Jasper Steverlinck inspiré par Roy Orbison ?

Jasper Steverlinck vient de sortir un nouveau single. Il en parle : ‘« Nashville Tears » est l'une de ces chansons qui m'est venue à moi, instinctivement. Elle a coulé d'un seul jet, comme si la chanson s'était écrite toute seule. Elle évoque un moment très…

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TORRES perdue dans une salle immense…

TORRES (le nom de scène de l'artiste new-yorkaise Mackenzie Scott) publiera son nouvel elpee, « What an enormous room », ce le 26 janvier 2024. La chanteuse américaine propose également son premier single/vidéo, « Collect ». Parallèlement à cette annonce,…

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Vive La Fête - 11/04/2024
Jean-Claude Mondo

Jean-Claude Mondo

lundi, 09 juillet 2007 23:37

Steel

Fondé en 1965, Savoy Brown constitue un des plus anciens groupes issus du british blues boom. Il n'a jamais cessé de se produire ou d’enregistrer, même s'il est devenu, au fil du temps, le projet personnel de Kim Simmonds. Ce dernier vit depuis belle lurette dans l'état de New York où il a fondé sa famille. Savoy Brown est donc devenue une formation américaine, mais toujours inspirée par le blues. Que ce soit en solo ou au sein de son band, ses derniers opus sont parus sur le label Blue Wave de Greg Spencer (NDR : en quelque sorte un voisin !) Il y a quelques années, Kim a décidé de ne plus louer les services d'un chanteur ; mais de prendre les parties vocales à son compte. S’il remplit correctement ce rôle, il faut reconnaître que sa voix manque de puissance. Pour son combo, il a adopté la formule du trio. Il en est le leader incontesté et incontestable en se réservant le chant, les guitares, la plupart des compositions et des arrangements ainsi que la production. Il est soutenu par Gerry Sorrentino à la basse et Mario Staiano ou Dennis Cotton à la batterie. Sa musique est toujours aussi agréable à écouter. Et le blues rock dispensé tout au long de “Steel” s’avère léger, sans fioritures, évoluant dans un registre assez proche des elpees "Street corner talking" et "Hellbound train", commis en 1971/72.

Signé Lowell Fulsom, "Monday morning blues" ouvre la plaque. Et il ne faut pas plus de quelques secondes pour reconnaître l’empreinte personnelle de Kim, les sonorités et le style très caractéristiques de Savoy Brown. Il chante d’un timbre léger quelques couplets avant d’enchaîner par de longues phrases imaginatives sur ses cordes. Le tempo monte d’un cran pour "Long as I've got you". Kim a empoigné sa slide. Il la fait rugir. Mais si les sons produits ont été torturés, l’écoute de cette plage passe facilement la rampe. Simmonds est en excellente forme ! Le tempo ralentit. La rythmique s’alourdit et impose un climat inquiétant et troublant tout au long d’"I don't remember you". Rapidement, la guitare largement amplifiée doit faire face aux instruments préposés au rythme. Elle trahit le mal-vivre de l'instant. Un retour à une formule déjà explorée dans le passé ! Ballade réminiscente des Stones, "You don't do a thing for me" rocke et rolle. Plaisant, "Fly away" est balayé par une toute bonne slide! Kim adopte un profil davantage hard, mais sans trop d’agressivité pour attaquer "Crying forever", une composition très tonique. Plage de bonne facture, "Daybreak" baigne au sein d’un univers nonchalant, laidback, un univers entretenu par la voix de Kim, les cordes se chargeant de faire la différence. Plage instrumentale "Echo of a sigh" nous replonge en 1971, à l’époque de l’elpee "Looking in", le dernier concocté par le Savoy Brown au sein duquel militaient les futurs membres de Foghat. De la dentelle ! Ou si vous préférez du pur Simmonds. Nous sommes alors très proches du "Romanoff" de l'époque! Le slow blues dépouillé, c’est ce que Simmonds fait de mieux. Tout au long du superbe "I'll keep on singing the blues", il y instaure un dialogue entre le chant et la guitare ; et au fil de la plage, cette dernière se révèle de plus en plus impatiente. Ce cd s’achève par "Keeping the dream alive", un rock'n'roll bien dans l’esprit de Jimmy Reed au cours duquel Savoy Brown met le turbo. Bref, si cet opus reste de bonne facture, il ne constitue pas le meilleur de la bande à Simmonds…

