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Vive La Fête - 11/04/2024
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Jean-Claude Mondo

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mardi, 31 décembre 2002 01:00

The Toronto Sessions

Archie Edwards est né en 1918 à Union Hill, en Virginie. Il partagera son enfance au milieu de cinq frères et de six sœurs. Son père Roy travaillait à la ferme et distillait son propre whisky de maïs. Le paternel était également musicien et jouait de l'harmonica, du bottleneck et du banjo. Archie fréquente ainsi la bonne école et apprend la guitare. Il fait ainsi ses débuts à Franklin County, en 1933. A l'âge de 37 ans, il prend son bâton de pèlerin et part à l'aventure. Il atterrit cependant à Washington DC, en 1946. Il exerce alors successivement les jobs de garde de sécurité, de chauffeur de taxi et surtout de barbier. Mais, il consacre également son temps libre à jouer le blues.

Au cours des 60's, il fréquente Skip James, John Jackson, John Cephas Phil Wiggins et Mississippi John Hurt. Il continue à hanter la scène locale durant les années 70 et 80. Il enregistre plusieurs singles entre 1977 et 83, dont on tirera un Cd en 91. Archie est mort en juin 1998. Dans son lit, chez lui, dans le Maryland. Les enregistrements de cet opus ont été immortalisés dans un studio de Toronto, en juin 1986.

Mr Edwards est seul avec sa guitare. Il joue dans le style Piedmont, en fingerpicking. Il possède une voix agréable pour chanter ce blues venu de l'est de la Virginie. Son style aux cordes est très clair. De très bons moments émergent de ces sessions canadiennes. Il interprète ses maîtres à travers "One thin dime blues" et "Easy rider" de Blind Lemon Jefferson, ainsi que "I'm down today" et "Take me back baby" de Mississippi John Hurt. On y retrouve quelques airs bien connus dont le "Sitting on top the world" des Mississippi Sheiks. Lorsqu'il attaque "I called my baby long distance" de sa slide, il pense certainement à Robert Johnson. Il est bouleversant lors de son interprétation du célèbre "How long", signé Scrapper Blackwell/Leroy Carr. Il injecte également beaucoup de sensibilité dans ses propres compositions. A l'instar de "Pittsburgh Blues" et de "Poor me", une chanson qui fustige les mauvais jours de l'administration Reagan. Ce très bon album de country blues s'achève par "Meet me in the bottom", un classique écrit par Buddy Moss dans les années 30…

 

 

 

mardi, 13 mars 2007 04:00

Live on Brother Matt s - Dvd

1985 : William Clarke est âgé de 34 ans. Il se produit à Los Angeles, sur la scène de Brother Matt. Pour la circonstance, sa section rythmique est constituée de Willie Brinlee et Jerry de Monte, respectivement bassiste et drummer. Il est également soutenu par deux guitaristes : Steve Samuels et Joël Foy. William jouissait déjà d’une fameuse réputation, à cette période de sa carrière.

Le concert s’ouvre par "She's dynamite", un de ses titres ‘fétiche’ réservé à la scène. Le tempo est bien enlevé. Il est assez cocasse de voir Steve Samuels réussir un solo, à l’aide de son demi-bras gauche. Il parvient à tirer les cordes en se servant de son moignon, avec une énorme dose de dextérité et de feeling. A cette époque, on venait juste d'inhumer le légendaire George ‘Harmonica’ Smith. Tout naturellement, Clarke ne pouvait que lui rendre hommage. Et il fait revivre George en soufflant dans son harmonica chromatique sur ce "Tribute to George Smith". Il y communique toute son émotion. "I got my brand on you" est imprimé sur un tempo plus enlevé. Samuels en profite pour dispenser une nouvelle salve. "Take a walk with me" est un excellent Chicago shuffle. Clarke pète la forme, mais pour l’occasion, le discret mais efficace Joel Foy sort de sa réserve. William se retire quelques minutes pour laisser ses musiciens rivaliser de talent ; et tout particulièrement Steve qui, de toute évidence, prend son pied. Ce concert s’achève par une compo phare de son répertoire d’alors : le vivifiant "All night long" ; un morceau qui clôturait habituellement ses concerts. Le souffleur californien (un peu plus svelte en ce temps-là) termine son show à genoux, avant de s’étendre totalement sur les planches pour extraire de son instrument des sonorités incroyables. Ce Dvd constitue un excellent témoignage (un de plus) de l'héritage laissé par un des harmonicistes les plus doués de la fin du XXème siècle.

