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Redouane Sbaï

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jeudi, 27 novembre 2014 00:00

The Moneymaker

Jo-Vaughn Scott est une usine à tubes à lui seul. Son nom d’artiste, Joey Bada$$, affiche deux ‘dollar signs’ bien à propos. Le rappeur bankable à mort était de passage ce jeudi 27 novembre au Botanique, dans une Orangerie bondée et bouillonnante pour y présenter « B4.DA.$$ » (lire ‘before the money’), un premier LP très attendu, après trois impeccables mixtapes qui ont mis l’eau à la bouche des aficionados d’excellent Hip Hop circa nineties.

Après un premier passage sur les planches belges l’été dernier à Dour, le rappeur originaire de Bed Stuy, à Brooklyn –quartier d’origine de nombreux artistes tels que Jay-Z, Mac DeMarco, Norah Jones, Mos Def ou les regrettés Notorious B.I.G. et Aaliyah– revenait mettre le feu en Belgique pour la seconde fois en moins de 5 mois.

Le concert, sold-out depuis plusieurs semaines, réunit principalement un public jeune et chaud bouillant. Pile à l’heure, Bada$$ investit la scène, précédé par une surprise de taille puisque c’est le DJ et producteur Statik Selektah qui est en charge des beats ce soir. Dès l’entame, le parterre est déjà conquis à la cause du MC, qui parcourt à la même mesure ses deux mixtapes principales « 1999 » et « Summer Knights » ainsi que le premier LP ‘officiel’, « B4.DA.$$ » à paraître en janvier 2015.

Les tubes se suivent et ne se ressemblent jamais. Le flow de Joey Bada$$ est limpide et n’a rien à envier à des Method Man ou autres Jay-Z. Le public connaît tous les hits du bonhomme, scandés d’une seule voix, des énormes « Waves », « Christ Conscious » et « Big Dusty » aux frémissants « Snakes », « Sweet Dreams », « On & On » et « Unorthodox ». Kirk Knight est le seul membre du collectif Pro Era, auquel appartient Bada$$, à accompagner son collègue sur les planches. Le temps de mettre le feu sur deux ou trois morceaux ainsi que sur les courtes reprises du « Simon Says » de Pharoahe Monch et « Ante Up » de M.O.P., qui vont déclencher l’hystérie dans le parterre. D’autant que le jeune homme, âgé de 19 balais à peine, n’hésite pas à se jeter dans la foule, histoire de mettre de l’huile sur un feu déjà ardent.

Joey Bada$$, Statik Selektah et Kirk Knight sont, ce soir, les parfaits ambassadeurs  de la ‘Beast Coast’, une East Coast nouvelle génération qui ne cesse de surprendre en s’appropriant et réinventant un Hip Hop Old School qui avait disparu des radars depuis le début des années 2000. En une heure à peine, l’acteur principal de la soirée est parvenu à asseoir sa réputation sans le moindre effort. Enorme ambiance, playlist parfaite. On a déjà hâte de retrouver les prochains représentants de la ‘Beast Coast’ effectuer un passage dans nos contrées. En l’occurrence il s’agira des Flatbush Zombies et The Underachievers, qui passeront par le VK* le 23 mars prochain. Le rendez-vous est pris.

(Organisation : Botanique)

James Brown is dead. Long live à Lee Fields! La comparaison ne date pas d’hier, mais lorsque l’on voit ce dernier se démener sur scène, on ne peut la remettre en question tant Lee Fields est à la Soul ce que James Brown a été au funk : un pur génie. Et une Rotonde pleine à craquer avait l’honneur d’accueillir celui que l’on surnomme ‘Little JB’, ce mercredi 22 octobre.

Dehors, il fait dégueulasse. Mais ce soir à la Rotonde, la température va instantanément monter d’un cran. « All I Need » ouvre le bal sur le coup des 21h. The Expressions, le band attitré de Truth & Soul Records qui l’accompagne depuis « My World », publié en 2009, le devance sur les planches. Belle entrée en matière. Et son entrée, Lee Fields ne l’a pas ratée ! Une ovation plus tard, les neuf hommes en costard enchaînent sur un bon vieux « My World » et les plus récents « Standing By Your Side », « Don’t Leave Me This Way », extraits de l’excellent « Emma Jean ». Un disque qui se taille la part du lion, ce soir. Les cuivres dégoulinent sur un « It Still Gets Me Down » sensuel à souhait tandis que le chanteur se déhanche pour les demoiselles de l’assistance.

