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The Bony King of Nowhere est toujours bien vivant !

The Bony King of Nowhere, c’est le projet de Bram Vanparys. Il faut avouer que son nouvel elpee se fait attendre, en partie à cause de cette volonté d'évolution artistique. Son dernier, « Silent days », remonte déjà à septembre 2018. Le premier single, « Are…

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Laurent Deger

Laurent Deger

jeudi, 03 juillet 2014 16:44

Small Town By The Sea

Samuel Macklin est anglais mais a immigré il y a quelques années à Vancouver, cette petite ville près de la mer qui a inspiré son cinquième elpee. "Small Town By The Sea" constitue sa deuxième réalisation sur Aagoo, un label aventureux du New jersey qui abrite entre autres des oeuvres de KK Null, Blevin Blectom, Philippe Petit, AU, Xiu Xiu et Colin Stetson. 

Ce nouvel opus n'est pas fondamentalement différent des précédents. On retrouve en effet l'ambient expérimental ciselé qui a fait la renommée de l'artiste et lui a permis de partager nombre de dates avec Oneohtrix Point Never et Loscil. Mais il y a tout de même un certain renouvellement puisque Macklin incorpore pour la première fois des micro-rythmiques et quelques bribes de voix déstructurées. Il y a également la présence de field recordings puisque hommage oblige, l'album est peuplé de samples de sons enregistrés à Vancouver. Il se clôture d'ailleurs par le doux bercement des vagues de Jericho Beach.

On est donc en présence de l'oeuvre la plus ambitieuse et la plus aboutie de la discographie de Connect_icut. Une remarquable fusion de glitch, d'electronica, de noise et d'abstractions sonores, savamment psychédélique et relativement abordable.

Pourtant, le disque s'ouvre par le morceau le plus hermétique à mon sens, l'austère "Bird Internet. Cueilli à froid par des chants d'oiseaux stridents et une voix inhumaine bouclée, on a du mal à pénétrer dans cet univers fait de drones et de micro scratches soutenus par des beats fantomatiques quasi martiaux. Malgré ce climat un peu hermétique, une certaine transe s'installe et on comprend les régulières comparaisons avec Oneohtrix Point Never et Oval.

"Tennis Players", est une revisite glitch d'un morceau du groupe australien Otouto. La charmante voix de la chanteuse Hazel Brown (collaboratrice entre autres de Serengeti) est torturée et hachée menu mais conserve une certaine poésie post-nucléaire.

Arrive alors l'excellent "Bathrom Mirror" et sa rivière de drones. Une basse répétitive, presque menaçante, tel un glas, confère une atmosphère de procession funèbre, de messe transique au morceau le plus electronica de l'album.

Dans "74 Guitars" apparaît fatalement un sample de guitare au milieu d'une guirlande de sons qui vont et viennent. Une mélodie dronique évanescente traverse ces couches sonores abstraites et psychédéliques. Quelques bribes du Célesta de Sunday Morning surgissent sporadiquement, bien martyrisées par le Max/MSP, le logiciel utilisé par Macklin. 

Les deux dernières pièces concluent magistralement "Small Town By The Sea". "Big Siobhán" offre une progression démoniaque. La mélodie minimaliste et lancinante qui parcourt le morceau lui confère une atmosphère étourdissante, quasi claustrophobe renforcée par une boucle de voix mutante. On n’est pas loin du monde de Burial. Et le "Cat Town" final nous plonge pendant 11 minutes dans des climats ambient oniriques où serpentent de légers drones.

Bref, une très belle expérience sonore à la fois enveloppante et menaçante, passionnante et perturbante qui, il faut le signaler, bénéficie de mixages relativement différents sur cd et sur vinyle (sur sillon, les versions sont allongées et plus éthérées). Vivement conseillé pour les amateurs du genre.

