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Le flux existentiel de Maxïmo Park…

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Août en Eclats 2024 : samedi 31 août

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Août en Eclat est LE rendez-vous incontournable de fin d’été. Gratuit, familial et pluridisciplinaire, ce festival accueille, depuis 2005, une vingtaine de spectacles, un village des enfants, un marché du monde et des saveurs ainsi que des animations de rue. Arts circassiens et concerts en tous genres trouvent un magnifique écrin sur les places Verte et Van Zeeland, en plein centre historique de Soignies.

Une journée fort attendue par petits et grands, d’autant plus que l’ensemble des activités et des concerts ne coûtent que dalle. Et gratuité ne rime pas avec facilité, puisque d’année en année, l’affiche se veut de plus en plus alléchante. La preuve, cette année, les Négresses Vertes et Stephan Eicher, qui se chargera de présenter une rétrospective d’une carrière longue de 40 ans, vont clore la journée.

Le soleil est généreux, tout comme d’ailleurs l’ensemble du staff qui ne ménage pas ses efforts pour que les festivités puissent se dérouler sans accroc. Bravo à eux !

Côté musique, deux scènes se côtoient, la grande pour les artistes confirmés et la plus petite pour celles et ceux, qui pourraient le devenir.

Sur le coup de 13h30, CestCalvin ouvre les hostilités sur la petite scène. Il s’agit d’un tout jeune gaillard d’à peine 24 berges. Auteur, compositeur, réalisateur et interprète hip-hop, il est carolo d’origine. Sa particularité ? Il s’est construit à la seule force de ses vibes.

Fils d'un bassiste de jazz, il baigne dans la musique et la culture afro-brésilienne depuis son plus jeune âge. Fort de ces influences, mais également de celles d'artistes comme Daft Punk, Outkast ou encore de la scène rap issue de la côte Ouest américaine, son premier morceau posté sur Instagram, « Ignorance », a été enregistré sur son téléphone, dans sa chambre. Osé, non ?

Le jeunot est accompagné d’un comparse qui lui procure un support musical à l’aide de sa platine (NDR : rares sont ceux qui, en effet, dans ce style, sont épaulés par des musicos). Gageons dès lors qu’il parviendra à remplir l’espace scénique. Il est vêtu d’un polo, capuche sur la tête ; et de grosses lunettes de soleil sont vissées sur son front.

Timide, sa voix tremblote un peu. Ses textes sont largement inspirés d’expériences qu’il a vécues. Il y brosse l’amour, les sentiments ou encore les ex, à l’instar de cette compo légère, mais profondément sincère : « Gros bisous ». Il sait aussi se montrer perspicace lorsqu’il s’agit de décrire son quotidien à l’instar de « All-in », qui vient malheureusement rappeler que la période des congés est un souvenir lointain pour la majorité des festivaliers présents sur le site. Qu’importe, Carpe Diem !

Il s’affranchit. On apprend qu’il a coopéré avec d’autres artistes de renom comme JeanJass, principalement connu pour ses multiples collaborations en compagnie du rappeur belge Caballero. Malheureusement, il n’a pu être présent. Mais que les fans se rassurent, CestCalvin a plus d’un tour dans son sac. Ni une, ni deux, un pote surgit des coulisses. C’est Nicki. Ensemble, ils partagent le projet Tempo. Le jeu du rappeur prend alors une dimension plus professionnelle à travers sa flopée de compos tantôt incisives, tantôt amusantes, à l’instar de « No stress ».

Le set, dans son ensemble, manque encore de cohésion et de profondeur, mais CestCalvin s’en tire globalement bien. Seul bémol, les trop nombreux effets sur la voix, obtenus à l'aide de l’autotune, utilisé à l’origine pour corriger les notes aiguës ou plates de la voix.

The Rackers opère un virage à 180°. Fondé en 2016, ce trio réunit des amis de longue date : Allan Tombeur (basse), Yohan Pisella (batterie) et Jimmy Morais Rosa (guitare, chant).

The Rackers, c’est la tradition du bon vieux rock des 90’s aux influences UK puisées chez Royal Blood, The Strokes, The Rapture, Franz Ferdinand, Arctic Monkeys, Blur, The Libertines et bien d'autres....

Le groupe rôde ses compos en concert, remporte plusieurs concours et se produit sur de belles scènes, comme au Bota ou dans le cadre du Ronquières Festival. Le succès prenant de l’ampleur et l’envie de partager un univers bien à eux l’incite à enregistrer un premier album. Prometteur, il s’intitule « Lovaria », un nom emblématique dans la Cité des loups. Pas étonnant donc que les lascars arborent des vestes en jeans noires à l’effigie distinctive d’un grand loup.

Après une brève intro, le combo grimpe sur les planches et attaque immédiatement « Melany ». Une compo énergique aux riffs de guitare et dont les coups sur la caisse claire déchirent.

Le son punchy pousse le public à se presser en masse pour découvrir ce groupe à la vitalité débordante.

Le power trio s’en donne à cœur joie tout au long d’’un « Doctor » au sonorités post-industrielles mancuniennes voire liverpuldiennes.

L’investissement est réel alors que dehors, la chaleur devient tropicale. La sueur perle sur le front de Yohan, tandis qu’Allan garde la bouche ouverte ; sans doute la seule alternative pour diminuer sa température corporelle.

Les chansons s’enchaînent à grande vitesse. Les références britanniques sautent aux oreilles tout au long de « Fabulous », « You think » ou encore « Quiet drink ».

Le public danse frénétiquement. Des festivaliers lambdas ont même retiré leurs godasses, dans une communion folle. « Hey Honey » provoque une exaltation des grands jours.

Caractérisé par ses contre-temps temps à la basse et à la batterie, le tonitruant « Lolly’s Wood » clôt un set au cours duquel les portugaises en ont pris un sacré coup.

Une découverte à suivre de très près, c’est une certitude.

Nouveau changement de cap puisque Benni est responsable d’un folk doux et léger.

Le destin de cette jeune demoiselle hors du commun s’est écrit alors qu’elle n’avait que 18 printemps, en Nouvelle-Zélande. Elle y croise fortuitement un gars qui joue de la gratte en rue. Une rencontre qui va orienter son parcours.

Si la musique fait partie de son ADN, elle a d’abord fréquenté une académie à partir de 8 ans, pour y apprendre à jouer de la guitare classique. Elle a participé à la chorale de son village pendant un peu plus d’une décennie. Ensuite, elle a achevé sa formation musicale à la SAE de Bruxelles, en 2020. Elle a également participé au ‘Concours-circuit’ la même année ; ce qui lui a permis d’assurer des premières parties d’artistes confirmés comme Sharko, Roscoe ou encore Cœur de Pirate.

S’il lui arrive de se produire seule, Benni est aujourd’hui soutenue par un backing group. La demoiselle semble intimidée par la foule qui est déjà conséquente en ce début d’après-midi.

Elle entame sa prestation par un magistral « You ». Maîtrisée, sa voix possède un grain voilé, lui conférant une fragilité singulière.

Son univers musical rencontrerait davantage d’écho au sein d’un environnement beaucoup plus feutré. Se produire au cours d’un tel festival pourrait constituer une mise en danger, notamment parce que le public ne s’est pas nécessairement déplacé pour elle. Mais, elle s’en sort formidablement bien. Des spectateurs se sont assis sur le sol écoutant religieusement cette artiste au grand cœur et au talent indéniable.

Le féérique « September 20 » (NDR : il a été produit par Thomas Médard de Dan San et mixé par Tommy Desmet, mieux connu pour son travail auprès de Girls In Hawaii, entre autres), signe le deuil d’une première histoire d’amour. Benni, soudainement abandonnée, écrit les lignes d’une lettre d’excuses qu’elle aurait aimé recevoir. Dès lors, pourquoi ne pas prendre la plume à la place de l’autre ? La chanson a-t-elle provoqué une réponse chez la personne dont le message était destiné ? Nul le saura !

D’une voix envoûtante, elle entreprend ensuite un « Come » destiné à toutes ces âmes perdues. Ses musiciens ont quitté l’estrade et Benni, seule, interpelle. Sa prestation est plus que convaincante. D’une passion, elle dessine aujourd’hui les traits d’une future carrière musicale jalonnée d’excellentes critiques. Comme quoi, il faut croire en ses rêves. Si sa vie était une histoire, cette fable en serait-elle la morale ?

Proche de son public, l’artiste ne manque pas d’humour lorsqu’elle lui demande de mimer la tristesse juste avant d’interpréter un faux dernier titre, prétexte au rappel, sous la forme d’un « Queen of cactus cove » épatant.

Petite, Benni adorait dessiner des baleines. Symbolisent-elles la protection et la sagesse ? Communiquent-elles par la musique de leurs ultrasons pour prendre soin des unes et des autres ou pour naviguer entre la profondeur des océans et la surface ? La question reste posée, au terme d’un set vraiment trop court.

Si les festivals prônent souvent l’éclectisme et le mélange des genres, ici, le choix de cette artiste à fleur de peau s’est avéré gagnant.

Sur la main stage, les préparatifs qui précèdent le concert de Fùgù Mango (prononcez Fou-Gou-Mang-Ô) s’activent. Pendant ce temps-là, le soleil frappe dur sur la caboche.

Formé en 2013, à Bruxelles, le combo implique les frangins Lontie, Jean-Yves (guitare) et Vincent (chant et percus), tous les deux issus de feu Bikinians. Ils partagent une même passion pour le groove, les rythmes africains et l’indie pop… Deux Eps, publiés respectivement en 2008 et 2009 leur procureront d’ailleurs une critique impressionnante dans les pages d’un célèbre magazine français, qui les compare alors à Oasis et Supergrass. Rien que ça !

Les deux frangins fondent Fùgù Mango en 2013. L’un est situé à front de scène, tandis que l’autre reste en retrait. Le line up inclut également Anne. Elle se réserve les backing vocaux, les claviers et la basse. Et elle se plante au centre du podium. Deux blacks corpulentes se placent de part et d’autre. Elles sont vêtues de blanc. A l’arrière, le batteur et un percussionniste sont chargés d’imprimer le rythme.

L’estrade est relativement bien achalandée d’instruments divers et variés. Les classiques guitare, basse et batterie, évidemment. Mais aussi, des percussions, de maracas, ainsi qu’un xylophone.

C’est par son dernier né, « Toposphère », que FM débute son set, profitant de multiples reflets ensoleillés et chaleureux qui entretiennent un certain sentiment d’allégresse. Une compo dans la langue de Voltaire svp. Un exercice de style qui colle bien à la formation. Une ode à l’envie de liberté et d’évasion.

Le combo était déjà parvenu à mettre sa culture métissée au service de « Mango Chicks », un premier Ep fort prometteur paru en 2016 qui lui avait permis d’écumer pas mal de scènes et festivals (Eurosonic, Printemps de Bourges, Europavox, Paléo, etc.) et même de partir en tournée dans les Balkans…

Très vite, le concert offre une large palette de sons exotiques, rythmes afro et indie pop, tout en privilégiant le groove. La culture de Fùgù Mango en quelque sorte. Malgré les températures élevées, les chansons provoquent un élan dansant. Même les plus timides s’y adonnent.

La conjugaison des voix opérées entre Vince et Anne rappelle, de manière incantatoire, le binôme de The XX, groupe de rock britannique en vogue. Le rôle des choristes va bien au-delà de la simple représentation. Elles s’investissent franchement et apportent même une raison d’être à l’ensemble.

Intemporel, « Blue Sunrise », tiré de « Alien Love », rappelle l’aspect tropical et métissé de la pop concoctée par FùGù Mango. Les percus apportent elles aussi pas mal de rondeur. Ça sent le sable chaud et la mer turquoise. De même, « Willy Wonka », issu d’un dernier essai baptisé « La Maquina » permet de savourer pleinement les fragrances exotiques grâce à son rythme afrobeat, tout comme « Subugu », prétexte parfait pour un collé/serré endiablé, sublimé par ses enveloppes plus électroniques à base de xylophone.

Et lors du titre maître aux accents hispaniques, « La Maquina », les paroles sont hurlées et reprises en chœur par un public décidément fort réceptif…

Véritables hommes du monde, les frangins absorbent les cultures issues de leurs périples. Ces guitares langoureuses, ces nappes de synthé luxuriantes et ce plaisir de produire de belles mélodies illustrent parfaitement ces desseins.

Résumer FùGù Mango à quelques synthétiseurs chauds, des accords de guitares, et une basse qui ondule au gré des chansons, serait faire offense à une formation qui cherche depuis ses débuts à produire une musique du monde dominée par un courant exotique. Un courant dont on se sent inexorablement attiré.

Le show tire doucement vers la fin. Mais avant de baisser le rideau, le combo s’essaie à la cover d’un titre de la dance des 90’s, « It’s gonna be alright » de Deep Zone, un de leurs plus gros succès. Une franche réussite ! Vraiment surprenant ! Il y a quelques années, c’était « Golden Brown » des Stranglers que le band s’était réapproprié.  

Retour sur la petite scène pour le set de Thomas Frank Hopper. Né à Bruges, son parcours musical a débuté en Afrique, où le chanteur-compositeur a passé une grande partie de sa vie. De retour en Belgique à 17 ans, il rejoint Cheeky Jack, une formation pop-rock groovy au sein de laquelle il milite durant quelques années, histoire de se faire les dents.

Il décide ensuite de créer son projet solo. Il enregistre un premier Ep baptisé « No man's land », en 2015. Et l’année suivante, un premier elpee intitulé « Searching Lights », qu’il considère davantage comme un essai qu’un véritable album.

L’artiste est épaulé par trois compères. Un batteur installé en retrait, un claviériste et un bassiste, qui de temps à autre troque son instrument contre une six cordes.

Le set débute par un « Back to the wild », qui suinte le blues/rock, une chanson issue d’un dernier opus plébiscité par les critiques. Le gars pince les codes de sa gratte avec une facilité déconcertante. Pas de doute, Hopper compte bien prêcher le blues aux plus récalcitrants.

Très vite, « Paradize city » prend le relais, une chanson plus rock plus pêchue, avec un petit côté vintage obtenu grâce à l’utilisation d’une tête d’ampli ‘Orange’.

Frank alterne également avec une steel guitar qu’il joue assis. L'instrumentiste utilise alors un bottleneck qui lui permet de faire varier la hauteur des notes produites, alors que « Bloodstone » fait apparaître des sons plus contemporains avec en filigrane ses guitares poisseuses ainsi que le gimmick entêtant du clavier. Quoiqu’il en soit, un mélange très réussi de blues et de rock. Bref, ça décoiffe !

Le leader possède un timbre de voix puissant, notamment lorsqu’il monte dans les aigus. Généreux également, ses interactions avec le public sont nombreuses. Et il le lui rend bien par des signes fédérateurs.

Alors que le concert bat son plein, le gars se saisit d’un étrange instrument. A s’y méprendre, on dirait une planche de skateboard. Mais, en réalité, il s’agit d’une Weissenborn (une marque hawaïenne de guitares en bois de koa, un bois originaire d’Hawaï), qui s’apparente à une lapsteel. L’artiste connaît bien cet instrument pour avoir séjourné au Pays de Galles. Les sonorités qui en découlent sont très particulières. Un animal mystérieux qu’il maîtrise parfaitement.

Frank empoigne ensuite une sèche alors que ses musiciens se retirent. Il entame un « Tomb of the giant » génial où la voix du crooner est particulièrement mise en exergue. Un régal !

Alors que le concert prend des allures de départ, « Till the day I die » souligne l’authenticité d’un musicien aux mille facettes, bercé autant par des rythmes africains que par des mélodies anglo-saxonnes dans lesquelles il puise toute son inspiration.

Thomas Frank Hopper a livré ici une prestation qui sonne décidément très roots !

Morpho va-t-il pouvoir rivaliser ? Un inconnu aux yeux et aux oreilles de votre serviteur.

A l’état-civil, Mathias De Vleeschouwer, est un produit de la téléréalité. Un de plus ! Un de trop ? A vérifier !

Après sa participation à la saison 9 de ‘The Voice Belgique’, Mathias a été repéré par Alex Germys, producteur notoire, avec qui il a mis en forme son premier Ep.

Pas étonnant que des jeunes demoiselles se soient soudainement immiscées dans le public. Faut dire que le gars possède aussi un physique qui ne passe pas inaperçu.

Il est accompagné d’un batteur, d’un claviériste, d’un guitariste et d’une bassiste. Ex-Coline et Toitoine, cette dernière milite également au sein de Colt.