lundi, 02 juillet 2007 22:22

Stick with what you know

Ce hard blues rocker canadien est aujourd’hui âgé de 53 ans. Hendrix, Clapton, Beck ou encore Page lui ont tracé la voie. Ses premiers lauriers, il les a recueillis en Angleterre. Et en particulier lors de la sortie de son premier elpee. Un opus éponyme, paru en 1976, chez Polydor. Depuis, de nombreux albums ont jalonné une carrière que l’on peut déjà considérer aujourd’hui comme couronnée de succès. En 1993, il est signé par le label américain Blues Bureau, une écurie réputée pour son rock blues dur et largement amplifié. Son dernier opus, "P.T Power Trio 2", remonte à l'année dernière. Sous-titré, "Live in Europe", cette nouvelle plaque a été immortalisée en public, aux Pays-Bas, lors de sa tournée accomplie en 2006. Pat est épaulé par sa section rythmique, en l’occurrence le bassiste Franck McDaniel et le drummer Eric Frates. Sans oublier un second guitariste qui répond au nom de Kirk McKim.

Les premières plages évoluent dans un hard rock pur et dur. Des compos qui figurent à son répertoire depuis ses débuts : "Life in London", "Heat in the street", "Crash and burn" et "Snortin' whiskey", respectivement extraits de "Puttin' it straight" (1977), "Go for what you know" (1979) ainsi que de "Crash and burn" (1980), pour les deux dernières plages. Il passe enfin au blues, en attaquant le célèbre slow blues de Jimi Hendrixx, "Red house". Puis en embrayant par le "If I had possession over judgement day" de Robert Johnson, une version personnelle traduite en boogie rock dévastateur. C’est dans ce registre que Travers se révèle le plus convaincant. Il libère autant d’énergie que Michael Katon de Detroit, quoique moins de sauvagerie ! Un traitement qu’il inflige au flamboyant "PT Nutz aka Linus and Lucy". Instrumentale, la cover du "Oh pretty woman" d'Albert King est surprenante. Je dois même avouer que l’adaptation est totalement différente de l'originale ! La machine est bien huilée et écrase tout sur son passage. Pat chante férocement "Boom boom". Il passe à la moulinette ce titre-fétiche qu'il reprend depuis ses débuts. Le concert s’achève, mais bien entendu le public réclame un rappel. Pat revient d'abord seul, flanqué de sa guitare, pour interpréter "PT's solo time" (manifestation d’autosatisfaction ?) Les trois acolytes réapparaissent pour dispenser un "Born under a bad sign" cinglant. Ne manquez pas Pat Travers lors du prochain Live Music Harelbeke Festival, il s’y produira le 22 septembre...

lundi, 02 juillet 2007 21:13

The grass ain't greener

Originaire du Vermont, ce chanteur/compositeur/guitariste/chef d'orchestre/arrangeur et producteur est âgé de 42 ans. Son père est Canadien. Mais d’expression francophone. Dans les années 90, il fonde le Boppin' Blues Band en compagnie duquel il enregistrera sept albums, marqués par le blues, le jazz et même les chants de Noël. En 2001, il décroche une bourse auprès du Conseil des Arts du Québec. Ce qui lui permet d'enregistrer un album dans la langue de Molière "Nous avions rendez-vous". Mike se produit également au sein de son propre groupe : le Mike Goudreau Band; une formule sans cuivres et davantage orientée vers le blues. "The grass ain't greener" a été concocté en 2006 et implique les musiciens suivants : Harmonica Zeke à l’harmonica, Nino Carlo Fabio ou Loorie Goodman aux claviers, Daniel Poulin à la basse ainsi que Patrick Morin ou Richard Bergeron aux drums. Mick signe huit des douze plages.

