La disparition de Gelatine Turner…

Gelatine Turner, c'est un projet chanson porté par deux frères, Pierre au son et Romain au chant. Ensemble ils composent une chanson hybride entre pop et alternative. « Disparaître », c'est une marche hypnotique, un souffle qui s'emballe, une perte de repère…

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mardi, 13 février 2007 04:00

The best of MC Records

Odetta Gordon est née en 1930. Le dernier jour de l'an. A Birmingham, en Alabama. Dès son plus jeune âge, sa carrière semble toute tracée : elle deviendra chanteuse d'opéra classique. Mais un séjour en Californie lui donne le goût à la musique populaire traditionnelle américaine. Elle s'installe alors à New York où elle séduit la communauté folk de Greenwich Village. En particulier un certain Pete Seeger ; et, déjà… Bob Dylan! La discographie d’Odetta est impressionnante, puisqu’elle compte la bagatelle de 27 albums à son actif. Cette collection réunit des extraits puisés au sein des trois œuvres réservés au label MC…

Un opus qui s’ouvre judicieusement par "Blues everywhere I go" ; manifestement le principe d'existence de notre chanteuse. Sa voix est naturellement (sur)puissante et son timbre très grave. Le tempo bien rythmé. Elle est entourée d’une solide équipe de collaborateurs, dont le guitariste Jimmy Vivino qui tire bien son épingle du jeu. La reprise du "Goodbye Irene" de Leadbelly nous entraîne à la Nouvelle Orléans, un morceau dynamisé par ses rythmes syncopés ainsi que le piano sautillant et omniprésent de Seth Farber. Odetta prend toute sa dimension lorsqu’elle interprète son répertoire. Et elle le vit. Cette passion se ressent au plus profond de sa voix prodigieuse qu'elle utilise comme un instrument. Et pour l’écouter, je vous invite à fermer les yeux. Comme sur la cover du célèbre "Please send me someone to love" de Percy Mayfield, une version parcourue par le piano intimiste de Dr John. Cet organe s’est forgé dans les temples. Par l'exercice du chant gospel. Et lorsqu’elle est rejointe par les Holmes Brothers, pour interpréter le traditionnel "This little light of mine", on a l’impression que les voix pénètrent dans un univers magique. Odetta doit beaucoup apprécier Leadbelly, car elle reprend encore quelques autres titres du pionnier. Dont "Bourgeois blues", un blues remarquable caractérisé par de superbes envolées au piano ; mais qui bénéficie surtout du concours de Vivino au dobro et d'un certain Kim Wilson à l'harmonica. Et puis "New Orleans", en réalité une adaptation du célèbre "House of the rising sun". Probablement la version la plus impressionnante et envoûtante commise à ce jour. Soutenu par le piano divin d’Henry Butler, elle est absolument extraordinaire! Pour "Roberta", une complainte empreinte d’une grande sensibilité, Vivino se réserve une sortie remarquée au banjo. Et il se soumet à l’exercice du bottleneck tout au long de "Midnight special". Enfin, pour clore ce chapitre, elle s’attaque à l’"Alabama bound" du célèbre Louisianais. Cette compile nous réserve encore quelques merveilleux moments de blues. Et en particulier lorsqu’elle chante le "Trouble in mind" de Big Bill Broonzy, soutenu par Pinetop Perkins, vétéran mythique, au piano. Ou lorsqu’elle se replonge dans le gospel lors de "What mouth was Jesus born in". Si vous n’avez toujours pas découvert son talent, je vous invite à le rencontrer, tout au long de ce ‘best of’…

 

 

 

mercredi, 28 février 2007 04:00

All the best

Paul Wood est retourné vivre chez lui, à Oakland. Dans la baie de San Francisco. Il s’était fixé une petite dizaine d’années à Memphis ; une période au cours de laquelle il avait enregistré trois albums : « Bridgeburner » en 1997, « Blues is my business » en 99, et enfin « Pirate radio » en 2003. Et son tout premier elpee, « Throwin’ down », remonte à 1994. En 2006, il a décidé de compiler ces trois disques sur un recueil modestement baptisé « Al the best »…

