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Akim Serar

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samedi, 20 décembre 2014 20:05

Heartbreak

Opération à cœur ouvert.

Bref mais incisif, cet album constitue une bonne surprise.

Qu’on n’attendait plus.

Mais fallait-il que son géniteur endure les pires tourments pour arriver à tel résultat ?

Peut-être.

Quoi qu’il en soit, ce « Heartbreak » est criant d’intégrité et de vérité.

Mais ce ne sont pas ses seules qualités.

Si ces compositions lorgnent toujours vers une Indie Pop matinée d’underground nineties (Catherine Wheel plutôt que Ride, vous voyez ?), Gabriel Dozin semble ici abandonner la casaque du looser sympathique pour endosser une armure qui, si elle dissimule mal les fêlures et cicatrices palpables à la surface de son âme, reflète suffisamment d’éclat que pour impressionner dès la première écoute.

Cette puissance placée d’emblée sur « Closer », titre audacieusement long qui ouvre l’album est cependant habilement contrebalancée par le suivant, « V12 », une compo caractérisée par ses arpèges mélodieux qui baignent dans une aura Shoegaze parfumée de chœurs optimistes.

L’opus est court et laisse sur sa faim, ce qui n’est pas nécessairement un inconvénient.

L’introspectif « Long Distance » parcourt des miles et des miles sur des versants qu’on jurerait écossais, quand les battements renversés de « Heartbreak » suspendent le temps aux accords de guitares saturées.

Enfin, passé l’introduction mastodonte, la testostérone grésille dans l’Asphalt », plantant le décor sans jamais se fondre dans l’ambiance.

La production rend fidèlement justice aux chansons en évitant d’en remettre une couche, laissant aux chansons la place pour s’exprimer.

Bref, « Heartbreak » soulève mon enthousiasme, ce que les précédents projets de notre homme (Championship Manager, Hypodrome ou Sealane bien avant) n’étaient pas encore parvenus à réaliser.

Opération réussie.

samedi, 20 décembre 2014 20:01

Morceaux De Lune (Ep)

L’identité musicale francophone a toujours éprouvé certaines difficultés face à l’hégémonie anglo-saxonne.

Enfin, c’était l’évidence, il y a quelques années.

On ne compte plus les groupes ou artistes qui ont tenté de se convertir au rock insulaire, en utilisant, au mieux, la langue de Voltaire comme lien salutaire (ou salivaire, c’est selon), et au pire un accent franglais qui faisait sourire, dans le meilleur des cas.

À côté de ces nombreux échecs cuisants, on discerne néanmoins quelques magnifiques exceptions, groupes frondeurs qui ont ouvert la brèche à la nouvelle génération.

Aujourd’hui, plus question de s’incliner respectueusement ou révérencieusement devant les pontes d’outre-Manche ou issus du Nouveau Continent.

Et de cette époque trouble et pourtant pas si lointaine, subsistent encore quelques fiers représentants.

Daytona, groupe lyonnais actif depuis 1990, appartient à cette race d’intègres défenseurs d’une identité propre, malgré de solides références étrangères.

Une Pop variée, non avariée, loin de la variétoche, en somme.

Dans cette mouvance initiée pat Noir Désir, Diabologum, Les Thugs ou encore Sloy, ramant à contre-courant, le pied enfoncé dans la fourmilière, il n’était pas toujours aisé de faire son trou.

En résulte une carrière en dents de scie pour Daytona, qui nous revient aujourd’hui sous un nouveau line up, mais en affichant une même et farouche intégrité.

Si le succès n’est pas une donnée scientifique sur laquelle on peut miser à coup sûr, ils n’en reste pas moins que les cinq titres de “Morceaux De Lune” ont le potentiel pour se démarquer du mælström musical actuel.

Poésie Pop et ouverture musicale, mélodies accrocheuses et riffs efficaces.

Tels sont quelques uns des ingrédients présents d’un bout à l’autre de ce disque.

