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Julie Moors

Julie Moors

mardi, 30 mai 2006 05:00

Yel, c'est Yel...

Le départ de Pascal (guitariste) et son remplacement par Watch (multi-instrumentiste) ont poussé Yel à évoluer vers de nouveaux horizons sonores. Le nouvel opus, « Electrophone », conserve l'univers rock des albums précédents mais s'en voit agrémenté de quelques touches électro efficaces et de claviers émouvants. Les mélodies, toujours empreintes d'influences anglo-saxonnes (Muse, Placebo), viennent servir les textes d'un Jean-X qui prône avant tout l'émotion. 

Jean-X : Il faut être sincère. Je pense que c'est la seule chose qui peut payer sur le long terme. Etre vrai dans ce qu'on propose comme musique et dans ce qu'on propose comme textes. Sinon, on se perd dans des chemins obscurs. Et le fait d'être sincère et d'être touché par ce que le public peut apporter, ça se voit. C'est cet échange entre le public et le groupe qui peut faire que le groupe marche ou pas.

Vous sortez aujourd'hui votre troisième disque. En édition limitée, il est accompagné d'un cd bonus. Pourquoi ne pas avoir réuni tous les morceaux sur un seul disque ?

Jean-X : Initialement, on voulait faire un album qui soit plus vintage, dans le sens de l'écoute. Un peu le style qu'on pouvait avoir dans les années septante. Il n'y avait que ça d'ailleurs : des vinyles avec trente minutes de musique d'un côté, trente minutes de l'autre (NDLR : c'était pas deux fois vingt minutes ?) On voulait revenir à ce format-là. C'est un format sympa d'écoute : avoir vingt-cinq, trente minutes à écouter et après changer. Puis on est parti sur le concept de réaliser un double album au niveau du packaging, de l'objet. On voulait un bel objet et le projet a évolué : on a gardé le double album, ce côté tactile, mais on a un peu changé le concept dans le sens où on a fait un cd onze titres et un cd bonus. Finalement, on n'est pas si loin du projet initial puisqu'on a d'un côté 40 minutes et de l'autre 20-25 minutes.

Le groupe a changé de composition : Pascal (le deuxième guitariste) est parti et a été remplacé par Watch que l'on retrouve aux claviers, à la basse et aux programmations. Cela témoigne-t-il d'une volonté du groupe d'évoluer vers de nouvelles sonorités ?

Jean-X : Oui. Quand il y a eu un changement de line-up, on cherchait une personne avec qui le courant passait et qui pourrait faire évoluer le son. On avait déjà fait un concert avec Watch et le courant passait très bien humainement et musicalement. On s'est dit qu'on allait essayer et ça a bien marché dès le début. On a vu que le son évoluait naturellement. Il n'y avait pas vraiment une prise de position par rapport à ça. Le fait que Watch arrive, le son a évolué. C'est très positif. C'est un peu les circonstances de la vie qui ont fait que le son a évolué.

Sur cet album, on retrouve l'influence de Noir Désir, mais également de Muse ou Placebo. Toutefois, on retrouve aussi quelques touches électro. Qu'écoutiez-vous durant l'enregistrement de ce disque ?

Watch : C'est assez étonnant parce que, de mon côté, j'écoute vraiment peu d'électro. Par contre, j'écoute pas mal de groupes rock qui ont une touche électro, style Placebo. Mais au niveau électro pure, peu. Au niveau des influences, j'écoute beaucoup plus de rock qu'autre chose. Ca reste classique, pas mal de groupes anglophones : Muse, Placebo, … des choses comme ça.

J-X : Moi je n'écoute absolument rien. Je suis dans le trip studio.

La première chanson du cd, « Est-ce que tu l'entends », donne le ton d'entrée de jeu : Yel est un groupe de rock qui chante en français. Est-ce important, pour vous, de rester fidèle à votre langue ?

Jean-X : Le français reste pour nous une évidence. C'est un challenge aussi de faire du français avec du rock'n'roll. Mais ça marche.