Influencée par Coldplay, London Grammar, Inhaler ou encore Charles, sa musique oscille entre pop sucrée, rock un tantinet rebelle et électro endiablé, à l’instar de « Higher », un premier single sorti il y a un an déjà ou encore d’« Over again ». On peut remettre en cause la crédibilité des jeunes issus d’émissions télé, mais force est de constater que l’univers sonore de cet artiste est bien personnel.

Peu puissante, sa voix est plutôt atmosphérique.

Parfaitement maîtrisée, sa version du « Coming Home » de The Haunted Youth (NDR : un groupe belge drivé par Joachim Liebens) est une vraie tuerie !

Pour terminer, Morpho livre une compo en français, brillamment interprétée et qui risque de devenir son nouveau cheval de bataille.

Si le set de cet artiste émergent manque encore de maturité et de relief, il faut reconnaître que son charisme et sa performance vocale lui ouvrent les portes d’une future belle carrière. A suivre donc !

Après une pause bien méritée, votre serviteur s’installe à nouveau devant la main stage. Des vieux de la vieille s’apprêtent à y grimper : Les Négresses Vertes (NDR : le patronyme aurait été choisi à la suite de l'invective d'un vigile dans un bar, qui se serait exclamé ‘Sortez les négresses vertes !’, en voyant leurs cheveux teints). Au sein du collectif formé en 1987, figuraient des musicos issus de la scène punk rock.

Alors que François ‘Cizzko’ Tousch se pointe doucement accordéon en bandoulière pour entamer « La valse », il est vite rejoint par ses comparses Stéfane Mellino (guitare, chant), Jean-Marie ‘Paulo’ Paulus (basse, chant, guitare, ukulele), Isabelle ‘Iza’ Mellino (percussion, chœurs), Michel ‘Ochowiak’ Estrade (trompette), Gwen Badoux (trombone) et Matthieu Rabaté (batterie). Une sacrée bande !

Si la musique est toujours aussi pétillante, les visages des membres du groupe sont burinés par le temps qui passe. A vrai dire, ont dirait des papys qui font de la résistance !

Après avoir accueilli les ados prépubères de Morpho, l’auditoire est maintenant essentiellement constitué de quinquas.

Plus de trente ans après le succès de leur premier opus « Mlah », Les Négresses Vertes opèrent un retour remarqué ! « Voilà l’été » ravit les aficionados, heureux de (re)faire connaissance avec une tranche de vie, qui, semble-t-il, les a bien marqués. Une compo tout en couleur qui sent bon le soleil et l’herbe fraîche (NDR : pas celle que l’on fume ; d’ailleurs, elle ne l’est pas vraiment…)

Grâce à des titres comme « L’homme des marais » ou encore « La danse des Négresses », la musique de cette formation légendaire allie joyeusement la guinguette et le folklore méditerranéen.

Le concert se mue en fête paillardes tout au long de l’incontournable « Zobi la mouche », qui symbolise une putain d’histoire de la chanson française de la fin des années 80 et du début des années 90. Une compo qui, en fin de parcours, dérive dans l’impro. Alors, la foule ne peut s’empêcher de reprendre le refrain en chœur, comme s’il venait de nulle part.

Ces vieux briscards est parvenue à agréger l'impertinence du rock, les rythmes latins (dont le raï), l’aspect le plus gouailleur, truculent et festif de la chanson française (cabaret, java, etc.) et même la fanfare (trombone, trompette), tout en véhiculant des textes graves avec un humour féroce.

Le décalé « Famille nombreuse » aux accents italiens et le percutant « Les yeux de ton père » mettent littéralement une ambiance de feu tout en se remémorant la décadence des années folles.

Sur un rythme endiablé tout en célébrant la rencontre entre la guitare et l’accordéon, « Sous le soleil de Bodega » s’enfonce alors dans la pénombre de notre matière grise et il est probable que, quelques jours plus tard encore, il continue de résonner dans la tête de milliers de festivaliers qui ont vécu ce concert.

Ces trublions de la chanson francophone ont conservé leur énergie originelle et durant une heure, tout en s’amusant à dispenser un répertoire qui tient toujours la route, ont entraîné un public à faire la fête…

Il n’y manquait, sans doute, que le grain de folie d'Helno, chanteur emblématique du groupe, décédé en 1993 d'une overdose...

Enfin, le prochain et dernier grand artiste à se produire est Monsieur Stephan Eicher. La place est noire de monde. Votre serviteur est bien placé, à front du crash, et préfère y rester, quitte à faire le pied de grue durant une heure.

A 22h30 précises, Eicher débarque. Il prend place sur un siège que le staff a posé sur l’estrade quelques minutes auparavant.

Il ne pète pas un mot, se saisit de sa gratte et entame quelques accords, mais s’arrête presque instantanément agacé par le bruit (‘boum boum’) d’une activité voisine qui pollue son interprétation.

Il interroge l’assemblée. Est-ce quelqu’un qui roule en BMW, fenêtre ouverte, à écouter Plastic Bertrand ? Quoiqu’il en soit, il lui est impossible de poursuivre dans de telles conditions ! Il quitte le podium, mais y revient quelques instants plus tard. Et bien décidé de prendre le contre-pied de la situation, empoigne sa gratte électrique et attaque « Pas d’ami comme toi », un morceau issu d’« Engelberg », paru en 1991. L’interprétation est percutante. Le ton est donné ! Tout cela n’était donc qu’une mise en scène !

Et comme, le public présent est fin connaisseur, autant rester dans ce qui fonctionne le mieux en embrayant par « Combien de temps », dont les accents nostalgiques nous ramènent à la fin des eighties. La mémoire d’Eicher flanche. Il en oublie les paroles. Qu’importe, pour pallier ce trouble mnésique, le public lui vient en aide et chantonne en chœur ce hit impérissable. Jouant le jeu jusqu’au bout, les musiciens exécutent leur partition, alors à pas de loup.

L’homme se souvient être venu dans le passé et s’inquiète du sort du cheval de bronze qui trônait non loin. A-t-il été mangé durant la période hivernale, demande-t-il, sous les rires des aficionados ? Il n’y a pas à dire, c’est un vrai showman !

De toute beauté, « Le plus léger au monde » est propice au rêve. Un titre qu’il interprète d’une voix grave, chaude et éraillée. Reconnaissable entre mille, elle lui permet de se mettre à nu en revenant aux fondamentaux, célébrant, en quelque sorte, la chanson renaissance, après avoir essuyé l'un ou l'autre échec commercial.

Superbe ballade, la « Prisonnière » constitue un des points d’orgue de sa prestation. Tout comme « Riviere » (NDR : sans accent !), morceau au cours duquel il invite les milliers de spectateurs à taper un index afin de reproduire le bruit d’une goutte d’eau qui vient s’échouer sur le sol. Et franchement, le résultat est convaincant.

Alors que le show bat son plein, une bagarre éclate. Eicher, en gentleman avisé, intervient et demande de cesser immédiatement ce vacarme, invective les fouteurs de trouble tout en tentant de trouver une pseudo raison à ce bordel : la musique rend-elle fou ou la consommation d’alcool a-t-elle dépassé des limites raisonnables ? Histoire de se calmer, Eicher, leur conseille d’aller bouffer des frites à la baraque du coin. Un connaisseur cet artiste !

Et comme la musique adoucit les mœurs, le Suisse joue successivement quelques notes de la gamme afin de savoir qu’elle est celle qui apaise le plus. Ce sera finalement le ‘mi mineur’ qui obtiendra le plus de succès, à tel point que les musiciens se sont soudainement couchés à l’écoute de cette note inspirante.

Stephan évoque ensuite le séparatisme à la Belge et se questionne sur l’existence des conflits politiques du plat pays. En réalité, il s’agit d’un subterfuge, de manière à introniser le tube « Eisbär », un titre puissant de Grauzone, groupe suisse éphémère fondé à Berne au début des années 1980 par Martin Eicher, Marco Repetto et G.T. (Christian Trüssel) et qu’a rejoint circonstanciellement Stephan, pour les sessions et lors des concerts (NDR : un seul elpee à son actif, un éponyme et suivant les rumeurs, un second serait en préparation… Wait and see !)

En évoquant ce morceau, il s’épanche en tout cas longuement sur sa conception et ses paroles. Une époque où Philippe Djian, romancier, nouvelliste, parolier et scénariste français, mais également parolier du chanteur dès 1989, était encore très jeune.

On sent que le set tire doucement vers la fin. Le chanteur a chaud. Si manifestement, il apprécie la bière –à le voir déglutir comme un goret, il déteste cependant les rappels ainsi que la nage synchronisée. Ne cherchez pas de lien de cause à effet, il n’y en a simplement pas. Simple diversion ? Peut-être…

Alors que les très jolis « Si tu veux que je chante » et « Tu ne me dois rien » viennent apaiser les esprits, il nous réserve un vrai/faux rappel. Il s’agit de « Déjeuner en paix », une chanson qui décrit le quotidien et les scènes de la vie conjugale d'un couple sur fond d'actualités internationales. Un énorme succès datant de 1991 qui signe le début d’une revanche de la musique acoustique sur la musique électronique.

Mais les surprises ne sont pas terminées. Alors que le batteur vient de fêter son anniversaire, il y a trois jours, il est invité à exécuter un gage. Muni de balais (accessoire de percussion composé d’un faisceau de brins, le plus souvent métalliques et utilisé de façon similaire à une baguette pour frapper les instruments de percussion), le drummer est chargé de produire un solo de deux heures sur « Hemmige ». Et devinez quoi, il accepte le défi tout en caressant avec insistance la peau de sa caisse claire durant de longue minutes, le souffle haletant. Un chouette moment de complicité et d’improvisation.

Il est 23h30, ce concert magistral vient de s’achever. Dans une forme olympique, Stephan Eicher s’est montré généreux, communicatif et altruiste. Et il n’a rien perdu de son éclat.

La plupart des festivaliers regagnent leur pénates. Les plus résistants et ceux qui sont encore en vacances s’attardent encore aux bars entourant le site.

Il faut admettre qu’Août en Eclats n’a plus rien à envier aux festivals de grande envergure. L’équipe pluridisciplinaire du Centre culturel, pourtant réduite à sa simple expression, démontre qu’aujourd’hui, quand on a des idées, de la persévérance et de la bonne volonté, il est possible d’y arriver.

Merci à eux pour cette journée magnifique et ses nombreuses activités.

(Organisation : Août en Eclats)

Pelagic Fest 2024 : samedi 24 et dimanche 25 août

Écrit par

La première édition du Pelagic Fest s'est déroulée ces 24 et 25 août à Maastricht. Réunissant une grande partie des groupes du label, elle s’est déroulée au Muziekgieterij.

Une première manifestation couronnée de succès

La salle, très accessible, située à 10 minutes à pied du centre-ville et à l'acoustique impeccable, semble avoir été construite pour ce type d’événement. Le festival respire la bonne humeur et une cohésion s'installe instantanément au sein du public, constitué pour la plupart de fervents amateurs de post-rock et post-metal. Plus qu'un événement musical, il devient le point de rassemblement d'une véritable communauté.

On y retrouve un grand espace à l'entrée accueillant tout le ‘merch’ du label et des différents groupes, mais aussi et surtout deux scènes réunies par un grand hall où sont, en outre, diffusés les concerts en cours. Ceux qui n'ont pu se rendre sur place ou qui souhaitent simplement revivre l’événement seront ravis d'en retrouver le livestream sur YouTube (Day 1 ici et Day 2 )

La première journée s’ouvre par la prestation de Thot sur la main stage. Elle est rapidement suivie par celles de Lost in Kiev, Oh Hiroshima, Hippotraktor, Glassing et LLNN. Le point d'orgue de cette journée sera définitivement atteint lors du premier set de The Ocean, venu défendre « Pelagial », son opus paru en 2013, dans son intégralité.

La seconde journée est rapidement marquée par les prestations chargées d'émotion de Spurv et de EF. Mention spéciale pour les concerts de Briqueville et Year of No Light. The Ocean revient pour un second set en lieu de place de celui de Psychonaut, contraint de renoncer. Ihsahn a malheureusement aussi déclaré forfait, mais il a été remplacé au pied levé par Cobra The Impaler, dont le concert a clôturé en beauté le festival.

Bonne nouvelle, Ihsahn et Psychonaut ont été reprogrammés l'année prochaine, aux côtés de A Burial At Sea et Bear.

Rendez-vous les 23 et 24 août prochains pour la seconde édition du festival. Les tickets sont déjà en vente ici

Photos Romain Ballez

(Organisation : Pelagic Fest)

 

Motocultor 2024 : du 15 au 18 août

Écrit par

Pour la première fois, Musiczine participe au Motocultor. Niché à Carhaix-Plouguer, en Bretagne, l'événement s'est installé sur les mêmes terres que Les Vieilles Charrues, pendant 4 jours.

Une période au cours de laquelle la vie de la ville est rythmée par le flux de festivaliers friands de metal, de crêpes et bien évidemment de beurre demi-sel.

S'il affiche de très grands noms et une programmation particulièrement pointue, il n'en garde pas moins une taille humaine.

Très loin du gigantisme d'un Hellfest, le Motocultor reste accessible en toutes circonstances. Un confort qui est le bienvenu, particulièrement en cette fin de saison. Le déplacement d'une scène à l'autre ne nécessite que quelques minutes et l'on n'y fait rarement la file.

L'espace merchandising est recommandable. Une tente est consacrée à celui des groupes et du festival ; et la seconde au ‘merch’, au sens large du terme. Elle est surtout réservée aux disquaires (dont Frozen Records) ainsi qu’aux labels, et notamment ‘Les Acteurs de l'Ombre’.

On apprécie également la présence d'un food court à l'écart des podiums, permettant de s'isoler et se sustenter au calme entre deux concerts.

Nouveauté cette année, le site a été réaménagé et tout particulièrement en ce qui concerne l’implantation des scènes. Habituellement alignées, les deux paires sont maintenant disposées de part et d'autre du site.

On notera aussi la création d'un espace VIP. Encore à ses balbutiements, il gagnerait à se développer davantage, mais offre une vue imprenable sur les grandes scènes.

Cette édition sera malheureusement marquée par la pluie. Celles et ceux qui ne sont pas habitués à la région, comme votre serviteur, y ont essuyé les joies du crachin breton. Une pluie très fine mais incessante. Mais celle-ci n'a pas pour autant compromis le plaisir des concerts, d'autant que deux des quatre podiums étaient couverts.

C'est Shy, Low, groupe de post-rock signé chez Pelagic Records, qui ouvre le bal sur la Bruce Dickinscène. Endroit que nous quitterons rarement lors de cette première journée, vu la qualité des formations programmées. Emma Ruth Rundle nous y accorde l'un des plus mémorables sets de la journée, aux côtés de Crippled Black Phoenix, en guise de clôture.

Les amateurs de combos plus énergiques seront également comblés par le show de Kvelertak qui couronne la journée sur la scène voisine. Mention spéciale également pour Uada et Havok qui se sont produits plus tôt sur la Supositor Stage.

La seconde journée se signale évidemment par le concert d’Opeth, en pleine tournée avant d'attaquer une nouvelle série de dates l'année prochaine, puis d’enregistrer un nouvel album.

On épinglera également le concert de Hippotraktor. Le public, plutôt matinal (à l'échelle d'un festival, l'ouverture est fixée à 13h30), s'est déplacé en nombre pour écouter les titres de son nouvel elpee, "Stasis".

Bien que le festival se situe à près de 800km de nos contrées, il ne s’agissait pas du seul combo belge, puisque la troisième journée s‘est ouverte par le set de Pothamus.

Originaire de Malines, le trio est parvenu à séduire la foule grâce à son sludge/post-metal tribal. Une prestation intense qui a marqué les esprits et donner le ton pour le reste de la journée.

Dans la foulée, LLNN, accompagné par le chanteur de Hexis, a fait forte impression. Enfin, Jinjer et Architects ont conclu cette troisième journée par des prestations exemplaires.

La quatrième journée s’est davantage focalisée sur un metal plus progressif illustré par les sets de Dvne, Night Verses et Monkey3.

Pour votre serviteur, le festival s’est achevé par le set de Baroness, indubitablement l'un des points d’orgue de cette édition alors que la Dave Mustage a été copieusement matraquée par les riffs déstructurés de Meshuggah.

Grâce à son accueil et sa programmation, le Motocultor rejoint déjà notre liste des événements de la scène metal les plus attendus de l'année.

Rendez-vous les 14, 15, 16 et 17 août prochains pour l'édition 2025.

