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Après quelques concerts / projections improvisés en duo, au Caire et à Beyrouth, pour les rencontres d’Arles, le centre photographique de Lille ou la revue belge Halogénure, Dargent et Oberland s’associent aux francs-tireurs Elieh et Halal pour un manifeste…

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Des grenades pour Tess Parks…

Née au Canada, mais établie à Londres Tess Parks sortira son cinquième elpee et le second en solo, « Pomegranate », ce 25 octobre. En fait elle en a gravé un en compagnie de Black Market Karma, et deux d’Anton Newcombe de Brian Jonestown Massacre. Ils sont…

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Stéphane Reignier

Stéphane Reignier

Si Meimuna est un genre d'insectes hémiptères de la sous-famille des Cicadinae (famille des Cicadidae, les cigales), c’est également le patronyme de Cyrielle Formaz, un choix destiné à illustrer au mieux le courant musical dans lequel elle se distingue aujourd’hui.

Après cinq Eps très remarqués, elle nous propose « C’est demain que je meurs », un premier album découpé en 10 chansons qui inspirent et s’inspirent de la vie de la jeune femme. Mais, pas que !

Alors qu’elle revient d’une tournée en Autriche et Allemagne, la jeune dame se livre à une interview d’une authenticité rare.

L’artiste y aborde son ouvrage ambitieux entre réconfort et douceur, depuis sa Suisse natale, mais tout en restant loin des diktats commerciaux de la société consumériste qui l’entoure.

Cyrielle, tu as opté délibérément pour le patronyme ‘Meimuna’, référence à cette cigale qui symbolise la renaissance ou encore la métamorphose dans de nombreuses cultures. J’imagine que cet idiome en dit long sur ton parcours de vie, de femme et d’artiste ?

Oui, effectivement, j’ai choisi ce pseudo en 2017. J’aime beaucoup cette symbolique portée par de nombreuses cultures différentes. La renaissance et la métamorphose reviennent souvent, effectivement. Cette cigale peut passer jusque 25 ans sous terre, à l’état de larve, pour ensuite sortir de terre et mourir en fin de journée.

Après 5 Eps, tu proposes un long playing étrangement intitulé « C’est demain que je meurs ». Et contrairement à ce que laisse sous-entendre ce titre, il célèbre le renouveau. Un paradoxe entre l’onirisme d’un rêve et la difficulté d’une vie qui mérite d’être vécue ?

Il s’agit d’un album qui parle clairement de la fin du monde. Ou plutôt de la fin des mondes. Cette chanson, en particulier, aborde pour thématique la fin de notre monde physique, affichant en filigrane une notion écologique. Les autres traitent d’autres types de fin, comme celle de l’enfance ou d’une relation au sens large du terme. Si le deuil est effectivement présent de manière protéiforme, cet album célèbre avant tout la renaissance, l’espoir et la réconciliation. Je souhaitais avant tout une direction lumineuse, pas du tout déprimante. Nous vivons suffisamment dans une société anxiogène et inquiétante. Moi-même, je suis très angoissée face au quotidien. En tant que musicienne, je me dois d’amener de la douceur, de l’espoir et du réconfort. Partant, je crois que l’objectif est atteint.

Un opus confectionné en compagnie d’une équipe hors du commun : Ella van der Woude, Randal Dunn au mix et Heba Kadry au mastering. Comment se sont déroulées ces rencontres ?

Randal Dunn et Heba Kadry sont deux techniciens qui n’ont pas du tout influé sur les choix artistiques. J’ai collaboré étroitement avec Ella van der Woude, une compositrice de musiques de film. Elle a habité durant quelques années à côté de mon domicile, et plus exactement à Sion, dans le canton du Valais, en Suisse. C’était une amie. On se voyait tous les jours pour faire de la musique. Je lui ai demandé de produire l’album, d’écrire les arrangements et de lui donner une couleur. L’écriture des chansons me revient. Ella m’a surtout aidée à fournir une texture aux chansons, à leur conférer une ambiance singulière. Travailler avec une personne qui bosse dans le milieu des musiques de film permet de transmettre, évidemment, une couleur cinématographique. Il était important pour moi de communiquer aux morceaux un coté sensoriel où l’imaginaire prend le dessus. C’était une coopération importante à mon sens car, comme j’ai réalisé mes Eps précédents, on rentre vite dans des automatismes. Cette grande dame m’a permis de sortir de la routine.

Un disque au cours duquel, tu te mets à nu, en proposant des textes personnels et introspectifs. L’intime est-il politique et doit-il être dévoilé ?

