Si le nom de Timber Timbre ne vous dit rien (du moins pour l’instant), cette méconnaissance ne fera pas long feu. Projet du Canadien Taylor Kirk, il risque fort de constituer l’une des sensations de l’année, à l’instar de Bon Iver, deux ans plus tôt. Autoproduits, ses deux premiers elpees, « Cedar Shakes » et « Medicinals » sont parus respectivement en 2006 et 2007. De quoi permettre au Torontois de se produire sur les scènes de la métropole canadienne, et même extra-muros. Il est repéré par le label Arts & Crafts (Broken Social Club, Ra Ra Riot, Phoenix, Feist, Los Campesinos, …), qui n’hésite pas une seconde à le signer. Eponyme, son dernier opus, est sorti l’an dernier, au Canada. Ce qui lui a permis de se forger une certaine notoriété sur l’ensemble du territoire nord américain et d’assurer le supporting act de la tournée d’Owen Pallet. Faut dire que la presse spécialisée lui a réservé une multitude de bonnes critiques. Il avait d’ailleurs été nominé lors du ‘Polaris Prize’ (meilleur album canadien). Le Vieux Continent aurait encore pu longtemps ignorer l’existence de cet artiste, si le label anglais Full Time Hobby (Tunng, Malcolm Middleton, Micah.P.Hinson) n’était pas entré dans la danse. L’écurie est attentive aux talents en devenir et a donc engagé le chanteur/compositeur/guitariste. Puis a décidé de publier ce dernier elpee. Et on lui en est mille fois reconnaissant !!!
Reconnaissant, car l’album du Canadien est tout simplement fabuleux ! Œuvre intemporelle rappelant autant Tom Waits et Léonard Cohen que Bon Iver et M.Ward. Taylor Kirk y propose un folk sombre, intimiste, mystérieux, qu’il mêle habilement et tour à tour au blues, à la soul (« Trouble Comes Knocking ») ou à la country. La plupart du temps, il accompagne sa voix de sa gratte, d’un clavier et de beats pour imprimer la rythmique. Les arrangements sont parfaitement dosés, bien équilibrés. D’une extrême douceur, son timbre vocal évoque tantôt Justin Vernon (Bon Iver) ou Antony Hegarty (Antony and The Johnsons). Une voix uniquement soutenue par sa guitare, sur « Demon Host ». « We’ll Find Out » est un autre moment fort de l’opus. Enrobé de chœurs et parcouru d’interventions au violon, cette compo lorgne manifestement vers son compatriote, Léonard Cohen. On pourrait décortiquer tous les morceaux de cette œuvre, mais je ne voudrais pas vous gâcher la surprise.
Il faut le reconnaître, Timber Timbre joue déjà dans la cour des grands. Et son dernier long playing constituera certainement un des sommets de cette année 2010. Cependant, si vous souhaitez vous forger votre propre opinion, je vous invite à aller l’applaudir en concert, puisqu’il se produira en première partie de Phoshorescent, le 15/09, au Botanique, et le 17/09, au festival Leffingeleuren.