Bonne nouvelle : Kevin Barnes a toujours l’esprit en ébullition. Donc pas de panne sèche, malgré le relatif succès des deux derniers albums de son groupe. Tout d’abord le génial « Hissing Fauna, Are You the Destroyer ». Ensuite le tout aussi délirant « Skeletal Lamping ». Premier bémol, si « False Priest » est très réussi, il n’épouse pas la forme psychédélique optimale de l’avant-dernier elpee, publié en 1997. Et seconde observation : il est davantage dansant, mais moins rock que son tout dernier. En fait on a souvent l’impression que l’expression sonore du nouvel opus emprunte très souvent un profil disco réminiscent du « Midnite Vulture » de Beck (« You Do Mutilate ? ») A moins qu’il ne soit hanté par l’esprit de Prince. Ce qui n’empêche pas Barnes de continuer à expérimenter. De véhiculer une idéologie toujours aussi punk et débauchée (« Girl Named Hello »), de tâter du funk (« Godly Intersex »), du rock (« Coquet Coquette ») et surtout de la pop. Bref, de se garder continuellement ses méninges en éveil, à l’instar de l’image de la pochette de ce disque, qu’il a personnellement imaginée. Le dixième long playing d’Of Montreal creuse en profondeur le sillon de la pop, mais aussi du r&b (NDR : pensez à Parliament et Funkadelic). Kevin y échange même quelques duos. En compagnie de la nouvelle diva de la soul, Janelle Monae sur les très réussis « Our Riotous Defects » et « Enemy Gene ». Ainsi que de la petite sœur de Beyonce, Solange (dont Kevin Barnes a d’ailleurs produit le dernier album), sur le très explicite et boogie « Sex Karma ».
« False Priest » est un album riche, voire kaléidoscopique. Ce qui explique pourquoi il nécessite plusieurs écoutes avant d’être apprécié à sa juste valeur. Un disque qui a bénéficié de la mise en forme du formidable producteur, Jon Biron.