 

jeudi, 05 juin 2014 16:55

Idle No More

Après un hiatus de six ans, King Khan et ses Shrines sont de retour. Et intitulé « Idle No More », leur nouvel album est toujours aussi solaire. Pourtant, ces dernières années n'ont pas été un long fleuve tranquille pour le Canadien d'origine indienne. Abattu par la perte d'amis chers (NDR : dont la légende du garage Jay Reatard) et par une violente dispute avec son complice de toujours Mark Sultan (NDR : également épuisé par les abus), Arish Ahmad Khan sombre dans la dépression. Après une longue introspection, quelques stages en sections psychiatriques et des retraites spirituelles dans des monastères bouddhistes, il nous revient en pleine forme et « Idle No More » en est la preuve la plus ‘groovante’.

Car, bien heureusement, les Shrines n'ont pas perdu l'enthousiasme et la folie qui en font un des groupes les plus efficaces en ‘live’. On retrouve toujours la fusion de rock garage, de funk/soul de l'époque blaxploitation et de psychédélisme qui constitue la base musicale du band depuis sa création. Les sixties et le début des seventies restent donc l'influence majeure des présentes compositions. King Khan semble ici avoir puisé une grande partie de son inspiration dans la musique des Stones période Brian Jones et dans la British Invasion en général (Animals, Zombies...) Le chant du Canadien, s'il reste influencé par James Brown, n'a d'ailleurs jamais sonné si ‘Jaggerien’. Mais les ombres de Curtis Mayfield, de Wilson Pickett et du Sun Ra Arkestra continuent de planer au-dessus du berceau, à travers notamment une section de cuivres toujours aussi décoiffante. Que de jolies références auxquelles on peut ajouter une dose de Northern Soul ("Luckiest Man"), un zeste de Motown ("Pray For Lil") et un doigt de Jay Reatard fatalement ("So Wild", en forme d'hommage).

Signé pour la première fois sur un label notoire (Merge), le groupe a sans doute pu bénéficier de conditions idéales pour l'enregistrement. Certes, les guitares sont encore poisseuses et psychédéliques mais la production est plus confortable et le ton un rien plus pop ("Better Luck Next Time" et son refrain notamment). De quoi augmenter le nombre de fans qui pourront remuer allègrement du derrière sur les stoniens "Born To Die" et "Thorn In Her Pride", les deux tubes de "Idle No More". Les plus romantiques craqueront sans doute aussi pour "Darkness", sucrerie soul dédié à Nina Simone où l'on découvre un King Khan inédit, tendre et caressant. Un album réussi donc qui donne encore plus de crédibilité à ce groupe avant tout reconnu pour ces performances scéniques et lui ouvre des horizons discographiques assez prometteurs.

King Khan & The Shrines se produiront à Dour le dernier jour en guise d'apothéose festive. Gageons que peu de festivaliers résisteront à l'appel de cette formation endiablée et de son bondissant gourou.

 

jeudi, 15 mai 2014 16:16

KK Null + The Noiser

Fruit de la réunion entre deux artistes radicaux, cet album ne pourra plaire qu'aux aficionados d'expérimentations sonores. D'un côté, KK Null alias Kazuyuki Kishino, légende de la noise japonaise, ancien collaborateur de Merzbow et leader de Zeni Geva, un projet mené jusqu'il y a peu en compagnie de Mitsuru Tabata (Acid Mother Temples). De l'autre, le Marseillais Julien Ottavi aka The Noiser, membre du collectif Apo33, en tant que vidéaste, poète, performeur, développeur de logiciels libres et grand amateur de sonorités insupportables pour le commun des mortels. The Noiser habille d'ailleurs d'images et de lumières les prestations live du duo.