 

 



mardi, 20 mars 2007 04:00

I want it? Right now

Seattle est situé au Nord-Ouest des Etats-Unis d’Amérique. Dans l'état de Washington, près de la frontière canadienne (NDLR : difficile d’être plus précis !). On y rencontre de multiples formations de blues. Dont le Crossroads Band. Son line up implique un noyau dur de vétérans locaux. Tout d’abord Steve Bailey. Ce chanteur, harmoniciste et circonstanciellement guitariste sillonne les routes depuis la fin des 60s. Flanqué de ses Blue Flames, il a joué en Europe et au Japon. Dennis Ellis, ensuite. Chanteur et saxophoniste. Il souffle comme un possédé dans son instrument. Big Jay McNeely et Eddie Cleanhead Vinson constituent ses influences majeures. Au cours des 70’s, il pratiquait déjà le jump et le swing, au sein du groupe drivé par le guitariste Chris Cain. Dan Newton, encore. Il chante, se partage plusieurs guitares et se réserve les claviers. Il a également milité chez les Blue Flames. John Lee également. Originaire de l’Alaska, ce bassiste a sévi dans le backing band de John Lee Hooker en compagnie de Charlie Musselwhite et au sein des Blue Flames. John Rockwell enfin. Il est préposé à la batterie. En bénéficiant du concours de musiciens aussi expérimentés, la qualité de la musique doit être bien présente. Et cet opus en est la plus belle démonstration. En 2005, le combo a décroché le titre de ‘meilleur band’ auprès de la Washington Blues Society. Avant de graver "I want it…..Right now", le Crossroads Band avait déjà commis un premier album éponyme. L'album révèle les différentes facettes de ce combo qui bénéficie de la présence de quatre chanteurs différents, évoluant dans des styles tout aussi distincts. L’originalité procède de cette particularité de proposer, sur pratiquement chaque plage, des joutes ou des combinaisons entre le saxophone et l'harmonica! Variée, la musique ne se confine pas au Mississippi, mais s’aventure du côté de Clarcksdale, près du célèbre carrefour sis entre les nationales 49 et 61 ou si vous préférez entre Memphis et Greenwood.

Steve se met à souffler à pleins poumons, à la manière de Sonny Boy Williamson II. Ce qui n’est guère surprenant puisque "Too young to die" est une de ses compositions. Les cordes de Dan vibrent immédiatement, pendant que le leader se met dans la peau de Rice Miller. Dans le style, la technique au vibrato est infaillible. Dan nous emmène à la Nouvelle Orléans pour chanter son "What's he got". Pour la circonstance, il s'est installé derrière le piano. Ses notes sont syncopées tandis que le honky sax de Dennis évolue dans un milieu naturel. Dennis chante "Depression blues", un late night blues. Son organe vocal est puissant. Au sein de cette atmosphère enfumée, Dan Newton signe une sortie spectaculaire, rappelant les grandes envolées de Michael Bloomfield. Steve revient sur scène pour diriger de sa voix déchirée un entraînant "Barefoot rock". Harmonica et sax se conjuguent, se défient et font de la surenchère. Le bassiste John Lee passe au chant pour interpréter "Mama and Papa", un R&B signé Earl King. Sa performance est digne de celle de ses compères. Tous les instruments sont bien en place. Les vétérans se déchaînent! L’album monte en intensité. "Follow me" met en exergue un duel de souffleurs sur fond d'orgue. Ressemblant étrangement à "Mellow down easy", "Long distance operator" consacre une rythmique irrésistible. Bailey est totalement bouleversant sur "Never leave me at home". Il s’époumone sur son harmo, avant que Dennis ne passe à la flûte traversière. Et on n’est pas au bout de nos surprises, car Mr Bailey saisit sa guitare slide et nous emmène dans un de ces Chicago shuffle dont il a le secret. Tout droit sorti des 50’s, ce "Mean & evil blues" est de la pure dynamite. Le sax et le piano sont de la fête. Un véritable bonheur! Les deux guitares paradent sur le rocker "Let me go" ; mais c'est Newton, poursuivi par l'harmo, qui s’illustre par son côté Otis Rush sur "I'm lost without you". Bailey est plus Leiber & Stoller que nature sur son "All night lovin' man". Cet opus d’excellente facture s’achève par le "Hot & cold" d'Albert Collins, une plage caractérisée par le sax ravageur et la guitare en picking, épilée à la manière d’un Collins, de Mr Ellis.

