La cavalcade de Jéhan…

Poussé par un nouvel élan poétique, Jean Jéhan a sorti son nouvel opus, « On ne sait jamais », le 18 novembre 2023. Pour ce cinquième elpee, Jéhan fait le choix de s'affranchir de ses affinités folk rock, pour aller vers des horizons plus dégagés. On retrouve…

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La maternité, source d’inspiration pour The Wandering Hearts…

Le trio britannique The Wandering Hearts sortira son nouvel album "Mother", le 22 mars 2024. Produit par Steve Milbourne, c’est un patchwork de récits folkloriques, d'accroches pop et d'énergie rock, le tout assemblé par des harmonies lumineuses. On pourrait…

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The 1975 - Vorst Nationaa...
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Concerts

Adem

Un minimalisme bouleversant...

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Avant de fonder sa propre formation, Adem Ilhan a joué au sein du groupe post rock anglais Fridge aux côtés de Kieran Hebden et de Sam Jeffers. Auteur d'un excellent premier elpee (NDR : voir chronique), Adem est venu se produire en duo ; son partenaire se consacrant le plus souvent au xylophone et aux percussions minimalistes qu'à la guitare sèche. Minimalisme : le mot est lâché, pour définir la musique d'Adem. Mais un minimalisme chatoyant, enrichi par une panoplie d'instruments acoustiques particulièrement ample utilisés par Adem. Conventionnels (six cordes acoustique, banjo) ; mais aussi insolites dont une mini harpe à laquelle il va recourir en toute fin de set. Et toutes ces sonorités chatoyantes, délicates, pastorales, chaleureuses servent d'écrin à de petites perles mélodiques, berceuses hymniques que chantent nos deux compères avec un ensemble bouleversant. Même lors des deux nouvelles compositions. Point d'orgue ; le single « Everybody needs some help sometimes », que le public avait encore en tête à l'issue de leur prestation…

Il y a plus de dix ans qu'on attendait le passage de Red House Painters en Belgique. Et R.H.P. n'est toujours pas revenu. En fait Kozelek a fondé un nouveau projet : Sun Kil Moon. Responsable d'un elpee remarquable, au début de cette année (NDR : voir chronique), S.K.M. figurait, au départ, à l'affiche des Nuits du Botanique. Mais lorsqu'il a décliné l'invitation, on s'est dit qu'il allait encore nous faire faux bond. Bref, je dois avouer, que la veille même du concert, je n'étais pas vraiment sûr qu'il soit présent. Avant que la formation ne monte sur les planches, on se rend compte qu'il n'y aura pas de batteur. Et que les musiciens seront assis sur des tabourets de bar. Cinq en tout. Pour deux violonistes et trois guitaristes dont Kozelek qui change, pratiquement à chaque morceau, de gratte. Acoustique, électrique ou à douze cordes. Un Kozelek qui s'est coupé les cheveux. Mais dont le timbre vocal falsetto, légèrement reverb, touche toujours au sublime. Autour de lui, son backing band tisse la trame sonore. Tantôt en picking, tantôt en plaquant les accords, les deux guitaristes rivalisent de virtuosité. Et que dire des deux violonistes ? Un couple asiatique dont les interventions vous flanquent des frissons partout. Tout au long du concert, on semble submergé par un océan de mélancolie douce. Parfois aussi consumé par l'intensité et la luxuriance des instruments, un peu comme sur le 3ème album du Led Zeppelin. Ou alors bercé par des mélodies ensoleillées, presque méditerranéennes. Pas de covers. Pas de titres issus du répertoire de Red House Painters. Mais uniquement des chansons de Sun Kil Moon. En rappel, seuls les trois guitaristes reviennent sur scène, l'un d'entre eux se consacrant à la slide. Puis Marc termine en solo armé de sa 12 cordes. Pour trois titres. Enfin presque, puisque en fin du dernier, il se rend compte qu'il fait fausse route, plante sa guitare et se taille. Un final à l'image du personnage…

 

Sophia

Comme à l'époque d'un certain God Machine?

