L’ex-leader auteur/compositeur et chanteur de Téléphone nous revient pour son 7ème album solo. Elle est loin l’époque où lors des fins concerts mémorables du band, Jean-Louis Aubert avait besoin d’une tente à oxygène pour reprendre ses esprits. Ben oui, plus de 25 ans déjà sont passés…
Le temps aidant, la fougue et la folie (contagieuse) ont fait place à une grande maturité, une certaine douceur, voire une tendresse volontairement partagée avec ceux qui comme lui ont réussi à évoluer, passant avec plaisir de l’adolescence (et ses excès) à l’âge adulte (et sa sagesse…)
Depuis 1989, Aubert voyage seul au volant de son ‘vaisseau musical’. Seul mais toujours très bien entouré : ‘C’est quand tu es en solo que tu es le plus entouré. Tu as une pléiade de musiciens autour de toi. Forcément tu es plus ouvert aux autres... Il y a eu des moments au sein de Téléphone où je me sentais plus seul’
Sept albums jalonnent sa carrière solo et chacune de ses œuvres aura marqué son époque, « Plâtre et ciment » (1987), « Bleu Blanc Vert » (1989), « H » (1992), « Stockholm » (1997), « Comme un accord » (2001), « Idéal Standard » (2005) et enfin « Roc Eclair » (2010).
Que dire de ce nouvel opus ? Il y a deux façons de voir les choses.
Soit on se dit qu’il a vraiment vieilli le Jean-Louis et que sa pêche légendaire se fait de plus en plus discrète, que ce disque manque de punch, de rythme, d'électricité, manque de rock… Et on repart déçu, nostalgique, les oreilles fanées…
Ou alors on se dit que le bougre évolue vraiment, plongeant volontairement dans la simplicité, la fraîcheur de l’acoustique et le dénuement des mélodies reposantes, le tout enrobant des textes de qualité qui parlent de la vie vraie et juste. Vie qu’il contemple et qu’il célèbre au travers de textes très personnels, parfois (souvent) influencés par mort de quelques proches, Guillaume Depardieu, Fred Chichin, Olivier Caudron, son ami d’enfance et plus encore par la disparition de son père.
Sur les douze titres qu’il nous délivre, Jean-Louis Aubert signe toutes les paroles, toutes les musiques et assure les guitares, piano, harmonica, basse, batterie et même tambourins faisant sans aucun doute de ce septième album, le plus personnel et le plus intimiste.
Basta le ‘Tchack boum’, le rock carré des eighties et place à la sensibilité, à la douceur, à la pureté mélodique. A 55 balais, on a l’impression que l’ex-chanteur de Téléphone a besoin de faire le point, de prendre du recul par rapport à ses 40 (premières) années de carrière et peut-être même, qui sait, de prendre un nouveau départ.
« Roc’éclair » nous offre une proximité encore jamais expérimentée depuis le début de la carrière de Jean-Louis Aubert. Entre rock, folk et sonorités reggae, on ‘embarque’ dès les premières notes dans ce vaisseau riche et multiple, généreux mais tellement personnel.
Tant pis pour ceux qui ont décroché. Moi, j’ai pris ma place, j’ai acheté mon ticket et je suis monté à bord sans trop me poser de questions. Et vous que faites-vous ? Un pas en arrière ou un en avant ?