Ma systématique réserve face à la langue de Molière, héritée de ces années citées en tête d’article ne semble pas avoir altéré mon jugement. Preuve de l’équilibre de l’ensemble.

Le phrasé lui-même s’avérant une arme de séduction redoutable (principalement à mon sens sur “Comment”).

Toute introspection n’est cependant pas exclue, car on se retrouve plongé dans un monologue cinématographique intriguant sur le palpitant “Ce Soir Là”, caractérisé par son accent ‘Mogwaien’ à couper au couteau.

Bref, oubliant toute appréhension passéiste, je découvre ce groupe avec grand plaisir et vous invite à faire de même.

Car outre l’évidence de morceaux hyper efficaces, on rencontre ici une certaine intelligence dans le propos qui rend cet Ep indispensable.

Et le premier qui fait référence à Indochine prend mon pied au c** !

 

samedi, 20 décembre 2014 20:34

Remind Me To Forget (Ep)

Dans un registre à la palette large et riche en couleurs, ces cinq titres s’avèrent d’excellente facture.

Facture et non fracture, car dans l’ensemble, Beaume ne bouscule pas les conventions.

Il n’est donc pas question ici d’un remède miracle, mais bien comme son nom l’indique d’un onguent à apposer sur les petites blessures de la vie.

Si l’originalité n’est pas de mise, la qualité des titres et la production très équilibrée rattrape admirablement le coup.

Force est de constater que quelques noms évidents s’imposent à l’esprit lors de la première écoute, mais bien loin de verser dans la révérence plate et inutile, le groupe a choisi d’aborder l’expression sonore dans une veine personnelle ; ce qui confère à cet Ep une tenue de route irréprochable.

On baigne tantôt dans une atmosphère ouatée et nébuleuse proche des Pale Saints, tantôt dans une Pop nostalgique en équilibre fragile sur un fil tendu entre Radiohead et… The Unbelievable Truth (pour ceux d’entre vous qui se rappellent que Thom Yorke a un frère qui a tenté de se lancer dans l’aventure musicale…)

La musique de Baume est simplement belle et agréable à écouter, comme un coucher de soleil après un orage.

Mais perso, je préfère les orages.

samedi, 20 décembre 2014 19:54

The Red Robe

Rêche et sèche, cette robe épouse des formes pourtant bien féminines.

Versant PJ Harvey et son « Dry » incendiaire.

Un versant baigné d’une lumière crépusculaire.

C’est sombre, inquiétant et le titre de cet album se réfère lui-même à une tragédie (le suicide de l’écrivain Romain Gary, souligné par les lyrics du titre maître).

Musicalement, au-delà du côté abrupt de cette imposante façade austère, on décèle des pans de lumière froide, contrastant habilement avec le feu qui couve ci-dessous.

On soulignera la présence de Tony Barber (The Buzzcocks) derrière les manettes, la complicité d’Eve Libertine et Penny Rimbaud au micro (sur respectivement « Victory » et « The Lit Light ») ; mais surtout on retiendra l’impressionnante maturité de cet elpee, le deuxième pour Diabolita (aka Dominique Van Cappellen-Waldoc), qui suit l’excellent « No Fear », publié en 2011.

Outre les ambiances que vous devinez plombées, les relents d’une Noise industrielle abandonnent des traces de souffre qu’un vent mauvais vient balayer de plage en plage.

Un frisson parcours l’échine (« Sunrise With sea Monsters »), la bave apparaît à la commissure des lèvres, petites et grandes (« The perfect Dress ») ou l’acide dévore les tissus cutanés (« Cold »).

Si le duo Diabolita / Cha a splitté après l’enregistrement de ce disque, les fûts ont été repris entre-temps par Alinovsky (Tuxedo Moon, Durutti Column, Digital Dance) ; ce qui augure bien d’autres plaisirs futurs.