Écrit par

Pour cette longue soirée, l'ordre de passage avait été modifié, suite à des problèmes de transport rencontrés par la formation danoise Under Byen. Au lieu d'entamer les festivités, celle-ci allait donc les clôturer.

Drivé par Miles Kurosky, chanteur dont le vocal campe, nonobstant un timbre plus clair, des inflexions fort proches de Stephen Malkmus, Beulah compte déjà la bagatelle de 4 albums à son actif ; le dernier, « Yoko », étant paru au début de cette année. Un sextuor californien qui pratique une pop plutôt allègre, contagieuse, mais parfois un peu trop dissipée. Pourtant, la moitié des musiciens sont multi instrumentistes et possèdent suffisamment de talent pour faire décoller un set. Et en particulier le trompettiste, dont les interventions cuivrées, parfois rythm'n blues, donnent une coloration plus chaleureuse aux chansons. Et puis les harmonies vocales sont impeccables, rappelant même parfois tantôt les Beach Boys, tantôt ELO. Mais les moments de pure intensité ne sont pas suffisamment développés pour ne pas perdre le fil du sujet. En fin de parcours, le groupe invite deux spectatrices à monter sur scène pour essayer de reprendre une chanson des Beach Boys. Une catastrophe ! Et les gesticulations des deux filles agitant des maracas ou un tambourin, lors du final, faisaient franchement tarte. N'importe quoi !

Les concerts accordés par Sophia, dans le cadre de leur dernière tournée n'ont pas trop eu l'air de plaire à la presse spécialisée. Même Lina, qui avait assisté à leur concert lors de leur passage au Bota, n'est pas repartie emballée par leur prestation. C'est donc avec beaucoup de prudence que je suis allé voir ce qu'il en était réellement. Première constatation, le groupe semble détendu. Il s'agit du dernier concert de ce périple destiné à promotionner leur album, « People are like seasons ». Et en montant sur les planches, Robin Proper Sheppard se rend compte qu'un nombre important de Belges a fait le déplacement. Et leur demande de lever la main. Il a raison… Le set s'ouvre sur un ton semi acoustique, countryfiant (bottleneck oblige !) ; puis le climat s'électrifie progressivement épinglant une version particulièrement réussie d'« Every day » et une de « The see », découpée dans les guitares bringuebalantes. Tout est bien mis en place, mais c'est la prestation du drummer qui, au fil du set, va impressionner. Son style chatoyant, chaloupé, mais bigrement efficace, canalise la prestation du groupe. Et sous le flux d'électricité maintient parfaitement le navire à flots. Après un bref retour acoustique en rappel, Sophia va achever sa prestation par un rock'n roll particulièrement enlevé et un « River song » au cours duquel cette électricité se mue en intensité blanche. Et pour cause, Robin et le claviériste ont alors respectivement troqué leur sèche et leur clavier pour une gratte bien électrifiée. De quoi se délecter d'une bonne dose de décibels, comme à l'époque d'un certain God Machine…

Il était très tard lorsqu’Under Byen s'est mis à jouer. Et pour cause, il devait d'abord régler les balances. Et lorsqu'un line up se compose de huit musiciens, il y a du boulot. En l'occurrence deux drummers (dont une percussionniste), un claviériste/pianiste, une pianiste, une bassiste, un violoniste, une violoncelliste et une chanteuse. Dont la voix me rappelle Björk, sans les inflexions énervées et furieuses. Une formation qui mélange allègrement pop, folk, jazz, classique et électronique, dans un univers trip hop brumeux, empreint de mystère, qui aurait pu naître d'une rencontre hypothétique entre Sigur Ros et Portishead. Les problèmes de mixage rencontrés au cours de ce set n'ont pas empêché d'entrevoir l'émergence d'un groupe fort intéressant. Mais je dois avouer que j'étais beaucoup trop fatigué pour pouvoir réellement apprécier leur musique. Ainsi, après une bonne demi-heure, je me suis éclipsé. A revoir dans d'autres circonstances : mais à suivre de très près…

 

Beulah

Un final tarte...