"Too good to be true" lance les musiciens sur les bons rails. Une plage dynamique, très inspirée par le Chicago blues. Non seulement Goudreau possède une bonne voix, mais ce fin gratteur est inspiré par les meilleurs guitaristes de la cité des vents. Harmonica est un partenaire de choix, un harmoniciste au tempérament de feu et au souffle est puissant. Inspiré par Albert King, "Have you been cheatin' on me?" lorgne du côté de Memphis. Un funk chaleureux soutenu par l'orgue Hammond de Lorrie. Le chant de Zeke est moins vigoureux que celui de son patron. Mais sur le slow blues "Keep on drinkin'", il se réserve aussi de la slide acoustique et manifeste davantage de conviction. Compo énergique mais légère, "Baby please give in" rocke tout en accordant une large part à l'inspiration des solistes : Nino au piano, Mike et Zeke. La reprise du célèbre "Mercury blues" de K.C Douglas est imprimée sur un mid tempo. Le ton est assez volatil. Les musiciens tirent leur épingle du jeu ; et en particulier l'omniprésent Harmonica Zeke. Trempé dans le Chicago southside classique et fort bien ficelé, "I had me a woman" s’inspire manifestement de Muddy Waters. Ballade légèrement gospel, "Give it to the Lord" trahit une sonorité très Memphis. A cause de l'orgue Hammond infiltré par Nino Carlo. Mike signe ici une intervention très originale sur les cordes. Cette même impression, ma foi fort agréable, caractérise une autre ballade : "Dear John song". Soutenu par l’orgue, Mike chante dans un registre jazz. Les lignes de guitare sont inspirées par Carlos Santana. Excellent! "The grass ain't greener " constitue un des meilleurs moments de l’opus. La machine tient bien la route et Mr Goudreau y démontre toute l’étendue de son talent en accordant un solo explosif, un exercice de style immédiatement suivi par une réplique tonique de Zeke. La fin d'album demeure tout aussi intéressante. La reprise du "Oh! Darling" des Beatles en est une belle illustration. Non seulement le sens de la mélodie est bien préservé, mais Zeke ne souffle que les notes nécessaires. Cet album de bonne facture s’achève par le célèbre "Caledonia", un titre bourré de swing au cours duquel les mêmes musiciens se mettent encore et toujours en évidence. Cerise sut le gâteau, un tout nouvel album intitulé "Boppin' 15" sortira d’ici quelques jours !
mardi, 26 juin 2007 00:26

No pork tonight

Peu d'entre vous le savent, mais Martin Pugh était le guitariste de Steamhammer, un groupe anglais issu du british blues boom des sixties. Ce band avait commis un excellent titre en 1969, "Junior's wailing", une chanson qui sera reprise plus tard par Status Quo. Il s'est établi sur la côte ouest en Californie il y a un bon bout de temps et collabore avec Steamin' Stan Ruffo, depuis une dizaine d’années. Ce chanteur/harmoniciste local anime, en outre, un radio show particulièrement populaire : ‘Blues on Tap’. Le duo a concocté ce disque en y collant modestement le sticker ‘Modern blues with reverence for tradition!’

Pour chauffer le public, Martin Pugh s'embarque dans son "MP's Hide Out", une compo largement inspirée par le fameux "Hide away" de Freddie King. Stan lui donne la réplique sur son harmonica Lee Oskar. Les deux amis se plongent ensuite dans le style cher à Slim Harpo, à travers un funk léger intitulé "Just my luck". Une compo caractérisée par quelques bruitages désopilants et abrasée par la voix nasillarde de Stan. Les deux solistes sont très talentueux. Ruffo est également saxophoniste et sa manière de souffler dans l'harmonica en est une parfaite démonstration. Plage instrumentale, "No pork tonight" se révèle aussi atmosphérique que mélodique. Et le rôle des claviers aériens n’y est pas étranger. Stan interprète d’une voix grave "Ruffo's ride", un morceau humoristique. Blues de bonne facture, "Breakfast on Beale" nous ramène du côté de Memphis. Bien en place et d’une grande pureté, le cordes de Martin se dressent face à l'harmonica chromatique de Stan, pendant que l'orgue Hammond donne une coloration locale. Ruffo chante le récréatif "Pot Belly pig". Nous sommes à mi-chemin entre la Louisiane et le Tennessee. Un fragment au cours duquel les six cordes limpides de Pugh se détachent. L’ambiance est de plus en plus porcine. Et dans le cochon tout est bon. "Pork ribs" (un instrumental) s’avère même excellent ! Stan est passé au saxophone et il en profite pour transpercer l'écran sonore. Le titre final est également instrumental. Une longue plage qui porte bien son nom : "Torn pages". Martin Pugh feuillette les pages écornées de son album personnel. Des guitares réverbérées ouvrent la compo dans un style rappelant les dernières années d’existence de Steamhammer, lorsque le combo avait viré du blues rock au hard rock progressif. On distingue même, lors du passage d'un collage à l'autre, le thème de "Junior's wailing". Sans prétention, cet opus reproduit simplement les aspirations de deux instrumentistes qui aiment avoir le champ libre pour développer leurs propres idées…