Les premiers noms sont d'ores et déjà connus : Machine Head, Dimmu Borgir, Landmark, Between the Buried and Me et Galax. Et la liste va encore s’allonger…

L'occasion rêvée pour accomplir une escapade dans le Finistère, agrémentée de concerts de haute voltige.

Tickets ici

Photos Romain Ballez

(Organisation : Motocultor)

 

 

 

 

 

Les Solidarités 2024 : dimanche 25 août

Écrit par

Les conditions météorologiques des deux jours précédents ne sont plus qu’un mauvais souvenir ! Le temps est bien plus clément ! Le soleil est au rendez-vous et les températures tournent autour des 22 degrés, ce qui est tout à fait acceptable en cette saison.

Il y a du monde sur le site ! Faut dire que l’affiche a de quoi susciter l’intérêt !

A commencer par Talisco qui se présente sur le podium PV. Il est accompagné d’un préposé à la batterie et d’un autre qui alterne claviers et basse.

Son nom de scène aux consonnances latines se réfère à ses origines espagnoles. Jérôme Amandi découvre la musique et la guitare à l'âge des premières révoltes. Le conservatoire le saoule, il compose ses chansons dans sa chambre et monte un groupe de rock, en cherchant à marcher sur les traces de Slash, Rod Stewart et Stevie Wonder. Mais la vie l'embarque vers d'autres horizons. Il met sa carrière musicale entre parenthèses, et bosse dans l’univers du marketing. Cependant, en 2010, il décide d’en revenir à la musique et se lance dans l’aventure. Une voie qu’il ne quittera plus…

Il y a 10 ans, Talisco créait la surprise en gravant des singles comme « Your Wish » et « The Keys », des hymnes électro rock enrichi de productions orchestrales, de chœurs, de refrains fédérateurs et découpés dans des riffs de Telecaster.

L’artiste n’a pas, à proprement parler, de nouveautés à proposer, si ce n’est un elpee paru l’année dernière déjà. Il s’étonne même de figurer en exclusivité. La seule, la vraie, c’est l’auditoire et l’amour qu’il lui donne ! Il le clame haut et fort : les Belges constituent le meilleur public !

Si le chanteur interprétait ses compos dans la langue de Shakespeare, avant 2023, il a opté pour celle de Voltaire sur son quatrième elpee, « Cinematic ».

Considérer Talisco comme une machine à tubes serait réducteur. Il est plus que ça. Sa musique, en multipliant les décors, est une invitation aux fantasmes. Une perspective volontairement lumineuse et subtile. Sans oublier son caractère complexe, l’artiste tirant parti des superpositions tant des sons que de la voix.

Instinctive, la musique de Talisco est franche, directe et immédiate. Son univers ressemble à une fresque électro pop. Ses textes parlent de prises d'élan pour un saut dans le vide, de plongées intérieures pour fuir la surface, de vivre l'instant présent dans l'urgence, à l’instar du vivifiant « C’est ici ».

Influencées par Ennio Morricone, ses chansons baignent tour à tour dans le rock, la pop ou encore l’électro. Une chose est sûre, il s’impose en artisan bricoleur, humble face au résultat de sa création.

Talisco prend une dimension toute particulière en live. Généreux, il permet à son public de prendre du plaisir.

Il faut cependant attendre des titres incontournables comme « The Keys », 2ème single extrait de l'album « Run », pour que le public s’enflamme. Une compo restée dans la mémoire collective puisqu’elle a été choisie pour illustrer, en son temps, la nouvelle campagne 4G de Bouygues Telecom.

Et pendant « Your wish », la foule exulte évidemment. Les sonorités atmosphériques de la gratte de Jérôme vampirisent l’esprit. Une sensation d’onirisme s’empare de votre cerveau. Putain, que ça fait du bien !

Alors que l’ambiance est à son paroxysme, « Sun » (NDR : le générique de la série ‘Un si grand soleil’ sur France2) rayonne sur la foule. On s’imagine alors contempler un coucher de soleil au Pays basque où l’artiste a récemment posé ses valises ou celui brûlant de la Californie, là où le groupe a accompli une longue tournée en 2018.

Bref, Talisco et son team ont brillamment assuré un show empreint d’humilité et d’amour.

Retour à la main stage pour y voir et écouter Jain. Si au début de sa carrière, elle se produisait seule sur les planches en se servant d’un tas de boucles, aujourd’hui elle a complètement changé de cap, puisqu’une équipe complète l’accompagne désormais.

La demoiselle travaille particulièrement son image, que ce soit à travers son apparence ou la mise en scène. Le décor est constitué d’un plateau métallique qui accueille synthés et percus en tout genre. Elle est habillée d’un petit short et d’un top multi coloré, rappelant que nous sommes encore en été (si, si, c’est vrai…)

Son arrivée dans l’univers musical s’apparente à un raz-de-marée. Auteure, compositrice et interprète, elle rencontre le succès dès la sortie de son premier long playing, « Zanaka » ; et des titres tels que « Come » et « Makeba » (qui signifie enfant en malgache) tournent en boucle sur les ondes radiophoniques. Le suivant rencontrera un succès plus important encore. Paru 2018, il se vend à 1,2 million d'exemplaires dans le monde et atteint plus de 2 milliards de streams.

Après cette envolée qu’elle ne maîtrise pas, elle annule sa dernière tournée pour se ressourcer. Et au bout de quatre longues années, elle refait surface, plus positive que jamais et nous propose un nouvel essai baptisé « The Fool ». Certains n’ont pas hésité à établir un parallèle avec la carrière de Stromae qui lui aussi s’est vite laissé submerger par la réussite et les tournées fatigantes.

Jeanne Galice, à l’état civil, n’a pas, elle non plus, d’actualité à défendre, son dernier long playing datant de l’année dernière. Il paraît que c’est dans les vieilles marmites que l’on fait les meilleures soupes. Mais à la condition qu’elle ne colle pas au cul !

Cinq longues années auront donc été nécessaires à la jeune femme pour remonter la pente après avoir publié l’elpee, « Souldier ».

L’artiste a, semble-t-il, décidé de faire table rase des affres du passé et propose des compos plus matures et sans doute aussi moins accessibles pour le mélomane lambda. Mais qu’à cela ne tienne, elle a décidé de brasser large aujourd’hui, le public des Solidarités réunissant toutes les pyramides d’âges et socio-culturelles.

Son set début par « Heads Up », à la rondeur absolue, très vite rejoint par les « Flash (Pointe Noire) » ou encore le radiophonique « Alright » et son refrain entêtant.

« The fool » et ses accents un brin électro ravit les plus sceptiques. Jain apparaît dès lors comme une Déesse parmi les Dieux et se taille un capital ‘sympathie’ auprès de la foule.

Caractérisé par ses lignes de basse primaires, « Come » met une ambiance de feu ! Un titre d’une simplicité musicale élémentaire, puisqu’il n’est composé que de trois accords, mais qui fait mouche. Le public y succombe. C’est léger, mais ça sent le soleil et le sable chaud. What else ?

Afin de remercier le public, l’artiste descend de l’estrade et sollicite les fans scotchés aux crashs pour s’essayer aux joies du looping en enregistrant leurs voix pour les intégrer finalement à sa performance. Si certains ont des dispositions au chant, force est de constater que ce n’est pas le cas de tout le monde. Mais, l’idée est sympa et mérite d’exister.

Après cette mise en bouc(h)(l)e, l’autre moitié du set est consacrée à des morceaux plus punchy, à l’instar de « Save The World » ou de « Star », tous deux issus de « Souldier ». Des titres qui montrent toute l’étude du talent de la Toulousaine et lui permettent littéralement de se défouler et d’entraîner le public dans une danse collective.

La prestation prend doucement fin. Evidemment, l’inévitable « Makeba » n’est pas oublié, un morceau qui a repris vie grâce à la plateforme Tik Tok. Dès les premiers ‘Ooh-ee’, les cris fusent et les bras s’agitent vers le ciel. Une communion s’annonce. Si les fans sont évidemment ravis, l’artiste n’est pas en reste non plus. Les bras balancent de gauche à droite et de droite à gauche imitant parfaitement le va-et-vient des essuie-glaces.

C’est à l’issue de la ballade « Maria » que Miss Jain prend congé de ses invités. Une chanson dans laquelle on se laisse surprendre par des vocalises d’une douceur exotique aux relents rocailleux. Un exercice de style qui lui va comme un gant !

Humaine et altruiste, Jain est parvenue à se réinventer après des années de doute et d’errance. Merci à elle !

Lisette Lombé et Cloé du Trèfle lui emboitent le pas au sein du féérique Magic Mirrors. L’endroit est couru puisque la salle est comble. Deux jeunes femmes apparaissent dans une pénombre maîtrisée.

Cloé est planquée derrière les ivoires, tandis que Lisette est à peine dissimulée derrière son micro. Elle est aussi à l’aise avec les textes puissants et incisifs que Lucky Luke avec son colt.

Artiste plurielle, passe-frontières, Lisette Lombé s’anime à travers des pratiques poétiques, scéniques, plastiques, militantes et pédagogiques. Ses espaces d’écriture et de luttes s’appuient sur sa propre chair métissée, son parcours de femme, de mère, d’enseignante. En dérivent des collages, des performances, des livres et des ateliers, passeurs de rage et d’éros.

Co-fondatrice du Collectif L-SLAM, elle a été faite, en 2017, Citoyenne d'Honneur de la Ville de Liège, pour sa démarche d'artiviste et d’ambassadrice du slam aux quatre coins de la Francophonie.

En 2020, elle a reçu un Golden Afro Artistic Awards pour son roman ‘Vénus Poética’ (éd. L'Arbre à Paroles) et le Prix Grenades/RTBF pour son recueil ‘Brûler brûler brûler’ (éd. L’Iconoclaste). Elle sera la prochaine Poétesse nationale de Belgique en 2024 et 2025.

Elle s’impose naturellement mais respectueusement.

Cloé du Trèfle est auteur-compositeur-interprète belge. Multi-instrumentiste, elle utilise piano, bruitages, voix, guitare électrique, claviers analogiques, samples pour des compositions qui oscillent entre électro-pop et motifs symphoniques en échappant à toute classification.

Dès lors, il n’est pas étonnant que le partage de leurs deux univers intrigue. Elles sont venues défendre ‘Brûler Danser’, un spectacle tiré d’un album-concept qui navigue quelque part entre slam et spoken word (littéralement ‘mot parlé’), façon particulière d'oraliser un texte, qu'il soit poétique ou autre. Il entraîne souvent une synergie (ou expérimentation) avec d'autres formes d'art comme la musique, le théâtre ou la danse. Cependant, le spoken word se concentre essentiellement sur les mots eux-mêmes, la dynamique et le ton de la voix, les gestes et les expressions.

Doucement, les notes de synthés résonnent. L’ambiance est religieuse. Le public, bouche bée, observe tranquillement le duo qui s’acquitte de sa prestation de manière militaire.

A travers « Puisqu’il faut bien », on comprend que la narration tourne autour d’un personnage fictif qui s’appelle Remontada. L’héroïne va s’immiscer au cœur de 9 scénettes durant près d’une heure.

C’est osé, mais magistralement conçu ! Lisette s’exprime brutalement, notamment pendant « Les injustices » qui dénoncent, comme son nom l’indique, tous les travers sociétaux qu’un Homme (avec un grand H) peut rencontrer, de la naissance à la mort.

Remontada chemine ensuite doucement vers le moment où, n’y tenant plus, son corps est pris de soubresauts comme « Pour aller danser », une chanson invitant les spectateurs à venir se trémousser au gré des notes machiavéliques de Cloé et de la voix onirique de Lisette. Une tranche de vie qui surfe entre rêve et réalité. Une compo étrange vers laquelle on se sent irrésistiblement attiré et dont le gimmick devient addictif.

Très objectivement, ce set est conçu par et pour des femmes ! Les propos de Lombé sont parfois à la limite de la provocation, notamment lorsqu’elle affirme une posture féministe à l’instar de « Les miettes du sexe » où elle expose le personnage central en désir et l’homme en objet.

Le show s’achève par « La reconquête », Remontada ayant pris conscience de « La puissance du ventre ».

Quelque part entre préceptes philosophiques et musiques australes, ‘Brûler Danser’ est une invitation à redécouvrir le jour après les tumultes de la nuit.

Une bien belle découverte.

Le peuple s’est dressé en franc-tireur pour Puggy qui se produit sur la main stage. Faut dire que parallèlement à la musique, le leader s’est illustré comme membre du jury dans une célèbre émission de télécrochet devenant ainsi, auprès de nombreux téléspectateurs, la nouvelle icône de la télé-réalité.

Fondée en 2005 à Bruxelles, la formation propose une forme de pop/rock aux mélodies contagieuses.

Un calicot surplombe l’estrade, sur lequel est indiqué en grandes lettres ‘Puggy’. Irons s’avance d’un pas décidé. Il est accompagné du bassiste Romain Descampe et du batteur charismatique Egil ‘Ziggy’ Franzén.

La basse de Ziggy a déjà bien bourlingué ; elle porte sur elle les traces du temps et surtout de son utilisation.

« Never Give Up » ouvre les hostilités. Un titre de son nouvel Ep. De quoi mettre l’eau à la bouche. Alors que Matt cisèle les riffs, Romain frappe ses cordes avec acharnement, tandis que le troisième larron, manifeste une intensité rare pour marteler fûts et cymbales.

Furieuse, l’expression sonore gronde alors que l’auditoire jubile. Un climat grandiloquent envahit « To Wind The World », atmosphère amplifiée par les ivoires largement syncopées.

Irons troque sa gratte électrique pour une semi-acoustique. C’est alors que « Lonely Town » prend son envol. Une compo aigre-douce qui permet au chanteur de monter allègrement dans les aigus, tandis que le batteur s’amuse à imprimer un tempo à contre-temps.

Matthew tente de convaincre l’auditoire que le nouvel opus est cool. Et il insiste. Pour le démontrer, le trio nous livre « Lost Child », une bien belle ballade aux accents nostalgiques. Et puisque Yseult manquait à l’appel, les deux musicos accompagnent le vocaliste dans un slow à l’unisson. Un moment suspendu, hors du temps.

Afin de garder le cap et l’attention des festivaliers « Last Day On Earth » permet aux percus de décoller, alors que les cordes de la basse sont mises à rude épreuve. Un morceau percutant, aux riffs singuliers et au solo tonitruant parfaitement maîtrisé par Irons lors du bridge.

Matt reprend ensuite son rôle de préposé à la gratte semi-acoustique et entame, une seconde ballade dans une configuration atmosphérique. On se sent alors bercé par ce « How I Needed You » très construit, vite rejoint par « Change The Colors », un morceau qui libère des sonorités pop/rock dansantes dignes de l’identité primaire du band. L’essai est convaincant dans son ensemble.

Le set est proche de sa conclusion. « When You Know » constitue la pierre angulaire d’un show de très bonne facture, pugnace et solide comme un bloc de béton. Un titre qui permet de belles progressions au clavier, un solo de batterie étourdissant et une belle complicité entre un public réceptif et un groupe fédérateur.

Puggy a, de nouveau, été convainquant. Il a dispensé un set frisant la perfection qui risque de résonner encore longtemps dans la tête des aficionados, la période des festivals passée !

Grandgorge se produit à la Magic Mirrors. L’endroit est plein à craquer et, comme la veille, impossible de s’y faufiler. Dommage !

Votre serviteur en profite donc pour faire le pied de grue devant la main stage. Shaka Ponk va s’y produire. Mais des festivaliers l’avertissent ! Pas trop près, car les concerts sont souvent le théâtre de pogos turbulents. En véritable guerrier, il défie ces paroles et se plante à une encablure de la scène.

Shaka Ponk est un groupe français d’alt électro/rock qui puise son inspiration au sein de différents courants musicaux tels que le rock alternatif, le grunge, le heavy metal, l'électro, le hard rock, le punk rock, le hip-hop et le funk. Les morceaux son chantés, en général, en anglais ou en français et occasionnellement en espagnol.

Le line up implique sept membres : Goz, un singe en images de synthèse, Frah (François Charon) et Sam (Sofia Samaha Achoun) au chant, Mandris (Mandris Da Cruz) à la basse, CC (Cyril Roger) à la guitare, Ion (Yohann Meunier) à la batterie, Steve (Steve Desgarceaux) aux claviers et aux samples. Bien que le groupe ait signé son premier contrat à Berlin (Allemagne), c'est à son retour en France que sa notoriété se développe.

