groupe tire son patronyme d’un mix latino-espagnol, signifiant en français ‘les anges apatrides’ ou encore ‘les anges renégats’. Les Ibériques ne sont pas (encore) mondialement connus ; cependant, ils ont déjà tourné en compagnie de Slayer, Megadeth mais aussi Dying Fetus, Keep of Kalessin et Carnifex.

Mais revenons à leur dernier LP… Le concept qui se cache derrière « Hidden Evolution » se réfère à des découvertes et développements techniques qui auraient secrètement été dissimulés pour différentes raisons (grosses corporations, possibles dangers face à l’establishment, conspirations gouvernementales, etc.). L’œuvre aborde dans le même esprit les aptitudes des êtres humains à ramer à contresens, contre leur espèce et ce, pour des intérêts aussi divers qu’obscurs. 

« Immortal » lance les hostilités par un martèlement de batterie accompagné de guitares rapides et bien ‘thrashies’. La voix aiguë, tantôt criée, tantôt mélodique du chanteur/guitariste Guillermo Izquierdo suit le mouvement. Pas de doute, c’est un disque de Thrash. Bien roots mais, et c’est tout à leur honneur, dont la production est contemporaine et bien pêchue. Un juste milieu entre un son old-school typique de l’âge d’or du Thrash et une mise en forme ultra léchée. ‘Trop is te veel’, les Espagnols semblent l’avoir bien compris. Un souci de l’équilibre retrouvé en outre dans la rythmique, où le marteau-piqueur des blasts est compensé par de nombreuses envolées mélodiques. Thrash, certainement, mais teinté ça et là de nappes Heavy. 

Roulement de tambour, ambiance de Grand Doute et de désolation, à l’image de la pochette de cet elpee, « First World of Terror met en scène un astronaute déchu, brûlant une liasse de billets, dernier rempart d’un monde désormais stérile à toute vie humaine. Une très belle cover, signée Gyula Havancsák, un artiste qui a par ailleurs mis ses talents au service de formations comme Annihilator, Destruction, Stratovarius ou encore Grave Digger. Autant certains passages du premier morceau de l’opus pouvaient parfois évoquer un Metallica ou un Anthrax d’époque, autant les vocaux d’« Architects » font clairement penser à la voix typique de Chuck Billy, frontmen de Testament. Et ces similitudes n’ont rien de lassant, tant ses inspirations se mêlent dans un ensemble original et homogène. On se prend au jeu de tenter de découvrir les racines dans lesquelles vont puiser Angelus Appatrida, tout en appréciant en même temps leur appropriation et leur mise au goût du jour. « Hidden Evolution » bénéficie du concours d’un invité ; en l’occurrence Chris Amott (Armageddon, ex-Arch Enemy. Il se réserve la partie de gratte solo sur « Speed Of Light », morceau qui, pour l’occasion, revêt une sonorité Hardcore, principalement au niveau du chant (lead et backing vocals). Un mélange réussi ; un de plus.

J’avoue que je ne connaissais absolument pas ce band avant d’écouter ce long playing. Un parfait inconnu au bataillon thrash, qui se révèle pourtant être très intéressant et mériterait d’étendre sa popularité auprès d’un public fan d’un son old-school, qui respecte les codes des années ’80 et début ’90 tout en faisant tourner la sauce au goût du jour. Ces Espagnols ont une énergie et une imagination débordantes. Cet LP aurait pu tomber dans le piège de la linéarité, mais il en n’est rien. Angelus Appatrida parvient à rester original tout au long des dix morceaux. A écouter !

 

mardi, 06 janvier 2015 17:12

Eastland Tales - Part I

Theosophy est un groupe de Black Metal originaire de Barnaoul, ville de Sibérie en Russie. Fondé en 2004 par Phantom, l’actuelle bassiste/vocaliste du quintet, le band a cependant dû attendre l’année 2007 pour commencer à faire ses premiers pas, en enregistrant sa première démo cinq titres. Sept ans plus tard, les Russes sont de retour en publiant un troisième album studio intitulé « Eastland Tales– Part I ».

Dès l’entame du cd, une première constatation s’impose : Immortal, groupe mythique du Black Metal norvégien des années ‘90, a lourdement inspiré Theosophy. Les premières notes de « Pandemonium », morceau d’ouverture de l’elpee, on a l’impression d’entendre le « Withstand the Fall of Time » des Norvégiens. Que ce soit au niveau de la musique (quoi qu’un tout petit peu plus lente) ou des vocaux.

Soit… Ce n’est pas nouveau que le Black Metal engendre fréquemment toute une série de clones. Cet elpee ne sera donc pas une révélation du genre mais une perpétuation de ce qui a déjà été réalisé dans le style. Ambiance lourde et froide, un son cru (mais pas raw, les morceaux sont tout à fait audibles), des guitares rapides, une voix nasillarde et écorchée, tout y est pour répondre aux exigences du genre. La pochette ne laisse pas davantage de place au doute, invoquant un fond enneigé en arrière-plan, un crâne et un vieux bouclier en avant-plan. L’intérieur du livret ne recèle pas les paroles des morceaux (un classique aussi…) mais bien des photos des membres maquillés du traditionnel corpse-paint (à l’exception du rebelle guitariste K.K., qui a quitté le groupe, fin décembre). Petit clin d’œil au batteur qui en profite pour remercier sa maman de lui avoir acheté sa batterie et d’avoir été si patiente pendant qu’il s’exerçait aux blastbeats à la maison. Le paradoxe entre la photo du musicien grimé et le contenu du message a quelque chose de… touchant.

Mais qu’on ne se méprenne pas : on passe un bon moment à l’écoute de cet LP. Les morceaux ont de la force, ils dégagent une puissance froide et génèrent l’ambiance recherchée par tout amateur de Black Metal. Arrivé à la fin de l’opus, la conclusion ‘un de plus’ reste de mise, mais on a néanmoins passé un bon moment (40 minutes) et on se plait à se remémorer un Immortal qui n’a plus donné signe de vie, depuis maintenant cinq ans. Quant à savoir s’il n’est pas dès lors préférable d’écouter l’original... On regrettera en outre l’absence d’une touche musicale locale russe que les musiciens auraient pu apporter. Peut-être à retrouver plus tard dans le deuxième volume de cette série ?

 

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