 



mardi, 27 mars 2007 05:00

Flyin to high

Bob Nelson n'est pas né à Chicago, mais à Bogalusa, en Louisiane. Cependant, à l’instar de nombreux contemporains, il a débarqué dans le plus grand port des Grand Lacs, très jeune. Une situation qui allait le marquer à vie. Il a largement dépassé les soixante balais aujourd’hui. C'est Muddy Waters qui lui a collé le surnom de Chicago Bob. Adepte de l'harmonica, il apprend à jouer au contact d’artistes notoires comme Junior Wells ou Big Walter Horton. Il a également accompagné John Lee Hooker et Johnny Shines ; et puis a milité au sein du Collwell Winfield Blues Band. Il est ensuite parti vivre à Boston. Au cours des eighties, il incorpore le line up des Heartfixers du guitariste Tinsley Ellis (un album est paru en 1983 chez Landslide : "Live at the Moonshadow") et rejoint même les Shadows.

Après une absence de dix ans, il nous propose enfin ce nouvel opus. Une aventure musicale qu’il poursuit donc dans un style Chicago blues sous une approche louisianaise. Pour la circonstance, il a bénéficié du concours d'excellents musiciens, réunis sous la houlette du pianiste David Maxwell (il est également responsable de la production de l’œuvre). Une section rythmique de rêve a ainsi participé aux sessions d’enregistrement : le bassiste Michael Mudcat Ward ainsi que le drummer Per Hanson, deux ex-Ronnie Earl et Sugar Ray & the Bluetones. Monster Mike Welsh (il est également issu de Boston) et Troy Gonea (Fabulous Thunderbirds, Kim Wilson) se réservent les guitares.

Le disque s’ouvre par "Taking care of business" ; et surtout par le riff qui a fait la célébrité d'Elmore James. A la gratte : Mike Welsh ! Nous baignons bien dans le blues du Chicago Southside ; cependant, Bob a gardé le timbre du chanteur de swamp blues de sa Louisiane natale. Maxwell occupe une place importante dans le décor et Troy Gonea s'éclate dans un style très différent de Welsh. La voix de Bob est une véritable révélation. Assurée, immuablement nonchalante, puissante, elle domine l’ensemble. Le "My bleeding heart" d'Elmore James constitue véritablement un des sommets de la plaque : le piano et la guitare semblent sortir des studios Chess. Nelson a signé trois plages. Tout d’abord "Party after hours". Elle démarre très lentement dans le style de T Bone puis prend progressivement du rythme. Le swing déborde. Tous les musiciens participent aux chœurs. Gonea préserve son style jump pendant que Doug James souffle dans les sax ténor et baryton. "Retirement plan" ensuite. Remarquablement ficelé, ce slow blues et très très proche de Muddy Waters. Quel bonheur de voir et surtout d'entendre Maxwell emprunter le rôle d'Otis Spann et Welsh celui de Jimmie Rogers. Il faut d'ailleurs souligner que dans le même registre, Bob s’autorise une cover du lent "The blues never die" de Spann, avec beaucoup de retenue et de feeling. Maxwell déploie des trésors d'imagination pour faire passer le fantôme de l'inoubliable Otis. Fermez les yeux, et vous y parviendrez assez facilement. Toujours dans le même style, les musiciens haussent le tempo et s’engagent sur le "Popcorn man" de Muddy Waters. Les ivoires s’emballent. L’harmonica participe à cet engouement. Il interprète le "Wish I had someone to love" de Bo Diddley sur un axe Baton Rouge – Chicago. Très paresseuse, la ligne rythmique et portée par Mudcat Ward. Le chant est bouleversant. La production digne de Jay Miller! D’excellente facture, cet album ne recèle aucune faille. On y porte intérêt de bout en bout. Et il s’achève par "Christmas tears", un blues démontrant une dernière fois la sensibilité exacerbée de ce chanteur/harmoniciste talentueux.