D’ailleurs, les demoiselles en auront eu pour leur argent, le Soul Man leur dédiant la plupart des morceaux et plus particulièrement « Ladies », of course. Mister Fields se trémousse et se démène sans relâche, transpirant à grosse gouttes. Le set arrive brutalement à sa fin sur l’intense « Faithful Man », suivi d’une acclamation retentissante. La Rotonde est euphorique et le fait savoir au roi de la Soul, qui rapplique pour un rappel entamé par un petit instrumental de The Expressions. Le retour de Fields est chaudement accueilli pour un « Honey Dove » qui sonne ensuite la fin des festivités. Un tour de chant et puis s’en va. On en voudrait plus ! Au moins un petit « Magnolia »… 1h20, ça paraît court, vu la carrière du bonhomme. Mais après ce qu’il a envoyé, on se contente de lui tirer le chapeau et belle révérence. 

(Organisation : Botanique)

Russell Whyte, plus connu sous le nom de Rustie, déposait ses platines sur les planches du VK, ce jeudi 16 octobre pour y présenter « Green Language », un second LP en demi-teinte mais imprégné de bonnes grosses basses bien lourdes, à l’image de ce concert, qui en aura laissé plus d’un sur sa faim.

Pour son troisième passage sur une estrade bruxelloise (1ère fois en 2009 à l’AB, 2ème au Bozar Electronic Weekend en 2011), le DJ/producteur écossais a convié en première partie Yarin Lidor, DJ israélien qui explore le même terrain, un genre hybride et inclassable de Bass Music, Hip Hop et électro. L’homme propose un DJ Set sans grandes étincelles. Et des étincelles, cette soirée n’en produira pas énormément. Heureusement, il y a le bar.

Habitué aux retards de la salle molenbeekoise, c’est sur le coup des 21h que je débarque dans un VK quasi vide. Un rideau réduit l’espace de l’auditoire de moitié. Derrière le voile, un parterre clairsemé. Ce n’est décidément pas un succès de foule pour le jeune producteur de Glasgow. En attendant l’arrivée de ce dernier, Yarin Lidor fait timidement danser quelques clubbers du jeudi soir sur un set qui semble s’allonger indéfiniment.

Plus qu’une impression, puisqu’il a fallu attendre 21h45 pour que Rustie daigne rejoindre ses platines pour le ‘Live VJ Set’ annoncé. Derrière lui, l’écran diffuse des variations d’une seule et même image : celle de flamands roses illustrant la pochette de « Green Language » et le vidéoclip de « Raptor ». Le set démarre lentement sur quelques extraits de son dernier labeur. Pas content le Rustie ? Ou juste amorphe ? Le jeune homme affiche une mine fermée, résolument tournée vers ses machines. OK, vu le matériel déployé, les manips demandent certainement une bonne dose de concentration. Mais, sourire oublié en coulisse, l’Ecossais preste sans communiquer la moindre émotion. La salle gigote sur les « Lost », « Attak », « Surph », « Ultra Thizz » et autres capsules empruntées à ses collègues de Warp, comme le génial « Chimes » de Hudson Mohawke, qui sera le point culminant de la soirée. Et, à contrario d’un DJ set, pour que ce soit le titre d’un autre qui se révèle être le point culminant du show live d’un artiste, ce dernier a de quoi remettre en question sa prestation. Au bout d’une petite heure, le mecton lâche ses manettes et se barre sans se retourner. Allez, si, un petit rappel riquiqui et puis s’en va. Et je fais de même, assez déçu du résultat, malgré quelques passages pourtant prometteurs.