mardi, 26 juin 2007 00:24

Wish I had you

Les Rounders sont issus d'Oklahoma City. Un quintet réunissant Brian Whitten au chant, Ryan Taylor et Michael Stone aux guitares, Stu Williamson aux percus ainsi que Dave Spindle à la basse. La formation du groupe remonte à l’an 2000. A cette époque, elle avait décidé de tourner le dos au Texas blues démonstratif pour puiser ses influences dans celui du Delta et de Chicago. Leur tout premier album, "Little bitty can of worms", est paru en 2003. Le suivant, "Now-a-day songs", en 2004. Ryan Taylor en est incontestablement le leader, puisqu’il a écrit les treize plages originales de "Wish I had you".

"God knows I'm trying" nous transporte immédiatement dans l’univers du Delta du Mississippi (les sonorités !) ; mais un univers contemporain et très personnel. Une plage qui fait déjà mouche. Le titre maître constitue manifestement un des sommets de l'opus. La voix de Brian colle parfaitement à ce répertoire. Bien imprégnées de blues, les guitares tissent un décor très dense et riche. Les cordes adoptent surtout un profil rythmique mais la puissance de feu est peu banale. L'album ne suscite jamais l’ennui et manifeste une grande homogénéité. Les Rounders se sont forgé un style de base qu'ils développent suivant leur inspiration. Parfois, leur musique aborde un profil plus doux et mélodique et prend des accents qui flattent l’oreille. A l’instar de "You know better than that". Les guitares évoquent alors le southern blues rock des Allman Brothers. Signé par les gratteurs, "Through no fault of my own" est un autre sommet de l'elpee. Puissant, menaçant, ses changements de rythme sont marquants. La voix épouse bien le climat entretenu par l’instrumentation ; une instrumentation enrichie par l'harmonica éclaté de Dustin Arbuckle (la moitié du duo Moreland & Arbuckle), invité pour la circonstance. Une véritable claque ! "When it's bad" est également un autre grand moment de l’œuvre. Les guitares s’y révèlent littéralement oppressantes. "Let me talk at you" est taillé dans le même moule, encore que ce fragment se révèle plus rock dans l'assise rythmique, laissant le champ à des guitares déjantées. Les Rounders abordent avec le même bonheur des plages plus country. Et je pense tout particulièrement à "Oh my dear mind", une compo imprimée sur le rythme du chemin de fer. Ou encore "Oh why". Musclé, "When it's bad" déchire. Les guitares sont incisives et envoûtantes. Une plage dont la trame repose sur un drumming tout à fait élémentaire. Le talentueux harmoniciste Dustin Arbuckle revient prêter main forte au formidable "Wait for me". Une compo très participative au cours de laquelle les guitares se libèrent. Et elles profitent de l’aubaine. Blues imparable, "It wasn't my baby" adopte un format classique. D’excellente facture, cet elpee s’achève par un "Goodbye George" qui a emprunté les accents du Delta…

mardi, 26 juin 2007 00:14

Liquor store legend

Howard est originaire de Detroit. Ce guitariste vit d’ailleurs toujours dans la Motor City. Son blues rock est électrique et puissant. Il tourne régulièrement en Europe flanqué de sa section rythmique : les El 34s. En l’occurrence le bassiste Bob Godwin et le batteur Charles Stuart. Naguère, il a joué en compagnie de l'harmoniciste noir local, Harmonica Shah. Une collaboration particulièrement longue. Les El 34s sont également responsable d’un album : "Brown paper bag". Glazer a écrit les treize plages de ce nouvel opus.