Je m’interroge beaucoup sur le positionnement politique. Est-ce que l’intime est politique ? Je le pense, oui ! Proposer de la musique calme, douce ou de niche et amener du silence dans notre quotidien grâce à des textes poétiques et introspectifs, est aujourd’hui une forme de posture et d’engagement qui va à contre-courant de ce dont on nous bombarde au quotidien. Il n’y a plus jamais de silence, de temps de réflexion ou de calme. Ça bouge tout le temps. Il suffit de regarder les informations, elles pullulent sans arrêt. La musique n’a de sens à mon égard que si elle est construite par des musiciens et avec des instruments organiques. En ‘live’, j’aime m’en entourer. Soit l’antithèse de ce que l’on constate le plus souvent sur les scènes musicales rivées à tous ces samples et musiques électroniques. Ce n’est ni une critique, ni un regret ; ce type de musique a une raison d’exister au même titre que n’importe quelle autre. Mais personnellement, je préfère de loin m’entourer de vraies personnes et de vrais instruments. Ce qui se traduit par plein d’aspects dans ce projet. J’aime aussi réaliser des choses à la main qui prennent du temps et exigent de l’application et du soin comme des dessins animés. C’est une forme d’engagement que j’aimerais défendre. Aujourd’hui, il faut reprendre du temps, accueillir du calme, du silence et de l’introspection au quotidien. C’est important !

Au risque de connaître cet effet pervers d’être perçue comme autocentrée…

L’album est hyper autocentré, c’est vrai. Mais ce sont des chansons qui parlent de moi et c’est ce que je sais faire de mieux ! Aborder d’autres sujet me cataloguerait comme impostrice, car je manquerais d’honnêteté. Je crois que dans l’intime, il y a quelque chose de très universel. On est toutes et tous traversés par les mêmes questions, les mêmes blessures avec différentes forces et des niveaux inégaux. A la fin des concerts, les gens viennent parfois me voir car ils se sont identifiés aux textes. Même si l’album est autocentré, il entre en résonnance avec le public.

Un album en français, à l’exception d’une petite incursion dans la langue de Shakespeare sur l’angélique « Lullaby for a satellite ». Pourquoi cette parenthèse inattendue ?

Elle est dédiée à mon chat et m’est très vite apparue, car je souhaitais qu’elle prenne une dimension universelle. Au début, je rencontrais des difficultés face à ce choix particulier. Je ne l’assumais pas. Une manière parmi tant d’autres de me cacher peut-être. C’est une berceuse, elle réconforte. C’est un animal qui sort beaucoup. Je ne compte plus les blessures qu’il s’est infligées, ni le nombre de fois où je l’ai amené chez le vétérinaire. Et quid de ses tentatives de suicides avortés ? Je lui conseille de rester à la maison, que tout va bien se passer en prenant soin de lui. Une chanson facilement exportable en réalité chez n’importe quel animal ou être humain parce que simplement écrite et facile à comprendre. Mais, je ne suis pas convaincue de réitérer l’opération, sous cette forme en tout cas, car l’anglais est une langue que je maîtrise un peu moins.

J’ai beaucoup aimé « Eve V. (battre des records) », un vibrant hommage rendu à une figure du show business des années 80 et 90, Lolo Ferrari, morte sans avoir jamais existé, malgré une vie passée sous les projecteurs. Alors que son décès date de près d’un quart de siècle, puisqu’elle est décédée en 2000, il faut admettre qu’aujourd’hui, la souffrance et les désillusions restent fort présentes. Quel est ton regard face à cette (sous)évolution sociétale ?

Lorsque Eve Vallois est décédée, j’avais 6 ans. A la maison, nous avions un livre de caricatures. Je me souviens aussi vaguement d’images diffusées à la tv de cette bimbo. Lolo Ferrari paraissait pathétique, à cause, notamment, de son énorme poitrine qui lui a d’ailleurs valu une mention dans le livre des records. On en riait beaucoup. Une situation à la fois drôle et gênante. En discutant avec des amis, nous nous interrogions un jour quant aux circonstances de son décès. L’idée de se plonger dans sa biographie m’est alors venue pour découvrir que sa vie était d’une tristesse abyssale. Une femme manipulée par son entourage, y compris par son mari qui avait endossé la casquette de manager et l’a forcée à commettre des actes horribles. Ce qui lui a causé un abandon total de sa famille. Une sombre histoire de rejet et de manipulation. Cette femme s’est donné la mort dans des circonstances très obscures alors qu’elle n’avait que 36 ans. Les soupçons se sont portés sur celui qui partageait sa vie, mais, faute de preuve, il a été relaxé. Elle repose désormais dans le cimetière de Roumiguières à Grasse, dans le sud de la France. Un journaliste du Monde a investigué. Elle est enterrée dans une tombe anonyme couverte de roses artificielles poussiéreuses. Imaginer cette femme qui, durant toute sa vie, a tenté d’être vue et aimée, sans y parvenir, m’a brisé le cœur. Alors que son seul souhait était de rencontrer un peu de gloire et d’amour dans le regard des autres. Je souhaitais lui rendre un hommage. Une chanson qui, pour une fois, n’est pas autocentrée, mais s’adresse au plus grand nombre puisqu’elle se réfère à la manière très actuelle d’objectifier les femmes, de les jeter en pâture aux médias ou d’espérer les voir tomber. A l’heure actuelle, certains se nourrissent encore d’événements atroces et s’en délectent. J’aime cette chanson par son prisme très actuel, universel et très personnel.

En défendant l’image des femmes de cette manière, ne risques-tu pas d’être taxée de féministe ?