Mention spéciale à l’illustration d’Alice Smith dans un artwork splendide et magnifié par une pochette cartonnée très respectueuse du contenu audio.

samedi, 20 décembre 2014 19:51

Warpaint

Forcément, à cette période de l’année, difficile d’échapper à cet album promis à moult éloges et classements dithyrambiques en hauts des charts récapitulatifs de cette mouture deux mille quatorze.

Une excellente raison en soi d’enfoncer le clou et de revenir sur ce bijou qui d’emblée s’annonçait comme le digne successeur de « The Fool ».

Placé en éclaireur fin deux mille treize, « Love Is To Die » n’annonçait il pas la couleur chatoyante de cet opus éponyme ?

Vu la qualité des dix autres titres, on ne peut que louer le second album (seulement) de ce groupe féminin aussi subtil dans son approche musicale que direct dans son impact émotionnel.

Si l’elpee regorge de détails qui apparaissent encore après de multiples écoutes, le pouvoir de séduction de chacun de ses titres réside essentiellement dans les textures qui enrobent des mélodies. Mélodies, qui semblent moins évidentes que jadis, mais s’imposent néanmoins immédiatement à l’esprit.

Pas convaincu qu’un flot de mots insignifiants décrivent les diverses sensations rencontrées au fil des écoutes de ce plaisir gravé sur sillon, je ne peux donc que vous encourager à y replonger sans modération ou à le découvrir si ce n’était déjà fait.

Oubliez toute référence, tout pont abscons entre mouvances ou autres styles musicaux, Warpaint se distingue suffisamment du reste de la mêlée que pour échapper aux étiquettes.

Et pour ceux convaincus qu’un album sorti trop tôt dans l’année risque l’oubli au moment des bilans, j’engage les paris (sans trop me mouiller) qu’ils en seront pour leurs frais.

mardi, 28 octobre 2014 11:08

Une Seconde Chance

Quand l’évidence Pop tient la dragée haute à une esthétique intègre, qu’elle ose se désaper et laisser ses attributs faciles au vestiaire, elle nous apparaît alors dans son plus bel appareil.

Quand elle épouse les contours rugueux d’une pédale de distorsion, qu’elle écrase d’un pied sûr les conventions, elle sait nous aguicher.

Et quand elle surgit de derrière une tenture d’atmosphère sombre et soyeuse comme un velours usé, elle sait se montrer mystérieuse et nous entraîner.

C’est donc d’elle dont il est question sur ce six titres.

Cette Pop aux multiples facettes et aux multiples tenues de scène.

La scène, justement, parlons-en!

Un élément incontournable de la Pop créée par Matthieu Malon.

Mais nous y reviendrons.

Car avant tout, attardons-nous sur l’homme et revenons sur ses différentes identités.

Rencontré en 2002, au creux d’un univers sombre et mystérieux sous les traits opiacés de Laudanum et au travers de trois albums crépusculaires entre Electro et déclinaisons Wave (dont “System : On”, inclassable oeuvre d’une noirceur éclatante), on le perd ensuite de vue,  malgré une activité jamais prise en défaut (notamment au sein de Ex Ex et sous son propre nom). Et aujourd’hui, Matthieu Malon nous revient à la face, tel un boomerang ivre.

Rapproché à juste titre de Daniel Darc, à qui il rendait un vibrant hommage au soir de sa disparition en publiant “28.02.2013”, il signait en mai dernier un retour remarqué aux affaires.

Ainsi, “Peut-être un jour” retraçait les points de suspension au dessus du vide laissé par “Froids”, son premier album paru sans l’artifice d’un pseudonyme au crépuscule du siècle passé, et ce malgré l’existence cachée du très beau “Les Jours Sont Comptés”, un disque oublié car jamais gravé.

Aujourd’hui sort donc cet Ep, “Une Deuxième Chance”.

Dont le titre éloquent tend les bras vers le ciel et nous invite à l’embrasser.