Il ouvre la plaque par le titre maître. Pour la circonstance, le trio est renforcé par l'orgue Hammond de Larry Marek. Howard n'attend guère longtemps avant de mettre le feu aux cordes. Cette plage d'ouverture est très participative. Les Greenfield Street Singers apportent leurs voix à celle du leader. Rock'n'roll bien emballé, "Let's go for a ride" emprunte le célèbre riff de Chuck Berry. Le gratteur est à son affaire. Il s’aventure en solitaire, suivi de ses fidèles acolytes. "Broken down Hotel blues" marque un retour au blues primaire, un morceau imprimé sur un tempo qu'aurait apprécié le géant Howlin' Wolf. Le son de la guitare est écorché. L'homme travaille sans filet, malmenant ses cordes pour créer son univers musical malsain. "Wonder why" constitue le blues lent usuel. Un exercice de style apprécié par Glazer. Ce musicien possède à coup sûr le feeling pour extraire de son instrument les phrases qu'il imagine dans son for intérieur. L'orgue épouse le chant. Les cordes reviennent sans cesse, même au bord de l'épuisement. Elles souffrent mais tiennent le coup face aux outrages que lui fait subir le maître. Le trio hausse le tempo pour aborder "Hanging by a thread". La section rythmique se révèle aussi solide que le métal de Detroit. Dommage que les chœurs féminins édulcorent quelque peu l'ensemble. Composition nerveuse, "Burning ain't no fun" est balayé par une slide gouailleuse, digne de l'albinos Johnny Winter. Blues étrange, presque grave, "Got to get going" mêle cordes acoustiques et timidement électriques. Les percussions semblent hors tempo. Une approche originale que Glazer devrait développer. Sans aucun doute la plage la plus originale. La machine bien huilée poursuit son chemin. "Take me back" se complait au cœur d’un climat torride. "Power" aligne un déferlement de notes triturées, décapantes. Il s’y dégage une énergie assez dévastatrice. Il n'est désormais plus possible de calmer le leader. Il n’en fait qu'à sa tête. Il s'engage dans un nouveau blues poisseux, saturé d'électricité, une compo intitulée "Walking in the rain". Dommage que le timbre vocal soit aussi monocorde car c’est un sacré musicien! Il fait rugir, gémir ses cordes, comme un Hendrix des temps modernes. "Bar fly boogie" prend son envol tout au long (oui, oui, et même bien long) boogie. Probablement une indication du style pratiqué par le combo sur les planches. Efficace, solide, soudée et entraînante, la section rythmique rencontre son moment de gloire! Howard achève cet album de bonne facture en solitaire. Il chante "Next train out", en s’accompagnant de sa guitare Resonator acoustique.

lundi, 18 juin 2007 21:41

Dislocation blues

Chris Whitley est décédé en novembre 2005, suite à un cancer des voies respiratoires. Il n'avait alors que 45 ans et laisse pour veuve, Hélène Gevaert. Une Belge ! Issu de Houston, ce chanteur/compositeur/guitariste reconnaissait une multitude d’influences musicales, et en particulier le country blues, le blues rock et le rock alternatif. Ce Texan a laissé pour héritage douze albums, dont le premier "Living with the law", était paru en 1991. Sa spécialité ? Réussir des mélanges improbables. Il était ainsi capable de rapprocher Muddy Waters et Howlin' Wolf de Kraftwerk ou encore Elmore James de Kurt Cobain. Jeff Lang est également  chanteur, guitariste et compositeur. De nationalité australienne, il s’intéresse davantage à la musique folk. C’est également un fervent admirateur du blues original de Blind Willie Johnson et de Skip James, mais aussi de Bob Dylan, Richard Thompson et Ry Cooder. Il compte, à son actif, une bonne douzaine d'albums. Les deux hommes devaient se rencontrer et, lors d'une tournée accomplie par Whitley en Australie, au début 2005, ils enregistrent cet album, peu de temps avant la disparition de Chris. Le duo se partage les compositions, le chant et les guitares tout au long d’une œuvre qu'on pourrait qualifier d'électro blues-rock. Une musique roots mêlant savamment et délicatement instruments acoustiques et électriques. Une musique audacieuse quoique empreinte d’une grande pureté et d’une grande simplicité. Les reprises exécutées par le duo sont très personnelles, tant les deux artistes s’approprient les compos qu’ils interprètent.