La position des femmes dans la musique est une situation qui me préoccupe énormément. Je me produis parfois en ‘live’, soutenue uniquement de femmes. Je suis une fervente défenseur des femmes dans les musiques actuelles et sur les scènes.

Fille d'un professeur d'art et d'une musicienne, tu baignes dans l’art et la culture musicale depuis ta tendre enfance. Si j’imagine que le milieu dans lequel tu as évolué a permis cette carrière musicale, qui rêvais-tu de devenir enfant ?

A vrai dire, enfant, je n’aspirais pas spécialement à devenir musicienne. J’ai cependant toujours aimé écrire des histoires, des poèmes ou réaliser des bandes dessinées. Je rêvais de devenir globe-trotter également et plus particulièrement journaliste afin de pouvoir voyager dans le monde entier et raconter les histoires des autres. Et puis assez vite, je me suis mise à écrire mes propres chansons. L’idée d’en faire un métier est arrivée lorsque j’avais environ 18, 19 ans.

Très jeune, tu as connu un succès d’estime et critique chez Macaô, un quintet aux accents rock, qui lui permet d’assurer, notamment, les premières parties de Zaz, Patrick Bruel ou Polnareff. Le projet dont on parle aujourd’hui est très différent. Tout comme la manière dont tu fonctionnes, alternant les moments solos et le besoin de collaboration. Y a-t-il, en filigrane, une envie de sortir de ta zone de confort ?

Oui, peut-être. Mais en même temps, je me sens de plus en plus sécurisée lorsqu’en tournée, je suis accompagnée de musiciens. Honnêtement, jouer en solo est un exercice difficile, une formule que j’apprécie moins car elle est énergivore. La musique doit être partagée. Lorsque nous sommes plusieurs sur les planches, pouvoir se regarder, se sourire et porter ensemble un message me réconforte.

J’ai écrit seule pendant longtemps. Ici, je ressens le besoin d’écrire pour d’autres. Un jour, peut-être, mon album ne sera constitué que de featurings. Qui sait ?

Dans une société où pop ‘mainstream’, hyper lisse, surproduite et distribuée par les géants de l’industrie musicale est légion, comment parvient-on à imposer un style doux, ouaté et épuré ?

C’est une bonne question ! Je pense qu’aujourd’hui, non seulement les gens ont besoin de douceur. C’est un genre qui coexiste avec d’autres styles. Il y a peut-être dans cette quête, une volonté de revenir vers quelque chose de plus organique. Le folk est un style apprécié. Des artistes comme Pomme ou encore November Ultra récoltent un joli succès s’estime et critique. En ce qui me concerne, je n’imagine pas faire autre chose, même s’il s’agit d’une musique de niche. Tourner dans des stades n’a jamais été un objectif. Se produire dans de petits clubs à travers toute l’Europe me va très bien.

Finalement, si je résume le fond de ta pensée, la création est la prémisse de la liberté ?

Oui, bien sûr. Tu as parfaitement résumé les choses.

Tu as tourné en Chine au Canada, en passant par l’Allemagne et l’Europe de l’Est. Chanter en français exige le plus souvent de précision dans les textes. Comment le public étranger perçoit-il cet univers musical ?

Je rentre d’une tournée en Allemagne et en Autriche. Jouer sur des territoires non francophones permet de cerner le degré d’accueil du répertoire. Pour chaque compo, j’explique en anglais ce qu’elles signifient. Certains publics sont sensibles à la musique, aux ambiances ou à ce qu’ils devinent. Mais d’une manière plus générale, à chacun sa définition. Les choses ne nous appartiennent plus, une fois que nous les avons partagées. Si les gens s’approprient les chansons, tant mieux. La musique dépasse le langage, elle permet de se connecter les uns avec les autres et à se comprendre.

Il y a la musique, les textes évidemment, mais aussi une expression graphique très présente. Peux-tu me décrire l’artwork de cet opus ?

(Elle montre la pochette de son LP) On y devine une apocalypse. J’ai voulu une pochette très colorée, de façon qu’elle apparaisse vivante. On y voit des oiseaux voler en cercle, un loup-chien, une source, et en filigrane, cette notion de renaissance. Il y a aussi ce volcan qui, par définition, est très destructeur puisqu’il arrache tout sur son passage, mais dont le magma est extrêmement riche. Après un incendie, la nature revient plus belle et plus fertile. J’aime la puissance de cette image. Je me suis aussi dessinée dans un cercueil. Certains y verront une envie d’y rester, d’autres d’y sortir. Une métaphore pour dire ‘au revoir’, à bientôt pour de nouvelles aventures. Enfin, on y aperçoit également un florilège d’insectes et de fleurs. L’artwork évoque le deuil, mais pas seulement, puisqu’il s’agit surtout d’explosion de vie, de renouveau et de nouveau départ.

J’avais une interprétation différente pour les oiseaux. J’imaginais qu’ils allaient tout droit vers le feu pour s’immoler…

Oui, c’est possible aussi, chacun son interprétation finalement.

Je ressens chez toi cette volonté de faire les choses parfaitement. Mais à vouloir sans cesse améliorer les créations, ne risques-tu pas de perdre en spontanéité ?