Écrit par

Pour cette longue soirée, l'ordre de passage avait été modifié, suite à des problèmes de transport rencontrés par la formation danoise Under Byen. Au lieu d'entamer les festivités, celle-ci allait donc les clôturer.

Drivé par Miles Kurosky, chanteur dont le vocal campe, nonobstant un timbre plus clair, des inflexions fort proches de Stephen Malkmus, Beulah compte déjà la bagatelle de 4 albums à son actif ; le dernier, « Yoko », étant paru au début de cette année. Un sextuor californien qui pratique une pop plutôt allègre, contagieuse, mais parfois un peu trop dissipée. Pourtant, la moitié des musiciens sont multi instrumentistes et possèdent suffisamment de talent pour faire décoller un set. Et en particulier le trompettiste, dont les interventions cuivrées, parfois rythm'n blues, donnent une coloration plus chaleureuse aux chansons. Et puis les harmonies vocales sont impeccables, rappelant même parfois tantôt les Beach Boys, tantôt ELO. Mais les moments de pure intensité ne sont pas suffisamment développés pour ne pas perdre le fil du sujet. En fin de parcours, le groupe invite deux spectatrices à monter sur scène pour essayer de reprendre une chanson des Beach Boys. Une catastrophe ! Et les gesticulations des deux filles agitant des maracas ou un tambourin, lors du final, faisaient franchement tarte. N'importe quoi !

Les concerts accordés par Sophia, dans le cadre de leur dernière tournée n'ont pas trop eu l'air de plaire à la presse spécialisée. Même Lina, qui avait assisté à leur concert lors de leur passage au Bota, n'est pas repartie emballée par leur prestation. C'est donc avec beaucoup de prudence que je suis allé voir ce qu'il en était réellement. Première constatation, le groupe semble détendu. Il s'agit du dernier concert de ce périple destiné à promotionner leur album, « People are like seasons ». Et en montant sur les planches, Robin Proper Sheppard se rend compte qu'un nombre important de Belges a fait le déplacement. Et leur demande de lever la main. Il a raison… Le set s'ouvre sur un ton semi acoustique, countryfiant (bottleneck oblige !) ; puis le climat s'électrifie progressivement épinglant une version particulièrement réussie d'« Every day » et une de « The see », découpée dans les guitares bringuebalantes. Tout est bien mis en place, mais c'est la prestation du drummer qui, au fil du set, va impressionner. Son style chatoyant, chaloupé, mais bigrement efficace, canalise la prestation du groupe. Et sous le flux d'électricité maintient parfaitement le navire à flots. Après un bref retour acoustique en rappel, Sophia va achever sa prestation par un rock'n roll particulièrement enlevé et un « River song » au cours duquel cette électricité se mue en intensité blanche. Et pour cause, Robin et le claviériste ont alors respectivement troqué leur sèche et leur clavier pour une gratte bien électrifiée. De quoi se délecter d'une bonne dose de décibels, comme à l'époque d'un certain God Machine…

Il était très tard lorsqu’Under Byen s'est mis à jouer. Et pour cause, il devait d'abord régler les balances. Et lorsqu'un line up se compose de huit musiciens, il y a du boulot. En l'occurrence deux drummers (dont une percussionniste), un claviériste/pianiste, une pianiste, une bassiste, un violoniste, une violoncelliste et une chanteuse. Dont la voix me rappelle Björk, sans les inflexions énervées et furieuses. Une formation qui mélange allègrement pop, folk, jazz, classique et électronique, dans un univers trip hop brumeux, empreint de mystère, qui aurait pu naître d'une rencontre hypothétique entre Sigur Ros et Portishead. Les problèmes de mixage rencontrés au cours de ce set n'ont pas empêché d'entrevoir l'émergence d'un groupe fort intéressant. Mais je dois avouer que j'étais beaucoup trop fatigué pour pouvoir réellement apprécier leur musique. Ainsi, après une bonne demi-heure, je me suis éclipsé. A revoir dans d'autres circonstances : mais à suivre de très près…

 

Sun Kil Moon

Dr Jekyll & Mr Hyde...