(Organisation : VK)

Clap 25e pour Couleur Café ! L’évènement revient en plein cœur de Bruxelles pour donner le ‘La’ de la saison des festivals. Depuis quelques années maintenant, CoulCaf’ ratisse large au niveau de sa programmation. C’est donc sans grand étonnement que se côtoient à nouveau sur ses 3 scènes des artistes aux univers totalement différents : Bootsy Collins, Basement Jaxx, Morcheeba, Ben Howard, Alpha Blondy, Puggy, Tricky, Laura Mvula, The Subs... De quoi faire grincer les dents aux plus fidèles, sans pour autant déplaire au jeune public ou celui qui découvre le festoche. Mais, cette année, plus que le manque de cohérence de l’affiche ou l’accentuation de l’exiguïté du terrain de jeu, c’est la pluie qui a fait une apparition surprise peu appréciée.

Encore raisonnablement clément à l’entame, consacrée au retour sur les planches de Dilated People, trio hip hop/rap de L.A. qu’on avait perdu de vue depuis 2006, le ciel n’a pas eu de pitié pour Dizzee Rascal qui, dès 18h45, a dû (et su) draguer les plus courageux et les rassembler au son de ses vieilles tueries Grime et ses nouveautés un peu plan-plan. Le parterre plus que clairsemé danse, sautille aux pieds d’un Rascal guilleret. On aurait aussi envie de se démener sur ses « Fix Up Look Sharp » ou « Bonkers » mais c’est du côté du chapiteau ‘Univers’ qu’on trouvera notre salut sur les rythmes chauds de Morcheeba et la douce voix de Skye, qui n’a pas changé d’un iota. La formule trip hop/ pop du trio permet d’oublier la grisaille, le temps de quelques morceaux.

Allez, on ne se laisse pas miner, et direction le Move où le quatuor hollandais et sud-africain Skip & Die se démène chaleureusement. Catarina Dahms, la chanteuse, est affublée d’une combinaison fleurie et de mèches roses à la Katy Perry. Musicalement, on est sur un autre terrain, puisque la formation se distingue par un mélange de rock, d’électro et de rythmes afrobeats complètement percussifs et percutants. Ici aussi, on danse, malgré la pluie et les énormes graviers qui jonchent le parterre. La bonne surprise du jour.

Le même podium accueille ensuite les Amstellodamois de De Jeugd Van Tegenwoordig, qui font le même effet que leurs prédécesseurs, devant un auditoire clairement rajeuni. « Watskeburt?! », joué en début de set, met le feu aux poudres et assèche le ciel pour une petite heure.

Honte à moi, je fais la semi impasse sur les deux ténors de la scène rock belge à l’affiche ce soir. A savoir Girl In Hawaii, qui gravit son « Everest » sous l’‘Univers’, suivi directement, sur le Titan, de Puggy qui profite de l’accalmie pour rassembler un large public. Mais la faim et la soif ont un effet plus important sur ma volonté. Comme l’an dernier, les stands victuailles sont rassemblés au sec, dans un antre forcément bondé. Et même rituel, il faut au moins une bonne demi-heure pour arrêter un choix sur le repas du soir. Il faut dire que l’odeur des épices des spécialités de chaque stand met l’eau à la bouche !

Une fois repu et après deux ou trois échauffements sous la tente ‘Univers’, occupée par les Autrichiens du Parov Stelar Band et leur electroswing sympathique mais pas exceptionnel, direction le Titan où Basement Jaxx effectue son grand retour sur les planches, à l’occasion de la sortie prochaine de « Junto ». Les nouveaux morceaux, très orientés House, se mêlent parfaitement aux classiques « Good Luck », « Jump N’ Shout », « Romeo », « Red Alert », un « Do Your Thing ? » festif qui fera décoller les pieds du public, l’excellent « Fly Life » en clé de voûte d’un set haut en couleurs et un « Where’s Your Head At ? » en guise de climax.

Au final, la pluie n’a pas gâché grande chose de cette grande fête annuelle à laquelle on continue de croire, malgré quelques petits points rouges.