Le texte compte autant que la mélodie?

Jean-X : C'est complémentaire. Il y a une émotion qui est dégagée par la musique et le texte prend le relais pour poursuivre l'émotion. Ca va de pair. On pourrait mettre un texte en anglais dessus, ça pourrait fonctionner.

Vous n'avez jamais souhaité sortir un disque en anglais ?

Jean-X : On ne dit jamais ‘jamais’. Mais pour l'instant non. Les textes qu'on propose ne sont pas des prétextes. Je me rappelle d'un chanteur qui disait : 'ben voilà, moi je m'amuse à recopier les sous-titres de certains films pour les mettre dans mes chansons'. Je trouve ce choix pauvre d'un point de vue artistique. Il existe des lyricistes en Belgique qui manient la langue de Shakespeare, bien mieux que moi et qui ont des choses à exprimer. Je parle l'anglais, mais je suis incapable d'écrire de la poésie ou d'exprimer clairement une idée dans cette langue. 

Dans « La nuit, le jour », vous parlez de dépendance. Est-ce de la cigarette dont vous parlez ? 

Jean-X : Tout à fait ! Comment tu as trouvé ?

Londrès, Manille, Danita… Mais à première vue on pourrait croire à une dépendance amoureuse…

Jean-X : Une dépendance, c'est une dépendance. Ce qui est intéressant, c'est de voir qu'en disposant d'une trame assez large, au niveau du thème, au niveau des mots, on arrive avec son vécu à pouvoir penser et à pouvoir voir des choses que d'autres verraient différemment. Mais effectivement, le morceau a été écrit par rapport à une dépendance à la cigarette. 

« Nos raisons de passages » est le morceau le plus agressif de l'album. C'est également le seul texte qui raconte une histoire qui ne semble pas personnelle…

Jean-X : C'est le seul morceau qui est au premier degré. C'est plus facile parce qu'on prend un endroit et on le décrit. J'ai l'impression que c'est plus facile mais c'était un peu un exercice de style. C'était s'essayer à autre chose et comme le morceau était très carré, je voulais un texte très brut. Quand je parle de mes billes et mon chien, c'est très brut aussi, c'est terre-à-terre et ça colle bien à la musique. 

Sur ce disque, vous posez beaucoup de questions (« Faut-il », « Pour le meilleur »). Vous vous interrogez sur la vie, la mort, les relations humaines, la société… Quelle est la question que vous vous posez le plus souvent ?

Watch : Quand est-ce que je bois une bière ? (rires)

Jean-X : Personnellement, je me pose plein de questions sur la vie, la mort. Où sera-t-on dans vingt ans au rythme où on vit maintenant ? Il n'y a pas une question en particulier mais des questions qu'on se pose tous à mon avis. J'ai la chance de pouvoir les mettre en chanson.

Vous écrivez la plupart des textes. Le reste du groupe les accepte toujours ? 

Watch : Il est très rare qu'un texte ne soit pas accepté, car on est toujours en admiration devant ses textes. Une seule fois, un texte a été remis en question ; et encore pas par tout le monde. Personnellement, j'ai toujours été en admiration devant cette faculté d'écriture et je n'ai jamais ni pensé ni osé émettre la moindre critique. 

« Rien d'autre que toi » parle de la recherche d'identité et de bonheur et « J'oublie » décrit un monde dominé par l'argent, où l'on se pervertit pour pas grand chose. Vous pensez que le bonheur ne peut être qu'individuel ?

Jean-X : On se retrouve aujourd'hui à vivre des bonheurs individuels. Pour l'instant, notre société vit une crise d'adolescence. On veut de la liberté mais en même temps on a besoin de sécurité. On ne sait pas trop comment se positionner. Je pense qu'il va y avoir un retour aux valeurs, où le bonheur ne sera plus individuel comme ce qu'on peut vivre maintenant parce qu'on est occupé à se chercher. Je pense qu'on va revenir à des choses beaucoup moins futiles que celles vécues aujourd'hui, beaucoup moins matérielles aussi. Demain, l'environnement ne va pas aller mieux mais je pense que les relations vont s'améliorer.