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Avant de fonder sa propre formation, Adem Ilhan a joué au sein du groupe post rock anglais Fridge aux côtés de Kieran Hebden et de Sam Jeffers. Auteur d'un excellent premier elpee (NDR : voir chronique), Adem est venu se produire en  duo ; son partenaire se consacrant le plus souvent au xylophone et aux percussions minimalistes qu'à la guitare sèche. Minimalisme : le mot est lâché, pour définir la musique d'Adem. Mais un minimalisme chatoyant, enrichi par une panoplie d'instruments acoustiques particulièrement ample utilisés par Adem. Conventionnels ( six cordes acoustique, banjo) ; mais aussi insolites dont une mini harpe à laquelle il va recourir en toute fin de set. Et toutes ces sonorités chatoyantes, délicates, pastorales, chaleureuses servent d'écrin à de petites perles mélodiques, berceuses hymniques que chantent nos deux compères avec un ensemble bouleversant. Même lors des deux nouvelles compositions. Point d'orgue ; le single « Everybody needs some help sometimes », que le public avait encore en tête à l'issue de leur prestation…

Il y a plus de dix ans qu'on attendait le passage de Red House Painters en Belgique. Et R.H.P. n'est toujours pas revenu. En fait Kozelek a fondé un nouveau projet : Sun Kil Moon. Responsable d'un elpee remarquable, au début de cette année (NDR : voir chronique), S.K.M. figurait, au départ, à l'affiche des Nuits du Botanique. Mais lorsqu'il a décliné l'invitation, on s'est dit qu'il allait encore nous faire faux bond. Bref, je dois avouer, que la veille même du concert, je n'étais pas vraiment sûr qu'il soit présent. Avant que la formation ne monte sur les planches, on se rend compte qu'il n'y aura pas de batteur. Et que les musiciens seront assis sur des tabourets de bar. Cinq en tout. Pour deux violonistes et trois guitaristes dont Kozelek qui change, pratiquement à chaque morceau, de gratte. Acoustique, électrique ou à douze cordes. Un Kozelek qui s'est coupé les cheveux. Mais dont le timbre vocal falsetto, légèrement reverb, touche toujours au sublime. Autour de lui, son backing band tisse la trame sonore. Tantôt en picking, tantôt en plaquant les accords, les deux guitaristes rivalisent de virtuosité. Et que dire des deux violonistes ? Un couple asiatique dont les interventions vous flanquent des frissons partout. Tout au long du concert, on semble submergé par un océan de mélancolie douce. Parfois aussi consumé par l'intensité et la luxuriance des instruments, un peu comme sur le 3ème album du Led Zeppelin. Ou alors bercé par des mélodies ensoleillées, presque méditerranéennes. Pas de covers. Pas de titres issus du répertoire de Red House Painters. Mais uniquement des chansons de Sun Kil Moon. En rappel, seuls les trois guitaristes reviennent sur scène, l'un d'entre eux se consacrant à la slide. Puis Marc termine en solo armé de sa 12 cordes. Pour trois titres. Enfin presque, puisque en fin du dernier, il se rend compte qu'il fait fausse route, plante sa guitare et se taille. Un final à l'image du personnage…

 

Jet

L'art de transformer la moindre note en un véritable choc électrique

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Comme le clament The Stands au début de leur concert, ils sont de Liverpool. Ca se voit… et ça s'entend. Leur single 'Here she comes again' ne reflète que partiellement les influences et le style du groupe. Pour en savoir davantage, il est donc préférable d'écouter le premier opus. Croisement parfait entre les La's et Love, leur musique est teintée de psychédélisme 60's. Leurs morceaux sont parsemés de longs solos de guitare. Ce soir, ils achevaient leur tournée en première partie de Jet. Ils se sont surpassés en essayant de nous replonger jusqu'aux racines du rock. En apothéose, ils ont dispensé pour dernière chanson de leur set : « The way she does ». Ils reviennent au Bota le 5 avril, en supporting act des Shins.