Oui, complètement ! La perfection est parfois la pire des ennemies. A force de vouloir l’atteindre, le frais et l’instinctif finissent par se perdre. Pour y parvenir, j’essaie de me fixer des deadlines et d’être plus à même de maîtriser le travail. Je dirais aussi que l’imperfection donne de l’intérêt à ce que l’on fait. Comme tu le signalais, nous baignons dans des productions parfaites, surproduites, où le travail de l’humain est devenu tout à fait secondaire. L’émergence de l’intelligence artificielle accentue ce phénomène. Lorsque tu écoutes un morceau et que tu entends ces petits craquements et les cordes friser, c’est finalement ce qu’il y a de plus joli.

J’aime beaucoup la symbolique que renvoie ta première chanson, « Au temps des coquillages », une compo qui traite de la nostalgie de l’enfance lorsque, petit, on n’a pas de soucis et que tout va bien. Si tu pouvais parler à la petite fille que tu étais, que lui dirais-tu ? Et par extension, que dirait cette petite fille à la jeune femme d’aujourd’hui ?

Je crois tout simplement qu’elle n’y croirait pas du tout ! Si seulement, elle pouvait imaginer un seul instant que je lui dise que tout va bien se passer, que dans vingt ans elle fera de la musique son métier qui lui permettra de voyage dans le monde entier et d’y accorder des concerts.

Tu es suisse d’origine et tu as vécu en Belgique, comment une artiste étrangère perçoit-elle notre plat pays sous le prisme musical ?

Vivre dans un petit pays présente des avantages comme des inconvénients. Il faut composer avec les moyens du bord. Il y a moins de concurrence aussi, on sera donc peut-être propulsé plus rapidement. En Belgique, comme en Suisse, la difficulté majeure réside dans l’exportation de son talent vers l’ailleurs. A contrario, il existe une entre-aide plus importante. C’est d’ailleurs une constante depuis quelques temps. Auparavant, les gens se tiraient plus facilement dans les pattes.

vendredi, 20 décembre 2024 18:43

A l’évidence

Quatre ans après avoir gravé « Orages », Clou (un surnom qu’on attribue à Anne-Claire Ducoudray depuis l'enfance lorsqu’elle avait tendance à faire le clown), nous propose son second opus. Une œuvre audacieuse qui sonne comme une… (A l’)évidence.

Plus organique et acoustique, Clou s’y (dé)voile, soutenue par une instrumentation douce et délicate dans un style qui oscille entre folk anglo-saxon et chanson française.

De sa voix gracieuse et cristalline, elle s’épanche avec franchise, mais aussi une intensité rare, révélant ici et là des pans de vie méconnus.

L’elpee navigue entre mélancolie et enjouement, à l’instar de « Vélo ». Cette compo libère, en filigrane, ce sentiment de liberté qui traverse l’artiste lorsque, sur sa bicyclette, elle se promène en ville.

Si lors du premier long playing, elle manifestait encore une certaine retenue, « A l’évidence » lui permet de se montrer davantage brute de décoffrage, comme sur « Mon épaule » qui traite du thème de l’amitié ou encore « Laisser l’été », de la résilience.

Si « Gare de Lyon » est tout simplement rafraîchissant, d’autres plages abordent des sujets existentiels, plus graves et profonds. « A l’arrière de la voiture » en est le parfait exemple. Une compo au cours de laquelle elle relate une histoire d'enfance marquée par la violence ordinaire. Cette violence familiale constitue d’ailleurs une thématique récurrente dans les écrits de Clou, que ce soit dans son recueil de poèmes ‘Doux mots dits’ (publié en 2022) ou dans ses chansons libératrices.

« A l’évidence » sert de dispensaire à la jeune artiste singulière, pour soigner ses blessures, mais elle les chante au lieu de les crier. Cependant, sa plume est aussi susceptible de devenir corrosive, à l’instar de ce « Chant de Noël », antithèse de cette période bienveillante.

 

mardi, 10 décembre 2024 11:04

Une étoile au Zénith

Une fois n’est pas coutume, votre serviteur s’est expatrié outre-Quiévrain ! A Lille plus exactement ! Non pour y déambuler entre les différents stands dressés sur la Grand Place pour y appâter le nigaut en période de Noël, mais pour y voir et écouter une Hoshi au sommet de son art.

L’artiste se produit au Zénith, une salle nichée en plein cœur de la cité, dans le cadre de sa tournée baptisée ‘Cœur Parapluie’.

Le supporting act est assuré par Camille Gemoets, aka RORI, une autrice-compositrice-interprète belge. Depuis quelque temps, elle marque de son empreinte la sphère musicale grâce à une pop contemporaine inspirée par la culture musicale anglo-saxonne et la scène rock.

Alors qu’elle est habituellement flanquée de ses fidèles serviteurs, l’ex-The Subs, Hadrien Lavogez, préposé à la guitare, et Loïc Lavogez, derrière les fûts (succédant à Pierrick Destrebecq), ici, la demoiselle se livre seule, uniquement soutenue par un support préenregistré.