Une franche accolade au départ qui se transforme vite en virile et tendre empoignade.

“Je Veux Du Fric”, en effet, est une entrée en matière plutôt enjouée et un parfait contre-pied à l’univers de Laudanum.

Une déstabilisante incursion dans un registre sympathique sans être racoleur.

Mais bientôt l’étreinte se resserre à l’écoute de “L’Air De Rien”. A cause des sonorités saturées et des nappes synthétiques qui font valser les illusions.

Une électricité grésillante qui sert d’écrin à la voix de Matthieu Malon, celle-ci s’y logeant avec une élégante distance, susurrant les mots plus que les chantant.

“Loin” s’éclaire de choeurs féminins et de clappement de mains sans se départir d’une certaine urgence et “Une Deuxième Chance” retrace ce lien ténu entre cinéma et prose Rock par le biais d’un dialogue teinté de Diabologum.

Une version revisitée de “28.02.2013” souligne l’évidente influence de l’ex-Taxi Girl, mais sans révérence pompeuse et puis il y a cet extrait Live.

Caractérisé par sa trame opaque, “La Fin De mes Nuits” s’autorise une version lézardée d’éclairs électriques. Comme une nuit d’encre striée de flashes, offrant des images stroboscopiques à des paupières closes.

Une adaptation magistrale, tout en retenue, d’où s’échappe un flux résonnant et obsédant.

À l’instar de Matthieu Malon lui-même, “Seconde Chance” affiche donc sa dualité assumée, son envie irrépressible de défricher le paysage sonore et de s’aventurer sur des pentes escarpées comme sur des chemins d’apparence plus linéaires.

Une seconde chance qu’on aimerait voir ne pas filer. 

 

mardi, 28 octobre 2014 11:03

Time For The Happiness

On nous a donc menti ?

Depuis le temps qu’on est persuadé que le bonheur, c’est chiant.

Non, pas pour ceux qui le vivent.

Non.

Plutôt pour nous qui sommes parfois forcés d’écouter ces heureux qui n’ont plus rien à dire.

On pensait que le bonheur tuait toute créativité, on le devinait sans pitié pour l’imagination, tel un grand anesthésiant du génie de l’artiste.

En plus, on avait plein d’exemples qui corroboraient nos appréhensions sur le bonheur.

Et puis, d’album en album, Aube Lalvée nous prouve le contraire.

D’album en album, elle découvre le bonheur.

D’album en album, en se découvrant, elle nous couvre de bonheur.

Pas le truc guimauve et dégoulinant qui colle aux dents.

Non. Plutôt ce truc vivifiant et qui fait chaud dedans.

Une chaleur graduelle.

Parce que forcément, le bonheur, ça ne vient pas comme ça.

Il faut d’ailleurs souffrir un minimum pour y goûter à ce fameux bonheur.

Ça s’appelle le chemin.

Et du chemin, Aube en a parcouru avant d’arriver à cet état extatique.

Alors, forcément, quand elle partage ce bonheur, non seulement, il est communicatif, mais en plus, on en perçoit encore toute sa fragilité, toute sa beauté délicate.

On devine ses veines sous la peau laiteuse, et on les imagine courir jusqu’à cet immense cœur, qui se gonfle, nourri par l’amour.

« Time For The Happiness ». Notez bien l’importance du déterminant.

Ce ‘THE’, il est important. Parce qu’il ne s’agit pas de n’importe quel bonheur.

Tout comme dans la discographie d’Aube, ce sixième opus est donc déterminant.

Parce qu’il ne s’agit pas de n’importe quel album.

C’est celui de l’éclosion, de la révélation.

Non pas au monde (lui, il attendra), mais à elle-même.

Des disques qu’elle enchaîne toujours aussi rapidement.

Une collection généreuse mais pas prolixe.

Chacun des œuvres précédentes révélant le chemin.

Jusqu’à nous mener ici.