A l'origine, il s’agissait d’un collectif d’amis qui organisait des soirées où chacun devait apporter un petit projet vidéo ou musical. Après la rencontre d’un hacker qui donne à Frah, alors webdesigner, et CC, guitariste, une mascotte, le singe virtuel Goz, le band est fondé officiellement en août 2002. Thias (Matthias Pothier), bassiste, Bobee O.D. (Jean Philippe Dumont), batteur, Mesn-X (Gael Mesny), guitariste, et Steve (Steve Desgarceaux), claviériste et préposé aux samples, les rejoignent ensuite. Sam n'intègre réellement le combo, qu'à partir de 2010.

Lors de sa création, à Paris, les musicos ont pour premier objectif la création d’un groupe zen, bouddhiste, mais à l’esprit punk et de ne pas se cantonner à un style de musique précis. Cet aspect ressort dans le patronyme. Shaka (Shākyamuni), c’est le nom du premier bouddha, choisi par référence au terme anglais shaker qui signifier le mélange entre styles ; et Ponk, c’est l’appellation d'une tribu amérindienne qui reflète le côté punk du band…

Des milliers d’aficionados se sont massés devant le podium. Normal, la formation se sépare et le concert de ce soir sera l’un des derniers. La tournée n’a d’ailleurs pas été baptisée ‘The Final F#*cked Up Tour’ pour rien !

L’estrade est bigrement bien achalandée. On y a dispersé des piles de vieux livres, des cageots en bois ainsi que des fauteuils poussiéreux. Un visuel soigné donc ! Rien de très étonnant, Frah et Sam, les deux leaders, exercent la profession de designers.

Un grand écran sert également de toile de fond. Et puis, une chorale gospel constituée de filles vêtues de longues robes blanches est installée sur une estrade, donnant l’impression qu’elles flottent dans les airs. Sincèrement, c’est très impressionnant !

Shaka Ponk mélange les genres depuis près de vingt ans au cœur d’une ‘fusion’ qui met en exergue de grosses guitares saturées et des sonorités futuristes, à l’instar de « Twisted Mind » et « Wanna Get Free ».

Des projections d’images défilent. On y voit des géants apparaître et disparaître comme par enchantement. C’est tellement bien fichu qu’on a parfois du mal à faire la distinction entre le virtuel et le réel. Sans oublier, les messages en faveur de Paul Watson, un militant écologiste qui, depuis des décennies, lutte contre la chasse aux baleines et a néanmoins été emprisonné pour avoir défendu cette cause noble et juste.

Et ces choristes ne se contentent pas seulement d’émerger du paysage puisqu’elles intègrent également des éléments de performance scénique et de danse.

Shaka Ponk fait honneur à son statut de groupe de scène. C’est riche en riffs électriques tranchants ! Que l’on aime ou pas son univers musical, le spectacle est unique en son genre.

Entre colère sociale et propos frondeurs, on épinglera ces images où l’on distingue un Macron qui, sous les traits d’un marionnettiste, précipite des gens dans le vide. Horrible !

Dans ce décor, Shaka Ponk applique une fois encore de vieilles recettes. Le band est là avant tout pour faire le show et très objectivement, c’est parfaitement réussi.

Il embraie alors par l'incontournable « Picky ». C’est le moment choisi pour inviter un garçon ainsi qu’une jeune fille sur les planches. Cette dernière semble effarouchée et se demande bien ce qu’on lui veut. Le gars, fier comme un pan, s’amuse à prendre des selfies, avant de se jeter dans la foule qui, bras tendus, l’emporte comme la vague…

« Circle Pit » constitue le moment épique du concert. Frah s’avance vers le podium central afin d'y lancer un circle pit géant. Votre serviteur se laisse entraîner dans ce cercle dangereux, au cours duquel de nombreux téméraires perdent l’équilibre et se font piétiner. Frah avait pourtant prévenu les femmes enceintes et les jeunes enfants de na pas s’y mêler. Mais pas les trouillards !

Alors que la tension est à son comble, une reprise downtempo du « Smells Like Teen Spirit » de Nirvana vient calmer l’ambiance. D’autant plus que la fin du set approche. Une chose est sûre, le public semble ravi du spectacle auquel il vient d’assister.

De mémoire, votre serviteur a rarement vécu un concert d’une telle intensité ! Seul bémol, les trop nombreux messages idéologiques et politiques. Ce militantisme et ce combat contre les inégalités sociales sont certainement justifiées, mais le festivalier ne vient-il pas à ce type d’événement pour se délasser et oublier les contraintes du quotidien ?

Il est temps de contempler une dernière fois le site des Solidarités. La majeure partie de la foule vide les lieux. Quelques-uns ont décidé d’attendre encore un peu que la circulation se fluidifie. Pas votre serviteur qui a encore une longue route à effectuer.

Une dixième édition marquée par des prestations d’une grande qualité, d’une part, et une gestion des risques parfaitement maitrisée, d’autre part. A l’avenir, il restera encore le problème des flux de spectateurs qui arrivent à l’entrée du site à régler. Mais c’est un souci que rencontre la plupart des festivals.

(Organisation : Solidarités)

Les Solidarités 2024 : samedi 24 août

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Dix années maintenant que les Solidarités sont programmées à Namur, le dernier week-end d’août. Et un tel anniversaire se fête dignement ! Comment ? A coup de grosses têtes d’affiche évidemment !

Alors que la Citadelle accueillait jusqu’alors le festival, il a déménagé vers le site d’Ecolys qui s’est refait un lifting à quelques millions d’euros.

Le festival des Solidarités est singulier car il est fédérateur d’un bien vivre ensemble, de justice sociale et de lutte contre les inégalités.

Durant trois jours, il offre une programmation musicale particulièrement qualitative. Mais pas que puisqu’une kyrielle d’activités sont organisées autour des thématiques précitées, telles que conférences, spectacles pour enfants, activités ludiques, découverte de la culture hip-hop, programmation off des associations, etc. L’offre est telle qu’elle en donne le tournis !

Si en 2023, de nombreuses critiques avaient été formulées, notamment en ce qui concerne la mobilité, il faut reconnaître que, cette année, les organisateurs ont remédié au problème. Ainsi, notamment, de nombreuses navettes effectuent des trajets de et vers la gare ferroviaire et l’aérodrome. De même, l’espace sur le site a été agrandi permettant une meilleure fluidité de déplacement.

Deux scènes de taille quasi-identiques se côtoient, ‘La place des Arts’ et la ‘Scène PV’. Cette dernière est installée à proximité d’une grande roue, elle aussi, sponsorisée par le même groupe. Une troisième, plus iconoclaste, est baptisée ‘Magic Mirrors’ et se situe plus en retrait. Et comme son nom l’indique, elle est empreinte de magie et de mystère. 

Le festival est sold out. Autrement dit, il y aura du peuple !

Ce samedi, les prévisions météorologiques ne sont pas des plus optimistes ; une alerte jaune a été lancée par les autorités. Pourtant, on a peine à le croire, vers 15 heures, le ciel est d’un bleu azur éclatant, les températures affichent 30 degrés et un vent souffle, certes, en rafales, mais il fait un bien fou.

Après avoir emprunté l’une des nombreuses navettes du TEC et retiré son bracelet auprès du service spécifique, votre serviteur arrive enfin au pied de la main stage. NEJ se prépare à livrer son set.

D'origine marocaine, Najoua Laamiri est une auteure-compositrice-interprète de musique pop française.

Elle se fait connaître en 2016 par sa reprise du single « Aime moi demain » initialement interprété par The Shin Sekaï. Mais elle gagne en popularité à la suite de collaborations avec différents artistes de la chanson française. Parmi ses singles les plus connus figurent « I Miss U », « Paro », « Ma colombe » ou encore « Indomptable ».

Cette jeune trentenaire déconcerte sur les planches. A cause de ses compos. Inspirantes parfois, enivrantes souvent. Pas de doute, elle se sert de la musique comme un véritable exutoire.

Elle alterne sans complexe le français ou l’anglais. Pas étonnant dès lors que le public soit majoritairement composé de jeunes demoiselles influencées par les sonorités orientales et urbaines de l’artiste.

Très franchement, si la curiosité s’est vite imposée, elle s’est tout aussi vite dissipée, les chansons de l’artistes embrassant des contours faciles et gnangnan. Quelques accords de base et des thématiques mille fois revisitées, nuisent à sa crédibilité.

Autant de raisons pour filer tout droit voir et écouter Doria D. Une artiste qui n’est pas inconnue aux yeux de votre serviteur pour avoir assisté à son concert, il y a quelques semaines, dans le cadre du Les Gens d’Ere.

Elle est accompagnée d'un drummer, d'une jolie dame brune au clavier, et d’un bassiste un peu grassouillet.

Sa carrière musicale ressemble à un conte de fées. Alors qu’elle vient juste de souffler ses 16 printemps, la jeune fille, armée de sa gratte électrique, écume les bars. Elle signe dans la foulée chez le label G-major ; et puis, en 2021, grave un premier Ep réussi, intitulé « Dépendance ». Depuis, son succès est en progression constante.

Elle est venue présenter son dernier format intitulé « Je cherche encore… ». Mais que le public se rassure, son set livrera une panoplie de titres anciens et nouveaux, à l’instar de « Hors tempo », un titre bien groovy.

Entre amour-passion et amour-raison, elle distribue, à qui veut l’entendre, des « Coups et bisous », afin d’évacuer la « Colère » qui sommeille en elle, préférant cette solution à la frustration dont elle a manifestement gardé des séquelles. Elle souhaite désormais vivre plus sereinement. Grand bien lui fasse donc !

Manifestement, Doria D est l’une de ces artistes torturées qui, grâce l’écriture de chansons aigres-douces, capture l’instant pour en faire surgir une matière subtile. Mais c'est encore sa reprise de l’emblématique « Jeune et con » de Damien Saez qui la hisse comme véritable porte-drapeau de toute une génération. Sa gratte électrique en bandoulière, elle frappe les cordes avec une sensibilité à fleur de peau. Une chanson qui trouve sa raison d’exister dans sa bouche.

Inspirée par Billie Eilish, Lana Del Rey, mais aussi des rappeurs francophones tels que Nekfeu et Lomepal, Miss Dupont propage des sonorités french pop modernes qui s’inscrivent dans l'air du temps, le tout dans un style décontracté. Grâce à un sens mélodique et des textes percutants, elle marque les esprits.

La demoiselle s’épanche sur sa « Dépendance », un texte qui traite d’une relation toxique. En fait, elle s’émancipe et touche le public à l’aide de textes simples véhiculés par une expression sonore fraîche, dansante et contemporaine. Et si sa popularité monte en flèche, c’est largement mérité.

Retour à la main stage pour y découvrir Pierre De Maere, un artiste qui fait beaucoup parler de lui depuis quelques années. Et de surcroit, c’est un Belge, pardi !

Soutenu par un backing group, il est tout de noir vêtu, et sans préambule, il entame « Enfant de », une composition positive qui met tout le monde d’accord. Que l’on apprécie ou pas son côté dandy, il faut admettre que ce jeune gars d’à peine 23 piges, compose de belles chansons. Pertinentes, savamment orchestrées, elles véhiculent des textes ciselés et des mots qui font mouche à l’instar de « Menteur » ou encore de « Roméo », un morceau au cours duquel sa voix grimpe dans les aigus. Et il s’y sent d’ailleurs très à l’aise.

De Maere est un artiste à part, loin de tout stéréotype. Autodidacte, il compose ses premiers morceaux sur le logiciel ‘Garage Band’, dès l’âge de 9 ans, avant de s’intéresser à la photographie de mode. C’est lors de ses études à l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers qu’il publie son premier morceau, sous statut indépendant, « Potins absurdes ». Le succès est immédiat.

Repéré par le label Cinq (Dominique A, Kalika, Jean-Louis Murat), il publie son premier Ep dans la foulée, « Un jour, je », en janvier 2022. Le disque est propulsé par les médias au-delà de ses espoirs. Pierre de Maere enchaîne alors les plateaux télévisés et les interviews dans la presse.

Après avoir décroché le prix de la Révélation belge de l'année aux NRJ Music Awards en 2022, il reçoit une ‘Victoire de la Musique’ en 2023, dans la catégorie ‘Révélation masculine’ de l'année.

Lorsqu’il ouvre la bouche, son phrasé à la bourge peut surprendre et en énerver plus d’un. Arrogant et pédant ? Est-ce un rôle qu’il aime se donner ? En tout cas, une chose est sûre, son attitude baigne dans la sophistication la plus totale.

L’auditoire ne semble pas prêter d’attention particulière à sa contenance. D’ailleurs, les applaudissements fusent. Pierrot attire la sympathie, notamment lorsqu’il s’épanche sur sa « Lolita », une chanson inspirée par… sa chatte (l’animal, pas une métaphore à connotation sexuelle) et qui ne manque ni d’audace ni de fantaisie…

Sa manière de rouler les ‘r’ à la Stromae, ses envolées vocales et son univers un brin rétro, mais stylé, secouent la scène francophone.

Il devient émouvant lorsqu’il évoque l’indifférence à laquelle il a dû faire face plus jeune, à l’instar de Lady Gaga dont il voue d’ailleurs une admiration sans faille. Il raconte ainsi qu’elle a dû se dévêtir pour attirer l’attention des clients, quand elle chantait dans les bars.

Le set touche doucement à sa fin. Evidemment, il nous réserve « Un jour je marierai un ange », une manière de remercier celles et ceux qui ont bravé la pluie et le vent lors du concert.

Enfin, le nostalgique « Mercredi » invite à retourner dans l’enfance fantaisiste et clôt un set de bonne facture placé sous le signe du kitsch et de la bonne humeur.

Pierre remercie le public et son équipe. Sans oublier son frère Xavier, son ingé-son, qui l’accompagne forcément partout.

Le vent forcit. Les organisateurs sécurisent les barrières entourant le site en enfonçant des pieux dans le sol. Et à une vingtaine de mètres devant le podium PV, plus personne n’a le droit de traîner, afin d’éviter de se prendre quelque chose dans la tronche. Principe de précaution oblige !

Les températures ont baissé de plus de 10 degrés en quelques minutes. Alors que les festivaliers se promenaient en t-shirts, les parkas font maintenant leur apparition. Le temps se gâte ! Votre serviteur fonce vers la Magic Mirrors, la seule scène couverte. Sa taille est réduite ; de quoi parfois susciter un sentiment de frustration.

Conçu à la manière des salles de bal des années folles, ce chapiteau de bois révèle tout son charme, à peine les portes franchies. On y découvre un abri chaleureux, un univers feutré, ambiance art nouveau. Dès son arrivée, le spectateur est enveloppé dans l’atmosphère chaude des velours carmin, des boiseries, vitraux et miroirs.

Au centre de cet espace circulaire, une piste de danse en parquet de bois a été posée et conforte le sentiment de convivialité propre à cette salle.

L’endroit se prête bien à l’univers doux et feutré de Zoé Joséphine, une auteure-compositrice-interprète de vingt-et-un printemps. Un patronyme choisi afin de rendre hommage à un arrière-grand-mère qu’elle a eu la chance de connaître.

La petite est une artiste au sens noble du terme. Elle apprend le solfège dès ses 5 ans, et quelques années plus tard, le piano. À un peu plus de 10 ans, elle écrit ses premiers textes. Et à13, elle prête sa voix à un projet de sensibilisation sur l’autisme lors de l’enregistrement de la première chanson de ‘Artiste Émoi’, un groupe composé à 90% d’enfants atteints de ce trouble du neurodéveloppement, avant de créer sa propre chaîne YouTube en 2016 qui lui permettra d’être repérée par l'équipe de ‘The Voice Kids France’. Elle y passe les auditions à l’aveugle interprétant une version personnelle du « Marchand de cailloux » de Renaud. Sa carrière est lancée.

Après avoir grimpé sur l’estrade, elle s’avance timidement les cheveux tirés en arrière ; ce qui sublime son visage angélique, mais en même temps, lui confère un air sérieux. Elle se plante alors derrière son synthé. Elle est soutenue par un batteur. Dès les premiers instants, une évidence s’impose : cette femme est belle. A voir, oui, mais aussi à entendre. Son timbre de voix caresse les conduits auditifs. Et provoque une sensation de douceur indicible. Elle incarne tantôt l’irréel, tantôt un prisme d’introspection.

Sans doute l’une des belles surprises de la journée. L’inattendu dans toute sa splendeur ! Comme quoi, il ne faut surtout pas hésiter à se laisser bercer par des artistes dont on ne connaît finalement pas grand-chose. C’est aussi ça la magie des festivals !