Jusque dimanche, Jet se résumait à  'Are you gonna be my girl', un single qui nous a réchauffés tout cet hiver. J'avais écouté le cd d'une oreille distraite. Et j'étais passée à côté d'un vrai groupe rock, dans le sens le plus noble du terme. Ces Australiens sont incroyablement énergiques sur scène. Ils sautent, hurlent, incitent le public à se déhancher. Le groupe enchaîne les titres plus rageurs les uns que les autres… Tiens, on dirait ACDC sur 'Roll over DJ', tandis que pour 'Move on' le groupe affiche davantage de douceur. Et même dans ces moments là, le concert reste intense. Ce qui frappe le plus en les découvrant, outre leurs mélodies électriques? Leur jeunesse. Ils semblent ne pas avoir franchi le cap de l'adolescence. Leur rage aussi. Et puis leur façon de transformer la moindre note en un véritable choc électrique. Pour eux également, ce soir constituait la dernière date de leur tournée. Pour célébrer l'événement, le batteur chantera le premier rappel en solo. Une performance fabuleuse. A l'image du reste de la soirée d'ailleurs…

 

Sophia

En période de rodage...

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Voir Sophia une veille de la Saint-Valentin. Se faire bercer par leurs douces mélodies, si tendres… Un rêve, n'est ce pas ? En première partie, Gamine, une chanteuse des pays de l'Est, interprète au  premier degré, des titres tels que 'It is so beautiful to be married'. Influencée par les romans Harlequin, elle nous remet directement les pieds sur terre…

En effet, même si les critiques (des magazines commerciaux) sont dithyrambiques, je n'aime pas vraiment le nouvel album de Sophia. Il ne possède ni le désespoir de son premier opus, ni la plénitude du second, mais reprend plutôt tous les ingrédients pour en faire un panachage. Résultat des courses, le soufflet retombe rapidement à plat. Bref, Sophia avait fort à faire sur scène, vendredi dernier, pour me convaincre. Et il faut avouer que sa mission n'a été qu'à moitié remplie. Robin est en effet un vrai showman, qui interagit avec son public, après nous avoir fait croire que les membres du groupe se promènent nus dans les couloirs des hôtels. Il nous propose même de les louer pour n'importe quel Bar Mitzvah, d'ici 10 ans (NDR : et là, je ne peux qu'applaudir sa lucidité). Pourtant, il y eut de réels moments de grâce ; et en particulier au début de son répertoire : « So slow », « Are you happy now », « River song » (d' « Infinite circle ») ; mais aussi de longs moments d'ennui. Et en particulier après le single « Oh my love », lorsqu'il s'est mis à interpréter trois chansons du nouvel album. Robin nous explique au cours du concert qu'il s'agissait du premier concert de leur tournée et que la formation rodait la set list. Peut-être seront ils parfaits le 3 juillet a Werchter ?  Et oui, la nouvelle vient de tomber…

 

 

Centro-Matic

La limpidité enivrante des complaintes sudistes...

Soirée néo-country à l'AB, en compagnie de Centro-Matic, Saint Thomas et My Morning Jacket en fougueux cow-boys échappés de leurs bourgades désertiques, les cheveux pleins de sable et d'épines de cactus, ruminant leur rock emprunt d'americana sous les loupiotes de l'ABBOX.

Sous ce ciel étoilé d'une salle à moitié remplie, Will Jonhson brave très vite l'indifférence de début de soirée en enfilant les perles de « Love You Just The Same », le dernier album de son groupe Centro-Matic. Neil Young, figure tutélaire de tous ces jeunes mélodistes hors pair, veillera tout au long de ses trois heures intenses de concerts habités. Après 20 minutes, Centro-Matic finit par séduire le public, tout émoustillé par ces complaintes sudistes d'une limpidité enivrante.

