La sortie d’un album de Dominique A constitue toujours un événement au sein dans la sphère musicale…
Se réinventer de manière systématique sans s’éloigner de l’essence même de cette culture qui l’habite depuis toujours et dont lui seul maîtrise la recette, telle pourrait être la préface d’un ouvrage consacré à cet artiste unique en son genre…
Si son dernier essai « Eléor » et son titre éponyme avaient permis aux médias les plus critiques de souligner une absence de risques et une pop trop léchée, « Toute latitude », premier des deux disques d’une année particulièrement prolifique (un second « La Fragilité », paraît en octobre), revient à des fondamentaux ; et notamment grâce au recours à la Tanzbär (NDR boîte à rythmes fabriquée outre-Rhin).
Le résultat révèle des morceaux très susceptibles d’embrasser une forme abrupte tout en lorgnant vers la new wave et ses séquences rythmiques métronomiques, mais aussi des chansons plus chaleureuses à la douceur des flammes d’hiver, à l’instar de la plage d’ouverture ou encore « Aujourd'hui n'existe plus »…
Si l’exercice de style dénote un vrai goût pour l’indépendance des diktats contemporains, le côté synthétique de certaines plages peut vite souffrir d’une linéarité non maîtrisée et glaciale (« Les deux côtés d’une ombre »).
Le gaillard innove toutefois aussi en utilisant la technique complexe du ‘spoken word’ (« Se décentrer »), exercice auquel il s’était déjà essayé en 1990 (« Fossette ») ; ce qui apporte une touche un peu plus percutante et incisive à la narration presque incantatoire des mots prononcés par l’artiste...
Bref, Dominique Ané, à l’état civil, flirte davantage avec l’écrin que la plume, dans un ouvrage qui balaye un genre assez large tout en berçant l’auditeur d’histoires tantôt touchantes et minimalistes parvenant à transformer une banalité en tragédie (« La mort des oiseaux »), voire militantes et percutantes lorsqu’il dénonce l'urbanisation à outrance (« Le reflet »)… le tout modestement, mais allègrement…