Grâce à des textes qui viennent du cœur et au sein d’une ambiance solennelle, les titres de Zoé Joséphine envoûtent, à l’instar de « A quoi tu penses », une bien jolie ballade aux couleurs australes.

Tantôt seule au piano/voix, tantôt épaulée par la rythmique du drummer, la demoiselle s’exécute avec une aisance digne des plus grandes. Ses chansons s’inspirent de ses ressentis, ses expériences et donnent aussi la parole à ceux que l’on ne regarde plus, notamment à travers « Paris ». Une chanson qui aurait pu s’intituler « Bruxelles », « Madrid » ou « Barcelone », toutes ces grandes métropoles où quiconque devient quelconque.

Lorsqu’elle entame « Quand le soleil entre », une compo aux sonorités pop exaltantes, l’artiste et l’auditoire entrent en communion, ce dernier scandant haut et fort le refrain entêtant qui retentit encore aujourd’hui dans les têtes. Oui, Zoé, « Regarde dehors », comme le ciel est beau, comme la vie est belle.

Sincères et émouvants, ses messages font du bien, touchent le cœur et l’esprit.

Amusante aussi lorsqu’elle se remémore, aidée d’un ami, de vieux mots du passé comme ce « Wheeling », sur des accords de piano dont la puissance rythmique syncopée est incroyable.

Fan d’Eddy Mitchell et de Laddy Gaga, c’est finalement de cette artiste qu’elle entamera une bien jolie reprise d’un de ses titres incontournables.

En interprétant seulement une poignée de chansons, elle est parvenue à explorer l’universalité des sens et des âmes. Un futur grand talent de la chanson française ! Nul doute que Zoé aura encore mille histoires à raconter dans le futur. Dans son futur.

Etienne Daho débarque comme un conquérant sur la main stage. Il est 20 heures 30 précises. Si le light show est alors tamisé, on distingue nettement les lettres ‘DAHO’ sur néons rouges qui semblent embraser la scène. Les musicos arrivent un à un sur le plateau. Le chanteur entonne, micro à la main, « l’Invitation ». Un morceau de circonstance. Le ton est donné.

Il enchaîne rapidement par « Le grand sommeil » et « Sortir ce soir », deux grands classiques issus de « La Note la Notte », album sorti en 1984.

Pourtant âgé de 68 ans, le Français tient la grande forme. Veste noire pailletée sur le paletot, Daho livre un set bien plus rock que ceux dispensés ces derniers temps.

Alors que la pluie s’est à nouveau invitée pendant quelques minutes, l’artiste en profite pour contempler au loin « Le Phare » qui lui indique la direction à prendre. Un temps qui lui rappelle celui de la Bretagne profonde, comme il aime à le préciser. Et, il n’a pas tout à fait tort.

Pas avare en anecdotes, Daho n’oublie pas d’évoquer ceux qui ont compté pour lui comme Jane Birkin, Françoise Hardy ou encore Jacques Dutronc. Et bien sûr, Serge Gainsbourg et ses légendaires 102 (entendez par là des double 51), rue de Verneuil, où il n’en est jamais sorti, raconte-t-il, avant d’interpréter son « Comme un boomerang », qu’il a ressuscité en 2001 avec la regrettée Dani. L’ombre de Gainsbarre, l’alter ego de Gainsbourg, plane tout à coup en région namuroise.

C’est alors que l’artiste se livre à une déferlante de tubes, synthétisant ainsi au mieux quarante ans d’une carrière bien remplie, tels que « Mon manège à moi », « Saulade » et son refrain atmosphérique, « Duel au soleil » ou encore l’incomparable « Tombé pour le France » et ses roulements de tambour électronique. Bref, des hits magiques et intemporels.

La scénographie est remarquable, la scène est auréolée de couleurs le plus souvent à dominante rouge.

Tandis que le show bat son plein, le public a la surprise de découvrir la belle Vanessa Paradis lors d’un duo virtuel sur l’écran géant installé en arrière-plan, pour « Tirer la nuit sur les étoiles ».

Le concert tire doucement vers la fin. Et si nous partions un « Week-end à Rome » pour un « Épaule tattoo » ?

Enfin, « Ouverture » parachève un spectacle particulièrement dynamique.

Daho a sans doute livré l’une des meilleures prestations de sa carrière. Tout était parfait : le son, la scénographie, le choix des chansons, l’ambiance. Et l’amour qu’il porte au public. Qui le lui rend bien ! Un Daho dans une forme olympique (NDLR : c’est de circonstance) !

Grâce à des chansons intemporelles, rétrospectives de sa carrière, un show millimétré, une maîtrise vocale imparable et un charisme singulier, ce grand bourlingueur n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour combler le public.

Direction maintenant la Magic Mirrors. Le grand Saule s’y produit (au sens propre comme au figuré). Alors que votre serviteur s’est empressé de rejoindre cet espace tel un marathonien, impossible d’y mettre le pied. La salle est bondée. Deux gardes veillent au grain. Quelques deux cents festivaliers attendent patiemment, à l’extérieur, en désespoir de cause. Il faut se rendre à l’évidence, la mission est impossible.

Résultat des courses, votre serviteur, habitué des foules et des festivals, bat en retraire. Il est peut-être temps de regagner ses pénates. La route est encore longue pour y parvenir. Et demain, on annonce du beau monde sur les planches...

(Organisation : Les Solidarités)

Lokerse Feesten 2024 : mardi 6 août

Ce mardi 6 août se déroule la traditionnelle soirée ‘metal’ des Lokerse Feesten. La tête d’affiche est dévolue au groupe de nu-metal californien Korn, pour lequel le public est venu en nombre (c’est même presque sold out !). Cette date est généralement planifiée le 1er dimanche du festival et propose, lors de cette édition, une affiche plutôt hétéroclite, puisqu’y figurent également des formations telles que Nova Twins, Frank Carter & The Rattlesnakes et The Dillinger Escape Plan.

Votre serviteur débarque pour assister au set, programmé sur la main stage, du duo féminin anglais, Nova Twins. Il implique la chanteuse/guitariste Amy Love et la bassiste Georgia South. Sur les planches, elles sont épaulées d’un drummer. Il est 19h10 et le public est encore clairsemé. Le répertoire se focalise essentiellement sur ses deux elpees, « Who Are the Girls ? » (2020) et « Supernova » (2022). La paire pratique un heavy rock énergique aux riffs de gratte lourds sur des textes souvent rappés. Son expression sonore rappelle le rock alternatif et le crossover des 90’s. Pensez à Rage Against the Machine. Le tandem tente d’ériger un ‘wall of death’ au sein de l’auditoire, mais sans grand succès. La bassiste s’autorise une escapade dans le couloir de sécurité, qui traverse la fosse. Mais le concert est vraiment trop court pour faire décoller l’ambiance. A revoir en salle !

Cap sur le Club indoor où la formation américaine Ho99o9 se produit. Dans la salle, la température est tropicale. Originaire du New Jersey, mais établi en Californie, le duo (encore !), implique OGM et Eaddy. Les deux artistes se consacrent aux vocaux, et le second se charge également des synthés). Pour la tournée, ils sont également soutenus par un batteur. Indus, la musique de Ho99o9 est teintée de punk, de hardcore et de hip hop. Parfois, elle évoque même The Prodigy. Parmi les samples exploités, on épinglera ceux d’Elvis Presley (« My Way ») et de Crystal Waters (le ‘La da dee la da da’ de « Gypsy Woman »). Au cours de cette prestation, devant un public assez conséquent, la température, pourtant déjà étouffante, grimpe encore de quelques degrés. Le son est tellement puissant que les infrabasses font trembler les escaliers de la salle. Finalement, l’endroit choisi était idéal pour revoir Ho99o9 que nous avions déjà eu l’occasion de découvrir au festival de Dour précédemment. 

Retour définitif sur la Main stage. Tout d’abord pour accueillir le groupe anglais de punk rock, Frank Carter & The Rattlesnakes. Habitué des scènes belges (NDR : il s’est encore produit au festival Rock Werchter, début juillet, et en février 2024, dans une Ancienne Belgique presque comble), le combo, qui ne compte plus que le chanteur Frank Carter et le guitariste Dean Richardson, est complété, pour la circonstance, de trois autres musiciens. Quand on assiste à un concert de cette formation, on sait qu’on va passer un bon moment, car le vocaliste est un véritable entertainer, s’approchant fréquemment du frontstage pour être au contact du public ou carrément en s’y immergeant. Il réussit une fois encore à faire assoir ou accroupir une grande partie de la foule avant de provoquer des pogos endiablés dans le mosh pit. Le band a interprété une petite dizaine de morceaux issus de ses cinq elpees studio, dont trois de son dernier opus, « Dark Rainbow », publié en début d’année. Limité à une quarantaine de minutes, ce chouette concert nous a paru trop court, preuve qu’on n’a pas vu le temps passer.

Séparé en 2017, après une tournée d’adieu, The Dillinger Escape Plan vient de signer son comeback. Il s’est reformé autour du premier chanteur, Dimitri Minakakis, et a repris la route pour fêter le 25ème anniversaire de son premier long playing, « Calculating Infinity ». Il sera joué dans son intégralité. Mais, le résultat obtenu est loin de celui escompté. Le set est compliqué à écouter. Certains festivaliers le jugent horrible ou tout au moins cacophonique. Le cocktail de metalcore et de mathcore proposé est particulièrement expérimental. Un peu trop peut-être pour le public de Lokeren, peu réceptif et clairsemé qui, en grande partie, déserte le site pour aller se sustenter, malgré les tentatives du chanteur de chauffer l’auditoire...

And last but not least, place à la tête d’affiche, Korn. Son dernier opus, « Requiem », et son dernier passage, en Belgique, remontent déjà à 2022.

Une grille en forme de herse se lève au moment où le band débarque. Elle va monter ou descendre, tout au long du show, au gré des morceaux, et des visuels y seront projetés. Il est 23h15. Le chanteur, Jonathan Davis, qui nous paraît en forme, rappelle que sa formation compte désormais 30 ans d’existence.

Aux premiers rangs, le public, essentiellement féminin, est aux anges et les crowdsurfers (les premiers de la soirée) s’en donnent à cœur joie. À mi-parcours, le combo nous réserve son triptyque, « Blind », « Got the life » et « Falling away from me », qui va mettre tout le monde d’accord. Au cours de « Coming Undone », le band insère un sample du « We will rock you » de Queen.

Au bout d’une bonne heure, le set s’achève, mais le groupe a le bon goût d’accorder un rappel qui s’ouvre par le traditionnel solo de cornemuse de Davis réservé à « Shoots and Ladders », morceau au cours duquel figure le refrain du classique « One » de Metallica. Outre deux autres titres du début de sa carrière, (« Twist » et « Divine »), le show se clôt en apothéose, par « Freak on a Leash », repris en chœur par la foule. Bien qu’écourté de 10 minutes sur la plage horaire prévue, cet excellent concert a été dispensé sous forme de ‘best of’, tout en mettant l’accent sur les albums qui ont fait son succès (« Korn », « Life is peachy », « Follow the leader » et « Issues »), dans les années 90

(Organisation : Lokerse Feesten)

Photos Wim Herbaut ici

Lokerse feesten 2024 : lundi 5 août

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Si la veille l’affiche lorgnait vers les 80’s, ce lundi est réservé, pour une large part, aux 90’s, proposant comme têtes d’affiche, les Pixies et l’ex-The Verve, Richard Ashcroft. Mais pas que… puisque quelques surprises vont pimenter la soirée. Compte-rendu de cette journée

Place d’abord à la synth-pop incandescente de Future Islands. La formation avait déjà opéré un passage remarqué, il y a un peu moins d’un an, à l’Ancienne Belgique. D’entrée de jeu, le leader Samuel T. Herring se dépense sans compter. C’est presque devenu un rituel. 

Ses vocalises sont incomparables. Il est capable de monter dans les aigus puis de hurler comme un chanteur de doom-métal, sans la moindre difficulté. Et sa chorégraphie n’a rien à envier à Béjart ou Charmatz. Les compos s’enchaînent et tapent comme les rayons de soleil sur nos têtes. On a cependant parfois l’impression que le set tire en longueur, mais en fin de parcours, « Seasons (Waiting On You) » (NDR : élu meilleur single par le NME, en 2014) réveille la foule. Pour clôturer sa prestation, la formation nous gratifie d’un de ses premiers ‘simples’, « Long flight ». Caractérisé par sa longue intro, il nous fait presque oublier que certaines compos se ressemblent…

La grosse surprise la soirée viendra à nouveau du club Studio Brussel. Bill Ryder Jones y est programmé. Votre serviteur s’y rend avec des pieds de plomb. A cause de son passé de guitariste au sein de The Coral, groupe destiné aux ados, fondé en 1996. Et puis la presse spécialisée le taxe de songwriter, laissant supposer qu’il s’agit d’un folk singer au répertoire soporifique. Votre serviteur débarque d’ailleurs dans la salle, alors que le set est déjà bien entamé. Mais en observant le line up, il y a de quoi changer d’avis. Il implique une violoncelliste/choriste, deux guitaristes, dont l’un double aux chœurs, un claviériste, un batteur, un bassiste et bien sûr Bill au chant et à la sèche. Bien que soigné, son look est plutôt dépareillé. Chaussé de lunettes fumées et les cheveux hirsutes, il ressemble un peu à Richard Aschroft, également issu du Nord-Ouest de l’Angleterre, et qui va le succéder sur la main stage. Les compos oscillent entre folk qui monte régulièrement en crescendo, et une sorte de dream-pop/shoegaze surprenante. En extrapolant, cette expression sonore navigue quelque part entre celle de Swell et de The Folk Implosion. Les quelques centaines de spectateurs apprécient et réalisent qu’ils vivent un bon moment. Un regret quand même, c’est ce timing de Bill Ryder Jones qui empiète sur celui de la scène principale. Ou l’inverse ! Finalement il aurait été préférable d’écourter le concert de Future Islands pour ne rien manquer de celui-ci. Un artiste à suivre donc.

On venait d’en parler : Richard Ashcroft se produit donc, sur la grande scène. Il grimpe sur l’estrade d’un air désinvolte. Et entame un petit pas de danse clownesque sur la musique d’intro, « Bring On The Lucie » de John Lennon (NDR : inclus sur le dernier opus, « Acoustic Hymns Vol 1 »). Cheveux en bataille et veste militaire sur le paletot, il s’exclame ‘What a beautiful evening’ (NDR : Il est vrai que le soleil se couche, et ses derniers rayons illuminent le podium). Il s’emballe même un peu trop, en annonçant de manière précipitée, le premier morceau : ‘This song is called « Sonnet »’. Avant que ses musiciens ne rectifient le tir. C’est par un autre titre du répertoire de The Verve, « Space and time », que le set débute. Et préalablement au suivant, le leader annonce, sur d’un ton amusé : ‘Ok, now we will play « Sonnet »’. Il introduit le morceau suivant par ‘It’s a song we have not played since a long time : « Weeping willow »’. Tout au long de la ballade « A song for the lover », des images de couples célèbres sont projetées sur l’immense écran installé en fond de scène (NDR : il reproduit une TV géante parfois subdivisée en plusieurs postes vintage). Malheureusement Richard, armé d’une sèche, n’est pas toujours très visible sur l’estrade. Il est trop souvent masqué par le guitariste et le bassiste. Excentriques, ils monopolisent l’espace. Look jamaïcain, le premier est coiffé en dreadlocks. Le second n’arrête pas de bondir sur la gauche du podium. En fin de parcours, la setlist nous réserve quelques tubes : « The drugs don't work », « Lucky man » et bien sûr l’incontournable « Bitter sweet symphony », pour lequel Richard propose au public de chanter l’intro (NDR : et celui-ci ne va pas se faire prier !) Le chanteur commence enfin à se remuer. Il simule un combat de boxe contre son pied de micro et fume une dernière cigarette (NDR : il en aura grillé quelques-unes entre les morceaux, causant des interruptions inopportunes). C’est sous la forme rock’n’roll qu’on préfère le voir ; cependant, le concert s’achève au bout d’une petite heure et quart.