Mais le vrai déluge viendra de My Morning Jacket, combo psyché-country d'une virtuosité et d'une hargne insolentes : Creedence Clearwater Revival, Flaming Lips, Pink Floyd, At The Drive-In, Pinback,… Les références se bousculent devant l'étendue des talents de Jim James et de ses quatre potes de Louisville. Et quels talents ! Marier ainsi la violence tourbillonnante du psychédélisme et la mélancolie bucolique de la country donne souvent pour résultat d'infâmes bouillons sans aucune magie. Chez My Morning Jacket c'est le contraire, et c'est magnifique. « It Still Moves », leur troisième album, est un chef d'œuvre. L'un des albums de l'année, pas moins… Mais ce soir, Jim James avait mal à la gorge, s'excusant après trois titres sublimes de ne pouvoir continuer à chanter sous peine de devenir aphone pour le restant de ses jours. Pourtant ce « Mahgeetah » en ouverture, qui justifie à lui tout seul l'achat de l'album, annonçait un concert grandiose. Et il le fût, en un certain sens… A condition d'accepter que même sans la voix magnifique de Jim James, My Morning Jacket est un grand groupe. Techniquement bluffant. Instrumentalement ahurissant. C'est là qu'on reconnaît le génie de ces types : même sans paroles, leur musique reste tout bonnement fantastique. Même s'il faut dire qu'on aurait préféré un concert normal… Mais au moins pourrons-nous dire qu'on a vu My Morning Jacket dans des conditions singulières. Pour leur prochain concert, Jim James nous a déjà promis d'être en forme, jusqu'à jouer « deux fois plus longtemps » pour se racheter une conduite. D'ici là, on se repassera en boucle « One Big Holiday » et « Easy Morning Rebel » en tapant du pied et en chantant nous-mêmes, avec l'espoir qu'un autre rhume ne dissipera pas toutes nos chances d'un jour voir ces rockeurs à 100 %… Quand même, quelle claque !

Et s'il y avait des récalcitrants dans la salle, leur déception n'aura pas été de longue durée, grâce à la prestation sympathique de Thomas Hansen, alias St Thomas, au club, en clôture de cette soirée déjantée. Le Norvégien, qu'on avait déjà vu ici même il y a plus d'un an en première partie de Lambchop, n'a rien perdu de son humour et de sa décontraction. Alternant les titres de ses deux albums (« I'm Coming Home » et « Hey Harmony »), notre cow-boy venu du froid aura vite fait de redonner un peu d'entrain aux plus déçus des fans de My Morning Jacket. Entre sa musique, de la néo-country mélancolique, et ses blagues potaches à l'accent scandinave, un monde : comme quoi on peut chanter des histoires de ruptures et puis en rire… C'est déjà ça de pris !

 

Camel

Un concert d'adieu remarquable de sobriété et d'efficacité...

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Ce samedi 25 octobre, Verviers recevait Camel. Toutefois, et c'est plutôt réjouissant, la demande de places fut telle que, exceptionnellement, Francis Geron dût transférer le concert depuis son mythique 'Spirit of 66' vers le grand théâtre de Verviers. Autre bonne surprise, ce lieu est vraiment un superbe vieux théâtre d'environ 700 places, parfaitement préservé, avec parterre, corbeilles, balcons, et décor éblouissant de charme désuet. Un de ces lieux où d'emblée on se sent bien. Et la soirée nous permettra d'en apprécier l'acoustique irréprochable!