Pourtant vos textes sont en général pessimistes…

Jean-X : Oui, mais c'est aussi pour ouvrir les yeux du public et faire ressentir certaines choses aux gens en disant : 'regardez, n'y a-t-il pas moyen de faire quelque chose ?'

Certains vous comparent à Kyo. Et en particulier sur des morceaux tels que « Mon âme » ou « Rien d'autre que toi ». Qu'en pensez-vous ?

Jean-X : On nous compare à Kyo, à Pleymo et à Noir Désir. Les deux précédents albums c'était Noir Désir parce qu'ils commençaient à récolter du succès et on les entendait partout. Ici, Kyo a percé depuis 2-3 ans. Or, notre album était déjà sorti ; donc on ne pouvait pas nous le faire. Kyo c'est un groupe français qui fait du rock, comme Pleymo. On apprécie d'être comparé à des groupes de cette trempe. Ce sont quand même des groupes de grande envergure ; ce qui veut dire que la qualité musicale existe aussi. Je pense qu'on a tous en commun, eux comme nous, les mêmes influences anglaises. On les a digérées chacun de son côté et, aujourd'hui, on restitue ce qu'on a entendu, ce qu'on a vécu, ce qu'on a ressenti. A part ça, je pense que si à l'époque, on était un ersatz de Noir Désir, on n'existerait plus. Le public a vu qu'il y avait autre chose. Le troisième album va encore montrer que Yel, c'est Yel.  

Dans « Pour le meilleur », vous dites : 'pour le meilleur, je ferai le pire, pour notre meilleur avenir'. Quel serait votre meilleur avenir ? Quel serait le pire que vous puissiez faire pour y parvenir ?

Jean-X : Le meilleur avenir ? Pour l'instant c'est que l'album fonctionne en Belgique au moins aussi bien que les deux premiers voire mieux et puis d'avoir une diffusion plus internationale dans les pays francophones : en France, en Suisse, au Québec… On sera distribué en France et en Suisse. Maintenant faut voir à quelle échelle. Et puis nous espérons accomplir une tournée. Mais une vraie tournée, digne de ce nom. Le pire qu'on pourrait faire pour y arriver ? Je pense que, dans ce métier, il n'y a pas de trucs pires à faire…

Mais il y a des sacrifices…

Jean-X : Oui, en même temps les sacrifices sont le passage obligé pour exercer ce métier qu'on veut faire. Ici, les sacrifices sont difficiles à vivre parce que ce sont surtout des sacrifices familiaux, d'argent, etc.… mais ça vaut toujours la peine d'aller rencontrer le public ailleurs. Il y a toujours un retour équivalent aux sacrifices consentis.

Dans « Se manquer », vous chantez : 'Juste se manquer sans se perdre, je nous défends de nous défaire'.  Ce titre n'aurait-il pas pu s'appeler aussi « Intimes illusions » ?

Jean-X : En fait, ce morceau a été écrit en pensant au public, car il y avait très longtemps qu'on n'avait plus tourné en Belgique (un an et demi). C'est un morceau pour dire qu'on est là et qu'on voit que vous êtes toujours là. On peut se manquer mais pas se perdre. Parfois, c'est bien parce que les retrouvailles sont d'autant plus intéressantes. Ce n'est pas grave de quitter quelqu'un, de dire au revoir quand on sait qu'il y aura un retour. Pendant toute la période d'absence, on nourrit quelque chose et quand on se retrouve, c'est d'autant plus fort. C'est un peu le message qu'on voulait faire passer : le public est toujours là et ça nous fait chaud au cœur.