Lorsque votre serviteur débarque sur les lieux du crime, l’artiste a déjà (bien) entamé son set. Sa taille est inversement proportionnelle au podium, qui pour le coup, paraît immensément démesurée. Pour seul décor, un grand tissu blanc qui flotte derrière elle. Pas d’autres artifices, si ce n’est l’un ou l’autre coup de projecteur. Un peu ‘cheap’ quand même…

La belle et rebelle n’en demeure pas moins efficace, infligeant, sans semonce, ses compos à la fois cinglantes et paradoxalement très radiophoniques. A vrai dire, l’absence de ses musiciens ne semble pas, a priori, la gêner outre mesure. A moins que ce ne soit qu’un leurre…

Elle poursuit vaille que vaille, sans se laisser démonter. « Jalousie », une nouveauté aux accents pop/rock chanfreinés lui va comme un gant. Le public, enivré par cette fausse nonchalance dont elle a le secret, n’y tient plus. Ça gigote et ça tape des mains. Difficile de rester cloué sur son siège.

Et que dire lorsque, elle se rend chez son « Docteur », pour y décrire la syncope d’une foule en délire.

Capable de vous retourner de solides punchlines, l’ingénue, devenue figure de proue de la scène musicale noir-jaune-rouge, s’affranchit des préjugés pour servir sa sauce pop acidulée devant un public que l’on dit souvent élitiste et pas nécessairement venu pour elle.

Après une interruption d’une vingtaine de minutes, place à la Maîtresse des lieux. Une artiste, une vraie au sens noble du terme. Elle baigne dans la musique depuis son plus jeune âge. Elle commence à jouer du piano à six ans et la guitare à quinze. À la même époque, elle écrit ses premières chansons.

Elle effectue ses premiers pas au sein du groupe amateur TransyStory, formé en septembre 2011. Passionnée par la culture japonaise, elle choisit comme nom de scène Hoshi Hideko, puis simplement Hoshi, qui signifie ‘étoile’ en japonais.

La pénombre s’estompe doucement, les lights prennent discrètement de l’intensité. Pendant la longue intro, les projecteurs, jusque-là timides, laissent entrevoir un espace scénique très épuré. Seul le parapluie, immense emblème de la tournée, dénote. Il semble vissé pour toujours au plafond. Il est auréolé de tubes néon qui s’illumineront au gré des chansons et des ambiances.

Ses musiciens entrent en scène lentement, tour à tour. Et dans cette bande, il n’y pas que des inconnus.  A commencer par Lola Frichet à la basse (Pogo Car Crash Control), Charlène Juarez aux claviers (Brigitte) et Enzo Gabert à la batterie (Skip The Use). Et c’est Lucie, un joli bout de femme, qui se réserve la guitare.

« Mauvais rêve », titre phare de son dernier opus, retrace les étapes d’une vie que l’on comprend difficile, rejetée de tous et du système. Parfois, des sanglots apparaissent dans sa voix.

Une certitude, Hoshi impose un style musical bien à elle. Des textes simples, mais touchants, une musique entraînante et une aura exceptionnelle. Sans oublier cette voix haut-perchée et quelque peu nasillarde qui peut perturber les non-initiés. Pas étonnant donc que ce soit devenue l’une des révélations de la chanson française de ces dernières années.

Elle cultive une identité visuelle très forte : des vêtements amples, une attitude de femme-enfant, un chignon nippon et ce visage angélique qui lui confère un petit côté geisha.

Très vite, elle embraie par « Tu me manques même quand t'es là », une compo sur les relations passionnelles. Un moment particulièrement émouvant.

L’artiste répète à qui veut l’entendre qu’elle est heureuse de fouler les planches lilloises. Le meilleur selon ses dires.

Manifestant le souhait de prendre un nouveau tournant dans sa vie, elle dénoue d’un coup sec ses cheveux et laisse apparaître une longue tignasse impressionnante. Un choc visuel qui détonne par rapport à l’image de la jeune première qu’elle veut bien se donner.

Très vite, Mathilde Gerner, à l’état-civil, s’épanche sur la bestialité sans nom dont elle a été victime à travers son appel au manifeste, « Amour censure », hymne à la tolérance et à la sincérité des sentiments amoureux.

Hoshi, elle-même victime d'agression homophobe, a écrit cette chanson en réaction à une certaine libération de la parole discriminatoire, notamment après la ‘manif pour tous’. Une composition qui malheureusement a encore des raisons d'exister auprès des ‘biens pensants’. Et pour contrer toute cette haine, rien de tel qu’un gros fuck à tous ces enculés dont elle n’a plus peur aujourd’hui, dit-elle, tout en agitant un drapeau arc-en-ciel, symbole du mouvement LGBT+. Le public ne peut s’empêcher, à son tour, de lever le majeur, signe de l’intégration des mœurs. Mêmes les plus jeunes s’y mettent. Une parenthèse particulière, mais bien sympathique.

