Dernier jour. Déjà. Sniff. On souhaiterait que ce festival exceptionnel dure éternellement mais comme le veut l'adage : 'toutes les bonnes choses ont une fin…' Saloperie d'adage…
13h. Nick Oliveri et son Mondo Generator prennent d'assaut la Main Stage. En grande forme, l'ex-Queens of the Stone Age hurle au micro ses dernières compos, issues de l'EP « III » ainsi que des titres de son ancienne formation. Rien de transcendant… Ce qui ne sera pas le cas de Midlake, énième bonne surprise de cette édition du Pukkelpop. « The Trials of Van Occupanther » est une petite merveille scénique. Comme quoi, y a pas des ploucs au Texas. On en oublie même la Joan. Celle qui se prend pour une 'fliquette', en s'égosillant au Club. On s'était pourtant promis d'aller lui faire un petit coucou… Tant pis !
Les cieux s'étaient retenus trop longtemps. La musique des Eagles Of Death Metal ne devait pas être à leur goût. Car c'est lors de leur concert qu'ils ont choisi d'ouvrir les vannes. Pourtant, leur set n'était du tout désagréable. On s'était même permis de chanter à tue-tête « I Only Want You », « Speaking In Tongues » et « I Want You So Hard (Boy's Bad News) », en essayant désespérément d'esquiver les gouttes. En vain.
Le club s'est donc improvisé abri de fortune pour de nombreux festivaliers mais notre présence était surtout motivée par le prochain et très attendu concert de ce chapiteau : les subjectivement merveilleux Cursive. Ces derniers figurent parmi ces groupes qui balancent toute la sauce en 40 minutes. En outre, ils n'ont pas besoin d'en remettre une couche pour conquérir le plus récalcitrant des publics. Le groupe dispense ses meilleurs morceaux d'une traite, avant de se retirer sagement, quittant les spectateurs, pour la majorité heureux et satisfaits. 'Que du bonheur !', comme ils disent…
Et du bonheur, il n'a pas fini d'en pleuvoir. Ca tombe bien, le ciel est à nouveau au beau fixe. Etape suivante : s'installer sous le Marquee et ne pas en bouger avant l'arrivée des dieux du jour. Non, pas Daft Punk. Les vrais dieux du jour : !!! (!). Excité comme une puce, le public attend sa décharge d'electro-funk orgasmique. Ils débarquent sur scène. Déjà, c'est la folie. Partout, sous le chapiteau, on danse et on sautille. Les sourires sont sur toutes les lèvres. Les nouveaux messies, dans une forme olympienne (comme d'habitude), enchaînent les rouleaux compresseurs. Une version survitaminée de « Pardon My Freedom », un « Intensify » encore plus intense que le titre ne l'indique, un tout nouveau tout beau « Sweet Thing » (ou un truc du genre) et un « Dear Can » en apothéose. Plus jouissif qu'une partie de jambes en l'air. D'ailleurs nos guiboles en tremblent encore. Vivement leur retour.
Pas grand-chose à se mettre sous la dent après cette intervention divine. On en oublierait presque le passage de Panic! At The Disco sur la Skate Stage. Pratiquant de l'emo-pop, le nouveau genre qu'il est cool de détester, la formation était venue présenter l'album « A Fever That You Can't Sweat Out ». Un disque que d'aucuns (n'est-ce pas Massimo ?) auront carrément taxé de 'début de la fin de la musique'. Ceux-ci n'ont manifestement pas écouté Fall Out Boy. Cependant, on n'attendait pas grand-chose du combo qui a effectivement rempli son 'contrat-fadeur' sur scène. Si certains (oui, oui, j'avoue) apprécient l'un ou l'autre morceau sur disque, ce live misérable aura balayé leurs dernières illusions. Allez, on s'en refait un petit dernier ? Ok : cheminement mental d'un festivalier appréciant Panic! At The Disco et souhaitant les voir malgré l'avertissement de ses potes :
1/ Il prend leur défense avant de se rendre à la Skate Stage : 'Mais qu'est ce que vous leur reprochez, bordel ???'