(Organisation : Couleur Café)

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dimanche, 18 mai 2014 01:00

Alive and Kicking

Mad Soul tonight at the AB! Sharon Jones est de retour sur les planches de l’Ancienne Belgique! Tout naturellement sold-out, le show intervient deux ans après son précédent passage dans la salle bruxelloise, qui avait laissé l’auditoire sur les genoux. Et une fois n’étant pas tradition, Miss Jones, accompagnée de ses éternels et mythiques Dap-Kings, a rallumé le feu au cœur de la capitale lors d’un show retransmit en direct sur YouTube.

Précédé d’un DJ set dispensé en dents de scie par l’Ecossais Keb Darge, pourtant connu pour dénicher de jolies pépites rares, le concert démarre ponctuellement, comme il est de coutume à l’AB. Place à la reine de la Soul actuelle, Sharon Jones, une sacrée boule d’énergie positive. A 58 ans, la dame de fer de l’écurie Daptones Records, resplendit plus que jamais.

Les huit Dap-Kings prennent place dès 21h, suivis des deux choristes qui figurent dans la vidéo de « Stranger To My Happiness ». En guise de mise en bouche, ils vont ensemble interpréter deux sympathiques morceaux extraits du premier LP à venir de l’une des backup singers, dont je n’ai malheureusement pas saisi le nom. De quoi chauffer doucement le public avant l’arrivée de la reine de la soirée. Et quelle reine ! Vêtue d’une petite robe grise et noire à franges, elle met le public dans sa poche, à peine débarquée sur les planches. A cause de son charisme, son humour et son talent incroyables.

Chez Sharon Jones, rien n’est statique. Les franges s’envolent, la tête se secoue dans tous les sens, les jambes se démènent malgré de hauts talons… Et une humeur sans faille communiquée à toute l’assemblée, malgré la présence de touristes qui ne parviennent pas à retirer le bâton de leur derrière. Les premiers rangs, eux, sont bouillants. La chanteuse se prête même au jeu de la danse langoureuse tout au long d’un morceau, en compagnie d’un jeune homme qui se s’est habilement glissé sur scène sans qu’on ne le remballe immédiatement. Un moment qu’il ne risque pas d’oublier, le Fred.

Qu’à cela ne tienne ! Elle fait ensuite appel à quelques demoiselles du parterre qui l’accompagnent le temps d’une efficace démonstration de danse. Du côté de la set-list, le groupe se concentre essentiellement sur « Give The People What They Want », quatrième LP paru en janvier dernier. Les envolées de cuivres se suivent et font mouche à chaque note, rehaussant ces arrangements Funk et Soul vintage, que Sharon Jones sublime de sa voix gospel. Un sans-faute pour cette grande dame qui luttait encore contre un cancer des voies biliaires, moins d’un an auparavant. Ce soir, il fallait être mort ou apathique pour ne pas avoir la moindre gouttelette de sueur qui perlait au milieu du front.

Les prochains rendez-vous belges de Sharon Jones et ses Dap-Kings sont prévus pour le 31 octobre au Vooruit de Gand, et le 6 novembre au Het Depot de Leuven. Deux options, aucune excuse !

(Organisation : Live Nation)

Les Nuits Bota battent leur plein ! Il a fallu opérer des choix en cette troisième journée qui accueille George Ezra au Grand Salon, Cat Power au Cirque Royal, Arc Iris à la Rotonde et White Denim à l’Orangerie. Mais difficile de résister à l’appel des Australiens de Jagwar Ma qui venaient présenter leur irrésistible « Howlin’ », sous le Chapiteau du festival.

Pas d'urgence ce soir. C’est qu’il fait 21° dehors ! Complètement allergique à la pop insipide de Jamaica, je pénètre dans le chapiteau sur les coups de 22h30. Soit à l'instant même où la lumière s'éteint. Il reste pas mal de place, le concert n'est pas complet. La tente éphémère est tout de même bien remplie, et le parterre à l'air particulièrement motivé. Tant mieux, c'est exactement ce que Jagwar Ma est en droit d’attendre de son public. Parce que, Jagwar Ma, ce sont deux mecs australiens qui ont compris exactement comment faire bouger une foule.