Cette collection s’ouvre par le royal « Everything dies but the blues », un fragment issu de « Blues is my business ». Introduit par un bottleneck acoustique, ce titre vire rapidement au blues rock royal. Enregistrées en re-recording, les guitares exécutent des envolées de très haut niveau. Manifestement, ce musicien possède des planches. Faut dire qu’il compte, il est vrai, plus de trente années d’expérience. Tant en studio que sur les routes. Les paroles sont signées par son père Paul Tulley, un poète de la beat generation. Memphis blues, le délicieux « Cryin’ won’t help ya » fait la part belle aux cuivres et à l’orgue. Blues lent typique, « Don’t call me » libère un maximum de feeling. Les cordes s’envolent à nouveau face aux claviers et aux cuivres. Blues rock très mélodique, « Another day » est fort bien construit. La guitare est sauvage, torturée, mais le dérapage contrôlé, parfaitement maîtrisé même. Issu du même elpee, « The mojo man » épouse une forme acoustique. Une plage autobiographique, au cours de laquelle il se rappelle avoir joué de la slide pour le Muddy Waters Band, en compagnie de Pinetop Perkins au piano, et devant son patron, John Lee Hooker, le jour des 54 ans du grand Muddy. Le timbre vocal est puissant et parfait. La guitare et l’harmonica bien présents. Remarquable ! De « Bridgeburner », le premier album de la trilogie, ne figurent que deux extraits. Tout d’abord le titre maître. Une plage très rock. Ensuite un autre morceau autobiographique : « Oakland to Memphis » ; une chanson relatant son parcours opéré entre les deux cités qui ont marqué son existence. Il chante en pétrissant, en martyrisant même son bottleneck. C’est du vécu ! Cinq plages de « Pirate radio » ont été retenues, dont le superbe « Blue world ». Aujourd’hui, Paul se produit régulièrement chez lui, soutenu par sa section rythmique : le bassiste Steve Soots, le drummer Mark Showalter et le claviériste Fred Nicholson. Si vous souhaitez mieux connaître Mr Paul Wood, je vous conseille vivement cet « All the best », une œuvre qui a vraiment tout pour plaire. Et n’hésitez pas à vous adresser directement à l’artiste, c’est un personnage tout à fait charmant !

mercredi, 28 février 2007 04:00

Going back home

Ce "Going back home" constitue sans aucun doute le meilleur album de blues paru en ce début 2007. Phillip Walker est aujourd’hui un vétéran. Il fêtera, en effet, bientôt ses 70 ans. Né à Welsh en Louisiane, il a passé sa jeunesse à Port Arthur, au Texas. Il a accompli ses premières sessions en compagnie de Roscoe Gordon et de Clifton Chenier. Depuis 1959, il vit à Los Angeles où il a acquis une réputation internationale et enregistré un bon nombre d'albums. L'idée maîtresse de ce "Going back home" impliquait un retour de l’artiste à ses sources. A la musique de la Louisiane et du Texas qui l'ont tant inspiré. Randy Chortkoff a mis tous les meilleurs musiciens de son écurie Delta Groove à sa disposition : les Hollywood Blue Flames, le drummer Richard Innes, le pianiste Fred Kaplan ainsi que l’harmoniciste Al Blake ; mais également les excellents Jeff Turmes et Rusty Zinn, respectivement bassiste et guitariste.

