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Les Nuits Secrètes 2022 : vendredi 22 Juillet

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Déjà trois longues années que le sol des Nuits Secrètes n'avait pas été foulé par votre serviteur.

Situé dans la petite ville post-industrielle d'Aulnoye-Aymeries, une bourgade du nord de la France nichée au creux du bassin de la Sambre, ce festival est devenu, au fil du temps, une véritable institution et propose un line up de plus en plus solide.

S'il y a quelques années encore, on pouvait se rincer les portugaises sans mettre la main au portefeuille, il faut désormais allonger les biffetons pour obtenir le précieux sésame. Mais, ici, le prix des billets d'entrée sont encore relativement accessibles contrairement à beaucoup d’autres festivals. Les coûts liés aux cachets des artistes et à la sécurité se révélant de plus en plus conséquents, cette politique pourrait prendre un autre visage lors des prochaines éditions.

Pour les moins chanceux (et les plus radins), il reste une poignée d'artistes qui se produisent dans les rues sinueuses de cette ville, théâtre de son événement annuel le plus marquant.

Les Nuits Secrètes fêtent leurs 20 ans d'existence. Les organisateurs n'ont pas fait dans la dentelle. Des nouveautés, il y en avait donc. A commencer par la réorganisation complète. Et un nouvel accès mieux agencé pour permettre d'agrandir le site.

Et qui dit plus d'espace, signifie plus de confort, de tranquillité et de musique évidemment. La programmation a elle aussi été repensée et amorce un virage vers le hip-hop, le rap et l'électro, une tendance empruntée par le Dour Festival depuis quelques années et qui rencontre une certaine hostilité dans la frange de public plus âgée. Gageons que les Nuits Secrètes ne tombent pas dans les mêmes travers.

Les NS misent désormais davantage vers le durable et le circuit court. Les nombreux stands proposent des produits locaux en tout genre. N'y cherchez donc pas du soda pétillant noir, c’est peine perdue…

La main stage a été déplacée, permettant une meilleure visibilité. L’Eden, infrastructure métallique surmontée d'un toit rouge, initialement conçue pour accueillir le pôle régional des musiques actuelles, est également en place. C'est le seul endroit où s'abriter lorsqu’il pleut. Par temps ensoleillé, des brumisateurs permettent de profiter d’un peu de fraîcheur.

Une nouvelle scène trône désormais aux côtés de ses deux petites sœurs, ‘La Station Secrète’, de taille plus modeste. Un autre endroit propose également de diffuser de la musique. Il s'agit de l'’Oasis’, niché à un endroit un peu plus décentré.

Ce qui fait l’originalité des Nuits Secrètes est toujours d’actualité : les parcours secrets, ces lieux insolites découverts par le public de manière fortuite ou encore les Agents Secrets, c'est-à-dire tous ceux qui, postés aux endroits stratégiques, œuvrent pour que les festivités se déroulent sans encombre.

En cette première journée, le ciel est maussade. Pourvu que Dame nature retienne sa vessie. Ce serait une catastrophe pour bon nombre de festivaliers, car pour des raisons de sécurité, les parapluies sont interdits…

Il aura fallu pratiquement trois heures à votre serviteur pour accéder au site : entre manque d'information, absence de fléchage et défections d'accréditation liées au manque de réseau internet, les raisons de déserter étaient plurielles.

Enfin, il paraît que ce sont les aléas de tout événement de ce genre...

Bref, à peine arrivé sur place, force est de constater que la foule est relativement jeune. Trainings ‘Adidas’ et paires de baskets ‘Nike’, on dirait, à s'y méprendre, une compétition sportive. Les casquettes sur la tête sont aussi légion, palettes sur le côté svp. Il faut dire qu'une des têtes d'affiches attire ce type de public.

Direction l'Eden. L’abri est bien rempli. Au loin, les rythmiques électroniques retentissent. Pas vraiment la tasse de thé de votre serviteur. Mais la curiosité le pousse à franchir le pas.

Une gonzesse se tient au milieu de l'estrade. Il s'agit de SHYGIRL. Provocante à souhait, minois pas dégueu, elle semble cacher une certaine pudeur. Son esthétique, aussi bien musicale que vestimentaire, détonne. Elle apprivoise la scène avec une aisance inopinée.

Elle a gravé, il y a maintenant pratiquement deux ans, un album intitulé « Alias » qui a bien tourné dans les boîtes branchées de la cité londonienne.