mardi, 13 mars 2007 04:00

Alligator Record Party - Dvd

Jeannette Lodovici tient ses promesses. La veuve de William Clarke sort de ses tiroirs de magnifiques témoignages de son défunt mari. Et en particulier sur Dvd. Paru l’an dernier, "My last goodbye" réunit différents extraits de concerts ‘live’ dont des séquences issues de cette fameuse ‘Alligator Records Party’, qui s’est déroulée en octobre 1990, dans un magasin de disques : le Lamar's Shop de Long Beach. Un événement destiné à marquer la sortie de « Blowin' like hell », le premier album édité sur le célèbre label blues de Chicago. L’intégralité de ce concert est ici immortalisée. Plusieurs musiciens talentueux ont collaboré à cet épisode dont le bassiste Buddy Clark, le drummer Eddie Clark ainsi que les guitaristes Zach Zunis et Rick Holmstrom (avant qu'il ne rejoigne les Mighty Flyers de Rod Piazza). D'évidence, William est au sommet de son art. Au fil du temps, il a développé un style percutant tout à fait personnel. Imaginez la scène : le groupe joue au beau milieu d'une boutique de disques exiguë. Les spectateurs se serrent comme ils peuvent entre les présentoirs. Mais ils ne le regretteront pas, car le set sera remarquable

Le concert s’ouvre par l’instrumental "Blowin' like hell", titre maître de « Blowin' like hell ». Pas moins de trois shuffles s’enchaînent. La température ambiante est torride. Les deux guitaristes se réservent des solos successifs avant de se mettre au service du rythme. Clarke a toujours eu le don de s'entourer de gratteurs capables de respirer le bonheur sur les planches. Fin des années 70, il a sévi chez le Hollywood Fats, avant de collaborer en compagnie de Steve Samuels, Joel Foy et John Marx, mais aussi d'Alex Schultz et Rick Holmstrom ; paradoxalement chaque fois préalablement à leur engagement par Rod Piazza pour ses Mighty Flyers. D'ailleurs, au cours de cette party, après quarante bonnes minutes, à l'initiative de William, le géant Bill Stuve (ce bassiste à longtemps milité chez Mighty Flyer) et Alex Schultz (ce guitariste est un des maîtres incontestables du style west coast) remplacent, le temps de trois titres, respectivement Buddy Clark et Rich Holmstrom. La complicité entre William et Alex fait plaisir à voir et à entendre. "Lonesome bedroom blues" en est la plus belle démonstration. Les autres rappliquent ensuite pour achever ce show promotionnel. William Clarke était un bluesman au talent extraordinaire. Et s’il était encore de ce monde aujourd’hui, il serait, sans nul doute, toujours à la pointe de l’actualité, dans le domaine du blues…