En sa compagnie, en haut de cet escalier en colimaçon, dont les marches se dessinent au fur et mesure sous les pieds.

Mélange d’électronique et d’organique, cet album dépeint ce point frontière entre réel et irréel, ce point tangible où l’ivresse devient satiété.

Ou la peur s’estompe et devient moins effrayante.

Où le doute qui s’immisce en tout, qui s’immisce en nous, se laisse apprivoiser.

Cet instant propice où l’abandon nous fait lâcher prise.

Invitation à passer cette limite, le premier titre s’intitule fort justement « Cross The Line ».

C’est un instrumental vaporeux, empreint de magie.

S’ensuit alors le thème principal de ce long playing, développé dans ce titre-phare, car lumineux dans la nuit : « Time For The Happiness ».

‘Happiness’not an easy way’. Non. Point de facilité, ici.

La voix, qui joue à travers différents registres, s’élève et nous surplombe.

Car la vue est plus dégagée là haut, et permet de voir venir.

Et on se rend compte très rapidement du tour de force extraordinaire de cet essai.

Celui de marier dans les mêmes harmonies joie et tristesse, comme un soleil éblouissant au creux de nuages que peu à peu le vent viendrait à chasser.

Car il émane une mélancolie de chaque titre, légère et impalpable.

Selon l’humeur, on percevra donc ces huit morceaux, ces huit éclats de vie, de manière différente.

Écoutes après écoutes, on se surprendra à le découvrir et on découvrira combien il peut encore nous surprendre.

Enregistré et produit par Aube elle-même dans son propre studio, niché entre ses murs parisiens, il marque donc une transition dans le travail d’Aube.

Une évolution qui ressemble à une mue.

Certaines sonorités ne sont pas sans rappeler The XX, certains climats aussi.

C’est sans doute le seul lien tangible que je puisse établir avec une quelconque scène.

Quant à la scène, c’est sans doute la seule chose qu’Aube ne partage pas.

Assumant tous les rôles, cette délicieuse femme orchestre son univers autour de ses instruments.

Prenez donc, puisque c’est offert !

Goûtez-y à ce bonheur, il ne se refuse pas.

Découvrez la, elle n’attend que ça.

Le succès, lui, peut se refuser à elle.

Mais pas vous !

Non, car personne ne devrait se refuser à Aube L.

 

mardi, 28 octobre 2014 11:01

L’Homme Du Soir

« La Nacelle » était un dirigeable dans le ciel hexagonal.

Grâce à ce titre, paru en 96, Hugo allait prendre son envol.

Étrange et séduisant, alliant un sens du raffinement Pop à d’étranges textes surréalistes, l’album « La Formule », dont il était extrait, trouvait écho auprès d’un certain public, amateur d’une esthétique musicale foncièrement mélodique et fortement influencée par les productions anglo-saxonnes telles House Of Love ou autres Prefab Sprout.

Avec la précision horlogère d’un métronome cryogénisé, sortait alors au rythme improbable d’un album tous les neuf ans, la suite de la discographie de notre homme.

« L’Homme Du Soir » est donc le troisième opus d’un artiste qui visiblement, privilégie la qualité à la quantité.

Tant mieux est-on tenté de souligner.

Quant à la recette, elle n’a pas changé.

On retrouve donc avec bonheur cet amour immodéré pour une Pop enjouée (une évidence mise en exergue par la reprise du « Here She Goes » des La’s) et ce sens de l’irréel qui baigne chacun des textes.

Petits bouts d’histoires brodées autour d’harmonies ciselées finement, les dix titres originaux de cet album sont autant invitation à l’imaginaire.

D’une voix fragile, Hugo serpente ces petites montagnes de dentelles russes en prenant la hauteur nécessaire à l’observation d’un univers mystérieux, perdu entre brumes et éclaircies, entre averses et nostalgie.

Vibrant mais parfois trop soigné, comme un hommage un peu engoncé, « L’Homme Du Soir » nous propose une relecture personnelle du mythe de la Pop parfaite.

