Il y a quelques semaines, un album de Maggid échouait par hasard dans mon lecteur de disques. A l’issue de son écoute, j’en griffonnai ces quelques lignes : ‘Il y a du potentiel chez ce jeune groupe klezmer made in Belgium! Maggid, composé pour ce disque d’un accordéoniste et d’un violoniste, mais dont le line up est actuellement élargi à un contrebassiste et un percussionniste, reprend des musiques juives traditionnelles du début du XXème siècle et les arrange à sa sauce. Si le disque commence de manière assez sage, le deuxième morceau, « Uskudar terkish », et ceux qui suivent, provoquent une ondulation corporelle sinusoïdale, de bas en haut et de gauche à droite. Cette musique instrumentale raconte, comme une fable musicale, et on se représente aisément la rencontre entre deux personnages, leur dialogue puis leur itinérance (c’est un peu ce que raconte la BD « Klezmer », de Joann Sfar). Tour à tour allègre, tendu, lyrique, l’air entonné est à chaque fois interprété avec intensité. Ce charmant petit album promet de belles suites à Maggid, des concerts émouvants, et des compositions personnelles plus fortes encore ? On l’espère!’
Dans le doute, je vérifie qu’il s’agit bien de reprises. Exact. Sauf que depuis, la bande a sorti deux autres disques, dont le dernier (toujours sans titre malheureusement, appelons-le « Le disque bleu ») vaut le détour ; il est même émaillé d’une compo originale!
Etoffés de la contrebasse et des percussions, plus riches rythmiquement et d’une gamme d’intensités plus variée, ces morceaux sont une joyeuse surprise. Un bond de géant a été franchi par le groupe, qui peut maintenant jouer dans la cour des grands.
Avec cet album, l’horizon s’élargit vers d’autres influences, du Maghreb dans le jeu du percussionniste, et par moment, d’Amérique du Sud. On songe à Richard Galliano pour l’élégance et la profondeur, aux plus discrets El Kerfi Marcel et Amsterdam Klezmer Band pour les ambiances festives. « Enveloppen », écrit par Jonas De Rave, l’accordéoniste, dégage un mystérieux climat de tango. Sur « Meron Nign », il arrive si délicatement qu’on croirait une flûte. Etrangement, le dernier morceau « Hershfeld’s Bulgar », m’évoque le collectif Think of One, des Flamands ayant sillonné le monde pour nourrir leur répertoire.
Un regret, c’est la maigre durée des disques, qui n’excèdent pas les six pistes, et l’injuste discrétion du groupe, dont la création est introuvable chez les disquaires. Mais l’oiseau Maggid est rare et il mérite qu’on se donne la peine de l’attraper.
Cd disponibles à la demande : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.