Le duo (trio pour le ‘live’) est au rendez-vous pile à l’heure. Les gars avaient déjà fait leurs preuves sur une scène belge, en l’occurrence celle de l’AB, il y a un peu plus d’un an lorsqu’ils accompagnaient Foals pour leur tournée européenne. Une performance qui n’avait pas laissé indifférent les fans du quintet, puisque plutôt bien acclamée.

Sur l’estrade, pas de batterie. Jono Ma se charge de l'intro de « What Love », derrière son dispositif de DJ. Son binôme et interprète, Gabriel Winterfield, prend place derrière son micro, aux côtés de leur bassiste live, Jack Freeman. Une heure durant, les trois gaillards vont enchaîner les morceaux de l’excellent « Howlin’ ». Des versions revues et corrigées pour la scène, comme ce « Come Save Me », titre rock’n’roll aux accents psyché qui bifurque dans ses dernières minutes vers un véritable hymne dancefloor, rallié à un « Exercise », un peu plus faiblard. Les singles « Man I Need » et « The Throw » finissent par dégourdir les jambes d’un public chauffé à blanc. « Four », l’un des morceaux les plus electro de la bande, et le spasmodique « Let Her Go » achèvent le boulot.

Au bout de 45 minutes, Winterfield annonce la fin des festivités, clamant ‘We only have one album guys !’ devant la déception manifeste du parterre. C’est donc en omettant les deux ballades de leur premier LP que les trois musiciens effectuent un rappel sur un « That Loneliness » brillamment allongé de quelques beats bien placés. Une petite heure directe et efficace.

A revoir cet été au festival de Dour, le 19 juillet prochain !

(Organisation Botanique)

Jagwar Ma

 

Les Nuits Botanique 2014, c'est parti. Ou presque. Car comme souvent, le Bota propose un petit amuse-gueule avant le vrai début des festivités, prévu pour ce 16 mai. Au programme, The Neighbourhood, qui fait salle comble au Witloof et, à l'étage, les Canadiens de BadBadNotGood. A l'extérieur, le chapiteau, pas tout à fait prêt, prend doucement forme, niché en plein milieu du parc Botanique, au même emplacement occupé il y a quelques années, lorsque le festival se déroulait au mois de septembre, et qu'il a finalement retrouvé l'an dernier. En attendant de pouvoir y faire un tour, direction l'Orangerie pour la première découverte scénique de cette édition.

BadBadNotGood réunit trois Torontois qui pratiquent une fusion surprenante de jazz et de hip hop. Ils démarrent leur carrière lorsque l'attention de Tyler, The Creator est attirée par l'une de leurs vidéos, mettant en scène des morceaux retravaillés de son clan Odd Future. Ils mettent ensuite en ligne une première mixtape, « BBNG » en 2011, qui tape dans l'oreille des blogueurs en quête de nouveaux sons. Une deuxième mixtape, « BBNG2 » est balancée sur la toile un peu moins d'un an plus tard. Deux mixtapes réunissant autant de titres originaux que de covers. Leurs reprises originales de Feist (à la sauce James Blake), Kanye West et même My Bloody Valentine les conduiront jusqu'à la scène du festival Coachella. De quoi se forger un petit nom de manière efficace. Et le 5 mai dernier, le trio publiait enfin son premier LP officiel, tout simplement intitulé « III ».

C'est une semaine plus tard qu'on les retrouve donc sur la scène de l'Orangerie, introduit par un DJ Set de leur bon pote Lefto. A 21h, le combo prend place pour son premier concert indoor, en Belgique. Préposé aux grosses caisses, Alexander Sowinski dirige les débats. Pas avare en paroles, il intervient quasiment entre chaque morceau pour dire combien il est heureux d'être là. Le public le lui rend bien, même si ses tirades sont parfois un peu longuettes et inutiles. La salle n'est pas comble mais bien remplie, peut-être même aux 4/5e de sa capacité, et réunit autant de curieux que de fans de la bande.

