Ozomatli est presque considéré comme une institution dans le milieu de la world, aux Etats-Unis. Elu ambassadeur culturel de son pays, le groupe américain a eu l’opportunité de sillonner le monde : de l’Afrique du Sud au Myanmar en passant par le Mexique. Il semble être passé partout sauf dans notre bonne vieille Europe. Malgré sa notoriété internationale, Ozomatli n’en demeure pas moins une énigme à mes yeux (NDR : et mes oreilles !)
Formé en 1996 à Los Angeles, ce groupe multiethnique correspond, en Nahuati, le dialecte aztèque, dans leur calendrier astrologique, au signe du singe ; et plus particulièrement au Dieu de la musique et du feu. Côté musical, Ozomatli brasse les cultures et les styles. Tout y passe : hip hop, salsa, raga, funk, samba, … Un énorme fourre-tout. Les Etatsuniens se sont aussi forgé une réputation grâce à leur activisme politique (comme chez de nombreux artistes de world, par ailleurs…) en militant contre les conflits armés et pour plus de justice sociale. A l’instar du morceau « Gay Vatos In Love », dont les lyrics décrivent la condition des homosexuelles. Ce morceau est d’ailleurs celui qui suscite le plus la controverse.
Pour ce cinquième album, le premier signé sur la maison de disque new yorkaise Mercer Street Records (Asa, Keziah Jones, Kitty, Daysi &Lewis, …), Ozomatli a décidé de faire appel au producteur Tony Berg (Peter Yorn, Aimee Mann), afin de souligner leur côté universel. Le but était de parcourir les cinq continents en un opus. Si à premier abord, l’idée peut paraître sympathique, elle se révèle toutefois délicate. Certes le groupe a déjà prouvé, dans le passé, son habilité à mélanger les styles ; mais il faut bien avouer que les compos de « Fire Away » partent dans tous les sens. Un véritable bordel que le combo parvient rarement à contrôler. L’espace sonore est surexploité au détriment des mélodies. Tous les instruments ont droit au chapitre. Les cuivres retentissent et les percussions rebondissent sur une voix moitié chantée, moitié parlée. Bien sûr, il y a de l’ambiance et certaines compos donnent l’envie de se remuer. Mais parfois, on ne peut s’empêcher de penser à du mauvais Sublime (« It’s Only Paper »).
En toute honnêteté, je dois avouer ne pas être un grand adepte de world. Et ce n’est pas cet album qui me fera changer d’avis. J’ai d’ailleurs toujours constaté que ce type de groupe était bien plus excitant sur les planches que sur disque. J’aimerais quand même qu’un jour un artiste du genre parvienne à me faire change d’avis. A ce sujet, je reste ouvert à toute proposition…