Phillip ouvre l’opus par le "Lying woman" de Percy Mayfield. Un démarrage dans le plus pur funk, digne d’un big band. Rusty se charge de la rythmique tandis que David Woodford et Turmes se réservent les saxophones. Phillip chante d'une voix émouvante mais décontractée. Il prend son envol, en économisant les notes qu’il arrache littéralement au couteau de ses cordes. Pour attaquer le "Mama bring your clothes back home" de Lowell Fulsom, il passe alors au plus pur style west coast. Une adaptation très sophistiquée, très swing, au cours de laquelle sa guitare, plongée dans une ambiance cabaret parfaitement restituée, se révèle absolument délicieuse. Les musiciens se procurent leur ticket de chemin de fer et s’embarquent vers le Sud. Le rythme est saignant tout au long de "Mean mean woman". Fred Kaplan se démène au piano tandis que la guitare largement amplifiée de Zinn  prend le large. La voix de Walker est absolument superbe. Il la module, la force, lui fait vivre son texte. Elle se révèle même audacieuse et irrésistible tout au long du "Blackjack" de Ray Charles. Il chante alors sur un tempo très lent, dialogue avec sa guitare, la fait hurler, agoniser, éclater. Du grand art! Randy Chortkoff a signé trois chansons pour Phillip. Notamment "Honey stew". Un boogie blues vivifiant. Zinn s’y déchaîne pendant que Rob Rio assure aux ivoires. "Lay you down", également. Un R&B bien cuivré destiné à servir de théâtre aux joutes en relief opérées entre les deux gratteurs sortis de leur réserve. Une émotion pure nous envahit, lorsqu’il fait revivre Sam "Lightnin' Hopkins sur "Don't think 'cause you're pretty". La version est poignante, saisissante. L'harmonica d'Al Blake y apporte une pointe de tristesse évidente. Un très grand moment ! Nous nous attardons dans le sud profond pour le "Leave my money alone" de Lonesome Sundown. Une plage subtilement rythmée, imprégnée par ce son Excello rencontré à Baton Rouge. Jeff Turmes trace une ligne de basse imparable. Cette situation a le don d'exciter Mr Walker qui se déchaîne sur ses cordes. Retour à la douceur pour la cover de "Bad blood". Rob Rio y cajole son piano. On s’imagine pénétrer dans l'ambiance enfumée d'un joint de New Orleans. Champion Jack Dupree est le créateur de ce titre menaçant. C'est quand il joue le blues lent que Phillip vit le plus sa musique. Il la sent, la ressent, la respire à travers tous les pores de sa peau. Ses cordes et lui ne font plus qu'un. Alors il peut hurler le blues qui le hante. Et le merveilleux "If you see my baby", un morceau à nouveau signé Lonesome Sundown, en est la plus belle illustration. Flanqué d’Al Blake, il chante son "Sweet home New Orleans". Encore un blues paresseux embourbé dans les marais de la Louisiane... Cet album de grande classe s’achève par un hommage à Frankie Lee Sims, un long et  majestueux boogie intitulé "Walking with Frankie"...

 

mardi, 13 février 2007 04:00

Dressed like freedom

Julius Lester est né en 1939. A St Louis, dans le Missouri. Fils d’un pasteur méthodiste, il finira par se convertir au judaïsme. Il a également accompli de brillantes études universitaires. Dans les années 60, il milite en faveur des droits civils des Afro-américains. Il émigre ensuite à New York. Où il s’illustre comme animateur radio, puis TV. Il se lance ensuite dans la photographie ; et y acquiert une nouvelle notoriété. Ce qui lui permet de s’embarquer pour le Nord Vietnam afin d’y rapporter les témoignages des ravages causés par la guerre. En 1971, il devient professeur de judaïsme et spécialiste des affaires du Proche Orient à l’Université de Massachusetts. Il est surtout populaire comme écrivain. Il a d’ailleurs écrit 35 livres, dont 25 pour les enfants. Retraité depuis 2003, il vit paisiblement auprès de son épouse. Mais au cours de sa jeunesse, Julius a également été passionné par la musique folk. Il a ainsi coécrit un bouquin en compagnie de Pete Seeger : "The 12 string guitar as played by Leadbelly". Il a enregistré "Julius Lester" en 1965 et "Departures" en 67. Deux albums de chansons originales parus sur le label Vanguard, lorsqu’il vivait à New York. Le label Ace nous les restitue sous la forme d’un seul CD.

Julius chante d’une voix claire. Il articule ses mots pour faire bien passer son message : celui d’un protest blues bien ancré dans son époque. Et dès la première plage, il clame sa fierté d’être un 'freedom man'. Lester était un révolutionnaire. N’avait-il pas parcouru l’île de Cuba en compagnie de Fidel Castro en personne ? On lui collera également l’étiquette de 'black power' blues. Il chante en s’accompagnant d’une guitare acoustique, sans pratiquement jamais élever le timbre de sa voix. Il avoue avoir beaucoup écouté Blind Willie Johnson et Blind Lemon Jefferson. Si son œuvre ne peut vraiment être qualifiée de blues, elle emprunte néanmoins à la musique noire traditionnelle, aux spirituals, ‘work songs’ et autres ‘prison songs’. Pourtant, le blues est bien présent. Et son "No count man" en est la plus belle illustration. Parfois, Julius élève le tempo. Pour notre plus grand plaisir. A l’instar de "Long haired woman". Il décrit la situation misérable vécue au sein de son appartement à New York, lorsqu’il chante "Cockroach blues". Lors de ce 'blues du cafard', il dépeint, d’une manière réaliste, ces bestioles qui courraient un peu partout, entre ses quatre murs! On retiendra également "Mustache blues", une plage qu’il interprète armé d’un bottleneck. Pour la circonstance, il élève la voix, lorsque la police est à la recherche d’un nègre portant la moustache! Et on ne peut passer sous silence les trois longues plages d’une durée de plus ou moins dix minutes. Dont le titre maître. Mais pour pouvoir les apprécier pleinement, il faut disposer d’une bonne connaissance de la langue anglaise.

