Hier s'écrivaient les pages dorées des désillusions d'aujourd'hui. Ode à la résignation et au fatalisme assumé, la musique de ce duo français, ramené récemment à une seule entité (celle de Grégory Hoepffner) affiche une maturité déconcertante et une vindicte salutaire dans un post-rock las de se bouffer la queue. Des contours difficilement cernables de cet album magistral de maîtrise et de contenance, s'échappent ça et là de fulgurantes envolées mélodiques propres à drainer sang, sueur et larmes vers le centre de l'univers dans un furtif moment d'oubli.
Porté par des ambitions modestes qui volent bien plus haut que la plupart des prétentions nombrilistes de bon nombre de groupes d'une mouvance pseudo intellectuelle, les 10 compositions ici présentes reflètent, en sépia, les errements et tâtonnements qui font les grandes avancées. Une rage contenue qui s'écoule et déborde par torrents (et qui peut s'avérer fortement corrosive), mais aussi une beauté subtile qui rayonne tout au long.
Des montagnes russes d'« Autopilot » à la linéaire complainte de « Siberian winter », des guitares tourbillonnantes d’« Architect of yesterday » et son final elliptique à la grâce fulgurante de « Picture goodbye », le voyage imaginaire traverse mille horizons balafrés d'improbables accidents. Un subtil mélange de musique binaire et de rock burné.
Difficilement concevable en live de par sa complexité, le projet mériterait assurément une projection plus accrue.
Malgré son évidente nostalgie, les yeux fermés, Radius System devance déjà le futur. Magnifique !