En 2001, « Infinite love songs », chef d'œuvre du genre, révélait au grand jour le nom d'un artiste enchanteur. Cinq ans plus tard, Maximilian Hecker sort son quatrième album, 'I'll be a virgin, I'll be a mountain'. Mélodies aériennes, voix céleste, il continue à ériger cet 'univers parallèle', en quête de pureté. Romantique, oui. Mais certainement pas triste. Selon lui…

Comment doit-on interpréter le titre de votre album, « I'll be a virgin, I'll be a mountain »?

C'est un désir d'atteindre différents états. Je pense que c'est un désir humain naturel : la paix intérieure et la pureté. Une envie d'échapper à la réalité, pour atteindre un monde qui est ailleurs. Par exemple, dans le christianisme, cet 'univers parallèle' est le paradis. C'est similaire ici: il ne doit pas être le paradis chrétien mais un endroit où l'être humain est libéré de son corps et de ses besoins de la vie réelle. C'est, en fait, une image très facile…

Dans la chanson éponyme, vous chantez: 'I'll be a virgin when I reach you, I'll be a mountain when I touch you'. Ca pourrait être sexuel…

Non, bien sûr que non. Le sexe est bien trop réel.

Certaines chansons (« Messed-up girl » entre autres) rappellent fortement la musique de Paul Simon. Est-ce une influence pour vous ?

Oui, c'est une influence et il y en a d'autres: Bob Dylan et des groupes plus récents, Radiohead par exemple, Grandaddy…

Comment vous situez-vous dans un paysage musical allemand plus orienté vers l'électro que la pop ou le folk?

Je m'en fous. Comment cela pourrait-il m'affecter? Tant que le gouvernement allemand ne me force pas à faire de la musique électronique…

A deux reprises (« Snow White » et « Feel like children ») vous citez Blanche-Neige. Cette histoire vous inspire ?

Blanche-Neige a été empoisonnée. Elle était entre la vie et la mort. Mais elle n'est pas morte : quand ce gars est venu après un certain temps, elle s'est réveillée. Dans ce conte de fées, le paradoxe est possible : quelqu'un expérimente une paix éternelle et le silence tout en étant vivant. C'est un état intéressant.

Dans "The saviour", vous déclarez: 'there's nothing in this world to save my life'. C'est très dur…

Dur pour qui? Beaucoup de choses dans ce monde ne sont pas très heureuses. La mort est une question de culture. Elle n'est pas toujours envisagée comme une fin, c'est juste quelque chose qui arrive au cours d'un processus. Dans d'autres religions, c'est un cercle: la mort n'est pas considérée comme quelque chose de négatif. Pour moi, ce n'est pas négatif non plus. C'est juste une porte pour cet état, cet autre monde où l'on peut finalement ressentir cette paix éternelle. C'est quelque chose que tout le monde attend, la raison qui explique la lutte d'être en vie. Si les auditeurs rentrent dans cette idée, ils comprendront que je n'essaie pas de sonner triste. C'est l'inverse.

L'album s'achève sur ces mots: 'I lose my daydreams, I lose my colours, I lose my longing, I find myself' ("Grey"). Est-ce votre façon de conclure? Il y aurait plus d'espoir que de tristesse ?

Il n'y a pas de tristesse sur cet album. Selon moi, les choses tragiques et le désespoir sont très romantiques. C'est juste un état avant la liberté et la paix. Ca peut sembler paradoxal mais peut-être pas. Par exemple, les gens ont toujours écrit des drames pour le théâtre ou le cinéma. Créant un effet sur les spectateurs qui les regardent. Personne ne va voir le film Titanic pour déprimer davantage ensuite, mais pour se sentir transporté et être dans un bon état d'esprit. Et même pleurer a quelque chose de cathartique. Dans les moments de profond désespoir, tellement existentiel, vous anticipez déjà ce qui arrive après le moment cathartique. Ceci explique que quelque chose ici peut sonner triste ou est lié à la souffrance. Vous aimez vous faire du mal ?