 

 

 



lundi, 05 février 2007 04:00

Jimmy & The Sleepers

Ce groupe de rockin' blues canadien nous vient d'Edmonton, dans l'Alberta. Il a régulièrement accompagné des bluesmen américains, lorsqu’ils tournent dans le grand Nord : Lazy Lester, Jimmy Burns, Larry Garner, etc. Le guitariste Jim Guilboche en est le leader. Dans le milieu du blues, il affiche déjà un sérieux pedigree. Il est soutenu par l’harmoniciste David Cantera, le drummer Grant Stovell, le bassiste Chris Brzezicki et le chanteur/showman Guy "Big Guy Slim" Gagne.

La musique des Sleepers est rugueuse, immédiate. Dès les premiers accords du "Snakes" de James Harman, elle éclate suivant un canevas proche de Billy Boy Arnold. Personnellement, j’apprécie tout particulièrement son impact direct, sans artifice, sans fioritures. Son blues transpire le vécu. Signé Little Milton, "The blues seem to follow me" en est une belle illustration. Les notes sont dispensées sur le fil du rasoir. Ou plus exactement sur le fil de ses cordes. Jim entraîne l'harmonica gouailleur de Crawdad dans son trip. Ces deux musiciens sont de parfaits compères. Ils aiment partager la même scène. Ces Canadiens ont le don pour ficeler du west coast jump. Ils le démontrent tout au long de la cover d'un des meilleurs titres du seigneur, George Harmonica Smith, "Oopin doopin doopin". La voix de Big Guy Slim est percutante, alors que David s’éclate sur l'instrument chromatique. Pour interpréter son "Not gettin' up", Jim a invité son ami Big Dave McLean au vocaux. Etabli à Winnipeg, Dave est un des plus grands bluesmen canadiens. La reprise du "Gotta move" d'Elmore James est un nouveau sommet de l’elpee. Une version sans concession, sans doute bien plus proche d’un Hound Dog Taylor. La slide libère une sonorité terne, implacable. Le timbre de Guy est haut et puissant. Le choix du répertoire est royal. "Come on" d'Earl King écrase tout sur son passage. Pour la circonstance, Mr Guiboche grimpe dans le rouge. Quel tempérament ! Quelle chaleur ! Il remet aussitôt le couvert lors d’une adaptation hyper-speedée du "I feel so bad" d'Eddie Taylor. Lorsque les Sleepers en reviennent au répertoire d'Elmore James, c’est d’une manière bien plus classique. Et "Make a little love" en est la plus belle illustration. Ils ralentissent enfin le tempo pour attaquer un bon vieux slow blues signé Muddy Waters : "Standing around crying". Un de ses meilleurs, assurément. La rencontre entre la slide et l'harmo est un véritable bonheur. Il serait injuste de ne pas souligner la solidité de la section rythmique. Elle assure sans la moindre faille. Le traitement en shuffle et à la texane de "Sugar coated love" doit réveiller tous les swamps louisianais. Et ce n'est pas fini, car Jimmy nous réserve encore son "Cricket boogie", un instrumental très rock'n'roll. Si cet album ne révolutionnera pas le blues, il mérite que vous y prêtiez une oreille attentive ; car dans le style, il est tout bonnement excellent.