Le premier morceau (NDR : aucune piste n’a de titre) cueille l'auditeur à froid. C'est le plus extrême. Des déflagrations harsh-noise répondent à un piano minimaliste, des beats micro-house apparaissent puis mutent vers un hardcore expérimental bombardé de drones stridents. Le ton est donné. Il ne reste plus qu'à se laisser porter et parfois malmener. L'album s'écoute en continu, comme une histoire improvisée par deux conteurs schizophrènes. On passe de la musique contemporaine au field recordings, de l'electro-acoustique à l'ethnique sans toujours saisir les associations d'idées. Les deux guides de ce voyage en sons inconnus se plaisent à louvoyer quitte à nous emmener, à certains moments, dans des coins peu hospitaliers. En ce sens, le dernier morceau, une improvisation de 25 minutes extraites d'un concert accordé à Vienne en 2011 est assez éprouvant. Se succèdent vrombissements, scratches étirés, chants d'oiseau, sonorités cristallines, bruits industriels, accords fous de piano qui seront étirés, concassés, répétés, ralentis jusqu'à la mort du dernier bleep, dans un ultime maelström sonore.

Pour public averti, selon la formule.

 

vendredi, 18 avril 2014 16:21

Palingenesis

La palingénésie est un concept que l'on retrouve dans quantité de disciplines. Que ce soit en philosophie, en théologie, en politique, en occultisme ou en botanique, il tourne autour des mêmes notions de régénération et de renaissance des êtres. Le trio allemand Nebelung prétend en tout cas s'être inspiré de cette nature qui se renouvelle en permanence et qui selon le leader Stefan Otto, impose par sa beauté le silence à notre monologue intérieur.

On ne peut pourtant pas totalement parler de renouvellement dans la musique de Nebelung qui continue de creuser le sillon de son dark-folk mélancolique. Le principal changement vient de la quasi-absence de chant. Juste quelques mots murmurés de temps à autre qui collent parfaitement à la structure de morceaux construits comme des mantras.

Délaissant définitivement le format chanson, ils se promènent dans des paysages contemplatifs et introspectifs et provoquent un curieux phénomène d'étirement du temps. Le monde semble tourner au ralenti.

Inspiré à la base par des sessions d'improvisations, "Palingenesis" est avant tout un album de guitares acoustiques qui pourrait –et c'est un comble– paraître un peu monocorde. Pour l'apprécier, à mon sens, il faut se concentrer sur les structures des morceaux et l'étonnante multitude d'informations sonores qui les peuplent, issues d'instruments rares tels le verrillion, l'harmonium indien ou le hammered dulcimer. Mais on peut aussi accepter de se laisser aller totalement à la rêverie, bercé par ces boucles célestes hypnotiques. Et si certains moments peuvent paraître monotones, ils nous plongent, par leur répétitivité, dans le climat méditatif désiré par le groupe. A vous de voir si vous avez envie d'y pénétrer.

Les 15 minutes du morceau "Wandlung" sont très représentatives. On est plongé dans une atmosphère lente, désertique, chargée de mélancolie, qui petit à petit commence à susciter un certain ennui quand le son de l'harmonium nous entraîne vers une montée finale hypnotique où les couches sonores se superposent délicieusement.

On pointera aussi le cinématographique et plus lumineux "Nachtgewalt" et sa rivière de sonorités au violon. Empreint de nostalgie, ce violon joué par Katharina Hoffmann traverse tous les morceaux avant d'être enfin mis en exergue, lors de l'excellent morceau final "Innerlichkeit".

Un opus pour se déconnecter de la violence urbaine. La nature a trouvé sa musique de chambre.

 

dimanche, 06 avril 2014 01:00

Dans la peau de Marty McFly

C'était un dimanche. J'allais vivre une expérience étrange et merveilleuse. En retard pour me rendre au concert, j’ai poussé ma vieille voiture, peut-être au-delà de ses limites. Je ne sais plus. Arrivé au Botanique, je ne me suis pas rendu compte tout de suite de ce qui s’est produit. Mais une fois pénétré dans la salle, alors que le concert avait déjà débuté, j’ai compris que j'avais traversé une faille spatio-temporelle. Ma vitesse excessive?