Souffrant de la maladie de Ménière (un mal qui la poursuit depuis toute petite et provoque des acouphènes et des pertes d'audition), elle s'avoue, à demi-mot, vaincue par cette affection sur l’époustouflant « Fais-moi signe ». Un piano-voix qui met en exergue le grain particulier de sa voix. Un véritable appel de détresse également auprès d’un public qui ne peut que l’encourager en applaudissant par le langage des signes. Les larmes ruissellent alors sur les joues de la jeune femme. Sans doute, est-elle convaincue qu’elle ne parviendra pas à éteindre ce fléau qui la consume lentement.

Marcel, son grand-père, est au centre des débats. Un homme qui lui a communiqué la fibre musicale alors qu’il l’emmenait aux concerts, alors qu’elle était encore très jeune. C’est donc à la mémoire de ce grand monsieur qu’elle entame un hymne à la puissance magistrale. Et si nous avions tous un Marcel dans notre cœur ?

Elle empoigne ensuite sa sèche, comme à ses débuts, pour y jouer « Manège à trois », lorsqu’en rue, elle essayait d’accrocher du regard les passants, sans parvenir à ses fins. Sauf sa mère et son père, dit-elle, entre rage et désespoir.

Douée pour les métaphores et autres figures de style, elle poursuit sur un ton nettement plus rock avec un « Superstar » qui arrache les portugaises. Les musiciens s’en donnent à cœur joie. Un joli moment de communion également.

Généreuse et humaine, on la sent fusionnelle au sein de son band. Une belle complicité la lie avec sa bassiste. Et les puristes auront remarqué l’inscription gravée sur l’instrument, ‘One woman on stage’.

Celle dont le physique a été quelque malmené par le journaliste-chroniqueur Fabien Lecoeuvre, entame un « Je partirai », une chanson percutante où elle parle du désir de partir loin d'un monde qui ne l'aime pas, la juge et la blesse. Bref, un exutoire où elle exprime sa souffrance, son incompréhension et son besoin de liberté. Elle veut rester éternelle dans les mémoires, comme une étoile ou une comète. Gageons qu’elle y parvienne.

Le set s’achève doucement. « Ta marinière » versius 2.0 est repris en chœur par un public particulièrement enchanté par cette extraterrestre. On a droit à deux versions. L’une imbriquée à l’autre, tantôt proche de la version originale, tantôt, plus luxuriante, avec des riffs et des beats à n’en plus finir.

Après plus d’une heure trente de concert, Hoshi se retire.

Elle détient la recette du succès ! Un brin de folie, beaucoup d'amour et une énergie communicative.

 

 

vendredi, 06 décembre 2024 16:42

The Murder Capital n’y voit plus rien…

Le troisième elpee de The Murder Capital, « Blindness », paraîtra ce 21 février 2025.

Il fait suite à « Gigi's Recovery » (2023) et « When I Have Fears » (2019). Bien que ces long playings aient tous les deux, été construits autour de leurs titres, McGovern a révélé que la notion de ‘cécité’ est arrivée ‘très tard dans le jeu’

« Can’t Pretend To Know », la première sortie de 2024, est le retour parfait, construit sur un riff acéré et un hymne en attente. Il synthétise tout ce qui fait de Murder Capital un groupe si distinctif et captivant. Le morceau a été enregistré à Los Angeles plus tôt cette année sous la houlette du producteur John Congelton (St Vincent, Angel Olsen, Sharon Van Etten) au cours d'une session intense et rapide qui a donné la priorité à l'urgence, à l'énergie et à la fraîcheur. C’est un morceau qui pointe vers la nouvelle ère du quintet irlandais, porteur d’une nouvelle orientation et d’une nouvelle clarté.

« Can’t Pretend To Know » est en écoute ici et « Words Lost Meaning », .

Parallèlement aux singles, le groupe a annoncé une courte tournée au Royaume-Uni et se produira en première partie de Nick Cave & the Bad Seeds en Europe. McGovern – un parolier qui ne manque jamais de composer des idées et un leader qui ne manque jamais de perfectionner son art de la scène – regardera la tête d’affiche, un auteur-compositeur et un interprète, ‘chaque seconde’.

 

 

Brigitte Fontaine, est de retour pour un album de haut vol, poétique et mélodique, entre transe krautrock, rock garage et chaabi.

Produit par The Limiñanas, « Pick Up » (titre choisi en référence au retour des vinyles), a été enregistré en grande partie à Perpignan, dans le home-studio du combo.

Les compositions du fidèle Areski Belkacem se sont parées de l'énergie saturée de guitares fuzz, d'amplis à lampes et d'orgues déchainés. Riche en images sensuelles, « Pick Up » s'impose comme une déclaration d'amour au simple fait d'être vivant, notamment dans le bouleversant « Cantilène », porté par l'ampleur enveloppante d'une musique de film, qui navigue quelque part entre celle de Morricone et de Roubaix.

Si Brigitte y évoque ses aspirations mystiques et ses souffrances physiques, elle parvient à leur donner une dimension universelle. Plus qu'une plainte, elle lance un appel à se raccrocher aux attaches qui nous aident à supporter notre condition mortelle. La révolte de Brigitte Fontaine s'exprime également dans plusieurs plages de « Pick Up », comme « Neuf trois » ou « Crevards, miteux, pauvres errants », véritable profession de foi intemporelle.