 

 

mercredi, 28 février 2007 04:00

A hard night s day

Pour enregistrer "A hard night's day", cette formation allemande a reçu le concours d’une des figures emblématiques du blues autrichien : sir Olivier Mally. Il assure le chant et gratte un peu sa guitare. Le line up des Lowfi-Kings implique Jan ‘Chuck’ Mohr à la guitare, Martin Bohl à l’harmonica (habituellement, il se réserve le chant), Dirk Vollbrecht à la basse et Björn Puls à la batterie. Auparavant, le groupe répondait au patronyme de The Chargers et comptait un elpee à son actif, « Hypercharged », un disque paru sur le label Stumble. Sir Olivier participe régulièrement à différents projets ; mais possède néanmoins son propre band : Blues Distillery, un ensemble déjà responsable d’une bonne quinzaine d’albums.

Toute cette équipe réunie pratique un blues sans compromis. L’impact de leur musique est direct. La voix de Mally est rugueuse, âpre. Les mots s’échappent du plus profond de sa gorge. « Life ain’t to hard » ouvre parfaitement les hostilités. L’harmonica de Bohl est omniprésent. Sir Olivier crie son désir de rencontrer une « Nighttime woman ». Cet appel réveille Chuck qui signe sa première sortie sur les cordes. Les Kings abordent une version attachante et dépouillée du « Who’s been talking » de Howlin’ Wolf. Le timbre de la voix d’Olivier est ténébreux. Une sensation de désespoir accentuée par le son de guitare réverbéré. La musique semble constamment empreinte de retenue. Elle ne s’affole jamais, même dans l’exercice du boogie. A l’instar de « Skippin », une plage signée Buddy Guy. Peu de compos personnelles dans le répertoire du combo. Une exception qui confirme la règle : « Can’t wait to see my baby ». La voix entraîne les autres musiciens tout au long de ce très bon Chicago shuffle. Très saignant, par ailleurs. Bien mis en évidence, Mr Bohl opère la synthèse des grands harmonicistes. Et je pense tout particulièrement à Little Walter, Sonny Boy Williamson ou Junior Wells. Tout naturellement, la section rythmique assure le tempo. Leur version du « Walking dog » de Rufus Thomas est particulièrement réussie. Ce morceau nous entraîne au cœur des bayous louisianais réputés pour leur climat chaud et humide. Une situation qui semble inspirer Chuck sur les cordes. Les Kings apportent une touche swing et jazz sur le « Your mind is on vacation » de Mose Allison. Jan caresse ses cordes légèrement, délicatement, doucement. Nos bluesmen teutons véhiculent ainsi leur blues de plage en plage ; et signent un tout bon slow blues : « The last tear ». Un fragment qui lorgne manifestement vers le west coast blues. A cause du jeu d’harmonica, dont le style semble hérité en ligne droite de Georges Smith. Cet album s’achève, en toute simplicité, par « Evil », une compo signée Willie Dixon et popularisée jadis par Howlin’ Wolf. Une adaptation qui sied bien à Sir Olivier, dont le timbre vocal typé, indolent, râpeux, rappelle le géant de Chicago…

 



lundi, 05 février 2007 04:00

Bluesdaddy !

Ce chanteur/guitariste/compositeur est contaminé par le blues de puis bien longtemps. Ses chansons relatent ses expériences personnelles, des souvenirs de l'époque où il était chauffeur routier, parlent de ses enfants ou se réfèrent encore à Dieu. Il a déjà bien roulé sa bosse. A travers l'Oregon ou l’état de New York. Et la roule encore aujourd'hui en Ohio. Il est notamment monté sur les planches auprès de BB King, Corey Harris ou encore Matt Murphy. Nerak a séjourné trois semaines sur le Vieux Continent en compagnie de Guy Davis ; et à leur retour aux USA, ils ont ouvert une série de concerts pour Jethro Tull. Pour concocter cet elpee (NDR : ce serait son sixième !), il a reçu le concours de son backing group, mais aussi de quelques invités de marque, parmi lesquels figurent l’inévitable Guy Davis et le leader intemporel de Jethro Tull, Ian Anderson. Les sessions d’enregistrement se sont déroulées à Dayton, dans l'Ohio.