Je suis projeté en 1962 aux Etats-Unis, entouré de demoiselles aux robes colorées et aux coiffures choucroute explosives se dandinant gracieusement dans un même mouvement d'épaule sur un R&B classieux. Sur scène, on remarque la présence de 8 personnages tirés à quatre épingles, dont un sosie de Buddy Holly. Nick Waterhouse a commencé à égrener les pépites de ses deux albums. Comme le héro de ‘Minuit à Paris’, je peux savourer le bonheur de côtoyer l'époque à laquelle j'aurais voulu vivre. Comme Marty McFly, comme le savant d'HG Wells, je partage le privilège d'habiter une autre époque pendant quelques précieuses minutes. Une époque fabuleuse où sont nés tous les rudiments de la musique actuelle.

Cette introduction un peu délirante est destinée à vous faire comprendre le bonheur qui m'envahit durant ce concert. Nick Waterhouse, accompagné de son crew, a une nouvelle fois enthousiasmé son public par ses compositions rétro. Un public étonnamment de tous âges. On savait que les sixties étaient tendance chez les jeunes, mais quel plaisir de voir que certains poussent le vice jusqu'à se repaître de la musique de leurs grands-parents. Ce qui doit les changer de Guetta, toutes ces notes…

Mais évoquons un peu le spectacle. Le groupe (2 saxos, un Hammond, un batteur, un percussionniste, un bassiste et une choriste plus Nick à la guitare) va évidemment principalement proposer les titres de son formidable nouvel album "Holly" mais aussi puiser dans les morceaux de "The Time All Gone" (une bonne moitié de cet opus sera interprété dont "Some Place, "Is That Clear" ou "Don't You Forget it"). Nick n'oublie pas non plus de faire la promo de son grand pote Ty Segall avant d'entamer la reprise d'"It # 3", une vieille compo du nouveau génie du garage et une des grandes réussites de "Holly". Il est vrai que Nick a beaucoup côtoyé la nouvelle scène garage-psyché californienne et la reprise finale, poisseuse à souhait, du "Pushing Too Hard" des Seeds, est une parfaite démonstration que sa vénération pour les sixties ne se limite pas aux premières années.

Mais finalement, la cover la plus représentative des goûts viscéraux du Californien sera un vieux standard du Rhythm & Blues qui a bercé l'enfance de Nick : le "It's Your Voodoo Working" du méconnu Charles Sheffield.

Le concert a duré un rien trop peu à mon goût. Le groupe semblant accablé par la chaleur de la salle, notamment le bassiste, personnage tout droit sorti d'Austin Powers, ruisselant de sueur et s'essuyant le front avec application entre chaque morceau. Pour les rappels, Nick tombe même la veste, laissant découvrir le vrai pantalon d'époque remonté jusqu'au nombril et soutenu bien évidemment par des bretelles sixties. C'est beau le souci du détail.

On soulignera également les prestations des musiciens, car cette musique nécessite plus de virtuosité qu'on ne le croit ; et le Waterhouse Band n'en manque assurément pas. La section rythmique tout d’abord. Et particulièrement un excellent jeune batteur qui s’illustre dans un style très jazz secondé par les congas et les tambourins du percussionniste. Mais aussi le claviériste, lançant quasi toutes les mélodies à l’aide de son Hammond et conférant parfois un léger et délicieux psychédélisme à ces compositions fusionnant R&B, rock, soul et jazz. Difficile en tout cas de résister à l'appel de la dance, dans cette effervescence rythmique, où le groove règne en maître.