Très énergique, impétueuse même, elle livre un set étonnant, chargé de beats industriels et féroces.

Nouvelle figure de la scène musicale underground londonienne, co-fondatrice du label NUXXE aux côtés de Sega Bodega et Coucou Chloe, Blane Muise, à l'état civil, pratique une électro mi-sombre, mi-acide sur fond d'érotisme débridé.

Elle a convaincu un public qui ne semblait pas pourtant, a priori, très ouvert à ce genre de lecture musicale. Pari gagné.

Direction la grande scène, pour assister au show de Damso. La foule est compacte. Faut dire que le grand black est une figure de proue de la scène rap. Et reconnaître que dans cette région du nord de la France, sa popularité est incontestable.

Sa musique est inspirée de son enfance, vécue à Kinshasa, ainsi que son adolescence, dans le quartier bruxellois de Matonge, en Belgique.

Actif dans le milieu depuis 2006, il a vu sa carrière véritablement décoller en 2015, lorsqu'il est repéré par Booba.

Lorsque le compte à rebours commence, haletante, la foule sait qu'il reste à peine 10 secondes avant que l’artiste grimpe sur le podium. Une éternité pour certains au vu des cris stridents perçus ici et là par des centaines de jeunes filles prépubères. Probablement en chaleur...

Faut dire que le gus est le rappeur francophone le plus écouté au monde. Son dernier album, « QALF Infinity », paru l'année dernière, a battu des records sur Spotify en comptabilisant seize millions d’écoutes en un jour. Une prouesse impensable pour un artiste belge qui ne fait pas carrière sur le plan international comme son compatriote Stromae, par exemple.

A ‘0’ pile poil, un vaisseau de lumière envahit le podium. Des jets de feu jaillissent de toutes parts. Le spectacle est d'une précision millimétrée. Une prestation digne des plus grands de ce nom.

Le frontman apparaît. Il est le seul aux commandes. Ni musicien, ni DJ à ses côtés. Pas vraiment expansif, il se contente de déblatérer ses chansons ponctuées d'un ‘ok’, forme de mimétisme verbal. Comme s'il s'agissait de la seule manière de s'adresser au public !

Peu importe, l'artiste se suffit à lui-même pour remplir l'espace scénique. Il pioche dans un répertoire dont la palette est particulièrement large, histoire de combler ses fans. Des compos tirées aussi bien de « Batterie Faible », que de « Ispéité » ou encore de « Lithopédion » (Feu de bois). Sans oublier « QALF Infinity » (« Morose », une chanson plus douce). Des featurings, il en sera aussi question, comme cette histoire de « Rencontre » avec Disiz.

Si ses textes sont relativement crus et empruntent de temps à autre des propos sexistes (qui lui ont d'ailleurs valu les foudres du Conseil des femmes francophones), Damso mise avant tout sur l'intensité. Entre un côté rageur et une forme de tranquillité subversive, il cultive une forme de paradoxe. Les aficionados aiment et lui rendent bien en s'exaltant à chacune de ses interventions.

Hormis, les effets visuels et les écrans sur lesquels des extraits de ses clips sont projetés, le concert est resté minimaliste. Mais peu importe, Damso, visiblement en grande forme, a cette capacité de fédérer et d'offrir un spectacle haut en couleurs

Il est 22 heures lorsque le concert s'achève. Il fait nuit noire.

Une première journée qui commence fort. Peu d'artistes découverts, mais d'une grande qualité. Les Nuits sont décidément bien secrètes sur la plaine d'Aulnoye-Aymeries…

(Organisation Nuits Secrètes)

SHYGIRL + Damso

 

LaSemo 2022 : dimanche 10 juillet

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Dernière journée d'un triptyque haut en couleur. Il est effectivement déjà temps de se dire au revoir.

Si la veille, les températures étaient plus que supportables, ce dimanche, les rayons de soleil ont décidé de cogner dur. Autant dire que les fontaines dispersées sur le site vont avoir une tâche bien ardue. C'est gratuit, alors autant en profiter !

C'est par Fleur que les festivités commencent. Le combo exécute sa prestation sur la scène de la Tour. Une jeune demoiselle est vêtue d'une robe verte à gros motifs ; des fringues probablement empruntées à son arrière-grand-mère.

Elle semble ingénue, baragouine quelques mots en français, mais c'est dans la langue de Shakespeare qu'elle s'exprime le mieux. De ses aveux, elle trouve que le français reste la plus belle langue de l'univers.

