Trois ans après "Californication", album de la maturité et de la consécration, les RHCP nous reviennent plus en verve que jamais, les singeries métal une fois pour toutes au placard et le calepin pop encore plus bourré d'idées et de mélodies sublimes. Pourtant, l'album démarre en trombe rock'n'roll, la basse de Flea martelant le chant vocodorisé d'un Kiedis surchauffé, toujours en lutte avec ses démons intérieurs… "By The Way" roulerait-il des mécaniques, comme au temps des fusions de "Blood Sugar Sex Magic", le disque fondateur du nu-métal ? Pas du tout : depuis "Californication", les RHCP ont préféré troquer leurs haltères contre l'intégrale des Beach Boys - le retour de John Frusciante, le guitariste prodige, y étant sûrement pour quelque chose… Dès le deuxième titre ("Universally Speaking"), les Californiens reprennent donc les mélodies colorées et les harmonies douces-amères là où ils les avaient laissées ; bref en haut des hit-parades et dans nos cœurs d'éternels adolescents. "Dosed", "Don't Forget Me",… que des hits en puissance, sans parler de ce "This is the place" rédempteur, hommage honnête aux junkies de la terre, dont Frusciante a fait longtemps partie… Heureusement pour nous, le guitariste s'est débarrassé de ses caprices d'héroïnomane, reprenant le manche et décidant du cap à emprunter par le groupe, direction le pays des rêves pop et des ballades crépusculaires. Au bout du voyage, après quelques virages funky ("Can't Stop", "Throw Away Your Television") et plusieurs escales sympathiques en "terra incognita" (l'air mariachi de "Cabron", la new-wave de "Warm Tape, qu'on croirait échappée du dernier album solo de Frusciante), les RHCP peuvent contempler le chemin parcouru, le superbe "Venice Queen" (deux chansons pour le prix d'une) en parfait épilogue, et se dire qu'ils ont, encore une fois, enfanté un chef-d'œuvre.