Timide, un peu mal à l'aise au cours de ses interactions avec le public (et même après son set lorsqu'il viendra papoter au stand de merchandising), Nick Waterhouse n'en reste pas moins un personnage sympathique. Et tant pis si sa chaleur humaine est bien plus palpable dans sa musique, c'est l'essentiel après tout. Les mines réjouies à la fin du set sont la preuve qu'il a atteint son but : nous replonger avec maestria dans l'insouciance d'une époque dorée où l'on pensait encore que tout était possible, où tout était encore à inventer. Fin du voyage. Une voiture tunée déglutit une atroce euro-dance devant le Botanique. Pas de doute, je suis bien revenu en 2014. Nostalgie.

(Organisation Botanique)

 

vendredi, 28 mars 2014 17:08

Vex Ruffin

L'histoire de Vex Ruffin encouragera sans doute tous ceux qui veulent faire carrière dans la musique. Adolescent, il écoute surtout du hardcore punk de L.A et la cold wave de Cure et Joy Division. Puis, il va succomber aux univers tourmentés de Throbbing Gristle et Cabaret Voltaire. Deux influences qu'il revendique régulièrement, tout comme le kraut-rock et le jazz expérimental. C'est dire si le monsieur est éclectique. Mais pour vraiment saisir l'essence de sa musique, il faut aller chercher dans son panthéon deux autres noms : Suicide et Madlib. Son univers electro-punk minimaliste évoque en effet régulièrement les pionniers new-yorkais ; et le génial producteur de hip hop lui a insufflé l'envie de devenir Beatmaker et de composer principalement à l'aide d'un sampler (le fameux SP 303).

C'est en 2011 qu'il se décide, sans grand espoir, à envoyer une démo par mail au label Stones Throw. Et là, miracle, le boss qui n'écoute quasiment jamais ce qu'on lui envoie par Internet est intrigué par la pochette et se décide à jeter une oreille. Convaincu par ce qu'il entend, il contacte Vex Ruffin qui croit d'abord à une blague d'un de ses potes. Mais l'intérêt de Stones Throw est bien réel et les morceaux sortiront sous format cassette, quelques mois plus tard, sous le titre "Same Thing Tomorrow".

Le présent opus constitue donc la suite des aventures electro-punk lo-fi de Vex Ruffin, même si le son est tout de même un peu moins crasseux que précédemment. Le principe est toujours le même : un beat de boîte à rythmes répétitif peuplé de sonorités sombres sur lequel se pose un voix monocorde. Des boucles de synthés vintage, un accord voire deux de guitare ou de basse répété à l'infini (de son propre aveu, Vex n'a pas la technique pour proposer plus), c'est le royaume du minimalisme. Du kraut-rock de chambre mâtiné de No-Wave qui touchera sans doute les amateurs des expérimentations new-yorkaises de la fin des seventies, début des eighties.

Bref, si vous aimez les superproductions, la musique de stade et les sons léchés, passez votre chemin. Mais si vous êtes friands d'imperfections lo-fi, d'atmosphères post-punk répétitives, d'émotions et de sonorités brutes, alors il se pourrait que vous vous perdiez avec plaisir dans les paysages minimalistes de ce laborantin.

 

vendredi, 14 mars 2014 11:38

Control

C’est en 2006, qu’Alan Myson aka Ital Tek laisse ses premières traces. Sur le label Net Lab. A partir de 2008, on le retrouve parmi les artistes signés par le label Planet Mu, alors en pleine mutation. Epoque bénie où ses collègues Boxcutter, Distance, Vex'd, Pinch ou MRK1 inventent une dubstep sombre mâtinée de sonorités indus et de mélodies IDM. Le premier album d'Ital Tek, "cYCLiCAL", est d'ailleurs un monument du genre. Alan Myson va ensuite coller à l'évolution du label. Il incorpore des synthés et des influences garage dans les compositions de "Midnight Colour" (2010) puis s'engouffre dans la vague Bass Music qui saisit Planet Mu sur "Nebula Dance" (2012). Cet album ne manque pas de qualité mais est alors un peu occulté par les succès de ceux de Kuedo et Machinedrum.