mardi, 20 mars 2007 04:00

I'm alive

Ce jeune chanteur/compositeur et conteur anglais n’est âgé que de 25 ans. Avant de se lancer dans une carrière en solitaire, il a participé à différents projets. Dont un duo partagé en compagnie de son ami Olas, également compositeur. En 2004, le tandem avait d’ailleurs commis un album intitulé "The best of days ahead". Et puis, à ses débuts, il avait milité au sein d’un groupe rock répondant au patronyme de Candlefire. Sa carrière en solo l’incite à se produire un peu partout en Angleterre, et particulièrement au club ‘Troubadour de Londres’ où il se fait remarquer par le manager du label Folkwit. Il entre en studio pour enregistrer son premier elpee "Willow park", un disque paru en 2005. Il accomplit alors une tournée en Europe et aux States ; puis en mars 2006 retourne en studio. Pour la circonstance, il reçoit le concours de ses amis dont Melvin Duffy, préposé à la pedal steel guitar dans le backing band de Robin Williams. Il bénéficie en outre de la collaboration de Stephen Darrell Smith, son ancien partenaire chez Candlefire. Il s’y réserve les claviers, l'accordéon et assure la production.

"I'm alive" est une œuvre largement teintée de folk. Un disque qui s’ouvre par "Hill country". Dylanesque, country folk, énergique, cette plage est caractérisée par la présence d’une pedal steel vivifiante. Le spectre de Zimmerman hante également le superbe "A song to myself". On croirait presque entendre une de ses compos interprétées à la manière des Byrds, la voix de Jinder épousant le timbre de Jim McGuinn, pour la circonstance. Un climat prorogé tout au long de "Train in your voice", une ballade tendre enrichie par l'orgue Hammond et la pedal steel. Pourtant Jinder est loin de plagier son maître. Il possède son propre style. Sa voix est angélique. Il nous entraîne dans un univers empreint de poésie et de beauté, à l’aide de mots simples. Ses lignes mélodiques sont efficaces. Ce goût pour l’esthétisme alimente des ballades comme "Travellin' song", "Townes's blues" ou encore "Hazel county". Parfois, sa candeur et sa tendresse me rappellent Donovan, un chantre folk anglais qui a sévi au cours des 60s. Et "Cicadas café" en est la plus belle illustration ! "1922 blues" s’ouvre judicieusement au folk blues. La machine est cependant susceptible de s'emballer. A cet instant, tous les musiciens se serrent les coudes. Et je pense tout particulièrement au country honky tonk "Life" ; mais aussi à "In my time of dying", plage impressionnante par sa démarche dramatique. Pour la circonstance, les cordes libèrent toute leur puissance. Redoutable, le timbre de Jinder monte de deux crans et tutoie l’intensité d’un Robert Plant. Le tempo accélère. Et s’abandonne dans un boogie folk, franchement d’excellente facture. En finale, "Shake me" emprunte les rythmes à la Bo Diddley. Ils mènent la danse ! La section rythmique pousse les guitares vers l'emballement final, avant l’éruption…

mardi, 27 mars 2007 05:00

Running free

Tom Doughty est né en Angleterre. Dans le Cheshire. Quelque part dans la campagne où s’étirent des champs à l’infini. Il apprend à jouer de la guitare dès son plus jeune âge. En compagnie de son frère, mais surtout en solitaire. Il développe un style fingerpicking en s’inspirant des artistes britanniques sacralisés par le mouvement folk des années soixante : Davey Graham, Bert Jansch et John Renbourn. En 1974, il est victime d’un grave accident de moto. Cette mésaventure lui laisse des séquelles : il devient paraplégique. Il délaisse alors sa guitare pendant dix ans avant de la reprendre et se remettre à travailler avec acharnement. A la recherche d'une technique personnelle, il écoute Leo Kottke, Bob Brozman et Kevin Brown. Il joue de la ‘lap slide’ ou encore de la guitare ‘résonator’, dont le son métallique est très caractéristique. Il se lie d'amitié à Brozman et finit par sortir un premier album en 2002 : "The bell".