Accessible et bouleversant, « Pick Up » s'impose comme la porte d'entrée idéale pour découvrir enfin Brigitte Fontaine, cette enfant terrible qui aura traversé l'existence en restant, à tout âge, malicieuse, sauvage et rebelle, mais jamais adulte.

« Cantilène » est en écoute

 

 

vendredi, 06 décembre 2024 16:40

Le mash up explosif de STEVE AMBER…

STEVE AMBER a été assemblé dans les laboratoires secrets d'une mégacorporation destinée à contrôler les masses par des moyens technologiques sophistiqués. Mais quelque chose s'est mal passé. Une étincelle d'humanité, une note de rébellion s'est infiltrée dans ses circuits. Échappant à ses créateurs, il a choisi la musique comme arme, ses chansons racontant des histoires de lutte, de liberté et de l'essence même de ce qui nous rend humain(s).

Equipé de synthétiseurs, de guitares, d'une boîte à rythme et d'une batterie, le groupe caché derrière le masque de STEVE AMBER crée un son indie pop unique et envoûtant. Il équilibre la complexité expérimentale avec une intensité brute et contagieuse, faisant de ses performances une expérience inoubliable et captivante.

Lauréat du ‘FAIR 2023’, STEVE AMBER est un groupe indé français responsable de deux Eps et d’un album, deux disques autoproduits à ce jour. Drivé par un chanteur d’origine britannique, il est parvenu à captiver un large public grâce à un son unique et de solides performances scéniques.

Après des débuts à quatre, le groupe est passé à un trio, et c’est sous ce nouveau line up qu’il a enregistré un nouvel opus, tout récemment, sous la houlette du talentueux Thomas Poli.

En attendant sa sortie, le band nous propose le single, « Egoskeleton », sous forme de clip (à voir et écouter ), signé par le chanteur de la formation.

Dès les premières secondes, on est catapulté en plein cœur d'une course effrénée. Ce mashup explosif revisite les plus grandes scènes de cinéma automobile, avec un humour décapant. Entre les poursuites avec la police et les explosions de bitume, le batteur du groupe se transforme en chauffard incontrôlable, prêt à tout pour défier la loi de la route... ou plutôt celle du bon sens.

Une véritable claque visuelle et sonore ! Si vous êtes prêt.e.s pour une virée survoltée où l'ironie roule à vive allure, « Egoskeleton » est à voir et revoir sans modération…

vendredi, 06 décembre 2024 16:38

Philippe Katerine et son chien…

C’est un memento mori, en forme de pochette surprise. Le même plaisir, pur, d’y goûter à 17 titres qui pétillent sous la langue, collent ou explosent dans le fond du palais. La même joie, enfantine, d’y trouver toutes sortes de rythmes et de couleurs, mais aussi une mélancolie, à mesure qu’on les découvre et les savoure, de sentir qu’on s’approche de la fin du paquet. Et chaque minute de musique, en même temps qu’elle nous élance, nous atteint. Car ce qui différencie Philippe Katerine de sa chienne Zouzou (qui donne son nom au disque) c’est sans doute ça : la conscience, affûtée et drôle, profondément musicale, que l’artiste a du temps qui passe. De nos vies en sursis.

Sur l’irrésistible « Joyeux anniversaire », morceau soul conduit par une guitare électrique, et zébré de voix d’ami.e.s, Katerine nous rappelle d’ailleurs qu’on a jamais été plus proche de la mort, et là vous êtes plus proche, là encore… D’ailleurs, continue-t-il, avec ou sans gluten, personne n’en sortira vivant (« Bonifacio »). Ailleurs encore : rien n’est comme avant, ça change tout le temps, c’est ça qui est effrayant, c’est ça qui est excitant (« Frérot »). Un sens de l’impermanence, redoutable, qui n’est pas une raison de déprimer mais, au contraire, de vivre d’humour et d’eau fraiche. Comme disait l’autre, quand il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème (« Comme disait ma petite sœur »). Et tout au long de nouveau disque, on retrouve donc l’œil vif et la malice désarmée d’un Katerine - aussi comédien, dessinateur et artiste plasticien -, qui depuis le début de sa carrière kaléidoscopique, a toujours fait de ses propres limites un moteur, et de son sourire un combustible. Et un vecteur d’amitié.

Pour composer et arranger ce onzième disque, Philippe Katerine s’est entouré des complices de sa tournée précédente : le multi-instrumentiste Adrien Soleiman, et Victor le Masne.

C’est que Philippe Katerine aime les connexions improbables entre les registres, les langues et les générations.

Le clip de « Nu » est disponible

 

Wendy Pot est le nouveau projet initié par Sylvain Grout et sa bande. Cet artiste plasticien avait déjà amorcé une forme de reconversion dans le songwriting sur 3 précédents albums sous le patronyme de Grout/Grout.

Aujourd’hui, Wendy Pot, groupe de pop basé à Montpellier, en devient une version plus féminine depuis l’arrivée de Pauline Montels au clavier et au chant.