"Control", le présent Ep est la suite logique de "Nebula Dance". Ital Tek continue à nous proposer sa vision de la musique à la mode. Une vision qui reste influencée par l’IDM des années 90. C'est sans doute pourquoi votre serviteur éprouve toujours un grand plaisir à écouter les productions de ce jeune Anglais. Il existe un réel talent derrière cette fusion de différentes époques.

Un jeune chroniqueur branché vous parlerait de ‘Trap futuriste’, de ‘tornade de juke’ ou de ce ‘bon exemple de la déferlante footwork qui s'abat sur les productions électroniques et va réhabiliter la jungle et la Drum & Bass’. Mais plutôt que de vous abreuver de néologismes musicaux, disons sobrement qu'il s'agit d'un mini-album assez réussi de drum-break-bass, tantôt rythmé tantôt plus méditatif.

Deux titres s'imposent. Le tournoyant "Fireflies" qui pose des voix angéliques sur des breakbeats agressifs. Puis "Jupiter Ascent". Il dépoussière la plus inventive D&B des nineties. "Violet" nous laisse imaginer ce qu’offrirait le "Moments in Love" d'Art of Noise s'il était produit aujourd'hui. Très agréables aussi, les oniriques "Zero" et "Doom/Dream clôturent chacune des faces. On attend donc impatiemment la suite des aventures ‘rétro futuristes’ d’Alan Myson. Un Ep est prévu pour avril sur Civil Music et le quatrième album devrait sortir un peu plus tard dans l'année.

 

vendredi, 14 mars 2014 11:33

Blue Distance

L'Autrichienne Clara Prettenhofer nous propose son second album. Repérée par Agoria, lorsqu'il relevait encore du team Infiné, elle est restée fidèle au label français malgré le départ de son parrain. "Blue Distance" se destine encore plus à une écoute domestique que le précédent elpee, "Polyamour". On ne retrouve en effet plus que deux morceaux susceptibles d'être dansés, "Hedonic Treadmill" qui aurait pu naître à Cologne au cours de ces dix dernières années et "Placid Kindness" dont la techno mélodique est assez proche du monde de Rone. D'autres morceaux plus downtempo évoquent également son compagnon de label ("Holy" notamment).

La majorité des morceaux proposent une electronica cristalline et rêveuse traversée par des voix éthérées ; et le travail sur les rythmiques est plutôt intéressant. On retiendra les nappes synthétiques enveloppantes de "I Saw Your Love" qui confèrent un petit côté Boards of Canada au meilleur titre de "Blue Distance" ou encore "My Double Edged Sword" qui fond un post-trip-hop abstrait à la Burial dans une orchestration plus symphonique. Mais avouons-le, cet univers est parfois un peu ennuyeux et les multiples effets sur les voix finissent par lasser. L’ensemble est fort joli mais ne suscite que peu d'émotions. Et de "Blue Distance", il ne restera bientôt qu'un souvenir aussi évanescent que les mélopées qui le peuplent.

 

vendredi, 07 mars 2014 11:02

Desperation

L'époque est aux reformations des groupes culte des années 90.  Icônes du garage punk entre 93 et 98 et géniteurs d'un album majeur du genre, "Soul Food", les Oblivians s'étaient réunis en 2009 pour partir en tournée en compagnie de leurs potes The Gories. Las de rejouer leurs vieux titres depuis lors et encouragés par leurs fans, ils ont décidé de retourner en studio pour nous offrir 14 nouveaux morceaux.