Après avoir interprété deux morceaux de leur nouvel LP, « Triangle » et « Can't Leave The Night », les trois gaillards de BadBadNotGood enchaînent par ce qu'ils font de meilleur, c'est-à-dire des réinterprétations de morceaux Hip Hop et Bass music, version jazzy. A commencer par le « Bugg'n » de TNGHT (le duo composé de Hudson Mohawke et Lunice). Une version longue et supérieure à l'originale, qui met rapidement le feu aux poudres. Le set décolle, le public est happé. Partout de larges sourires s’affichent et des têtes battent la mesure. Le trio embraye sur des versions retravaillées de leurs propres morceaux « Kaleidoscope », « Hedron », « CS60 » ou encore la ballade « Differently, Still », dopée à la grosse caisse pour l'occasion. Ainsi qu'une autre cover survitaminée, en l'occurrence celle de « Putty Boy Strut » de Flying Lotus. Un vrai régal ! Au bout d'une heure, il annonce la fin du set qu'il clôture par « Bastard / Lemonade », alliance retentissante d'un morceau de Tyler, The Creator et d'un second de Gucci Mane.

Au moment de se retirer, le groupe hésite, réticent à s'en aller devant l'insistance du public. Il décide alors de jouer 'un dernier morceau', « DMZ », extrait de son second mixtape, dans une version allongée. Mais c'était mal connaître le public belge qui, loin d'être rassasié, en redemande encore, jusqu'à faire vibrer les murs de l'Orangerie. Après une petite consultation en aparté, Alexander Sowinski, Matthew Tavares (piano électrique) et Chester Hansen (basse) décident d'ajouter un dernier titre à leur setlist, leur version personnelle du « Flashing Lights » de Kanye West, qui apparaît également sur « BBNG2 ». Et le premier concert des Nuits Botanique 2014, qui devait initialement durer une petite heure, va s’achever en bénéficiant de 40 minutes de bonus ! BadBadNotGood a bien compris l'adage : 'give the people what they want'. Et le public le lui rend bien, par une ovation accordée au terme d'un concert palpitant.

A (re)voir absolument, cet été au Gent Jazz Festival (18/07) et au Festival de Dour (19/07).

Organisation : Botanique

BadBadNotGood

 

dimanche, 23 février 2014 00:00

Grown Up

« War Room Stories », seconde salve des Londoniens, se devait d’être à la hauteur du grand « Other People’s Problem » et de la charrette d’Eps qui l’ont précédés. Les joyeux drilles de Breton ont donc bossé d’arrache-pied sur leur projet multimédia, BretonLABS, pour créer dix nouvelles mélopées fidèles à leur style melting-pot. Et pour voir les nouveaux morceaux prendre vie sur scène, il fallait se rendre à la Rotonde du Botanique, le 23 février dernier. 

Plus qu’un groupe, Breton est avant tout un projet multimédia. Sur scène, chaque morceau s’accompagne de sa propre vidéo, défilant à l’arrière de la scène.

Le quintet est en forme et démarre son set sur les chapeaux de roues. La Rotonde, elle, est évidemment pleine. Ce qui devait mettre du baume au cœur des musicos, et plus particulièrement de Roman Rappak, leader de la troupe, après le couac enregistré à l’Orangerie, en 2012 (une salle à moitié vide). Et pour cause, ce dernier entretient une relation particulière avec notre pays, après y avoir vécu une histoire d’amour manquée. En français dans le texte, ce dernier raconte son anecdote et enchaîne sur des titres des deux LPs, dont les puissants « Edward the Confessor », « Got Well Soon », « The Commission », « Wood and Plastic » et « Jostle ».

Loin de m’avoir convaincu en 2012, Breton se la joue ‘back with a vengeance’ et démontre en 1h20 que les deux années qui séparent ce concert de leur précédente prestation au Bota, lui ont permis de se forger une personnalité, de créer un set cohérent et d’en envoyer plein la tronche du public. Le rythme du set est tel que la formation captive jusqu’aux dernières secondes (un « Jostle » rugissant). Même les morceaux les plus faiblards, comme « Fifteen Minutes » (dont ils ont dévoilé le clip pour la toute première fois ce soir), prennent une toute autre dimension.

Breton a fait sa mue et la transformation en vaut largement le coup d’œil. A ne pas louper si vous avez décidé de vous rendre, cet été, au festival de Dour !

Organisation : Botanique

 

jeudi, 13 février 2014 00:00

Rise Up! Rise Up!