La foule s’agglutine de plus en plus aux premiers rangs. Pas de doute, la majorité du public est venue pour voir et écouter les Pixies. Les échos recueillis à la suite de son passage, la veille, à Ronquières, sont plutôt dithyrambiques. C’est de notoriété publique, le groupe s’amuse à changer ses playlists. Et ce soir, le set démarre en force par « Gouge away », « Wave of mutilation » et « Isla de Encanta ». Mais à l’instar de sa prestation accordée au festival Hear Hear, en 2022, la suite est plus cool. Frank Black troque sa guitare électrique contre une sèche. Il nous réserve deux nouvelles compos, « Chicken » et « The vegas suite ». Elles sont quelque peu anesthésiantes et devraient figurer sur un prochain elpee, intitulé « The night the zombies came », dont la sortie est prévue pour la fin de l’année.

Mais l’impressionnante liste de singles de la première heure rebooste le concert : « Vamos », « Velouria », « Debaser » et l’hymne « Where’s my mind », en final. La nouvelle bassiste Emma Richardson apporte un plus à l’ensemble ; en outre, elle assure les backing vocaux (NDR : expérimentée, elle milite également chez Band Of Skulls).

Pour terminer cette soirée, cap sur le club Studio Brussel pour assister au set de The Murder Capital. On ne parlera ici plus d’une découverte (NDR : sa prestation accordée dans le cadre de l’édition 2019 du Sonic festival, et celle dispensée à l’Orangerie du Botanique, en 2020, ont été commentées dans Musiczine), mais plutôt de confirmation. Voire d’évolution. Une mutation qui frappe dès l’entrée en scène des musicos. Tout d’abord en ce qui concerne le look. Exit l’apparence post punk entrainant le port d’un costume élégant et d’une chemise. C’est plutôt sous l’aspect de bad boys que le band déboule sur le podium. A l’instar du chanteur de Fontaines DC, James McGovern, derrière des lunettes fumées, affiche une image qui pourrait naître d’un croisement entre un rappeur et Sid Vicious, Déchaînés, les derniers pogos éclatent au sein des premiers rangs. Certains spectateurs sollicitent un stage diving du leader, dont il est coutumier, mais ils ne l’obtiendront pas. Même si son attitude davantage survoltée sur certains titres aurait pu traduire une envie d’opérer le grand saut. Un set sans temps mort, au cours duquel le combo n'a pas négligé les incontournables « More is less », « Green & Blue » et en clôture « Don’t cling to life ». Le parfait complément aux Pixies ou une belle manière de ponctuer cette journée, très riche, en force…

FUTURE ISLAND, Bill RYDER JONES, RICHARD ASCHCROFT, PIXIES, THE MURDER CAPITAL

(Organisation : Lokerse feesten)

Photos Wim Herbaut ici

Lokerse feesten 2024 : dimanche 4 août

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Alors que la plupart des festivals ne laissent plus beaucoup de place au rock, les Lokerse feesten continuent de régaler les amateurs du genre. Ce dimanche, l’affiche se focalisait essentiellement sur la période 1977-1987. Et, par conséquent des styles musicaux qui ont marqué cette époque : punk, post-punk, ska ou encore new-wave et EBM. La journée est chargée (pas moins de 10 groupes à l’affiche, contre 7 le lendemain). Mais comptez sur nous pour (presque) tout vous raconter…

On écoute de loin d’Arbeid Adelt ! Programmé assez tôt dans l’après-midi, son temps de passage est limité à 35 minutes. Il parviendra à y caler 8 titres dont une reprise de P.I.L.

Il faut remonter au début des 80’s pour retrouver les prémisses de sa discographie. En 1983, il sortait son premier elpee, « Jonge helden », dont le titre maître avait été produit par Jean-Marie Aerts. Et qui s’articule autour du BV (NDR : Bekende Vlaming) Marcel Vanthilt, personnage populaire dans le Nord de la Belgique, pour son implication au sein de médias comme MTV, VTM et Stubru. Notamment. On remarque rapidement ses limites au chant, et tout particulièrement sur le hit le plus notoire du band, « Ik sta scherp ». Une forme de punk/new-wave aux vocaux rappés ; un phrasé délirant mais guère envoûtant. Et le résultat est identique sur la reprise de « Death disco », insérée à mi-parcours. En espérant que Jah Wobble (qui joue en soirée) n’a pas entendu le massacre d’un titre phare de sa discographie, depuis les coulisses. Néanmoins, le set demeure divertissant et heureusement, les musiciens sauvent les meubles. Les membres originaux dont feu Willy Willy (parti alors rejoindre The Scabs) et Dani Klein (qui avait fondé Vaya Con Dios), ont été depuis remplacés par un guitariste, un batteur et un saxophoniste qui tiennent la baraque. Sans oublier une jeune claviériste, dont les backing vocaux sont tout à fait rafraîchissants. En tout cas, le public flandrien semble conquis. Il faut aussi signaler que la formation remonte régulièrement sur les planches. Elle s’était d’ailleurs produite, un an plus tôt, dans le cadre des Fonnefeesten (NDR : un festival parallèle qui se déroule à la même période, et à quelques centaines de mètres du Grote Kaai de Lokeren) …

Un autre combo flandrien embraie : Vive la Fête. Mais dont ls compos sont interprétées en français. Et votre serviteur doit avouer que la présence de ce band n‘est pas pour lui déplaire. Vive la Fête avait déjà enflammé le club des Lokerse feesten, devant un auditoire archicomble, en 2023. Sa recette est identique, mais fonctionne invariablement à merveille. Toujours aussi sexy, Els Pynoo débarque en tenue de danseuse du Moulin Rouge. Elle a même oublié son soutif. Autour d’elle, on retrouve son compagnon Danny Mommens (NDR : un ex-dEUS, faut-il le rappeler) à la sixcordes, un bassiste (NDR : probablement celui qui gigote le plus au monde, sur les planches), un claviériste et un batteur. Et ces deux derniers sont de nouveau maquillés comme des Zorros.

Les tubes défilent : « Nuit blanche » en ouverture, « Schwarzkopf », « Jaloux », « Maquillage » ... Ou encore, en final, « Noir désir » dans sa version longue et « 2005 » au titre trompeur, car il colle vraiment aux 80’s. Le set véhicule d’ailleurs de nombreux accents empruntés à cette décennie. C’est ce que leur reproche les détracteurs. A cause du tempo répétitif des claviers et de cette ligne de basse typiquement new-wave. Mais qu’importe puisque Vive la Fête possède un don pour faire danser et mettre un peu de gaieté ; des ressources idéales en cette après-midi ensoleillée.

Dans un tout autre style, The Selecter s’empare ensuite de la main stage. A l’instar de The Specials et de Madness, il est considéré comme un des fers de lance du mouvement ‘2 tone’, qui a favorisé, fin des 70’s, la renaissance du ska combiné alors au punk-rock. On remarque d’ailleurs, au sein des premiers rangs, autant de punks à crête colorée, que de rudeboys coiffés de chapeaux ou/et affublés de fringues à damiers noir et blanc. Car The Selecter existe depuis… 45 ans maintenant. Après un break intervenu entre 1981 et 1991, il se reconstitue et grave cinq nouveaux albums. C’est sur un arrangement du générique de ‘Chapeau melon et bottes de cuir’ (ce qui resitue aussi la période) que le show débute. Du haut de ses 70 balais, Pauline Black reste toujours élégante dans son costume, et sous son chapeau ‘pork pie’. Elle mène la danse dès « Three minute hero », s’autorisant des commentaires engagés entre les compos. Ainsi elle condamne le Brexit ou accentue la phrase ‘Is good for absolutely nothing’ lors de la reprise de « War » (chanson pacifiste d’Edwin Starr). Elle présente aussi son batteur, Charley 'Aitch' Bembridge, membre originel du groupe, au look de vétéran jamaïcain. Ce sont les seuls rescapés du line-up originel qui a bien changé au fil des décennies. Pauline déclare : ‘We are the Selecter and if you don’t know us, you will know this song’ (Trad : ‘Nous sommes The Selecter et si vous ne nous connaissez pas, vous connaîtrez cette chanson’), avant d’attaquer le tube « On my radio », puis de clôturer le set par le tout aussi classique « Too much pressure ».

Et de changement de line-up il en est aussi question chez La Muerte. Un autre groupe culte belge des 80’s qui, après une longue interruption (NDR : de 1994 à 2014), s’est reformé, mais en apportant du sang neuf. Sous la forme du bassiste de Channel Zero et du guitariste de Deviate (NDR : outre son job de disquaire dans le quartier de la Bourse de Bruxelles, il milite encore au sein d’autres formations). Pas étonnant que le club soit plein à craquer. Le nom du band bruxellois est affiché en lettres rouges incandescentes et évocatrices ; de quoi mettre le feu aux planches en déversant son metal inclassable, teinté de psyché ou de stone-rock. Au chant, Marc du Marais est à nouveau masqué (NDR : on a chaud pour lui !) comme s’il venait d’être kidnappé. Son timbre vocal oscille du mélodieux à la vocifération, alors que fiévreux, les riffs se répandent dans toute la salle. De nombreux headbangers se défoulent au sein des premiers rangs. L’atmosphère est de plus en plus moite et devient irrespirable. Votre serviteur décide alors de s’éclipser en se rappelant qu’à la fin des 90’s, lors d’une édition du Dour festival, une célèbre marque de déodorant aspergeait les spectateurs qui le souhaitaient, à la sortie d’un chapiteau. Cette démarche aurait été judicieuse pour la circonstance.

On reprend donc un peu d’air frais (?!?!?) en mettant le cap sur la grande scène extérieure. The Damned y est programmé. Né en pleine explosion punk, en 1976, il a rapidement basculé vers la new-wave (NDR : il figure d’ailleurs sur de nombreuses compilations qui lui est consacrée). Il ouvre le bal par le single « New rose ». Au chant, Dave Vanian a toujours son look de vampire. Et celui du bassiste, Ray Burns (alias Captain Sensible), est devenu légendaire : son béret rouge, ses lunettes de soleil, ses cheveux blonds (qui tirent de plus en plus vers le blanc) et son pull marin à lignes horizontales. Toujours aussi agréables à écouter, les titres s’enchaînent ; mais sans jamais provoquer la moindre étincelle, faute, sans doute, d’une absence de cure de jouvence…

Paradoxalement la foule n’est plus au rendez-vous dans le club. Elle préfère déjà se positionner idéalement pour les deux têtes d’affiche. Conclusion : de nombreux spectateurs sont agglutinés aux premiers rangs. Pourtant, la journée n’a pas été décrétée sold out ; mais caser un millier de personnes supplémentaires sur le siterelève de la mission impossible (NDLR : après ‘Chapeau melon et bottes de cuir’ !). Approcher du podium à moins de 30 mètres exige d’être sur place, bien à l’avance.

Mais revenons au club Studio Brussel, car c’est là que va se dérouler le meilleur concert de la soirée. Fréquemment salué par la critique, The KVB va encore mettre tout le monde d’accord (NDR : enfin les quelques centaines de spectateurs qui ont fait le bon choix). L’expression sonore oscille quelque part entre celles de Protomartyr, Chelsea Wolf, Soviet Soviet, The Kills et The XX, pour le duo vocal. Et pour cause, la voix nasillarde, et parfois émouvante de Nicholas, se conjugue parfaitement à celle de Kat, plus allègre et douce (NDR : au moment d’écrire ces lignes, les harmonies d’« Afterglow » trottent encore dans la tête de votre serviteur).

KVB compte les musicos les plus jeunes de cette journée. Il a été formé en 2010, alors que les autres combos accusent, en moyenne, 40 années d’existence. Preuve de l’engouement qu’il suscite, en 2024, sa tournée rernseigne de nombreuses dates en Angleterre, mais s’exporte également dans les pays de l’Est (dont le Kazakhstan) et même en Chine ! ‘And last but not least’, son visuel qui tapisse le fond de scène est manifestement le plus impressionnant.

Et on ne peut pas en dire autant de Sisters of Mercy. A l’instar de sa prestation au Suikerrock, en 2022 (compte-rendu à lire ou à relire ici)

les écrans vidéo placés de chaque côté du podium, ne diffusent pas les images du concert, mais des séries B de science-fiction ou des mangas des années 80-90. C’est d’autant plus gênant que le light show ne permet pas de voir grand-chose en ‘live’, surtout pour les spectateurs qui ne sont pas postés aux premiers rangs. Quant à l’attitude et la voix du leader, Andrew Eldritch, tout a déjà été écrit à ce sujet. Il doit constamment s’appuyer sur son guitariste Ben Christo, qui assure les backing vocaux. Parfois, il doit même crier pour émettre des sons ou des onomatopées, car elle ne suit plus. Heureusement, le nouveau venu au sein du line up, le transgenre Kai (NDR : ce Japonais est également actif au sein d’un projet solo sous le patronyme Esprit d’Air) apporte une bonne dose de fraîcheur, que ce soit à la guitare acoustique ou électrique. Malgré cette contribution bénéfique, ce concert constitue la grosse déception du festival. En outre, il n’est pas allé au-delà de l’heure et des morceaux culte, comme « Marian », ont souffert d’un tempo accéléré par Docteur Avalanche…

Les musiciens de Front 242 l’avaient annoncé en février dernier, ils mettent un terme définitif à l’aventure. Mais avant de tirer sa révérence, il s’est lancé dans une ultime tournée baptisée ‘Black out’. Suite, notamment, aux problèmes de santé rencontrés par Jean-Luc De Meyer, mais également à une certaine lassitude éprouvée par les membres de la formation. Et tout comme Sisters of Mercy, le porte-drapeau (belge) de l’EBM n’a plus sorti d’albums depuis des décennies. Cependant, le band peut compter sur sa fan base pour remplir régulièrement les salles (comme à l’AB, où il se produira plusieurs soirées de suite, en janvier 2025) ou attirer un public nombreux, lors des festivals. Richard 23 annonce en cours de set qu’il s’agit de leur dernier festival, en Belgique. A l’issue du show, au moment de prendre congé de la foule, l’émotion sera même palpable chez les membres du band

Front 242 va accorder un set en forme de best-of. De quoi ravir l’auditoire, et tout particulièrement les aficionados plantés près de l’estrade, qui en profitent pour lancer les premiers pogos de la journée. Les beats incitent à danser (NDR : c’est la définition de l’Electronic Body Music’). Les hits défilent tels des uppercuts décochés aux festivaliers : « W.Y.H.I.W.Y.G. », « Body To Body » et « Moldavia » pour débuter. « U-men » puis « Tragedy for you ». Mais encore « Welcome paradise », avant le rappel. De quoi tenir en haleine la foule, malgré l’heure tardive. Lors du final, « Happiness », « No Shuffle » et l’inévitable hymne (national ?) « Headhunter » au refrain contagieux, clôturent un concert remarquable. Une certitude : les concerts d’adieu programmés en salle vaudront le détour. Et pour apporter une touche noir-jaune-rouge au show, « La danse des canards » sert d’outro…

Cette longue journée des Lokerse Feesten s’est quand même révélée particulièrement hétéroclite.

ARBEID ADELT !, VIVE LA FËTE, THE SELECTER, LA MUERTE, THE DAMNED, THE KVB, SISTERS OF MERCY, FRONT 242

(Organisation : Lokerse Feesten)

Photos Wim Herbaut ici 

 

 

Ronquières Festival 2024 : dimanche 4 août

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Les précipitations de la veille n’ont pas provoqué de catastrophes. Seul le parking vert a partiellement été paillé et des planches métalliques ont été placées au sol afin de faciliter les déplacements. Et comme cette journée s’annonce ensoleillée, aucun autre problème ne devrait troubler cette dernière journée.

Comme d’habitude, le dimanche est consacré aux groupes plus rock.

Votre serviteur arrive un peu plus tardivement sur le site du festival et se dirige haletant pour y voir et écouter Brutus, qu’il avait apprécié lors de son set accordé deux semaines plus tôt, à Dour. Et il avait pris une claque !

Brutus est un trio constitué de Peter Mulders à la basse, Stijn Vanhoegaerden à la sixcordes et Stéphanie Mannaerts, aux drums ainsi qu’au chant. C’est également la leader.

Originaire de Louvain, le band s’est établi à Gand. La gonzesse a pris position en front de scène. Après une longue intro au synthé, elle frappe les tambourins pour entamer « War », une compo détonante, très vite suivie par « Liar », un morceau qui pétarade comme le Glaude dans la soupe aux choux.

La musique de Brutus oscille entre post-hardcore, alt rock, shoegaze et sludge. En bourlinguant de festival en festival, les musicos se forgent progressivement de l’expérience. Et on sent que la prestation est encore montée d’un cran depuis la précédente.