Hugo sera bientôt de passage chez nous.

Le 20/11 au Mad Café de Liège
Le 21/11 au Botanique et
Le 22/11 au Belvédère, à Namur.

 

vendredi, 10 octobre 2014 01:00

Le passé recomposé

Arrivé plus tôt que prévu, j’assiste à une scène pour le moins intrigante : Miles Michaud et Matthew Correia, soit respectivement le chanteur et le batteur du groupe, font le mur pour passer du côté rue du Botanique.
Un mur de deux mètres cinquante surplombé d’une barrière hérissée de pointes acérées. Les fugitifs sont chargés d’encombrants bagages en tout genre (vieilles valises, sachets en plastique et autres sacs à dos de randonnée).
Ciel ! Les Allah-Las se feraient ils la malle ?
Alors que je m’interroge, le reste du groupe arrive paisiblement par la porte principale, et après avoir rangé leur joyeux bordel dans le van, ils reviennent tranquillement et me saluent poliment.
Fausse alerte ! Peut être un manque d’exercice. Cependant, pas décidés à se dérober, les jeunes Californiens s’éclipsent pour mieux revenir quelques heures plus tard.
Profitant de cette fin de journée ensoleillée, prémisse à un voyage dans le temps, je m’arrête devant la vitrine d’une boutique, sise juste en face.
Truffée d’objets des années 50, 60, et 70, elle fleure bon le vintage.
Une petite jeune fille aux escarpins rouge à pois vient déposer dans ma main une carte de visite. Au verso, la typo me renvoie à un site web.
Je réfléchis au contraste amusant entre l’aspect rétro de ces objets et leur immersion heureuse dans le monde actuel. Et j’établis le corollaire avec les Allah Las, qui eux, recyclent à leur manière le patrimoine musical en y incorporant une subtile dose de modernité.
Levant les yeux au ciel, un oiseau passe et me demande :
- ‘Alors, voyageur du temps, es-tu en place ?’
- ‘Et comment !’

Petits protégés de Nick Waterhouse, les Allah-Las peuvent paraître passéistes (le son, le style, voir même la dégaine de ses membres), ils n’en restent pas moins un groupe novateur à sa façon.

Par touches délicates, ils ont ce talent, cette facilité déconcertante de rendre hommage à une époque sans tomber dans la révérence nostalgique.

De fait, le public ici présent est loin de se limiter à des Bobos quadragénaires (il y en a bien sûr), mais brasse dans différentes catégories d’âge.

Preuve s’il en faut que le combo n’est pas une caricature du genre.

Pendant une heure quart, il revisite donc la côte ouest en version Instagram, filtre ‘Earlybird’ vissé à la caméra 8mm et guitare en bandoulière.

Difficile de résister.

Les pieds dans le sable, le regard accroché au soleil, on s’évade en (bonne) compagnie de ces jeunes gens fort sympathiques.

Nettement plus surf que Psyché à mon sens, la musique des Allah-Las séduit et semble mettre tout le monde d’accord.

« Catamaran » et « Tell Me (What’S On Your Mind) » avaient tracé la route du succès pour le groupe de Los Angeles.

Il est fort à parier que leur second album, « Worship The Sun », sorti en mai dernier, ne fera qu’enfoncer le clou dans le bitume qui les mène doucement vers un semblant de notoriété.

Finalement, il est sage de voir le groupe préparer ses chansons dans une vieille marmite, parce que la sauce prend vraiment bien !

Du coup, tout, tout le monde semble heureux d’être (Allah) là.

S’échangeant de temps à autre les rôles derrière le micro et les instruments, chacun des éléments apporte son équilibre à un ensemble séduisant.

Nettement plus à l’aise que quand je les avais vus la première fois (Pukkelpop 2013), alors qu’ils m’avaient déjà séduits, ils enchaînent les titres comme autant de perles sur un collier.