« Poppy Field » constitue son premier elpee. Coloré et mouvant comme un champ de fleurs, cet LP se déploie sur 12 titres dont l’écriture a démarré pendant la période covid.

Le soin apporté aux mélodies, aux harmonies, à certaines sonorités surannées en fait un album un peu climatique. De ciel bleu, de soleil et d’intempéries.

Le disque est traversé de petites saynètes, allant d’un fragment de vie au sein d’un couple un peu déviant (« In The Blink Of An Eye ») à la déclaration d’amour sous la pluie d’un homme/chien pour son amie (« Your Most Devoted Friend »), en passant par une soirée un peu ‘Peter Sellersienne’ où le narrateur se retrouve harcelé au beau milieu d’un cocktail malaisant par une vieille aristocrate un peu bourrée (« Whoopsidaisies »). Il y a aussi ce morceau teinté de western-pince-sans-rire un peu grinçant (« The Last Killed ») où la violence aveugle d’un ‘nous’ s’abattra un jour sur un ‘tu’ qu’on humiliera jusqu’à ce qu’il soit le dernier tué.

Poppy Field s’achève à la fin d’été calciné par un soleil cruel à l’abri duquel les souvenirs d’une ancienne histoire d’amour adolescente… renaît de ses cendres. « Poppy Field », enregistré ‘dans la sciure’, au sein de différents lieux (notamment la section rythmique qui a été enregistrée dans l’atelier bois de l’école des Beaux-Arts de Montpellier… donc bel et bien dans la sciure ! ) a été mixé par Patrick Mattéis avant d’être masterisé par Pieter de Wagter.

« In The Blink Of An Eye » est en écoute ici

vendredi, 06 décembre 2024 16:35

Pale Grey en pays de connaissance…

« Winston », le nouveau single de Pale Grey, est annonciateur de la sortie du nouvel album du groupe prévu pour le 31 janvier prochain. Il s’intitulera « It Feels Like I Always Knew You » et présente douze personnages croisés par le groupe dans un trajet anodin de la vie quotidienne. Ces 12 étapes de vie, entre fiction, projection et réalités renvoient à cette tendance commune d’imaginer le parcours de gens que l’on croise sur base de petits éléments glanés ici et là. 

« Winston », titre indie-pop imparable évoque le meilleur de Tame Impala ou de Metronomy et met en scène Winston, un politicien qui tente de rallier une foule par le biais d’un double jeu visant à tordre la vérité en sa faveur.  Il a été produit par Ash Workman (Metronomy, Christine and the Queen…) et masterisé par Zino Mikorey (Radiohead, Parcels, Fred Again...)

Percutant, ce nouveau single est inspiré par l'univers dystopique du roman emblématique ‘1984’ et évoque un monde politiquement troublé où les apparences sont souvent trompeuses.

Un thème qui colle étrangement à l’actualité, et notamment ces dirigeants du monde qui nous offrent à voir les plus horribles absurdités.

« Winston » est à voir et écouter

vendredi, 06 décembre 2024 16:34

La fortune de DEAD CHIC

Pour son premier elpee, « Serenades & Damnation », DEAD CHIC continue d’explorer les marqueurs qui ont forgé l’identité du groupe jusqu’alors. Dès les premières notes, pas de doute, c’est du DEAD CHIC : les envolées cinématographiques, les grands espaces, la moiteur, la hargne et la classe : c’est sombre et c’est chic.

Le fantôme d’Ennio Morricone plane toujours sur les titres, bousculés par les fuzz, les explosions sonores et les incantations. Pourtant, la formation pousse le curseur encore plus loin et continue d’explorer des horizons inattendus en puisant, notamment, dans la culture latine pour créer des armées de percussions rampantes, qu’on pourrait s’imaginer entendre une nuit de procession pendant la fête des morts à Mexico.

DEAD CHIC se tourne également vers l’est en invitant la chanteuse stambouliote Tuğçe Şenoğul sur un titre aussi langoureux qu’épique, « Mirage ».

À l’écoute des 11 morceaux, il est clair que cette mixité des influences est un leitmotiv pour le groupe qui puise dans ces sonorités pour créer sa propre mixture, ses propres codes et cherche à s’émanciper d’un héritage rock occidental bien digéré.

L’enregistrement en live au studio Black Box (véritable temple du rock), capté par Peter Deimel, permet de retranscrire la fougue du quatuor.

Enregistrement magnifié par Flavien Van Landuyt qui signe des mixes puissants, soulignant les partis-pris forts du groupe.

L’auditeur se trouve alors plongé au beau milieu de la session studio avec les 4 musiciens, ponctuée par ces quelques échanges entendus ici et là entre les prises, témoignant d’un moment précis et précieux.

DEAD CHIC signe donc un premier opus intense, riche et surprenant. Des bas-fonds aux plus hauts sommets, « Serenades & Damnation » est un voyage immersif, une épopée qui a quelque chose du sacré, dans son intensité et sa ferveur.

Le clip de « Fortune » est à découvrir ici

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