"Running free" constitue donc son second opus. Bien qu'il soit inspiré par le blues acoustique, il se dégage indéniablement de sa musique une sensibilité folk, ou plus exactement country folk, dans une atmosphère qui sent bon la campagne anglaise. Tom chante d'une voix claire qui correspond parfaitement à son univers sonore ; mais il est avant tout un remarquable gratteur. Il se complait d’ailleurs fort bien dans l'aventure instrumentale. L'album manifeste une unité évidente dont je retirerai des petits trésors de délicatesse et d’authenticité. Et tout d’abord "Your picture has faded". Un titre d’ouverture empreint d’une grande pureté. Terry Jones s’y réserve l'harmonica. Une plage écrite dans un style fort proche du pianiste de blues Walter Davis, dont il reprend également l’émouvant "Tears came rollin' down", plage au cours de laquelle Doughty laisse éclabousser sa sensibilité naturelle. Dans le domaine du blues, j’épinglerai une adaptation très personnelle du "Catfish blues" de Muddy Waters, une version bouleversante du "Some these days", de Charley Patton et puis la cover "Brownsville blues" de Furey Lewis, caractérisé par la magie de la slide. Parmi les plages instrumentales, je mettrai surtout en exergue la complexité de son exercice de style opéré sur "Eleanor Rigby" (des Beatles bien sûr!), l'émotion palpable qui émane de sa version du "Every time we say goodbye" de Cole Porter ainsi que du traditionnel "Black Orpheus" qu’il interprète en duo avec Woody Mann, un autre musicien talentueux à la guitariste acoustique.

                       

mardi, 27 mars 2007 05:00

Sour mash

Originaire de Pittsburgh, en Pennsylvanie, ce jeune musicien a longtemps vécu au sein de sa famille, à Los Angeles, avant de rejoindre New York, il y a une dizaine d'années. Depuis, il y est resté! Musicien très sollicité, il est parvenu à se forger une identité musicale en intégrant de nombreux éléments issus de styles divers : du blues bien sûr, mais également du jazz et du rock'n'roll. Il nous invite à accomplir un tour des States : du blues de Chicago aux rythmes de la Nouvelle Orléans, en passant par les shuffles texans, le jump et le swing californien. Il semble donc bien se nourrir dans ce creuset qui constitue le blues le plus populaire aujourd'hui. Pour enregistrer "Sour mash", il a reçu le concours de ses musiciens, en l’occurrence le Blues Prescription ; c'est-à-dire une section rythmique constituée du bassiste Admir ‘Dr Blues’ Hadzic et du drummer Barry Harrison (ce solide musicien de couleur noire a longtemps sévi chez le backing band de Johnny Copeland) et enfin sa fille Shemekia. Pour concocter cet opus il a également fait appel à de solides connaissances : George Papa George aux claviers et surtout Jason Ricci à l'harmonica. Considéré comme un jeune prodige, ce dernier vit à Nashville, compte déjà trois albums personnels à son actif et drive son propre groupe : New Blood. Le Rich Cohen Blues Band avait déjà gravé un elpee en 2005 : "Who's that knocking".

En ouverture, Rich attaque "Can't do nothing about it". Du blues solidement rythmé destiné à donner rapidement le champ libre à Jason Ricci. Ce véritable prodige joue comme nul autre. Très personnel, son jeu est basé sur une accumulation de notes ; mais aussi sur une créativité constante. Cohen embraie aussitôt par un solo construit progressivement. Il monte sensiblement en puissance. La barre est déjà placée fort haut. Instrumental, le titre maître émarge au funk participatif. Il est alimenté par tous les instruments : les percussions de l'ami Rod Gross, l'orgue de Papa George et la basse d'Admir ; pendant qu’à l'avant-plan, les cordes tissent des arabesques dans un contexte jazz funk. Dans le même registre, les musiciens adaptent "2:19", une compo signée Tom Waits mais revue et corrigée suivant leur imagination. Rich murmure des mots hypnotiques tandis que les instruments creusent de nouveaux sillons novateurs. Autre instrumental, "Bounce & burn" permet à Cohen de swinguer et de jumper sur les cordes. Rich chante de son timbre rocailleux et quelque peu nasillard une version très rafraîchissante du "Floating bridge" de Sleepy John Estes. L'orgue Hammond nous plonge dans un climat décontracté. Jason apporte sa touche émotionnelle de l’instant à l'harmo. Il se fait avare de ses notes pour mieux faire passer le message et céder le témoin à Rich dont les notes sont puisées au plus profond de sa sensibilité. Véritable rampe de lancement à ses solistes, Dr Blues assure le rythme sur "Shame on you", un shuffle classique à la texane. Cohen est un musicien brillant. Et il le démontre constamment. Il emprunte même la technique d’Hubert Sumlin sur "Rx Blues", avant de se mettre à délirer, à improviser, à dénicher des notes improbables sur un thème proche d'Howlin' Wolf. La Blues Prescription poursuit son invasion victorieuse par un nouveau shuffle intitulé "Who's that knockin'?". Impossible de tenir en place : un sommet ! La finale a été immortalisée en 2006, au Trumpets de Montclair. Un morceau ‘live’. Près de 10' de défonce boogie exécutée sur le thème du "Shake your hips" de Slim Harpo.