Profitant de sa notoriété croissante, Donald Glover, l’inoubliable Troy Barnes de la série « Community », a mis sa carrière d’acteur et de scénariste en hiatus le temps d’une tournée mondiale. L’escale belge de Childish Gambino s’est déroulée ce 13 février entre les murs pleins à ras bord du VK. L’occasion de vérifier en personne si le mec est aussi bon sur les planches qu’il ne l’est devant la caméra.

Valeur montante de la scène Hip Hop US, souvent comparé à Drake, le bonhomme avait déjà réussi à faire vibrer le site de Couleur Café lors de l’édition 2012 du festival. Cette fois, armé de ses mixtapes et de ses deux LPs, dont le petit dernier, « Because The Internet », Childish Gambino, nom de scène de l’acteur Donald Glover, s’offre un VK sold-out pour son second passage sur les planches belges. Habitués aux retards de la salle, c’est non sans étonnement que l’on voit le p’tit gars et sa bande débarquer sur le podium un chouïa avant 21h. Hop, on attrape son verre de bière et on se glisse au fond la salle pour voir de quoi il est capable.

La bonne nouvelle, c’est que Childish Gambino réserve à son public un vrai live, pas l’une de ces misérables prestations avec DJ et en semi-playback. Dès son arrivée sur l’estrade, le chanteur affole les premiers rangs, chauds comme un brasier. Le son distillé par les musiciens est rond, chaleureux, plus Soul que Hip Hop. Glover retrace sa carrière musicale, de « Culdesac » à « Because The Internet », laissant de côté ses deux premières mixtapes. Si ces premiers travaux étaient moyennement convaincants, car trop axé sur un mode parodique, « Because The Internet » change la donne et démontre qu’il a fini par prendre au sérieux sa carrière musicale.

Entre rap et chants,  le comédien/chanteur dévoile une énergie, un flow et un savoir-faire respectables, appuyés par une fan-base manifestement solide. Les premiers rangs s’égosillent d’ailleurs sur la majorité des morceaux dont « 3005 », « The Party », « Heartbeats », « Bonfire », « The Oldest Computer (The Last Night) » ou encore « Fire Fly », partagé en fin de parcours. Une ambiance bon enfant qui te fait sortir de là un sourire jusqu’aux oreilles ! Un talent à surveiller de près. Et pas qu’à la télé.

(Organisation : VK*)

jeudi, 19 décembre 2013 11:45

Now, Then & Forever

Malgré ses 42 années d’existence et huit années d’absence, Earth, Wind & Fire n’a pas perdu le moindre iota de ses ondes funky ! Le titre de leur 21e LP studio (!), « Now, Then & Forever », résume à merveille la carrière de la formation à géométrie variable. Le disque, premier vrai succès commercial aux States depuis leur « Powerlight » de 1983, fait la part belle aux atmosphères lascives et parvient, surtout, à s’inscrire dans l’air du temps. Et ce, sans renier les éléments qui ont forgé le succès de la formation. Comme sur ces « My Promise » et « Night Of My Life » irrésistiblement disco et le funky « Dance Floor », projetant instantanément l’auditeur aux heures de gloire d’Earth, Wind & Fire. Il s’agit du premier opus enregistré sans la participation de l’une des deux figures de proue des Earth Wind & Fire, Maurice White, empêché par sa maladie de Parkinson, mais dont la patte reste définitivement ancrée dans le travail de ses collaborateurs.

Un peu plus faiblard en matière de ballades, EWF aurait certainement gagné à recourir aux talents de prod’ d’un gars comme Pharrell Williams qui serait, sans le moindre doute, parvenu à magnifier des morceaux comme « Love Is The Law », « Guiding Lights » ou encore « Got To Be Love ». « Now, Then & Forever » est un bel ouvrage, susceptible de ravir les amateurs de la fusion Funk, Soul et Disco de la troupe. L’objet s’accompagne en édition collector d’un second disque recelant 7 classiques de la bande, choisi par un panel d’artistes trié sur le volet (entre autres Pharrell Williams –tiens donc…–, Lenny Kravitz, André 3000 et The Roots).

 

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