L’opus s’ouvre par "Stagger Lee", un blues traditionnel de plus de sept minutes. Une incursion dans le monde de l'étrange. La voix de Chris est profonde, mystérieuse, poignante. Les guitares accentuent ce climat qui donne froid dans le dos. Constituée de Grant Cummerford à la basse et d’Ashley Davies à la batterie, la section rythmique est impeccable et créative. "Twelve thousand miles" est incontestablement la plage la plus blues. Jeff Lang chante d'une voix plus sereine, presque féminine. Il est assis sur un siège et tient sur ses genoux une lap steel, dont il tire des sons métallique. La plage est superbe. L’elpee recèle deux covers de Dylan méconnues : "When I paint my masterpiece" et "Changing of the guard". Le timbre de Chris est stupéfiant. Il est rejoint par celui plus frêle et surtout sensible de Lang. "Forever in my life" relève du répertoire de Prince. La sonorité de la lap steel transforme ce fragment en trip psychédélique. Dans le domaine de l’écriture, le sublime est atteint par "Rocket house". La voix intimiste, lugubre et énigmatique de Chris pose le décor sonore. Jeff le rejoint pour un duo acoustique. A cet instant, la complexité des deux guitares National carillonne à nos oreilles… Cette voix semble parfois sortir d'outre-tombe. Elle hante l'ensemble de cet opus. L'homme semble au bord du désespoir. Il ne fait aucun doute qu’il souffrait déjà dans sa chair. L’elpee est susceptible de nous surprendre à tout instant. A l’instar de ce "Dislocation blues", caractérisé par cet accompagnement minimaliste et répétitif, comme s’il émanait d’un continent lointain. Jeff gratte son chumbush, un banjo à douze cordes importé de Turquie, pendant que les percussions hypnotiques d'Ashley Davies donnent le change. Chris a écrit la meilleure compo de la plaque : "Velocity girl".  L'inventivité et la créativité s’y rejoignent. Une plage aventureuse au cours de laquelle les parties de cordes torturées de Jeff Lang relèvent de la pure magie. L'Australien est bien un musicien extraordinaire. Jeff renvoie l'ascenseur en se montrant également avide d’expérience. Il chante "Underground" soutenu par les deux guitares National amplifiées, responsables de sonorités distordues et tourmentées. Pour notre plus grand plaisir, l’elpee recèle un bonus track. Une plage cachée, si vous préférez. En l’occurrence leur vision (version ?) du classique "Hellhound on my trail" (de Robert Johnson pardi !) mêlé à "Kick the stones". Un album curieux, difficile, mais d'une richesse insoupçonnée et exceptionnelle. Quel dommage que l’un des deux acteurs soit disparu!

lundi, 18 juin 2007 21:29

Happy songs from Rattlesnake gulch

Originaire de Lubbock, Joe Ely est un pur Texan, comme l'étaient Buddy Holly, Roy Orbison et Waylon Jennings. Cet artiste émarge à la roots music, une solution sonore issue de la rencontre entre la country et le rock'n'roll, mais impliquant des caractéristiques folk et blues. Compositeur, mais également poète, Joe parcourt les routes depuis plusieurs décennies. Eponyme, son premier elpee date de 1977. Le notoire "Honky tonk masquerade" lui succède un an plus tard, avant de laisser la porte ouverte à bien d’autres œuvres. Il fonde ensuite les Flatlanders flanqué de ses amis et concitoyens Jimmy Dale Gilmore et Butch Hancock. Puis se décide à créer son propre band, en compagnie du guitariste David Grissom. Ce Joe Ely Band entame son existence par l’enregistrement de "Lord of the highway", en 1987. Paru chez Hightone, il étrenne une aventure parcourue d'une bonne douzaine d’opus. Sans oublier, celle qu’il a menée en parallèle en compagnie de Flatlanders reconstitués. L'album a été concocté à Austin (Joe y est toujours établi), sous la houlette de Little Johnny Fader, qui apporte sporadiquement son concours aux percussions.

Amusant et sémillant, "Baby needs a new pair of shoes" ouvre l’album. Une compo imprimée sur un mode très rock. David Holt se réserve les cordes et le réputé Reese Wynans (un ancien musicien de Stevie Ray Vaughan), siège derrière l'orgue Hammond. "Sue me sue" embraie en maintenant le tempo dynamique, dans un style qui peut rappeler à la fois Creedence Clearwater Revival et le Sir Douglas Quintet du très Texan et regretté Doug Sahm. Mais Joe Ely, c'est avant tout Joe Ely. Et il ne faut pas nécessairement le soumettre aux comparaisons. Son roots rock est aussi personnel que… texan. Et il le démontre tout particulièrement sur  "Hard luck saint". Il y a quelques années, Bruce Springsteen a participé à la confection d’un album de Joe. Et il est vrai que parfois, il existe des similitudes entre les deux artistes. A l’instar de l'excellente ballade, "Jesse Justice". Mais cette constatation est encore plus manifeste tout au long du superbe "Miss Bonnie and Mister Clyde", une chanson ressentie intensément par l'artiste. L’elpee recèle également quelques ballades texanes. Et je pense tout particulièrement à "Little Blossom", une compo dont la coloration tex mex rock est procurée par l'accordéon. "Up a tree" vire au rock. Mais un rock aux intonations latines entretenues par les cuivres et balayé par la guitare de l'invité Mitch Watkins. Dans la plupart de ses œuvres, Joe reprend une composition de son ami Butch Hancock. Et il ne déroge pas à la (bonne) règle, en adaptant "Firewater", une plage R&B rehaussée par la présence de cuivres. "July blues" est un… blues lent que Joe interprète telle une prière. Les lyrics sont chaleureux. Son vieux comparse, David Grissom, se réserve une intervention marquante sur les cordes. Plus rythmé, syncopé, "So you wanna be rich!" campe un autre blues au cours duquel Gjersoe s'emballe et opère sa meilleure sortie de l'album. Cet opus séduisant s’achève par un nouveau rock bien ancré dans le sud texan : "River fever" ; une plage marquée par le retour de Reese Wynans à l'orgue.

