A 59 ans, Daniel Lanois peut se targuer d’avoir une carrière bien remplie. Véritable star au Canada, son pays natal, il possède même son étoile gravée sur le Walk of Fame, à Toronto. Fin des années 60, il se produit déjà sur des scènes locales et en 1970, il monte son propre studio d’enregistrement à l’aide de son frère. Mais son véritable début de parcours date de 1979, lorsqu’il rencontre Brian Eno, en compagnie duquel il va commencer à collaborer. D’ingénieur du son il passe ensuite producteur et acquiert une notoriété internationale qui lui permet de mettre en forme des œuvres d’artistes mythiques comme U2, Bob Dylan, Peter Gabriel et plus récemment Neil Young. Quoique musicien, il ne concocte son premier opus solo qu’en 1989 (« Acadie »). Black Dub est un nouveau projet qu’il a créé en 2008. Projet qui a failli ne jamais naître, suite à un grave accident de moto dont il a été victime la même année, l’obligeant à se déplacer dans une chaise roulante, durant trois longs mois.
Outre le drummer Brian Blade et le bassiste Daryl Johnson, deux musiciens chevronnés, le line up du groupe implique Trixie Whitley, une chanteuse dont la voix fait véritablement la différence, tout au long de l’elpee. C’est la fille du célèbre bluesman Chris Whitley. Elle est née à Gand, mais a beaucoup bourlingué. Quoiqu’encore jeune, elle jouit d’une belle réputation de vocaliste, dans les milieux new-yorkais. Chez Black Dub, elle insuffle à elle seule les émotions. Et maîtrise sa voix à la manière des plus grandes, et en particulier Joss Stone voire Lauryn Hill. Elle est tout simplement impressionnante. C’est même l’âme de Black Dub.
Quant à l’expression sonore, elle oscille du reggae (« Silverado ») au psychédélisme (« Ring the Alarm », « Last Times »), sur le fond de soul. Et, vous vous en doutez, la production est irréprochable. L’expérience de Daniel Lanois et de ses musiciens conjuguée au talent de la jeune demoiselle est couronnée par ce superbe album. Et puis quel plaisir de découvrir un pur diamant belge exilé aux Etats-Unis, dont on ignorait même l’existence.