Une petite fille de 6 ou 7 ans semble carrément tombée sous le charme de la roussette et de ses trois comparses. En retour, elle recevra un vinyle dédicacé en plein concert sous les applaudissements du public.

L'univers du groupe nous replonge dans les années yéyé, un courant musical qui a sévi en France au début des années 1960. Et un morceau aussi décousu que décalé comme « Mon ami martien », en est un parfait exemple. Un peu gauche, la nymphette s'exerce en flash-back. Sa voix est fragile et posée. Ce petit accent accentue encore un peu plus le charme de cette artiste.

C'est sympa, mais le show s’avère un peu trop linéaire. Les spectateurs sont couchés dans l'herbe, brindille dans la bouche et chapeau de paille sur la tête, dans une ambiance qui rappelle, quelque part, Woodstock…

Ne retenons que le positif, cette brise musicale fraîche est la bienvenue, compte tenu de la température.

Friday Frida se produit à La Guinguette. Il s'agit de neuf gonzesses issues de la région de Liège. Elles reprennent de gros standards de la pop des années 2000 et des morceaux de folk américain.

Pas de musicos sur scène. Une des demoiselles se charge de donner le rythme à l’aide d’un gros tambour tandis que ses comparses se chargent de l'accompagner avec leur corps (elles utilisent leur torse, les doigts ou toute autre partie susceptible de produire du bruit). Bref, un résultat détonnant.

Si musicalement, ce set n'apporte rien de très particulier, la magie opère tout de même. Le public est conquis. Les filles sont satisfaites. Que demander de plus ?

La scène de la Tour accueille son plus fervent invité en la personne de Cédric Gervy. Il est présent au LaSemo depuis des années.

En ce dimanche, il a troqué sa casquette de prof de néerlandais pour revêtir celle de troubadour/chansonnier.

Hormis la présence de sa mascotte favorite (une espèce de peluche déglinguée), il est seul sur les planches.

Alors qu'il y a quelques années, il militait au sein d’un projet collectif : Cedric (et les) Gervy, impliquant Mr Chapeau, le gratteur RenRadio et le drummer Tyler Von Durden (remplacé en 2019 par The Robot), il se produit désormais en solo.

Lors d'une des dernières éditions, il avait invité le collectif à l'accompagner en ‘live’, ce qui avait débouché sur un set très performant.

Armé d'une gratte acoustique (qui elle aussi a déjà bien bourlingué), il revisite des sujets brûlants, dépeignant l'injustice de ce monde en format très second degré.

Lui, ce n’est pas du sang qui coule dans ses veines, mais un savant mélange de bonne humeur et de joie de vivre.

Autant dire que ses concerts sont synonymes de franche rigolade (« George est content », « « Que c'est chiant le reggae, etc.). C’est une thérapie contre la morosité ambiante à lui tout seul.

Bon, on ne peut pas dire que le gars possède un organe vocal très développé. Dès lors, considérez Gervy, n'en déplaise à l'artiste, comme un amuseur et non un chanteur.

Même si Cédric apporte un soin particulier lors de chacune de ses prestations, son set commence doucement à sentir la naphtaline. Ce sont toujours les mêmes carabistouilles, les mêmes jeux de mots, les mêmes sujets à dépeindre. On dirait un vieux sénile qui répète sans cesse les mêmes propos.

Un changement de line-up dans la programmation du festival serait de bon goût, car Gervy une fois, ça va, plusieurs années de suite, bonjour les dégâts.

Bon allez Cédric, ‘Bonne année quand même et à l’année prochaine !’ Enfin, si tu pouvais passer ton tour, quand même ...

Retour à la scène de la Tour pour y découvrir Ladaniva.

Pas question de bagnole, mais du groupe multiculturel fondé par la chanteuse arménienne Jacqueline Baghdasaryan et le multi-instrumentiste français Louis Thomas.

La rencontre tient d'un conte de fée. Baghdasaryan a 19 ans lorsqu'elle débarque en France avec sa mère. Arménienne qui a grandi en Biélorussie, elle est logée dans un foyer à Tourcoing.

Lors d'une jam organisée au bar ‘l’Intervalle’, dans le Vieux-Lille, un de ces endroits miteux où il encore possible de s'exprimer musicalement sans trop de souci, elle rencontre Louis Thomas, enfant de Quesnoy-sur-Deûle, trompettiste touche-à-tout et ouvert sur le monde et ses musiques.

