La névrosée préférée des mélomanes effectue un retour fracassant, pas moins de sept ans après son dernier LP. Il faut dire que ce dernier, « Extraordinary Machine », n’a pas su tenir la mesure face à la beauté de son prédécesseur « When The Pawn… », autant au niveau du contenu que de l’intitulé (plus de 400 signes, qu’on évitera de retranscrire ici). Et les titres à rallonge, Miss Apple adore. Ainsi, son dernier né est modestement baptisé « The Idler Wheel Is Wiser Than The Driver Of the Screw And Whipping Cords Will Serve You More Than Ropes Will Ever Do ». Rien que ça. En outre, la demoiselle n’a rien perdu de sa plume, de son doigté et de sa hargne. Ses peines de cœur et ses baisses de moral, elle les appose encore et toujours sur de délicates notes de piano, cet instrument qu’elle maîtrise somptueusement depuis près de 30 ans.
Plus habitée que jamais, Fiona Apple revient au top de sa forme et décroche de beaux uppercuts. Comme sur ces « Left Alone » et « Regret » complètement hantés ou la comptine a cappella « Hot Knive » au sein de laquelle elle laisse libre court à sa créativité. Finie donc la ligne de conduite tenue par Epic qui aura, à l’époque, longtemps retenu en otage « Extraordinary Machine » sous prétexte qu’il n’était pas assez commercial, pour finalement en publier une version dénaturée, peu conforme à la vision de la chanteuse. Il aura donc fallu attendre un changement de présidence au sein du label pour la voir ressurgir de sa tanière, qu’elle n’aura quitté qu’à de très rares occasions ces sept dernières années. Sur « The Idler Wheel », mam’zelle Pomme règle ses comptes, reprend le volant et fonce à du 150 à l’heure sur la nationale. Et même sans ceinture de sécurité, on s’installe avec plaisir sur le siège passager, quoiqu’il advienne.