Alors que tout au long de « Miles Away », Stefanie diversifie son jeu et apporte de l’espace au morceau, « What Have We Done » permet à Peter Mulders de faire vrombir sa basse, tandis que la guitare de Stijn construit de splendides envolées mélodiques lorsqu’elle ne dispense pas des riffs tranchants, à l’instar de « Brave » ou « Victoria ». On est très loin du monolithisme.

Alors que les titres s’enchaînent, un constat s’impose : la voix de Mannaerts est solide comme le roc. Elle y va la petite ; elle mène ses compos comme un général dirige ses soldats qui vont à la guerre.

Encore une fois, Brutus est à l’image de son patronyme ; un groupe sans concession, d’une dynamique incroyable et d’une richesse musicale à toute épreuve.

Le band peut se targuer d’avoir assuré un show à la hauteur des attentes !

Warhaus est prêt à en découdre sur la main stage. Pas mal de spectateurs se sont déplacés plus pour la découverte que par connaissance du combo.

Warhaus, c'est le patronyme du projet solo de Maarten Devolder, un compositeur, chanteur et multi-instrumentiste, mais également un auteur-compositeur-interprète et producteur belge. Excusez du peu !

Il a entamé sa carrière en 2010, à 22 ans, au sein du groupe Balthazar. Ce n’est qu’en 2015, qu’il s’est également lancé en solitaire.

A ce jour, il ne compte que trois albums studios : « We Fucked A Flame Into Being » (2016) - inspiré d'une citation du roman ‘Lady Chatterley's Lover’ (‘L'amant de Lady Chatterley’) de D.H. Lawrence et acclamé par la critique, « Warhaus » (2017) et « Ha ha heartbreak » (2022). Il semblerait qu’un nouvel opus soit en gestation et il devrait paraître, selon toute vraisemblance, en 2025.

Maarten Devoldere, au centre, est chargé de driver ses comparses, assez nombreux sur les planches. Ils sont multi-instrumentistes.

Après une longe intro à l’orgue de barbarie, les musicos débarquent d’un pas décidé. En espérant que la suite soit moins poussiéreuse.

Très vite, il appert que Maarten possède un grain de voix de crooner adapté aux compositions chargées de spleen. Dans les textes, Il y est souvent question de chagrin d'amour. Et forcément, au cœur d’un climat feutré et empreint de nostalgie, les arrangements sont soignés, mais ne collent pas vraiment à l’ambiance qui règne lors d’un festival.

Pendant « Desire » ou encore « Fall In Love With Me », des morceaux pétris de charme et de sensualité, les spectres de Leonard Cohen, Tom Waits ou encore Lou Reed se mettent à planer…

De son timbre caverneux au phrasé nonchalant, Devoldere livre des compos profondes et sombres, bercées par l’amour ou la haine, mais de manière quasi-industrielle, ne communiquant que très rarement avec le public. Dommage !

L’instrumentation est riche : trompette, trombone, clavier, violon, guitare électrique et sèche, batterie et flûte. Et cette liste n’est pas exhaustive, chaque musicien manifestant un don pour la virtuosité.

Et pourtant, les compositions commencent à libérer un groove du tonnerre ! A l’instar de « Beaches », stimulé par une ligne de basse grondante. La tension devient palpable et le concert entre dans sa phase la plus intense. Et lors de « Mad world », Maarten se détache du personnage statique qu’il incarnait en début de parcours. Une fin en apothéose !

Les musiciens saluent chaleureusement le public, alors que l’orgue de barbarie referme la boucle. A défaut d’adieu, un au revoir, qui, espérons-le, sera de courte durée.

French 79 embraie sur la Colline. Il s’agit du projet solo de Simon Henner. Fondé en 2014, à Marseille, il a rencontré un certain succès lors de la sortie de son premier album, « Olympic », en 2016.

Réputé pour son électro/pop, il suscite la curiosité. Mais au bout de quelques minutes, on se rend compte que sa musique s’adresse surtout aux plus jeunes. Planqué derrière ses platines et machines électroniques, il déverse un flux de beats glaciaux et aussi sensuels que des cadavres…

Votre serviteur préfère donc redescendre vers la main stage, où Ghinzu est chargé de prendre le relais.

C’était une bonne idée ! La plaine est noire de monde côté Tribord. Il faut préciser que c’est la seule date accordée cet été par la formation bruxelloise, dans le cadre d’un festival, en Belgique.

Chaussé de lunettes fumées, John Stargasm grimpe sur le podium. Il est suivi par une bande de joyeux drilles. En l’occurrence le bassiste Mika ‘Nagazaki’ Hasson, le guitariste Greg Remy, le drummer Antoine Michel et le claviériste/guitariste Jean Montevideo, également préposé aux backing vocaux.

Le look du sixcordiste ne passe pas inaperçu ! Il porte de longs cheveux. De dos on pourrait le confondre, soit avec Jésus Christ, soit avec une belle demoiselle. Une illusion ! Car lorsqu’il se retourne on est en présence d’un gars, dont la veste ouverte laisse apparaître un torse couvert de poils hirsutes. Peace and love, le babacool (NDLR : qui a dit hippie ?) !

Le batteur est installé en retrait. Le bassiste a opté pour une position quasi-centrale. Lunettes de soleil vissées sur le nez, il porte un costume ‘classique’ de couleur noire. Il ressemble à Kévin Bacon, un acteur, producteur, réalisateur et compositeur américain notoire pour son film musical ‘Footloose’ ou encore pour avoir endossé le rôle de méchant dans une kyrielle de longs métrages, dont ‘Sleepers’ et ‘Hollow Man’.

Alors que la bande originale du film Rocky, « Going The Distance », sert d’intro, Stargasm se plante devant le clavier Roland placé à front de scène. Il signale que le morceau dure environ huit minutes. On a vite compris qu’il s’agit de « Blow », plage d’ouverture de l’elpee éponyme. Rien d’étonnant puisque le combo est venu célébrer le vingtième anniversaire de sa sortie. Toujours aussi punchy, cette compo conserve une place de choix dans le répertoire de la formation.

Mais ce comeback sur les planches annonce la sortie d’un nouveau long playing, prévu pour l’année prochaine.

Très inspiré, « Jet Sex », « Cockpit Inferno » ou encore « Dragon » maintiennent la pression. Mais c’est encore « Cold Love », issu de « Mirror Mirror », aux riffs de guitare tranchants et à la rythmique schizophrénique, qui recueille tous les suffrages au sein de la foule.

Le set ne manque certainement pas d’énergie. Punk dans la démarche, des titres emblématiques tels que « Do You Read Me ? » ou « The Dragster Wave » ne sont pas oubliés. Mais le sixcordiste a tendance à en remettre une couche. Il n’a pas l’air dans son état normal et en s’imposant de la sorte, il s’arroge un rôle qui n’est pas le sien.

Quant à Stargasm, malgré tous les efforts consentis, il ne semble pas beaucoup plus frais. En outre, il y a quelque chose d’inachevé dans la prestation de Ghinzu. Une impression que partagent de nombreux fans.

Et dans la fosse, c’est la perplexité qui s’installe. Alors qu’elle devrait pogoter, la foule reste pratiquement insensible aux frasques des loustics. Un moment surréaliste !

Le guitariste, fou furieux, s’empare de sa gratte, s’avance et la balance à plusieurs mètres de distance, sous le regard médusé de l’auditoire. C’est spectaculaire, mais honteux, lorsqu’on connait le prix d’un tel instrument. Et elle a dû morfler sec puisque qu’un roadie vient lui en proposer immédiatement une autre. Ce qui lui permet de poursuivre le set.

Le frontman lui emboîte le pas. Il grimpe sur son clavier Roland qui vacille dangereusement et prend une forme incurvée sous le poids du gaillard. Encore un peu, il avait deux claviers !

La tension redescend d’un cran lorsque le quintet interprète le grave et spirituel « Mother Allegra ». Mais, l’accalmie sera de brève durée, « Mirror Mirror » et d’un « Dream Maker » rallumant ce climat survolté.

La fin du concert approche. Au cours de « Mine », Stargasm s’évade dans le public et rend heureux les adeptes du crowdsurfing.

Remy s’est couché sur le sol. Apparemment, inerte, son corps ne répond plus. Les autres musicos quittent l’estrade presque désabusés par ces singeries d’un autre âge. Un type accourt. Il prend le mec par les pieds et le traîne en coulisses de manière virulente. On se doute qu’il s’agit là d’une misse en scène de plus, l’individu se portant probablement bien.

Il reste deux têtes d’affiche : Shaka Ponk et les Pixies. Cependant votre serviteur doit prendre la route très tôt le lendemain matin pour partir vers d’autres cieux nettement plus ensoleillés ; et au vu des centaines kilomètres à avaler, il est plus prudent de conserver des forces.

Une édition qui s’achève sans trop de problèmes. On félicitera les efforts consentis par les organisateurs en matière de gestion des risques, pour avoir réétudié la mobilité, et notamment en créant des parkings payants.

On regrettera cependant le manque de confort visuel et acoustique de la scène ‘Colline’.

En fin de compte, Ronquières a eu le bon goût de proposer, aux côtés de grosses têtes d’affiche, de belles découvertes. Mais c’est encore la prestation de Phoenix qui a véritablement marqué l’édition 2024 de son empreinte. Bravo !

Photos Vincent Dufrane ici

(Organisation : Ronquières Festival)

 

Ronquières Festival 2024 : samedi 3 août

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Et de deux ! Journée marathon pour votre serviteur ! Ce samedi propose une affiche plus pop que la veille, faisant la part belle à des artistes qui vont plaire à une large frange des festivaliers, des bambins aux parents. C’est une constante ici à Ronquières. Cependant, demain, dimanche, sera une journée axée sur le rock ; une journée dédiée aux vieux briscards comme votre serviteur.

Il fait noir de monde. Des rumeurs circulent : cette journée serait sold out. Votre serviteur est donc entourné d’environ 25 000 personnes. Les conditions de visibilité ne sont pas optimales, il faut bien le signaler.

Deux contretemps sont venus contrarier la joie et la bonne humeur. Vers 18h, le réseau internet, censé gérer les paiements et le cashless, était d’une lenteur incroyable. Quasi-impossible donc d’étancher sa soif ! Fallait donc faire preuve de courage !

Comble de malchance, les prévisions météo pourtant favorables, n'ont pas tenu leurs promesses puisque la pluie s’est invitée, elle aussi, en fin de soirée, pour arroser les concerts de Bigflo et Oli ainsi que celui de Lost Frequencies. Sans doute que l’eau sert d’écosystème aux festivaliers, puisqu’ils bravent les caprices du temps.

Reste à voir comment les organisateurs, qui se targuent à grand coups médiatiques d’avoir anticipé les scénarii possibles, vont faire face aux parkings devenus, à défaut d’être praticables, à tout le moins difficilement carrossables.

Arrivé sur la plaine relativement tôt, direction la Colline pour y voir et écouter Youssef Swatt’s. Le Tournaisien est venu défendre son nouveau projet, en compagnie de ses musiciens.

Il est rompu à l’exercice du ‘live’ puisqu’il s’est produit dans le cadre de quelques festivals. Il compte aussi cinq albums à son actif, des collaborations avec des artistes belges et français de renom tels qu’Oxmo Puccino (« Le poids des mots ») ou Demi Portion (« Maintenant ou jamais ») et a assuré le supporting act des concerts de IAM, en 2022, mais aussi de Bigflo et Oli, en 2023.

Youssef Swatt’s a remporté tout récemment le concours organisé par l’émission française de rap, ‘Nouvelle Ecole’, dont la finale était diffusée sur Netflix, une compétition qui a accentué sa popularité.

Le peuple s’est réuni en masse pour y écouter sa parole. Son truc c’est le rap. Contrairement à pas mal de ses congénères, ses textes ne sont pas vindicatifs. Vous n’entendrez donc pas d’insultes à l’égard de la Police ou d’injures adressées aux femmes. Son discours est soft ; un phrasé intelligent appuyé par une ligne musicale.

Grâce à des compositions enivrantes et chaloupées, l’artiste se livre entre lyrisme poétique et introspection maladive. Si aujourd’hui la majorité des gens écoutent la musique sur les plateformes, c’est surtout en live que l’expression symbolique de ce jeune homme se livre. Il existe une sincérité chez lui que l’on ne retrouve pas chez d’autres.

Ses textes synthétisent les pôles de la vie et de la mort, à l’instar de « Générique de fin ». Ce sont des thématiques facilement adoptées par beaucoup de rappeurs, mais ici, elles sont dictées par son road trip accompli en Islande, en 2022, pour y notamment contempler cette « Etoile filante », chanson interprétée à l’origine en compagnie de Colt, un duo belge, né sur des cendres de Coline et Toitoine.

Alors qu’à ses débuts, il se produisait devant deux pelés et trois tondus, aujourd’hui, à seulement 24 ans, le jeune rappeur peut se targuer d’avoir, à la force de ses mots et au fil du temps, acquis une notoriété certaine. Elle est loin l’époque de ses 14 ans et de son premier Ep, « L’Amorce ». Une vie, parmi les vies, qu’il aime raconter dans « Remonter le temps ».

Exigeant, Youssef a livré un live frais, rythmé de chansons inspirées et inspirantes. Plus qu’un artiste, un véritable showman.

Adèle Castillon, dressée en haut de la Colline, baigne dans la musique depuis son plus jeune âge. Alors qu’elle n’a que 13 ans, elle compte déjà des millions de vues grâce à des vidéos qui font la part belle au second degré et à l’autodérision.

Fort de ce succès, elle publie, dès 2018, « Amour plastique », avec Matthieu Reynaud, son compagnon à la vie comme à la scène. Suivra un premier elpee, « Euphories », sous le patronyme Videoclub avant la séparation, en 2021. Ne dit-on pas que les histoires d’amour finissent mal, en général ?

Elle a l’intention d’exorciser ses démons du passé à travers « Plaisir Risque Dépendance », son premier opus solo ; un elpee qu’elle est fière de présenter face à un public attentif.

Pendant « Sensations », il y en aura, à l’instar de cette compo éponyme, pop et colorée, subtilement dansante, mais au récit tragique puisque la demoiselle y conte son addition aux opiacés, entamée fin 2019 et qui la conduira, début 2023, à une cure de désintoxication. Une chanson dispensée sous forme de pansement, estimeront les plus sceptiques.

Adèle est une artiste fragile, espiègle et remplie d’amertume. Entre espoirs et amour déchu, elle s’épanche sous des allures positives, même lorsqu’elle reçoit ce « SMS », résumant trois ans d’amour et annonçant une rupture.

Une idylle qui prend fin, mais donnera naissance à une légende douloureuse ponctuée d’un « Je t’aime », d’une sincérité foudroyante.

Proche de l’univers d’Adé, Adèle Castillon livre un show sculpté dans une électro-pop légère, réminiscente des 80’s, destinée au dancefloor. Pensez aux débuts de Mylène Farmer, de Lio ou du groupe Taxi Girl.

Autour d’élans mélancoliques et de textes intimistes, l’artiste exprime beaucoup de sentiments, entre amour et déception, à travers sa musique. Ou comment faire de l’hypersensibilité, une force, versus Miss Castillon.

Le set prend fin. « Impala », premier single paru l’année dernière, suscite cette impulsion démesurée d’envoyer balader ses ex. Peut-on se remettre de son premier amour ? Nul n’aura la réponse au terme d’un irrésistible concert.

Tribord toute ! Colline et Toitoine s’y produisent ! Enfin, pas tout à fait, puisque les deux ont cessé leur collaboration sous cette appellation pour tenter une nouvelle aventure, sous le patronyme de Colt.

Ceux deux-là se connaissent parfaitement ! Ils ont arpenté les couloirs de la même crèche ! Ados, ils partageaient déjà passion débordante pour la musique !

Leur succès est en progression constante. Ils ont écumé une kyrielle de festivals qui les ont emmenés jusqu’à New York. Sans compter les streams sur Tik Tok et Instagram, leurs clips ‘home made’ les propulsant au-delà de la sphère physique.

Coline Debry et Antoine Jorissen sont affublés d’une tenue, devenue l’étendard de leur prestation scénique : un costume blanc rapiécé de tissu bleu.

Ils ont décidé de se produire groupe. Antoine se charge du clavier/pad électronique, tandis que Coline se réserve le chant. Elle est aussi à l’aise dans la langue française que dans celle de Shakespeare.

« Milles vies » ouvre les hostilités, une compo qui percute comme un « Scooter » qui déboule à vive allure. Alors qu’elle s’applique méticuleusement, lui se lâche complètement dès le début du concert et le haut de son corps exécute des va-et-vient du haut vers le bas à chacun des coups de grosse caisse imprimé par son comparse caché derrière les fûts. Il est vraiment dedans.