L’opus s’ouvre par "Gator meat", une plage instrumentale destinée à présenter les musiciens. Mr Patterson emprunte ici au style de BB King et d’Albert Collins. Mark Crockett est préposé à l'harmonica, Tim Jennens à l'orgue Hammond. Quelques solides pièces sont issues de la plume du grand homme. A l’instar de "You're fired", un bon blues imprimé sur un tempo modéré. Le leader dialogue avec ses cordes. Nerak épanche beaucoup de sensibilité tout au long de "Poppa", une ballade qui exprime l'attachement à son père. Bien mis en avant, l'orgue Hammond ajoute une bonne dose de relief et d'émotion à la compo. Patterson et son ami Guy Davis ont coécrit "Truckin' man's blues" en s'inspirant du "61 highway" de Fred Mc Dowell. Ce blues lent aux accents délicieusement dramatiques bénéficie de la participation de Ian Anderson à la flûte. Une intervention très bluesy pour un des sommets de cet elpee. Anderson apporte encore sa collaboration sur "Closer to my heart". Empreinte de douceur, cette chanson folk est sculptée dans les cordes acoustiques, parcourue par la flûte traversière et caressée par la voix aérienne d'Ericka Rose Patterson. Caractérisée par cette complicité spécifique entre la guitare et l'orgue, "She loves me too" marque un retour au blues. Introduit par une guitare bien amplifiée, mais dont les cordes sont pincées avec une extrême sensibilité, "Bluesdriver" constitue le blues lent de cet album. Un morceau très solennel, aussi. Partagée entre guitare sèche gratte et l'harmonica de Mark, "Please, please" épouse tout naturellement un format intimiste. De bonne facture, cet opus s’achève par "Slow dance", un instrumental au cours duquel Nerak taquine ses cordes à la manière d’Albert Collins.

 

 

 



mardi, 13 février 2007 04:00

Unchained

Issu de Southampton, dans le sud de l’Angleterre, Bob Pearce est aujourd'hui âgé de soixante ans. Un artiste attachant et charmant qui a vécu le british blues boom des sixties. Son premier disque est paru en 1968. Un EP intitulé "Blues Crusade". Bob n'a jamais cessé de chanter le blues : mais il avait fallu que Mike Vernon ressuscite le mythique label Blue Horizon, au début des nineties, pour le voir réapparaître lors de la sortie de l’elpee "Hey hey the blues is alright!" Un opus suivi, l’année suivante, par "Keep in keepin' on". Edité sur le label hollandais Tramp, il avait bénéficié, notamment, du concours d’un gratteur très affûté : Ed Deane. Il avait tourné en Belgique et s'était produit en compagnie d’El Fish. Une rencontre très réussie, par ailleurs. Il avait également réalisé son vieux rêve d'enregistrer aux USA. Au Texas, très exactement. Un album intitulé "Southern style homecooked blues & side dishes". En 1997. Bob a toujours privilégié le blues ; mais il aime aussi la soul et la musique à danser. Il ne faut pas oublier, qu’à une certaine époque, il polarisait les foules sur les ballrooms du Sud, outre-Manche? Aujourd’hui, il se produit rarement sur les planches ; mais il est toujours contaminé par le virus de la musique. Converti à la parole du Seigneur, il a rejoint un chœur de gospel constitué de quelques amis. Ce qui ne l’empêche pas de perpétuer ses rêves personnels et en particulier ceux destinés à séduire les foules en pratiquant un cocktail de soul et de rock'n'roll. C’est d’ailleurs la concoction qu’il nous propose tout au long d’"Unchained".

L’album s’ouvre par "Come on in". Une ballade allègre, mais surtout déjà une invitation à la danse. La musique semble sortir d'un juke-box vieux de près d'un demi-siècle. Bob y ouvre son cœur. Mr Pearce sait toujours ce que le rock'n'roll veut dire. Et il le démontre tout au long de "Just to think", de "Don't turn around" et du frétillant "All for me", plage au cours de laquelle Ray Drury mène l'ambiance et pousse Pearce à s'envoler aux cordes. Bob chante aussi des ballades lentes. A l’instar du "What am I living for?" de Chuck Willis au cours de laquelle on imagine un cavalier étreindre sa compagne d'un soir. Ou du "Wings of an angel" de Spencer Bohren, une très belle adaptation caractérisée par sa pureté et sa simplicité. Au bord des larmes, il interprète le magnifique "Presence of the Lord". L’émotion est à son comble. Drury est passé à l'orgue Hammond et Dave Rowlands à la pedal steel. Un moment intense et magique! Il nous propose également un gospel à l'anglaise. C'est-à-dire teinté de folk : "Call him up". Colm Murphy s’y réserve le violon et d'Annie Cottrell la mandoline. Une compo qui sent bon la campagne verdoyante. "Let your glory fill this house" est dynamisé par des rythmes exotiques, alors que "Let your light shine on me" est un morceau aussi traditionnel que notoire. L'accordéon du Pastor Ron White anime "Jesus the king", juste avant que l’elpee ne se referme par le joli "Unchained", un hit éternel chanté naguère par les Righteous Brothers. La sobriété, la sérénité et la foi guident cet artiste, tout au long de cette œuvre téléchargeable gratuitement (voir infos liées)