Rappelons que, prévue en juin, cette tournée d'adieux à la scène européenne avait dû être reportée suite aux problèmes de santé de l'épouse du clavier Guy Leblanc, d'ailleurs absent ce soir. Le groupe fut accueilli par des applaudissements nourris dès son entrée en scène, témoignage du capital sympathie acquis en 30 ans. Mais le set fut-il à la hauteur ? Quand on est sur scène sans artifice, sans mise en scène, sans costumes et quasi sans light-show, il ne reste que le talent pour conquérir son public. Et du talent, ce concert en débordait de toutes parts. Sans jamais chercher à en mettre plein la vue, Camel allia maîtrise technique et émotion à fleur de peau, compétence et passion, enthousiasme et pudeur, sensibilité et humour. Pourtant fort de 5 excellents albums commis au cours de ces dernières années, Camel a très largement privilégié son vieux répertoire, déroutant sans doute un peu les fans de la dernière heure. Les huit premiers albums ont été passés en revue. Le public a donc eu droit aux grands classiques tels que 'Lady Fantasy', 'Hymn to her', 'Arrubaluba' ou encore le toujours impressionnant enchaînement 'Rhayader/ Rhayader goes to Town'. Quatre extraits seulement des albums post-eighties ont complété le set, dont un très émouvant 'For Today'. Amis fidèles, les musiciens rendirent hommage à Peter Bardens (fondateur et premier clavier du groupe), décédé récemment. Le point d'orgue de ce concert fut sans aucun doute l'interprétation magistrale et très émotionnelle du classique 'Ice', laquelle alla jusqu'à arracher des larmes à certains dans le public. Des quatre musiciens, Ton Scherpenzeel fut physiquement le plus discret. Ce qui ne l'empêcha pas de trôner sur ses claviers avec une maestria qui ne fit pas regretter l'absence du pourtant excellent Guy Leblanc. Rappelons que si Ton a été membre à part entière de Camel pendant un temps, il est avant tout le leader de Kayak. Colin Bass, avec son éternel physique de jeune instituteur, fut fidèle à sa réputation d'excellent bassiste, à la fois puissant et mélodique, et domina les parties chantées, semblant même continuer à bonifier sur ce plan. Andrew Latimer fut loin de décevoir. Il subjugue avec ce toucher de guitare unique et sa redoutable maîtrise technique, peaufinée depuis trente ans. Et quand, yeux fermés, il se lance dans un solo, il est un spectacle à lui tout seul. Il m'est toujours apparu comme le pendant anglo-saxon pur jus de Carlos Santana. L'instrument semble un prolongement de son corps, pris de convulsions des jambes aux épaules. Et, de contractures en syncinésies, son visage est tellement expressif que le gars obtiendrait probablement un énorme succès, même devant un public de sourds. La petite surprise vint du jeune batteur Denis Clément, un Québécois au look improbable et à la pêche d'enfer, qui ouvrit de nouvelles perspectives à certains morceaux. N'y allons pas par quatre chemins: ce concert fut probablement l'un des plus beaux, des plus sincères et des plus émouvants que le territoire belge connaîtra en 2003. Et le public, ému, debout, unanime dans une longue ovation, fut bien dépité par l'absence d'un deuxième rappel. Pourquoi n'y étiez-vous donc point ? Reste à espérer que les membres de Camel ne supporteront pas plus que nous leur retraite scénique…

The Notwist

Encore trop d'imprécisions...

Pendant tout un week-end, les Allemands de Notwist ont pris d'assaut l'AB avec tous leurs copains, pour deux soirées spéciales autour du groupe : films, clips, merchandising, DJ-sets, et surtout des concerts, de Notwist (en apothéose) et de leurs side projects (Console, Lali Puna, Ms John Soda, Tied & Tickled Trio, Couch). The Notwist, c'est donc une nébuleuse, une constellation : autour du groupe gravitent plusieurs formations qui ont toutes en commun cette propension à mixer indie pop et électro (de l'indietronica), émotion et technologie, impro et refrains chantés. En cela, The Notwist est une petite entreprise qui fonctionne plutôt bien : la « scène » dont le groupe s'est retrouvé fer de lance connaît un beau succès d'estime, en témoigne ce soir une AB bien remplie, alors qu'au début l'événement était prévu dans l'ABBOX.

C'est Couch qui ouvre les festivités, un trio rappelant Add (N) to X (une femme, aussi, aux claviers) et ces groupes de post-rock qui malmènent leurs guitares sans dire un mot. Les riffs sont répétitifs et la batterie reste calée sur le même rythme, provoquant chez leurs géniteurs une transe solitaire qui n'emporte que très peu de spectateurs. Une heure de concert, ce fût long, malgré quelques bons moments.