Pas spécialement…

Donc si vous écoutez l'album, ce n'est pas pour vous faire souffrir, il doit y avoir une raison… Je pense que si vous n'écoutez pas les paroles, par exemple, et que vous n'écoutez que la musique, le sentiment que vous avez est chaud, positif. Même si les gens appellent cela de la musique triste, l'effet est contraire. Il existe beaucoup de musiques qui peuvent communiquer un sentiment de tristesse. Celle de Radiohead, par exemple. Mais les gens l'écoutent et ont un sentiment positif. Peu importe comment cette musique est baptisée ; ce qui compte c'est qu'on se sente bien en l'écoutant.

Étonnamment, certains vous comparent à James Blunt. Vous admettez la comparaison ?

Je ne connais pas vraiment la musique, je devrais vérifier. C'est plus pop, plus propre, non ? Peut-être est-ce le cliché de quelqu'un portant des longs cheveux, s'accompagnant à la guitare et écrivant des chansons d'amour. Au passage, je n'ai jamais composé une chanson d'amour. Si j'étais membre d'un groupe, personne ne me comparerait à James Blunt. Lui et moi utilisons juste un nom. Sa musique et la mienne ne sonnent pas vraiment comme de la musique de songwriter. Elle émane d'un groupe avec batterie, etc… Clichés.

Dernière question, on parle souvent de vos cheveux. Quel est votre secret ?

Le fait est que Liam Gallagher imite les Beatles et j'imite Liam Gallagher. Il n'y a donc aucun accomplissement personnel. C'est truqué.

mardi, 10 octobre 2006 05:00

Sur le fil de la gouttière

De son passé au sein d’un groupe pop rock anglais, Yohm garde le sens de la mélodie. Vient alors l’électrodrum, et enfin le jazz manouche dont il tire l’art du rythme. Fort de ces expériences, il revient aux sources : la chanson française et… ses textes. Crooner parfois (« Latine Lover »), charmeur souvent (« Toi et Moi »), toujours conteur (« James »), Yohm dépeint la vie, celle des comptoirs de bars où ‘on refait le monde à coups d’espoir’ (« Rue de la Crèche »). Suivant la voie de Saule, quelquefois la voix de M, jouant la chaleur des plages ensoleillées de Lafontaine (« Bungalow »), Yohm propose un répertoire dynamique, tant ludique qu’authentique. Accompagné de Martin Michiels (pour un duo de guitares), on l’imagine écumant les cafés, égayant les piliers de bars. Chauffe, Yohm, chauffe !



mardi, 17 octobre 2006 05:00

La mise à monde

Sam VerleN est breton et sa musique lui ressemble. A des sonorités modernes (cuivres, guitare, batterie) viennent s’intégrer des instruments traditionnels (accordéons, bohdran). Sur ses musiques tantôt festives, tantôt touchantes, il vient poser des mots, des mots de têtes comme des mots doux. De fable folle fine et fantasque (« La fée ») en confession amoureuse (« Ma maîtresse »), Sam VerleN trace son petit bonhomme de chemin, quelque part entre La Rue Kétanou et Vincent Delerm. ‘Ceux qui louvoient, ceux qui gravitent, seulement là où ça leur profite, j’évite. La sérénité, le bon temps, les jours heureux depuis longtemps, j’attends.’ (« Je »). Sam VerleN élude et encaisse, pleure et écrit, part et chante. Et sa musique est mise à monde.



lundi, 28 août 2006 05:00

Island of silence

Si la cannelle a des vertus toniques et stimulantes, celles de sa fleur, Cinnamone, seraient plutôt la délicatesse et la sensibilité. En quatre morceaux, le groupe emmené par Ruben Hillewaere dévoile ses saveurs. Ambiance intimiste pour chansons acoustiques. Harmonies vocales savoureuses sur textes qui, en français comme en anglais, témoignent d’une écriture subtile. La rupture, l’indifférence, le silence sont ici joliment racontés, sans plainte agaçante ni chagrin pathétique : 'Je t’enterre de silence, six pieds d’indifférence' (« Tiré un trait »), cruel mais sincère. Si la colère pacifique de « Moss on their graves » et la ballade nostalgique de « Reminiscence » émeuvent sans bouleverser, le titre « Island of silence », éponyme à l’album et (très) court, passerait pour une piste cachée d’Elliott Smith. Compliments. En attendant la suite…