 

 

 



mardi, 09 janvier 2007 01:00

Live at Chan's

Nick Moss est considéré, depuis quelques années, comme un des guitaristes de blues les plus réputés à Chicago. Et les excellents albums commis à ce jour en sont la plus belle illustration. En outre, sur les planches, il est également capable de manifester toute l’étendue de son talent…

En juillet 2005, il s’est produit au Woonsocket de Rhode Island. Pour chauffer l’ambiance, il ouvre le set par "Eggroll stroll", un instrumental improvisé, mais surtout de haute facture. Il est soutenu par Gerry Hundt à la basse, Victor Spann aux drums et Piano Willie Oshawny aux claviers. Pourtant, ce sont bien les cordes de Moss qui sont mises en évidence. "Chek my pulse" nous entraîne dans un solide Chicago shuffle. Le style vigoureux et persuasif d’Oshawny aux ivoires rappelle l’Otis Spann des grands jours. Tandis que la main gauche trace les lignes de basse, la droite jouit d’une liberté totale et n’hésite pas à déborder de son contexte. Ajoutez-y le chant efficace de Nick et c’est le bonheur ! Le "I love the woman" de Freddie King est un superbe blues lent comme on les aime. Nick est un fan du géant texan et il lui rend ici un vibrant hommage. D’ailleurs, les 10 minutes de cette plage passent même trop vite. Le thermomètre monte de quelques degrés supplémentaires lors du saignant "I never forget", une compo bien trempée dans le blues urbain de Chicago. Nick et Willie jouent ensemble depuis plus de dix ans. Leur complicité saute aux yeux. La section rythmique est particulièrement solide. Elle soutient parfaitement l’ensemble. Le solo de Moss ne manque pas d’envergure. Créatif, inventif, il sort largement des créneaux habituels explorés à Chicago, flirtant même quelque peu avec les principes rythmiques des princes de la West Coast. Les Flip Tops opèrent à nouveau dans le blues lent. Tout au long de "One eyed Jack", ils étalent leur diversité instrumentale. Gerry empoigne l’harmonica. Willie la basse. Mais cette plage est une opportunité offerte à Nick pour démontrer sa dextérité à la slide. Son bottleneck glisse le long des cordes avec beaucoup de sensibilité. Issu de Boston, Monster Mike Welsh ne vit pas très loin de Rhode Island. Invité par Moss, il opère son entrée en scène lors d’un nouvel exercice instrumental intitulé "Your red wagon". West Coast swing, la machine s’emballe. Ce qui se traduit par trois sorties exceptionnelles successives : Welsh, Oshawny au piano et enfin Moss. "Just like that" replonge dans le Chicago blues. Le tempo est vif. Gerry se révèle, pour la circonstance, excellent harmoniciste. A l’instar des légendes de la cité des vents, (Little Walter, Junior Wells et Billy Boy Arnold), il souffle puissamment dans son instrument. Mike Welsh est toujours au poste, auprès de son ami Nick ; mais il opère dans un style très différent. Signée Buster Benton, "It’s good your neighborhood" figurait au répertoire de Magic Slim. La reprise des Flip Tops est calquée sur celle de Slim. La version est imparable. Musicien au style très versatile, Gerry Hundt empoigne sa guitare et se mesure à son boss. Les excellents échanges restituent bien l’ambiance des Teardrops de la meilleure époque, lorsque Magic Slim joutait Nick Holt. Les musiciens reprennent leur rôle de départ lors des trois derniers morceaux du concert. "The end", tout d’abord. Mike Welsh et Nick rendent ici un hommage à Earl Hooker en jouant sur les effets de pédales. Le "Wine-O-baby boogie" de Big Joe Turner, ensuite. Déchaîné Willie chante à la manière de Pete Johnson dans les années 20. Et franchement, il se montre convainquant. "Move over Morris", enfin. Un superbe instrumental. Hommage à Morris Holt, alias Magic Slim, ce fragment est imprimé sur un rythme emprunté à Bill Doggett. Ce musicien voue un grand respect à la musique qu’il aime. Celle des héros du blues urbain qui ont sévi au cours des années 50. Et tout au long de “Live at Chan´s”, il en fait une parfaite démonstration…