2/ Il observe religieusement le début du concert. Quelle chance, ils jouent d'abord sa chanson préférée. 'Mais qu'est ce qu'ils leur reprochent, bordel ???' répète-t-il ?
3/ Après celle-ci, ses jambes commencent à devenir lourdes. Ses paupières davantage.
4/ Il se dit 'Bon. Il n'y a pas grand chose qui se passe...'
5/ Quelques morceaux plus tard, il s'en va déçu. Il est surtout écoeuré de donner raison à ses potes. Une véritable remise en question de ses goûts musicaux s'impose, de toute urgence.
Et Arctic Monkeys ? Ils se défendent pas mal les petits, là-haut, sur la Main Stage. Pourtant, il est bien plus agréable de les voir se produire dans une petite salle. Ici, les compos n'ont pas l'effet escompté et le résultat est d'une platitude à se jeter sous un train. On leur préférera donc le set electro tonitruant de Justice sous la Boiler Room qui, vu le brio du duo, portait son nom à merveille.
Paraît qu'il pleut à nouveau. Pas grave, on est à l'abri sous le Marquee, prêt à recevoir Karen O et sa paire masculine. A l'arrivée, petite déception. Décidément pas très couillus en live, les Yeah Yeah Yeahs nous refont le coup de leur show au Botanique. Alternant un peu trop souvent chansons pêchues et moments plus calmes, on ne sait pas trop sur quel pied danser. La formation a la mauvaise habitude de faire grimper la tension pour la relâcher immédiatement après. Pas très judicieux.
Tant pis, on finira leur set au Club, du côté des Hot Chip. Et bon dieu, quelle merveilleuse idée ! Habituellement fadasses en live, le combo a prouvé qu'il ne faut jamais se fier aux apparences. C'est effectivement devant un public réduit qu'il donne le meilleur de lui-même. A commencer par la démonstration de son capital dansant sur le single « Over & Over ». Une tuerie ! L'euphorie est à son paroxysme lorsque le groupe enchaîne par « No Fit State » (et ses vocalises à la Chris Martin (!)). Comment ça, déjà fini ? Aaargh, Karen O, je te hais. Tant pis. De toutes manières rendez-vous est pris le 1er octobre à la Rotonde du Botanique, en comité encore plus réduit ! Tous en chœur : 'Who said party ?'
L'abus d'alcool nuit à la santé. Et à la mémoire. Par conséquent, tout ce qu'on pourrait vous rapporter des prestations de Broken Social Scene et de Erol Alkan serait monté de toutes pièces.
Place enfin au second et dernier gros dossier de cette édition. La foule attend impatiemment les deux hommes aux combinaisons de robots. Le retard s'accumule. La tension est palpable. Soudain, la pyramide de lumière déployée à l'arrière de la scène s'éclaire. Les basses sont littéralement crachées hors des baffles. « Robot Rock » fait son effet. L'intégralité de la foule se laisse aller. De l'avant scène jusqu'au fond de la plaine, personne ne résiste. Sur le podium, tout ce que l'on distingue de Daft Punk, ce sont deux ombres postées devant un light show époustouflant et derrière une gigantesque table de mixage. Etrangement, on a comme un doute sur l'utilité de cette dernière. Les titres s'enchaînent à une vitesse déconcertante. La foule est dans un état second et ne se doute à aucun instant du leurre. Petite devinette : Guy-Manuel de Homen Christo et Thomas Banglater participent à un festival. Guy-Manuel s'écroule à terre, mort bourré. Qui reste-t-il ? L'imposture n'aura cependant rien retiré à l'excellence du show. De « Da Funk » à « Aerodynamic » en passant par le Para One Remix de « Prime Time Of Your Life », le (faux) duo a transformé la plaine de Kiewit en gigantesque Daft Club. Jubilatoire.
Et voilà. Trois jours de pur plaisir inoubliable touchent à leur fin. La larme à l'œil, on démonte la tente avant de se mettre en route vers la gare. Dernier regard en arrière puis retour à la réalité. L'horrible réalité. L'affreuse et sordide réalité…