Non seulement cet album est d’excellente facture, mais il constitue une véritable découverte. Rich est un musicien qui déborde d’idées. Il a ainsi mis d’autres projets en chantier. Dont une approche exploratoire et introspective consacrée à l'utilisation des instruments à cordes acoustiques ; un dessein notamment concrétisé par l’elpee "Moods and meditations", paru en 2005. En outre, il trouve encore le temps de partager un duo acoustique en compagnie de l'harmoniciste Miguel Weissman. Leur album "Hollow log" devrait sortir d'une semaine à l'autre et présenter une facette de blues traditionnel, plus proche du Delta du Mississippi. 

mercredi, 31 décembre 2003 04:00

Pirate Radio

Ce vétéran du blues est né à Oakland, en Californie. Il est le dernier survivant du backing band originel de John Lee Hooker ; en l’occurrence le Coast to Coast Blues Band. A cette époque, il avait alors à peine 20 ans. Il a ainsi participé à la confection de trois albums de John Lee, dont le fameux « Never get out of these blues alive », enregistré en compagnie d’Elvin Bishop, Van Morrison et Charlie Musselwhite. Ses premiers héros répondent cependant aux noms d’Eric Clapton, de Jeff Beck et de Michael Bloomfield. Depuis 1997, Paul vit à Memphis, dans le Tennessee. Il y avait même fondé son groupe : les Bridgerunners. Ensemble, ils ont alors écumé les bars de Beale Street.

Ce « Pirate radio » a été immortalisé non loin du Mississippi. Au sein des studios ‘Sounds Unreel’. Le drummer de Little Feat, Richie Hayward, est de la partie. Les cuivres sont bien présents : Jim Spake aux saxophones et Scott Thompson à la trompette. Paul ouvre l’opus par une reprise de Doug Sahm : « You never get to big ». Une compo que le Texan avait enregistrée au cours des 60’s, flanqué du Sir Douglas Quintet. Les cordes sont bien amplifiées. « Blue world » est une plage que j’apprécie tout particulièrement. L’impact de ce titre est direct. L’instrumentation paradoxalement simple et complexe. Hayward brille aux percussions. Les parties de guitares échangées entre Paul et Jack Holder sont percutantes. Les parties vocales me rappellent le style laidback de JJ Cale qu’on aurait lié à la sauce southern rock. Ce côté sudiste, Wood l’injecte dans son blues pour lui donner de la couleur. Sa voix fatiguée évoque parfois celle de Billy Gibbons du ZZ Top, mais le ZZ de naguère, celui des années blues. Le son des cordes est largement amplifié. La sonorité très grasse de la Gibson Les Paul est aisément identifiable. Son « Good day 4 bad whiskey » en est une parfaite illustration. La slide imprime un tempo impitoyable tout au long de « Black dog », un rock pur et dur. Memphis rock classique, « What have I done » est enrichi de cuivres ; mais également par les interventions d’orgue Hammond d’Al Gamble, un des meilleurs claviéristes locaux (il est impliqué au sein du Gamble Brothers Band). Caractérisé par ses accès de funk et ses envolées de cordes, « Sleepin’ with the TV on » replonge dans le rock sudiste. Paul reprend deux titres de Jim Gaines, un des regrettés guitaristes de Lynyrd Skynyrd. Tout d’abord « Take my time », une adaptation empreinte de douceur au cours de laquelle on assiste à une des plus jolies parties de guitare de cet opus. Ensuite, le funkysant « Nothin’ is new ». Sa manière de jouer de la slide nous rappelle un autre illustre disparu : Duane Allman. Paul reprend alors, mais de manière classique, « She put the whammy on me », un slow blues issu de la plume de Freddie King ; et achève l’elpee par « Nickel pie », une ballade acoustique abordée à la manière des Stones circa « Exile on main street ». Un très bon album !