 

 

mardi, 30 janvier 2007 04:00

Stranger blues

Robert Franklin "Bo" Ramsey est né dans l'Iowa. En 1951, sur les rives du Mississippi. Il y a plus de trente années que ce passionné de blues parcourt les routes. Tout d’abord au sein du Mother Blues Band, ensuite flanqué des Sliders. Depuis près de deux décennies, il se produit en duo en compagnie du chanteur folk, Greg Brown. A la guitare. Il a également mis en forme plusieurs albums de son compare, mais aussi d’une multitude d’autres artistes ; et en particulier de Teddy Morgan, Lucinda Williams et Dave Zollo. Bo compte déjà neuf albums à son actif, dont "Down to Bastrop" en 91, "Bo Ramsey and the Backsliders Live" en 95 et "In the weeds" en 97. Bo est avant tout chanteur, guitariste et compositeur. Et ce nouvel opus brise un long silence discographique. Cependant, il n’y met pas en évidence ses propres chansons, mais rend hommage à de nombreux bluesmen qui l'ont marqué. Il réussit ainsi à se réapproprier ces reprises, en les intégrant parfaitement dans son propre style.

Le titre maître est une compo signée Elmore James. Mais elle aurait pu relever du répertoire de Ramsey, tant il l’a intégrée. Un roots rock très laidback, décontracté, feutré, paresseux, presque réservé. Nous ne sommes pas très loin de l’atmosphère générée par Tony Joe White au cœur des bayous, une atmosphère alimentée, pour la circonstance, par la guitare électrique réverbérée de Miss Pieta Brown. Le traitement est ensuite appliqué au "Hate to see you go" de Little Walter. Imprimé sur un rythme soutenu, ce morceau n'est pas sans rappeler les débuts de John Lee Hooker. Mais le plus intéressant procède du travail personnel opéré sur "Sitting on top of the word". Le tempo est inexorablement lent. Le climat dépouillé à l'extrême. Le désespoir plane tout au long de cette complainte lugubre. Hypnotique, la voix est volontairement grave. La guitare acoustique à 12 cordes de Greg Brown et le piano électrique de David Zollo traduisent leurs interventions en moment d'une délicatesse infinie. Retour au rythme pour trois compos. Tout d’abord l'irrésistible "Jump, baby, jump" de la regrettée Jessie Mae Hemphill, un boogie aux accents légers. Ensuite le "Crazy mixed up world" de Dixon, un fragment balayé par les cordes discrètes et efficaces de Pieta. Et enfin le "No place to go" de Howlin' Wolf, plongé dans une véritable ambiance de transe. La voix nasillarde et graveleuse de Ramsey se prête le mieux au sein d’un milieu déjanté, nonchalant. A l’instar de "Little Geneva", parfumé d’une slide radieuse. La reprise du "You got me dizzy" de Jimmy Reed est plus classique, presque banale, s’il n’y avait les cordes de Bo qui glissent sur le fil du rasoir. "I wanna get funky" est un autre grand moment de l’elpee. Bo, chante, que dis-je, susurre cette chanson. Il bénéficie, en outre de la complicité du timbre suave de Pieta. Le rythme paresseux est balisé par l'orgue B3 de Ricky Peterson. Une merveilleuse partie de cordes, mais dispensées parcimonieusement, sublime l’ensemble. Epatant ! Issu de la plume de Sonny Boy Williamson, "Unseeing eye" campe un Chicago shuffle implacable. La section rythmique assure et Joe Price revient dans le parcours armé de sa slide. Ce superbe album épingle un superbe instrumental country impliquant Greg Brown au banjo : "Freight train", et s’achève par l'éclatant "Where the sun never goes down".