Ladaniva naît ce soir-là. Un mini-concert sur Radio Nova est repéré par la suite par Michka Assayas (ce célèbre dénicheur de talents est également le maître d'œuvre d’une bible du rock, parue en 2000,) les propulsera vers l'autel du succès.

Leur popularité croît encore davantage lorsqu'en 2020, en plein Covid, Ladaniva publie deux vidéos qui vont générer plus d’un million de vues chacune sur YouTube.

La musique de Ladaniva est plurielle. Elle oscille du folk arménien à la musique traditionnelle des Balkans, en passant par le maloya, le jazz et le reggae.

Jacqueline est à l'image de la musique qu'elle produit : joyeuse et évasive, entre histoire, tradition et modernité.

Parfois un brin nostalgique, elle ne peut s'empêcher de revivre son vécu à travers l'une ou l'autre composition.

Direction la scène du Château pour le dernier concert de cette édition 2022.

Il s'agit de Ben Mazué. Promis à une carrière de médecin, Benjamin Mazuet à l'état-civil, opte pour la musique alors qu'il n'a que 25 ans.

Il est accompagné de deux musiciens multi-instrumentistes. Lui se réservera la sèche sur l'un ou l'autre titre.

Un écran blanc géant trône sur le podium qui permettra d'habiller en images le show qui s'annonce excellent.

D'emblée, amis des mots et de l’émotion, Ben Mazué aime se dévoiler à travers ses compostions. Ses joies, ses peines, ses émotions, ses états d'âme, ses paroles retentissent au gré de ses maux.

Auteur-compositeur-interprète, Benji couche ses sentiments sur le papier pour en construire des mélodies qui ont du sens. Pour lui et pour les autres. Ses récits sont tout simplement familiers, sincères et véritables.

L'amour est au centre des débats. Celui qu'on a perdu. Celui que l'on va retrouver aussi. Il parle ouvertement de la femme qui l'a quitté. Les chansons de son album « Paradis » ont été directement inspirées de cette période lorsque sur l'Ile à la Réunion, il se levait à 4 heures du matin faire son jogging, histoire d'évacuer toutes ces histoires obsédantes, tandis que son ex dormait paisiblement.

Mais à en croire ses propres propos, il vaut mieux une belle histoire qui se termine trop tôt, qu'une médiocre qui dure toute une vie (« Le cœur nous anime »).

Intellectuellement trituré (« Quand je marche »), Mazué reste un artiste qui rend à la chanson française ses véritables lettres de noblesse.

Agé de 41 ans, en pleine crise, l'homme se cherche et tente de se réinventer pour mieux se retrouver. Et si cette crise avait commencé plus tôt pour ne jamais prendre fin ?

Quoi qu'il en soit, Mazué s’épanouit dans ses chansons qui content la vraie vie. Fondamentalement curieux, la nature humaine le rend interrogateur. Mais les questions fusent, sans nécessairement trouver de réponse.

Durant toute sa prestation, il ne cessera de prendre le public à partie sur des sujets qui lui tiennent à cœur : la vie, la mort, les rencontres, les amis, etc.

Après plus de 10 ans de carrière, Ben Mazué est l’un des artisans de la chanson française. Un enfant aussi en quête de réponse.

Il est 22 heures 15 lorsque le show se termine. Une bien belle édition. Un site formidable. Des jeux. Des concerts. Une ambiance bon enfant. Un soleil radieux. De quoi attendre impatiemment l'édition 2023…

(Organisation LaSemo)

(Voir aussi notre section photos ici)

 

 

LaSemo 2022 : samedi 9 juillet

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Depuis 2013, le Parc d'Enghien, domaine de 182 hectares situé sur les communes belges d'Enghien et de Silly, accueille le LaSemo.

Caractérisé par ses espaces verts exceptionnels, ses pièces d'eau, ses jardins et des bâtiments qui couvrent près de 400 ans d'histoire, le site est propice à la découverte ainsi qu’au lâcher-prise et convient donc parfaitement bien à ce type de festival.

Après avoir traversé plusieurs crises sanitaires successives, le LaSemo revient sous sa version originale. Suite à la pandémie, les organisateurs avaient dû se contenter de versions épurées baptisées ‘Ceci n'est pas le LaSemo’ en 2020 et ‘Ceci n'est pas encore le LaSemo’, l'année suivante.

