Jean-Sébastien Nouveau (Immune, Recorded Home) a baptisé son projet Les Marquises, c’est-à-dire en choisissant pour patronyme le dernier album studio publié par Jacques Brel. Un projet qui sort de l’ordinaire, il faut le reconnaître. Au départ, le Français s’est inspiré d’une série de BD en treize volumes signées par par Henry Darger, un auteur halluciné qui a passé son existence à bosser dans les toilettes d’un hôpital, au sein desquelles il a fini sa vie, oublié de tous. Après avoir lu cette œuvre, Nouveau entre alors en contact avec Jordan Geiger (Minus Story, Hospital Ships, …) dont il est un grand admirateur. A sa grande surprise, l’Américain accepte de prêter sa voix au projet. Débute alors un travail de longue haleine. Grâce à Internet, les fichiers survolent l’Atlantique, du Vieux au Nouveau Continent, et vice-versa. Les morceaux prennent finalement forme pour finalement aboutir finalement à la conception de ce « Lost, Lost, Lost ».
Vu les prémices de cette aventure, Les Marquises ne pouvait pas accoucher d’un concept habituel. Et effectivement, « Lost, Lost, Lost » baigne au sein d’un univers sonore planant et ténébreux. L’opus s’ouvre en douceur. Mais progressivement, les nappes de claviers entrent en scène, exercent leur pouvoir hypnotique, avant de nous entraîner, finalement, dans un précipice psychédélique et expérimental. Parfois, lorsque les plages se dépouillent, la voix écorchée de Geiger remonte à la surface. Des références ? Radiohead voire Boards of Canada ; mais elles sont insuffisantes pour décrire ce projet halluciné et introspectif. Ce périple fantastique, imaginé dans le cerveau d’Henry Darger, artiste complètement fêlé, mais terriblement créatif, a été superbement mis en scène par Les Marquises.
« Lost, Lost, Lost » est une œuvre à savourer tant pour sa beauté que pour son univers étrange. Ne vous laissez cependant pas intimider par l’ampleur de l’œuvre (quatorze morceaux d’une moyenne de 5 minutes), elle vaut le coup.