Les années ne semblent pas avoir émoussé l'enthousiasme du trio de Memphis. Chacun des membres a continué entre-temps son petit bout de chemin. Jack Yarber a apporté sa collaboration à un nombre invraisemblable de groupes dont les Cool Jerks et Tav Falco. Greg Cartwight est le leader des The Reigning Sound et Eric Friedl manage depuis de nombreuses années Goner Records. Il ne fallait dès lors pas s'attendre à une grande révolution dans le chef de ces fanatiques des productions souillonnes. Le son est donc crade à souhait (même si presque confortable par rapport à l'époque Crypt). Et tous les autres ingrédients d'un bon disque de garage sont présents. Morceaux courts, paroles cyniques et esprit rock'n'roll. Tantôt Punk ("I'll Be Gone", la machine à pogo "Run For Cover"), tantôt blues-rock ("Loving Cup", reprise décapante de Paul Butterfield  ou "Come A Little Closer"), inspiré fatalement des 3 S (Stones, Stooges, Sonics) et visité régulièrement par le fantôme de Johnny Thunders, "Desperation" est un modèle de classicisme. Etonnamment, le meilleur morceau, "Call The Police", est une cover d'un récent et obscur morceau de Zydeco. L'orgue fou de leur vieil ami Mr. Quintron joint à des riffs stoniens nous replonge alors avec délice dans les années nuggets.  

Même si les derniers titres n'apportent plus grand-chose, "Desperation" est un disque convainquant. L'oeuvre honnête et sans chichi de trois gars que l'on sent heureux de s'être retrouvés pour refaire la musique qu'ils aiment. Et c'est pour cela que cela fonctionne. Au contraire de certaines reformations purement marketing qui se bornent hélas, à tromper leur monde...

 

vendredi, 14 février 2014 10:28

Burnt Up On Re-Entry

Mathew Sweet est persévérant. Depuis une grosse dizaine d'années, il ne cesse de publier cassettes, cd et vinyles sous différents pseudonymes. D'abord sur Blue Baby, le label qu'il a créé en compagnie de quelques amis et dont le catalogue va du heavy rock à l'électronique abstraite. Puis, est repéré par Kranky en 2004 qui craque sur une démo de son énième projet Boduf Songs, croisement d'expérimentations électroniques, de guitare acoustique folk et de post-rock. Le résident de Southampton va alors graver quatre albums sur la structure américaine entre 2005 et 2010. Le présent "Burnt-Up On Re-Entry" constitue le premier pour le label Southern.

Cet elpee est sans doute l'oeuvre la plus aboutie de monsieur Sweet. Car s'il conserve les atmosphères dark folk crépusculaires qui ont fait sa réputation, il les enrichit de quelques passages électrifiés aux frontières du doom. Il est vrai que l'artiste définit sa musique comme du death-metal acoustique et les paroles sinistres de ses textes sont bien dans la lignée de ce style. On appréciera également le remarquable travail sur les sonorités électroniques, rythmiques et drones,  plus présentes que précédemment. Cet instrumentation plus fouillée, même si toujours aussi dépouillée, ne permet en tout cas plus de classer Boduf Songs dans la catégorie des projets lo-fi.

Tout au long des pistes, la voix feutrée, chuchotée de Mathew Sweet se pose sur des boucles de guitare agrémentées de drones tournoyants et d'une rythmique électronique légères. Si on pense à des compagnons de noirceur comme Michael Gira ou Matt Elliott, les expérimentations électroniques évoquent davantage Mount Eerie alors que ses ballades nocturnes auraient pu très bien être chantées par Mark Lanegan. Finalement, on pourrait loger les compositions de Boduf Songs entre celles de deux amis proches de Sweet, Aidan Baker et Nathan Amundson (Rivulets) avec qui il forme d'ailleurs le groupe Infinite Light Ltd.

"Burnt Up On Re-Entry" est un album sombre, hivernal, parfois un peu inhumain mais riche. Et lorsqu'au milieu de ces atmosphères glaciales et désolées, pointe une réelle émotion, comme sur "A Brilliant Shaft of Light", "Maggot Ending" ou l'excellent "Long Divider", on touche presque à l'excellence. Les amateurs de dark folk n'ont en tout cas aucune raison de bouder Boduf Songs. Peu d'albums aussi intéressants dans le style sont sortis en 2013. Et tant pis pour la joie de vivre...

 

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