lundi, 11 juin 2007 22:47

Tijuana Bible

Jim Suhler est un chanteur/guitariste qui s’est forgé une solide réputation au cours des deux dernières décennies. Ce Texan arpente les scènes internationales depuis une vingtaine d’années et a épaulé, comme deuxième gratteur, le célèbre rocker George Thorogood au sein de ses Destroyers. Il exerce également une carrière en parallèle. Chez Monkey Beat. Il en est également le leader. Une formation qui compte déjà pas mal d'albums à son actif : "Shake" en 1995, "Radio mojo" en 96, "Bad Juju" en 2001 et "Starvation box" (un "Best of" !) en 2003. La musique de Suhler correspond parfaitement au profil texan du blues et du rock. Un profil dont l’amplitude oscille de ZZ Top à Johnny Winter. Ce nouvel opus a été enregistré à Nashville sous la houlette de Tom Hambridge. Jim est soutenu par son Monkey Beat : Carlton Powell à la basse, Shawn Phares aux claviers et Jimmy Morgan aux drums. Notre Texan signe la majorité des plages

 Dès l’ouverture, en l’occurrence la plage générique, il affiche un solide tempérament rock. Les riffs sont solides et bien gras. Ils évoquent immanquablement les barbus de ZZ Top!  Suhler est un remarquable de joueur de slide. En effet, il se montre particulièrement à l’aise le bottleneck au doigt. Il le laisse glisser violemment le long des cordes ; et manifeste une certaine sauvagerie tout au long du tonique "Devil in me". Cette approche du Delta blues se révèle plutôt détonante. Et pourtant, c'est dans ce registre qu'il se montre le plus à son avantage. Il s'attaque à "Drunken hearted boy" d'Elvin Bishop, un morceau franchement plus blues. Et c'est bien l'ancien guitariste de Paul Butterfield qui entre en studio. Pour la circonstance, Elvin se réserve la slide. Une solide tranche de blues sans concession! Le rockin' blues se durcit. Forgés dans un acier bien trempé, les riffs déferlent. Mais, diable, "Up to my neck in you" n'est-il pas une composition d’AC/DC ? Celui de la grande époque? Une reprise sans surprise mais exécutée à haut niveau. Le rock dur persiste et signe, mais se colore de country sur "Long hot summer". Les parties de guitare démontrent le talent de ce musicien qui est parvenu à assimiler toutes les ficelles du métier. Et il ne s'en prive guère! L’éclectisme réapparaît lors de l'apparition du jeune et talentueux Joe Bonamassa. Cet invité de marque tire son épingle du jeu tout au long du très atmosphérique "Deep water lullaby". Une plage introduite comme lors d’une jam, et qui se fond dans un slow blues très ‘hendrixien’, empreint de saveur et de sensibilité. "Years of tears" évolue sur un mid tempo. La ligne mélodique assurée, Jim arrache des sons incroyables de ses cordes. L'album demeure intéressant de bout en bout. Il recèle des titres plus rock, tels "Border rock" ou "Sunday drunk" ; mais aussi une compo particulièrement originale : "Po' lightin". Plus funk, caractérisée par des percus bien mises en avant, elle bénéficie du concours vocal de Jimmy Hall. Un titre qui manifestement lorgne du côté de Little Feat. Mais chassez le caractère et il revient au galop ! Le spectre de ZZ Top hante à nouveau le boogie "Mexicali run" et le déjanté "Chaos in Tejas". En finale, Jim Suhler s’autorise une version fort réussie du "I could 've had religion" de Rory Gallagher. Un hommage bourré d'intensité, d'émotion et de feeling accordé au regretté Irlandais. Une cover au cours de laquelle la frêle Cheryl Arena intervient à l'harmonica. Un album de toute bonne facture !

lundi, 11 juin 2007 22:32

Big plans

Avant toute chose, j’aimerai saluer le retour des enfants chéris du label californien Delta Groove. "Big plans" constitue déjà leur troisième opus. Il fait suite à "That represent man" et "Live and in demand", deux disques encensés par la critique. Neuf musiciens figurent aujourd’hui au sein du line up des Boys. Et parmi ceux-ci, on y dénombre pas moins de cinq chanteurs, deux harmonicistes et trois guitaristes. Certainement une des plus solides machines à blues de notre univers.