Un rappel plus tard, ce sont eux qui remercient l’auditoire pour l’enthousiasme non feint dont celui-ci fait montre au final de la dernière note.

En quittant la salle, on aperçoit les musicos hilares qui observent le public s’échapper par les portes de sortie, le sourire figé aux dents.

Voici donc un groupe sur lequel on peut compter.

Ce soleil là n’étant pas près de se coucher !

(Organisation : Botanique)

 

 

mercredi, 08 octobre 2014 11:51

V For Vaselines

L’histoire des Vaselines, longtemps faite de pointillés, prend donc un nouveau virage, vingt-cinq ans après leur première sortie de route.

Groupe atypique s’il en est, le combo d’Édimbourg, constitué principalement du duo Eugene Kelly – Frances McKee, n’a jamais cherché le succès et ne l’a d’ailleurs jamais trouvé.

Forcément, on doute que les événements changent aujourd’hui.

Mais pour autant, il ne faudrait surtout pas mésestimer le potentiel de ce sympathique combo et de son tout nouveau bébé.

Injustement méconnu, The Vaselines ne doit sa relative notoriété qu’à l’admiration sans borne que leur vouait un certain Kurt Cobain, de son vivant.

Trois reprises (dont le magnifique « Jesus Doesn’t Want Me For A Sunbeam » lors du MTV unplugged), qui l’espace d’un instant, éclairaient le monde sur un des joyaux de la Reine, jalousement gardé par une frange d’adorateurs d’une certaine Pop aux couleurs délavées et jetaient la lumière sur ce modeste groupe écossais.

Alors catalogué groupe mythique sans pour autant susciter un quelconque intérêt, tout laissait présager que le groupe allait connaître la fin obscure que lui même s’était dessinée en 89 (en se séparant la semaine même de la sortie de « Dum Dum », leur premier elpee).

Ressortis de la naphtaline par le label Sub Pop (déjà en 92), les petits protégés de Stephen McRobbie (The Pastels) se languissaient jusqu’en 2010 avant de  sortir leur deuxième opus.

Et toujours dans une semi indifférence.

Au final, donc, quatre années seulement nous séparent de ce dernier essai, prompt à réveiller la curiosité de certains d’entre nous.

Alors, quid de ce « V For Vaselines » ?

D’abord, il y a ce titre, en forme de boutade, rappelant à qui veut l’entendre que le groupe ne s’est jamais pris au sérieux.

Ensuite, épinglons la pochette, où le duo s’affiche plus rebelle que jamais.

Cuir et casquette, comme au bon vieux temps de ‘l’Équipée Sauvage’.

Et de fait, le premier titre « High Tide Low Tide » pétarade d’entrée de jeu.

Papapa papa pa Papapa papa pa Papapa papa pa !

La suite est du même acabit.

Les mélodies sont accrocheuses, entraînantes, faussement niaises, délicieusement candides, et s’enchaînent sans s’essouffler.

La complicité reste palpable entre les deux voix, et souligne le lien ténu qui les unit, portant les chansons sur de solides épaules.

Finalement, c’est peut-être la recette simple et imparable d’une Pop intelligente et éternellement fraîche ?

Quant aux intros, elles sont généralement directes et efficaces, de manière à saisir l’attention immédiatement.

Sans surprise, dès lors, le charme opère tout du long.

« V for Vaselines », comme deux doigts frondeurs et qui narguent le succès du haut de la juvénile insouciance de ses membres fondateurs.

L’art de trousser des morceaux irrésistibles aux accents indémodables, même quand ils frôlent un semblant d’insipidité (« Single Spies »).

Derrière cette façade à la dualité affichée comme des rideaux aux fenêtres d’une maison close (entre douceur et vice) se glisse le propos irrévérencieux de deux têtes bien pleines et qui ont encore leur mot à dire.

Décidément, avec The Vaselines, tout passe nettement mieux !

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