Colt s’applique à jouer une musique positive, rayonnante et lumineuse qui brasse finalement des genres assez différents. Entre électro/pop, rock et indie. Les Bruxellois libèrent une belle énergie propulsant des corps statiques en une frénésie indomptable.

Le courant musical du combo donne envie de chanter, de danser et même de rêver. Même lorsque la jeune demoiselle se livre le temps d’une chanson baptisée « La salle aux lumières », référence à ses orientations sexuelles et du coming-out qui en a suivi.

Une belle prestation, des chansons qui vibrent et font vibrer ainsi qu’une énergie dévastatrice. Et si tout cela provoquait chez le festivalier, pourtant ravi, une « Insomnie » ?

Mentissa, à l’autre bout, prend le relais. Une Belge expatriée outre-Quiévrain pour des questions purement professionnelles. Quand on connait les enjeux et les opportunités en la matière, on ne peut que souligner l’intérêt d’une telle initiative !

La black est épaulée par un claviériste et une violoncelliste se charge de faire glisser l’archet sur les cordes.

La fanbase est constituée de jeunes. Assez classique, puisque la jouvencelle s’est illustrée dans le cadre du télécrochet ‘The Voice’, dont elle deviendra d’ailleurs un des jurés dans sa version belge.

Elle a du coffre ! Et pas que dans le soutif ! De sa voix pure, elle chante ses doutes, ses complexes et ses rêves. Rien de bien neuf ! C’est assez gnan- pour être honnête !

Y compris, lorsqu’elle se confie pendant « Balance », une compo au cours de laquelle elle évoque ses kilos superflus et les restrictions auxquelles elle a dû s’astreindre pour atteindre un idéal de canon de beauté.

Elle est venue pour y présenter son premier et seul opus, « La vingtaine », disque pour lequel elle s'est attaché les services d’auteurs notoires tels que Vincha (qui écrit souvent pour Ben Mazué), Yannick Noah et Claudio Capéo.

« Et bam », la belle tisse sa toile en alignant une déferlante de chansons destinées aux pré-ados, entre pop et chanson françaises, à l’instar de « Prends-moi la tête » ou encore « Premier janvier », des titres altérés par un spleen à la mords-moi-le-nœud.

Un set qui ravit pourtant les plus fidèles aficionados. Quant aux autres, ils ne retiendront pas grand-chose de sa prestation ! Suite et pas fin ?

Selah Sue est programmée sur la scène principale. Elle est attendue par des milliers de fans qui se sont déjà massé en nombre, malgré le soleil brûlant !

Flanquée d’une veste pailletée de gris et de noir, un legging, une brassière noire et chaussées de souliers à talons, la femme de 35 ans entame son récital par un « This World » incisif.

Débordant d’énergie, la dame embraie par « On The Table », un morceau d’une puissance équivalente à la droite décochée par un boxeur dans les gencives de son adversaire.

Sanne Putseys, à l’état civil, sait s’y prendre pour satisfaire le public hennuyer. Lorsqu’elle entame son « Raggamuffin », l’hymne qui l’a catapultée en tête des charts, c’est l’extase, pardi ! Du coup, les corps se déhanchent ou sautillent. C’est l’explosion !

En 2008 elle postait des vidéos de ses performances sur MySpace… qui sont rapidement devenues virales.

En 2010, elle sort son premier opus. Un éponyme ! Qui récolte un énorme succès en Europe. Ce qui la propulse sur le devant de la scène internationale. Depuis, outre ses nombreux elpees studio, elle a collaboré avec des artistes tels que CeeLo Green ou encore Ronny Jordan.

Ce soir, l’artiste louvaniste est de retour, mais hormis son troisième LP, « Persona », paru en 2022, (sept ans après « Reason »), elle n’a rien proposé de neuf depuis. Une œuvre ‘pansement’ diront certains, la jeune fille ayant traversé des périodes dépressives relativement importantes durant sa vie. La thérapie qu’elle a suivie l’a d’ailleurs inspirée pour l’écriture de ses chansons.

Elle connaît bien Ronquières pour s’y être présentée, il y a quelques années Une absence qui n’a en tout cas nullement affecté cette voix reconnaissable entre mille. Une voix soul, solide, puissante, profonde, légèrement éraillée et faussement fragile l'instant d'après.

Un organe vocal qui respire l’authenticité et l’assurance. Elle poursuit son concert intelligemment, mêlant chansons douces et mélancoliques aux compos très énergiques.

Respectant une ligne de conduite blues, soul et groovy, l’artiste n’en oublie pas ses titres incontournables, à l’instar d’« Alone » qui fait mouche auprès de l’auditoire. Et épisodiquement, elle leur apporte une touche de subtilité supplémentaire, en s’accompagnant à la sèche.

Alors qu’elle se distingue dans un registre reggae-ragga-soul, elle mérite une attention particulière lorsqu’elle interprète « Pills », une chanson où elle s’exprime sur son combat contre les antidépresseurs et qui l’atteint encore aujourd’hui. Un moment suspendu dans le temps !

Le show s’achève. Elle s’exclame ‘Je suis fière d'être une humaine, je suis fière d'être Belge’, puis tout de go, interprète sauvagement un « Peace in your mind, peace in the world » déchirant.

Selah Sue vient de livrer un set rempli d’humanité, de douceur et de paix. Vu la chaleur, des traces luisantes apparaissent sur son visage. Aucun doute, Selah… sue !

Et puis un grand moment de tendresse lorsque ses deux enfants viennent la rejoindre sur l’estrade. Du peace, oui, mais du love aussi !

Lucie, Elisa et Juliette sont aux commandes d’une formation souvent typographiée L.E.J, mais également orthographiée Elijay suivant sa prononciation.

Elles sont prêtes à entamer leur show tout en haut de la Colline.

Elles sont vêtues de jupes courtes qui leur confèrent un petit côté tenniswomen ! Et ce n’est le peuple masculin agglutiné aux premiers rangs qui va s’en plaindre ! D’autant plus qu’elles sont canon !

Alors que Lucie et Elisa, élèves au lycée Jean-de-La-Fontaine à Paris, suivent un cursus musical en lien avec la Maîtrise de Radio France (qu’elles fréquentent pendant dix ans), Juliette étudie au conservatoire de Saint-Denis. Un curriculum vitae qui leur permet d’acquérir les bases de la musique classique.

Dans la pratique, elles sont parfaitement multi-instrumentistes, s’échangeant, au gré des chansons, les instruments, sous le regard médusé du public. Elles jouent avec une précision chirurgicale. Normal, quand on est en présence de musiciennes. Mais, ce n’est pas toujours le cas !

Elles se sont forgé un nom auprès du grand public grâce à un succès inattendu, décroché en août 2015 et plus particulièrement à travers le clip « Summer 2015 », un mashup posté sur Youtube.

Excitées, elles entament le set par une intro, leur laissant le temps d’accaparer l’espace scénique. Très vite, « Paris En Hiver » et « Mots Noirs » suffisent pour constater que les trois jeunes filles maîtrisent parfaitement les codes du hip-hop.

Mais, là où elles excellent surtout, c’est dans le mashup, où elles s’exécutent, à tour de rôle, dans des « Summer 2019 », « Summer 2020 » ou encore « Summer 2023 » endiablés. Aucune différence de taille entre ces propositions. Facile et sans intérêt artistique !

Le combo livre un concert plein d’énergie et mise sur le côté visuel du show, mais elles manquent cruellement de conviction, leurs compos embrassant des contours minimalistes et mièvres, à l’instar de « Pas l'time » ou « La dalle ».

Avant de quitter leurs hôtes d’un jour, les demoiselles s’improvisent dans ce qu’elles savent faire le mieux finalement, à savoir, un nouveau mash-up, « Summer 2015 ».

Bref, L.E.J n’a pas cassé la baraque !

Hoshi est une habituée des lieux, elle aussi.

C’est une artiste, une vraie. Elle baigne dans la musique depuis son plus jeune âge. Elle commence à jouer du piano à six ans et la guitare à quinze. À la même époque, elle écrit ses premières chansons.

Elle effectue ses premiers pas au sein du groupe amateur TransyStory, formé en septembre 2011. Passionnée par la culture japonaise, elle choisit comme nom de scène Hoshi Hideko, puis simplement Hoshi qui signifie ‘étoile’ en japonais.

En dévoilant ses préférences sexuelles, elle est devenue, au fil du temps, l’égérie de la cause homosexuelle. A ses dépens parfois !

Alors que ses musiciens s’avancent d’un pas décidé, Hoshi reste confinée derrière un grand parapluie drapé de carreaux noirs et blancs. Soudain, les premières notes de « Mauvais rêve » retentissent. Elle se débarrasse alors de son pépin et s’avance, grosses godasses aux pieds, chaussettes remontées jusqu’aux chevilles et lunettes de soleil vissées sur les yeux. Sur cette chanson, elle retrace les étapes d’une vie que l’on comprend difficile. Rejetée de tous et du système, elle a morflé la petite !

La fanbase est constituée de jeunes, mais plus généralement de familles impatientes de voir celle dont les des titres passe-partout inondent les radios depuis quelques années déjà. Et ceux qui la connaissent savent très bien que sa présence risque de se faire de plus en plus rare car elle souffre de la maladie de Ménière, un mal qui la poursuit depuis toute petite. Cette pathologie provoque des acouphènes et entraîne des pertes d'audition. Ce qui ne l’a pas empêché de réaliser son rêve et de devenir chanteuse. Mais à certaines conditions : pas plus de deux concerts par semaine, car des vertiges peuvent apparaître rendant alors impossible ses prestations. Son meilleur traitement reste le soutien indéfectible du public.

Très vite, elle passe à « Tu me manques même quand t'es là », une compo traitant de la relation passion, particulièrement émouvante.

L’artiste répète à qui veut l’entendre qu’elle est heureuse de venir fouler les planches des festivals du plat pays. Le public, lui, est complètement hystérique. Des dizaines de festivaliers brandissent des pancartes sur lesquelles est mentionné ‘Hoshi, je t’aime’. Emue, elle ne peut s’empêcher de laisser couler ses larmes. Un joli moment d’émotion.

Généreuse et humaine, on la sent fusionnelle au sein de son band, et on remarque même qu’il existe une grande complicité avec sa bassiste.

Mathilde Gerner, à l’état-civil, s’épanche sur la bestialité sans nom dont elle a été victime à travers son appel au manifeste, « Amour censure », hymne à la tolérance et à la sincérité des sentiments amoureux. Hoshi, elle-même victime d'agression homophobe, a écrit cette chanson en réaction à une certaine libération de la parole discriminatoire, notamment après la ‘manif pour tous’. Une compo qui malheureusement a encore des raisons d'exister auprès des biens pensants. Et pour contrer toute cette haine, rien de tel qu’un gros fuck à tous ces enculés dont elle n’a plus peur aujourd’hui dit-elle ! Le public ne peut s’empêcher, à son tour, de lever le majeur, signe de l’intégration des mœurs.

L’artiste parle avec tristesse de son grand-père, un homme qui lui a communiqué la fibre musicale alors qu’il l’emmenait voir des concerts. C’est donc à la mémoire de ce grand monsieur qu’elle entame « Marcel », au refrain poignant ; une chanson qui rend à la chanson française ses heures de gloire.

Douée pour les métaphores et autres figures de style, elle achève son set par « Réveille-toi », sous le regard bienveillant de son public.

Après une heure de concert, un constat s’impose, Hoshi reste bel et bien l'étoile montante de la chanson française ; et pour cause, elle est parvenue à imposer son style musical bien à elle. Des textes simples, une musique entraînante et une aura exceptionnelle, des valeurs qui ont rendu cette femme sympathique.

Elle regagne les backstage, ses musiciens la suivent. Un cœur avec ses mains se dessinent. Hoshi maîtrise décidément les codes du genre.

Direction la Colline pour y voir et écouter Eddy de Pretto, un habitué des lieux, lui aussi.

Alors que lors de sa première tournée, le chanteur français faisait uniquement appel à un batteur et proposait un concert assez sombre et percutant, il a décidé de changer de fusil d’épaule sur cette tournée baptisée « Crash Cœur », le titre de son troisième disque sorti fin de l’année dernière. Exit donc les balades engagées, l’artiste mise avant tout sur des compos R&B où la danse et la fête sont reines.

Le podium accueille une structure métallique. Une toile géante se dresse tout au fond ; ce support servira aux nombreuses images qui vont flirter avec les chansons.

Alors qu’il entame son set par « Crash <3 », Eddy de Pretto se hisse sur la plateforme métallique afin d’y présenter ses musiciens. Mais de manière virtuelle, puisque ceux-ci ne jouent sur des bandes-son. C’est sans intérêt ! Un concert ne se justifie que par les interactions entre l’artiste et son public mais aussi ses musicos. L’artiste semble faire fi de ces préceptes et a donc décidé de miser sur le visuel et la scénographie.

Il paraît tout de même bienveillant ce soir et assène à qui veut bien l’entendre que le but du concert est de faire oublier les galères du quotidien. C’est donc pas le biais de « R+V » ou de « Mendiant de love » qu’il entend transmettre le message. Oui Eddy, du love, du love et encore du love.

Biberonné par Brel, Brassens ou encore Barbara, Eddy a, depuis ses débuts, ce pouvoir extraordinaire d’utiliser les mots pour fédérer et inviter l’auditeur à s’interroger sur le monde et autres vicissitudes de l’existence.

Vêtu d’un Marcel et d’un short/training, il fait vraiment vieille France. Manque plus que la baguette sous le bras et le béret. Bref, un Français à l’image des Français.

Il en fait trop ! Trop d’image et trop d’expositions comme quand il se campe vers les différentes caméras placées sur le podium, dont les images sont diffusées directement sur l’écran disposé sur la scène. C’est vachement autocentré. Ce type est d’un narcissisme démesuré.

Alors qu’un moment de grâce s’installe pour « Parfaitement », très vite le tempo s’accélère sur à « pApA $ucre » et ses images de fausses publicités. Si l’idée a de quoi retenir l’attention des aficionados, c’est surtout le « Soleil levant » qui se dresse devant eux et éveillent leur curiosité.

Si l’œuvre de De Pretto se résume par le choix de textes poignants sur fond de mélodies accrocheuses, il reste le plus convainquant lorsqu’il évoque le kid qu’il est, une chanson qui fustige la virilité abusive et l’homosexualité refoulée par le conservatisme sociétal. Le public connaît par cœur ce titre multi-radiodiffusé et certains spectateurs se reconnaissent en lui. Ou encore sa « Fête de Trop », évoquant muqueuses, amants de passage, mecs chopés ou encore rails de coke enfilés. Un titre qui lui avait d’ailleurs permis de décrocher une nomination largement méritée aux Victoires de la musique, en 2018. Si cette recette n’est pas à mettre entre les mains de n’importe qui, elle reste néanmoins taillée pour le live !

Ce soir, Eddy (re)fait du De Pretto. Et c'est dommage ! Pas vraiment de surprises à l’horizon donc ! L'artiste s’adresse surtout à lui-même.

L’écorché vif offre pourtant une belle palette de ses capacités lyriques et musicales à travers le très doux « Love’n’Tendresse », une chanson au vitriol sur ce que l’on cherche tous : un peu d’amour et de la tendresse. Une compo qui s’imprègne de son vécu tout en dénonçant, sans aucune prétention, les injustices de (sa) la vie.

Un set autobiographique qui jette un œil dans le rétroviseur pour relater certains grands moments de son existence, traversée d’épisode ténébreux.

Si cette bande-son ressemble davantage à un ‘best of’ et ravit le plus grand nombre, elle frustre les plus exigeants qui regrettent la trop grande prévisibilité du show. Un peu plus de liberté dans le champ d'action artistique et du lâcher-prise auraient fait un bien fou.

Bigflo et Oli se produisent maintenant sur la main stage. La pluie battante vient de s’inviter. Votre serviteur n’a pas prévu le coup, il est trempé jusqu’aux os. Stratégiquement, il se lance à la poursuite d’un abri. Aucun à l’horizon, ils sont tous été pris d’assaut.

Il décide donc d’emprunter le chemin du retour. En espérant que le parking ne soit pas devenu un marécage, sans quoi il sera nécessaire de faire appel à la générosité des fermiers du coin pour tracter la bagnole. Suite au prochain épisode !

Photos Vincent Dufrane

(Organisation : Ronquières festival)

 

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