Précédée par l’excellente réputation de son single « Petite », succès qui lui a permis d’être déjà comparée à Nougaro, Brel ou Barbara, L, alias Raphaëlle Lannardère, se fend de son premier ouvrage ‘longue durée’. Hélas pour les connaisseurs de la génitrice de la ‘petite’, il ne s’agit ici que du bois de rallonge. En effet, aux 6 titres présents sur son premier Ep, « Premières lettres », paru en février 2008, se sont seulement ajoutées cinq nouvelles compos. Un peu décevant pour tous ceux qui le possédaient déjà…
Pour tous les autres, mais qui est donc Raphaële Lannadère, alias L ? Une jeune artiste française, auteur, compositrice et interprète, qui ose un chant très personnel et s’est choisi pour nom de scène une simple initiale.
D’abord, elle étudie le chant, notamment auprès de l’ethno-musicologue Martina A. Catella. Elle découvre le gospel, les chants corses, tziganes, pakistanais… et se produit sur de nombreuses scènes : Les Suds d’Arles, le Festival de Pierrefonds, le Théâtre du Lierre… Début des années 2000, elle ose et effectue ses premiers pas en solo, reprenant des classiques de Piaf, Ferré, Brel, Barbara dont elle se saoule littéralement.
Une seconde imprégnation, dans la chanson lusophone cette fois, auprès de Ricardo Tete et Teofilo Chantre, l’incite à explorer les rythmes et la poésie émanant du fado, style si particulier et si propre à Casaria Evora.
En 2008 donc, elle se décide de publier son premier ouvrage. Il est autoproduit. Arrivées dans l’oreille de M et de Brigitte Fontaine, les mélodies font mouche. Brigitte la prendra d’ailleurs sous son aile et lui confiera ses premières parties.
« Initiale» constitue donc ‘officiellement’ le premier album de Raphaëlle, même si…
Accompagnée de Donia Berriri au piano, Jérôme Boirivant aux guitares, Mathieu Gramoli à la batterie et Xavier Zolli à la basse, Raphaëlle nous propose onze épisodes de climats et de situations qui se succèdent.
Jouant habilement d’une voix subtile comme si elle était juste soufflée, à la fois sombre et limpide, L met en musique ses textes sensuels et féminins. Mêlant les genres, L nous emmène dans ses univers, teintés de plusieurs influences tels le rock ou encore le tango, passant d’une habanera aux relents sud-américains (« Mes lèvres ») à une mélodie rythmée (« Jalouse », « Pas de ciné »).
Dans ses textes, tantôt, elle rêve d’amour (« Mescaline », « Petite »), tantôt elle chante la misère et les déviances des villes (« Château Rouge », « Romance », « Série Noire »). Heureusement que de temps à autre son imaginaire lui permet de s’évader de ce triste monde (« Initiale », « Pareil »).
L a osé prendre le contrepied de beaucoup de chanteuses actuelles et c’est tant mieux car à force de toujours utiliser le même moule et les mêmes ingrédients, les saveurs et les formats deviennent tous plus ou moins semblables. Oserez-vous, vous aussi, trancher avec ces habitudes ?