 

lundi, 05 février 2007 04:00

Brown angel

Enregistré à Yellow Springs, dans l'Ohio, "Brown angel" constitue le dernier album de Patterson. Sa section rythmique est identique : Dale Hughes à la batterie et Eddie Brookshire à la basse ; mais un nouveau claviériste répondant au nom de Chief ‘Johnny’ Lonesome a rejoint le line up. En outre, le son est de bien meilleure qualité que sur le précédent opus.

Le titre maître ouvre la plaque. La voix chaude et puissante de Nerak occupe bien l'espace. La guitare est assez agressive. Le Chief Lonesome siège derrière le piano. L’éclectisme est bien au rendez-vous. "One night stand" campe un blues acoustique. Nerak est seul et gratte son Alvarez Acoustic tout au long de l’instrumental "Walkin' alone", une superbe pièce de guitare classique. Il s'autorise une sortie particulièrement rock, très rythmique, sur le reggae "Lovin' each other". Nous ne sommes alors plus très loin du style de Carlos Santana. "Hotsauce-N-blues" est le titre d’un de ses premiers albums. C’est également celui choisi pour ce blues à ras de terre. Plus de 8' réservées à la formule trio, c'est-à-dire : guitare, piano et harmonica. L'ami Guy Davis est préposé à l’instrument chromatique. Il souffle, fait gémir son instrument et parvient à lui extraire un véritable cri d'effroi! "Raisin' hell" démarre sur un mode funky. La section rythmique est bien mise en avant. L'orgue participe au rythme. Patterson se réserve un envol sur les cordes parfaitement contrôlé. Pourtant, les cordes sont nerveuses, perçantes. Elles pénètrent au plus profond de nos tuyaux acoustiques pour ne plus en ressortir. Ce solo semble interminable, mais paradoxalement ne suscite jamais l'ennui… Nerak Roth replonge dans le blues solennel, en revenant au slow blues de son elpee précédent ; c’est à dire "Bluesdriver", mais enregistré sous une version live. Il a longtemps parcouru les routes au volant de son camion. Il nous restitue ses périples à coups de frissons. Pour la circonstance, le blues le hante. Le ton est cependant plus cabaret, fin de soirée. Ce blues, dépouillé à l'extrême, illustre la sensibilité d’un musicien possédé par sa musique. De très haut niveau, son blues devrait séduire le public européen. D’ailleurs, une tournée de Nerak Roth Patterson est prévue chez nous pour les mois de février et mars. Et puis en mai, flanqué de Guy Davis. "She don't need anybody" adopte un tempo inspiré par Howlin' Wolf. Les musiciens sont au service du rythme. Nerak respire la forme. Talonné par les ivoires insatiables du Chief Lonesome, il chante vigoureusement, tout en décochant encore quelques flèches de ses cordes. Cet elpee d’excellente facture s’achève par un véritable brûlot : "Brown angel blues". Un morceau dont il tire les délires sonores et les effets de saturation de la belle Gibson ES 345, avec les gloussements empruntés au maître du picking, Collins. Un régal!