mardi, 27 mars 2007 05:00

Declare a new State

Coup de foudre à Boston. Blake Hazard rencontre John Dragonetti. Elle a grandi dans le froid du Vermont. Lui, sous la chaleur torride de Dubai. Après avoir enregistré les chansons signées par Blake et joué celles de John, après, surtout, être tombé amoureux, ils se séparent. Malheureux l’un sans l’autre, ils écrivent chacun dans leur coin des chansons. Tristes, bien sûr. L’histoire des Submarines commence ici, lorsqu’ils se retrouvent et écoutent leurs lettres musicales. Tout prend du sens et, en toute logique, « Peace and hate » ouvre l’album.  Duo de répliques plus que de chœur, Blake et John se répondent au long d’une pop indie aux arrangements plutôt élégants (on pense parfois à Postal Service). Mettant en avant les guitares acoustiques, les morceaux tantôt légers (« Vote », « Brightest discontent »), tantôt mystérieux (« Hope », « Modern inventions ») s’enchaînent suivant le fil pourtant noir de la rupture. Rien de très audacieux. Cependant les mélodies sont fines et lumineuses, comme l’éclair pendant l’orage. Au final, « Declare a new state » vote pour une réconciliation, mais reste un disque d’humeur.



mardi, 16 janvier 2007 04:00

Folk Off

Signé sur le label anglais Sunday Best et divisé en deux volets, « Folk Off - New Folk And Psychedelia From The British Isles And North America Compiled By Rob Da Bank » est à ranger au rayon ‘anthologie’ (plus que compilation). D’un dépouillement magnifique (guitare-voix) aux plus complexes arrangements, le folk tend à (re)devenir le mode d’expression musicale premier. Moins contestataires qu’aux origines mais toujours observateurs d’un monde perturbé, ses artisans conjuguent le sublime au long des trente chapitres de ce grand journal intime.

Les Iles Britanniques ouvrent leur voie grâce au « Pionneers » de Tunng, s’appropriant parfaitement le morceau de Bloc Party. S’ensuit alors une série de titres simplement beaux. Certains instrumentaux (« Guitare miniature » de North Sea Radio Orchestra ou le rayonnant « Dawn » de Eighteenth Day Of May) se glissent parmi les bidouillages électroniques étranges de Same Actor (« Nothing Yet ») ou pénétrants de Listen With Sarah (« Blue Parsey »). Rêves. La présence de talents reconnus (James Yorkston & Reporter) ou à découvrir (Songs of Green Pheasant) renforce l’idée d’avoir entre les mains un monde onirique splendide et douloureux.

Face à ce premier versant, l’Amérique du Nord regorge d’armes plus ou moins secrètes. Première réplique, Micah P. Hinson propose sa version de « Yard Of Blonde Girls » (déjà présente sur l’album « Dream Brother- The Songs Of Tim + Jeff Buckley »). Reprise encore, de Cohen cette fois (il semblait inévitable de passer à côté du maître en ces contrées), Marissa Nadler s’empare du « Famous Blue Raincoat » pour lui offrir une délicatesse aérienne (au détriment d’une profondeur authentique). Délicatesse toujours, Espers reprend le traditionnel « Rosemary Lane ». Le génie d’Animal Collective, les trépidantes Au Revoir Simone, le singulier Sufjan Stevens ou encore la douceur de Mi & L’Au tirent ce deuxième disque vers le sommet, truffé de bonnes surprises telle que la participation de Feist sur « Snow Lion » de Readymade FC.

Pour conclure, cette collection atteste de l’infinité créative que le folk peut offrir. Car ce dernier a cela de passionnant qu’il se surpasse lui-même, abattant toute frontière que l’on croyait érigée. Inépuisable.

 

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