Dès l’ouverture, "Border town blues" dévaste tout sur son passage. De la dynamite ! La rythmique est imparable et en particulier Richard Innes, véritable chef d’orchestre qui dirige la manœuvre en martelant sèchement ses peaux. Tom Leavey le suit à la trace de sa basse, immédiatement talonné par le piano de Leon Blue. Finis Tasby chante d'un timbre sûr et autoritaire. Kirk Eli Fletcher se réserve un des solos de l'année sur ses cordes. Frank Goldwasser attaque son "I can't stay here". Le son de sa slide est volontairement sale, primaire. Une compo qui baigne dans le Delta. Frank libère une puissance phénoménale dans son chant, comme si sa vie en dépendait alors que la slide tente bon gré mal gré de survivre au sein de ce climat étouffant. Finis chante "I get so worried", un bon blues lent dominé par la guitare de Kid Ramos. Parmi les invités, on retrouve Rob Rio aux ivoires, Jeff Turmes à la basse acoustique et au sax alto ainsi que Woody Woodford au saxophone ténor. Bien que disposant de 5 chanteurs, les Boys se paient encore le luxe d'en inviter d'autres. Tout d’abord Bobby Jones. Cet ex-Aces (celui des frères Myers) chante "Mary Jane". Randy Chortkoff souffle dans son harmonica tout au long de ce Chicago shuffle, très Jimmy Reed dans la démarche. Le patron du label transperce la solution sonore de ses sonorités acérées. Rob Rio, ensuite. Il interprète "Carpet bogger blues", assis derrière ses ivoires. Il pianote à la manière d'Otis Spann sur ce blues lent à l'intensité dramatique, pendant que Kirk dispense ses petites phrases assassines. Le vieux Johnny Dyer également. Il monte sur les planches. Son harmonica à la main. Il chante toujours à la manière de son ami Muddy Waters. Et en fait la plus parfaite démonstration sur "Just to be with you". Rick Holmstrom se réserve la guitare et Larry Taylor la basse. Quel show! "Why do things happen to me?" constitue un autre blues de toute grande classe. La voix de Finis Tasby est impériale. Il est épaulé par les cordes chaleureuses de Ramos et le sax baryton de Woodford. L'apparition soudaine de Jody Williams est une autre bonne surprise. Issu de Chicago, ce guitariste a accompagné Howlin' Wolf, Bo Diddley, Otis Rush, et quelques autres. Il chante son "Groan my blues away" tout en grattant sa râpe. Une compo qu’il avait immortalisée en 1955, lors de sa toute première session comme leader. L'impresario Chortkoff a composé deux plages. "Mina all mine" et "Young and tender". Il chante le premier morceau face à la slide de Kid Ramos, un blues délicat qu'il avait composé pour Jody Williams. Et le second d’un timbre soul, tout en sensibilité. Un feeling qu’il accentue en s’accompagnant à la guitare et en s’appuyant sur la rythmique de Rick Holmstrom Larry Taylor et de ‘Big Foot’ Innes. L'intérêt  de cette œuvre est constant. Même en fin de parcours. Tasby chante le nerveux "My baby's a good 'un" d'Otis Rush et son "Walkin' down Fillmore". Les échanges de cordes évoluent à très haut niveau. Que ce soit face à Eli, d'abord ou au Kid, enfin. Mitch Kashmar est le dernier le la liste des guests. Harmoniciste maison, il participe à deux plages. Tout d’abord "Broken hearted blues. Signé Jimmy Rogers, ce slow blues sent bon le Chicago Southside. Dyer se charge des vocaux. Et ce n'est pas une surprise, car ce bluesman est originaire du même patelin que Muddy Waters, dans le Mississippi. Cet excellent opus s’achève par le "California blues" (bien sûr!) de Howlin' Wolf. Bobby Jones le chante d’une voix puissante, proche du grand Chester Bennett.