Earl Zinger a-t-il jamais existé ? Cet homme aurait débuté sa carrière dans les années 40, avec comme copains de guindaille William Burroughs et Jack Kerouac. Au début des années 60, il convainc Robert Zimmerman de changer son nom en Bob Dylan, puis signe chez Stax et Motown avant de partir en direction de la Jamaïque pour taper le bœuf avec King Tubby et le jeune Bob Marley… Un jour de 76, il rencontre un Malcolm McLaren hésitant, qui lui demande des tuyaux pour créer un groupe. " Never mind the bollocks, just do it… ", répond le vieux briscard, jamais avare de conseils juteux. Un peu plus tard, il apprend l'art du Djing à Kool Herc, et refait le monde avec Afrika Bambaata. Public Enemy et Stetsasonic deviennent ses amis, tandis qu'il passe ses samedis soirs avec Larry Levan au Paradise Garage. Evidemment, il est aussi à Ibiza quand naît l'acid house, et c'est même lui qui aurait composé le fameux " Strings Of Life " de Derrick May… Euh, et Kurt Cobain, c'est son fils illégitime d'un mariage raté avec Madonna ? Et il aurait pas non plus inventé la drum'n'bass, par hasard ? Et puis les Strokes, c'est pas un coup monté de sa part ? Ne serait-ce pas LUI qui a gagné l'Eurovision de la chanson en 1986 en se faisant appeler Sandra Kim ? Non, mais sans blague ! ! ! D'où sort ce type, soi-disant présent lors de toutes les révolutions musicales de ces quarante dernières années ? Sans doute qu'Earl Zinger est un fameux rigolo, peut-être un véritable imposteur, mais, fort heureusement pour lui, sa musique le sauve : à mi-chemin entre un Ian Dury rasta et un Randy Newman engourdi par l'ecstasy, Earl Zinger jongle sans vergogne avec tous les genres (pop, rap, reggae, électro,…), les détournant pour mieux leur rendre hommage. En emportant le " Song 2 " de Blur sous les rivages enfumés de la Jamaïque (" Song 2Wo ") ou en transformant le " Once Around The Block " de Badly Drawn Boy en " Mélodie du Bonheur " (le film) avec " Go Round ", le sieur Zinger se joue des étiquettes avec altruisme et talent… Certains morceaux n'évitent cependant pas l'écueil de l'exercice de style racoleur et pompier, comme ce " Battle Of The Mic " aux tics très Beastie Boys et ces interludes délurés qui ternissent l'ensemble et la cohérence de l'œuvre (" Ringa Dinga Zinga "). " Put Your Phazers… " n'en reste pas moins un grand disque foutraque et gourmand, à consommer sans modération.