Arrive alors Lali Puna, qu'on a rarement le plaisir de voir en concert. Valerie Trebeljahr chante timidement, tandis que Markus Acher (chanteur-guitariste des Notwist) reste courbé sur sa guitare, l'air concentré ou l'esprit ailleurs. Des nouveaux morceaux, et quelques perles de « Scary World Theory », leur dernier album en date, un véritable petit joyau. En rappel, une reprise de « 40 Days » de Slowdive, qu'on retrouve sur la compile « Blue Skied An' Clear » du label Morr Music.

Vers 22h30, les Notwist entrent en scène. Il y a plus d'un an qu'on ne les a plus vus, depuis ce passage raté à Werchter, avec Arne Van Petegem en remplacement de Micha Acher et son plantage sur « Pick up the phone » (un grand moment). Cette fois, le groupe est au complet. Les hits y passent, surtout ceux de « Neon Golden » (à part un « Chemicals » un peu fade), plus quelques morceaux plus noisy, traces un peu crasses de leur passé d'ados tourmentés (les premiers albums). C'était là qu'en effet, le bât blessait : peut-être à cause d'un manque de répétition, d'une cuite à la bière belge ou d'un gros rhume chopé pendant le voyage, les quatre Allemands semblaient à côté de leurs pompes quand il s'agissait de jouer ensemble et de jongler avec les crescendo. Pendant ces morceaux rock, de longues plages de silence, avant l'explosion, cassaient tout rythme, et toute ambiance (n'est pas Mogwai qui veut). Un peu comme si on avait coupé le courant pendant quelques secondes (« Mais qui a éteint la musique ? », était la réaction la plus fréquente), avant de rebrancher les prises et de laisser les quatre Allemands faire leur boucan en totale discordance. Bizarre qu'après un an de tournée, deux albums excellents, The Notwist soit encore victime de telles imprécisions. A tel point qu'après trois-quarts d'heure de concert, l'attention du public n'était plus que polie (il était tard aussi), et l'ambiance de partir en couilles comme un vulgaire plat de nouilles. Pas glop.

Cat Power

Il ne manquait que les sièges...

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Pour entamer son set, Chan Marshall monte sur les planches, flanquée de deux musiciens. Tout au long de cette première partie, le trio alternera compositions douces, articulées entre le piano, la basse et la batterie (« He war ») et titres plus folk/pop ( « Shaking paper » et « Speak for me » ), Chan troquant alors son piano pour une guitare électrique. C'est d'ailleurs à la fin de ce premier acte (NDR : le plus intéressant !) que le moment le plus intense sera atteint ! Et en particulier lors de l'interprétation de « Good women », lorsque la voix cassée mais très harmonieuse de Cat s'efface devant l'harmonica. A vous donner des frissons partout ! Pour la deuxième partie, les deux autres membres ont disparu de la scène, laissant Cat en solitaire. Elle passera l'essentiel de son temps derrière son piano à queue. Hélas cette seconde partie sera nettement plus terne, sans guère de relief, et surtout moins intense, à mon goût. Que ce soit à travers « Maybe not », « Half of you » ou encore « Evolution ». « Names » consistant l'exception qui confirme la règle. L'essentiel à retenir de cette deuxième partie est la mise en scène. De profil, Cat joue de son instrument en bénéficiant de la lumière diffusée par un projecteur positionné à l'arrière, à l'instar d'un 'aristochat' caressant ses mélodies sur les ivoires.

Cat Power aura finalement accordé un set fort proche de l'album. Trop indolente, sa musique n'est jamais parvenue à enflammer la salle. L'heure tardive et le moment choisi (NDR : le milieu de semaine) y sont peut-être pour quelques chose. Une impression que les quelques 400 personnes présentes ont certainement dû partager. Pourtant, elle aura bien essayé de faire participer le public ; mais hormis un « Ca va » en français et quelques phrases exprimées dans un anglais incompréhensible, rien n'y a fait ; le public était venu pour écouter, regarder et passer un bon moment. Se détendre quoi ! Il ne manquait finalement que les sièges…