On a coutume de dire que la pluie n’arrête jamais un bon festivalier. Pourtant cette météo automnale a de quoi décourager. D’autant plus que les parapluies sont interdits sur le site (NDR : confisqués à l’entrée). Qu’importe, la Place des Palais vient de s’ouvrir pour la première soirée et le peuple est déjà au rendez-vous en masse.
Et il revient à Hyphen Hyphen d’ouvrir le bal. Ce groupe est l’une des dernières grandes sensations venues de France, médiatisée outre-Quiévrain par des prestations télévisées telles que Taratata ou les Victoires de la musique. Des Victoires pour lesquelles il a reçu le prix de ‘Révélation scène’, en 2016. Alors feu de paille ou confirmation ce soir ? D’entrée, la chanteuse Santa se démène sans compter. Comme une tornade blonde ou plutôt dorée, vu les couleurs des pylônes édifiés de chaque côté de la scène, de son t-shirt ou encore de son micro vintage. Telle une Apache, elle s’est maquillée le visage et se balade pieds nus. Elle a enfilé un legging moulant, alors qu’elle n’a certainement pas une taille de guêpe ; mais son attitude décomplexée et son énergie débordante évoquent Beth Ditto (Gossip). Encore que ses envolées vocales lorgnent plutôt vers Florence Welsh (NDR : incontestable sur le tube tube « Just need your love ») voire Hannah Reid. Pourtant, si sa voix est puissante, elle manque parfois de justesse (NDR : elle aurait toutefois engagé Guy Roche comme coach vocal –c’est aussi celui de Beyoncé– aux USA). Cependant, sa version réussie du « Wicked game » de Chris Isaak va faire taire mes critiques. Sur les planches, elle est épaulée par une charmante jeune fille qui passe aisément de la guitare aux percus électroniques, un drummer et un claviériste/percussionniste. Les refrains sont entraînants. Finalement, le climat entretenu tout au long de ce set me rappelle Crystal Fighters. Le public danse, sourit et rencontre les nombreuses sollicitations de la leader. Il faut dire qu’elle n’hésite pas à prendre un bain de foule (NDR : de quoi glacer le sang de l’auditoire) ; et à plusieurs reprises. Car vu la hauteur de l’estrade, sa petite taille et l’absence de collaboration du service de sécurité, dont elle va se moquer à travers ses nombreuses boutades, elle prend manifestement des risques. Maintenant, d’un point de vue musical, bien que sympathique, l’électro/pop dispensée par le band français manque quand même de diversité.
Entre la Belgique et les Tindersticks, c’est une grande histoire (d’amour). Le band avait notamment choisi le Botanique, durant cinq soirées, en mai 2001, pour célébrer son dixième anniversaire. En outre, lors de ce sinistre 22 mars 2016 (NDR : pour rappel c’était le jour des attentats de Bruxelles), la formation avait quand même décidé de se produire à Louvain, après avoir opéré une minute de silence en début de set. Et c’est également la troisième fois que le band se produit au sein du Royaume, en quelques semaines (NDR : après l’Opera de Gand et le Stadsschouwburg de Bruges, la veille). L’entrée des musicos sur scène est discrète et le show s’ouvre sobrement. Après avoir été soufflé par le cyclone Hyphen Hyphen, le changement d’ambiance est total. Le public est d’ailleurs plus mature et averti. La set list accorde une large place au dernier opus « The waiting room », sorti en 2016. A l’instar de « Second chance man » et « Were we once lovers ». Tant sur « Medicine » que « Hey Lucinda », David Boulter (NDR : lui, le chanteur Stuart Staples et le guitariste Neil Fraser sont les derniers membres originels) nous réserve deux belles intros aux claviers. Aux drums, Earl Harvin (NDR : pour l’anecdote, en 2010, son casting avait été très rapide et concluant car, fan absolu du groupe, il connaissait déjà toutes les compos par chœur) se révèle particulièrement inspiré. Bref, un morceau comme « A night so still » (NDR : issu de « The Something rain », paru en 2012) synthétise à lui seul le climat paisible et intimiste au sein duquel ce concert s’est déroulé. Des regrets quand même vu le style de musique proposé : deux musiciens supplémentaires, par exemple un contrebassiste et un violoncelliste, auraient apporté un peu plus de richesse et de profondeur à l’expression sonore. Et aussi l’absence de compos issues des premiers elpees.
Fun Lovin’ Criminals compte déjà 23 années d’existence. En 1995, son single « Scooby snacks » avait littéralement cartonné ; ce qui avait permis à la carrière du combo de démarrer sur les chapeaux de roues. Les musicos sont toujours aussi sympas et souriants. Mais au bout de quelques minutes, on se rend bien compte que le combo new-yorkais est devenu carrément ‘has been’. A l’instar de Nada Surf, programmé ce dimanche, il doit se contenter de se produire dans de modestes festivals ou dans des salles de moindre capacité. Ce qui explique pourquoi le public est plutôt clairsemé et vide assez rapidement les lieux…
On préfère se rendre à La Madeleine qui accueille la Grande Sophie. Elle est grande, c’est vrai, et charmante aussi, Sophie Huriaux. Responsable de sept elpees à ce jour, et rompue aux nombreuses tournées accomplies depuis deux décennies, elle est très à l’aise sur les planches. Et se la joue résolument rock’n’roll. Elle tient fermement sa gratte électrique. Telle la dame de fer, elle a le couteau entre les dents. C’est elle qui mène la barque dont l’équipage est composé de musiciens masculins (NDR : un claviériste, un bassiste et un batteur). Au cours de sa longue version de « Ne m’oublie pas », la foule reprend les paroles en chœur. Dommage que certaines de ses chansons trempent dans une pop si complaisante, à l’instar de « Dans ton royaume ». Quand ce ne sont pas d’autres compos au refrain acidulé.
Il aurait été intéressant de poursuivre le zapping de ce jeudi 11 août, en assistant au show de Balthazar. Malheureusement, vu les files d’attente imposées par la sécurité pour atteindre la Place des Palais, on préfère jeter l’éponge. Outre celle de 15 bonnes minutes, il y a encore la fouille minutieuse. Et elle se répète avant chaque entrée de salle ou de site. Sans oublier celles et ceux qui sont détenteurs d’un billet pour un jour et l’ont déjà faite une première fois afin de retirer leur bracelet.
(Organisation : BSF)
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