Contrairement aux deux années précitées, les masques ont totalement disparu reléguant au passé (?!), les vicissitudes atroces causées par les incertitudes épidémiologiques. Situation paradoxale puisque à l'heure d'écrire ces lignes, les contaminations reprennent de plus belle ...

Quoi qu'il en soit, pour cette nouvelle édition, tout y est : le Château est magnifiquement mis en évidence et on y retrouve les jeux pour les têtes blondes, les spectacles pour les plus grands enfants ou encore un espace ‘Amusoir’ basé sur le modèle intergénérationnel. Et cerise sur le gâteau, le temps est de la partie.

Autant de détails faisant du LaSemo un événement unique en son genre. Mais pas que, puisque ce festival mise aussi sur le développement durable. Vous cherchez du neuf ? Rebroussez votre chemin, vous n'y trouverez rien ! Tout est recyclé ! De vieilles bécanes qui permettent de recharger son portable à la force des guibolles, les chaises de mamy dispersées ici et là, histoire de poser son popotin, des casquettes faites de boîte en carton, sans oublier les toilettes sèches, évidemment. Inutile de préciser que cette liste est loin d'être exhaustive.

La vraie seule grosse déception sera l’absence de Jean-Jean, l’habituel géant givré de service chargé d’introniser avec humour, décadence et légèreté les artistes. Ce n'est pas sa première défection. Déjà en 2018, il avait été remplacé au pied levé par une Schtroumpfette qui ne lui arrivait pas à sa cheville (au sens propre comme au figuré).

Le festival se déroule à nouveau sur trois jours. Votre serviteur n'a malheureusement pu se rendre à temps sur le site le vendredi, là même où se sont produits notamment Fugu Mango et Girls In Hawaii.

Les hostilités débutent donc ce samedi par Barcella sur l’estrade de la Tour.

Homme de scène, il a décroché plusieurs prix émérites : championnats de France de ‘Slam Poésie’, prix ‘Jacques Brel de Vesoul’, récompense auprès de l'académie ‘Charles Cros’ pour son spectacle ‘Charabia’, etc.

Très à l’aise sur les planches, il jouit d’une longue expérience, puisqu’il a notamment assuré le supporting act de Jacques Higelin, Francis Cabrel, Sanseverino, Cali, Tryo, Zebda ou encore Thomas Dutronc.

Mathieu Ladevèze, à l’état civil, est un amoureux de la langue de Voltaire. Il aime le mot, le détourne de son contexte, l’utilise comme matière première, le façonne, l’envie, l’élève, le fait grandir, trie le bon grain de l’ivraie, avant qu’il ne renaisse dans chacun de ses textes, sur une musique dont la poésie moderne colle parfaitement à la chanson française.

Une évidence ! Il propose un ‘live’ où n’ont droit de cité que l’humour et la joie de vivre. Le gaillard rend festif ses propos, les malmène, les triture, les enjolive parfois, mais sans tomber dans la mièvrerie. Les seuls maîtres mots : bonheur et onirisme !

Cataloguer cet artiste de bouffon serait lui faire honte. C’est plus que ça. Bien plus ! Toujours en recherche d’exigence et d’inédit, sa conception musicale est concise et précise, entourant des jeux de mots percutants et réfléchis, tout au long d’un flow soutenu par des textes rageurs et affûtés, qu’il dispense en manifestant une autodérision majeure et éphémère.

Moment fort du spectacle, lorsque dans un élan de courage, il adresse un message au public féminin venu en masse. Lors d’un discours éloquent, il rend hommage aux… ‘salopes’.

Mesdames, ne le prenez pas pour vous ! Il sous-entend derrière cet idiome, les maladies, les catastrophes, etc. Bref, toutes ces saloperies qui nous empoisonnent la vie et qu’il qualifie ainsi…

Le public, pris au jeu, scande de plus en plus fort, cette expression rendue vulgaire aux oreilles des plus jeunes, présents eux aussi. Que les parents ne s'offusquent pas, c'est pour la bonne cause !

Autre scène, autre genre. Les membres de What The Funk se pressent à la Guinguette.

C'est sans doute l'endroit le plus atypique. La scène est constituée de palettes de bois. De vieux vinyles ont été cloués sur le pourtour du site, histoire de feindre un espace cosy. Si l'objectif final n'est peut-être pas atteint à cent pour cent, l'idée est originale en tout cas.

Ce podium bénéficie d’un bel espace ombragé car il se situe au milieu d'un espace arboré. Les spectateurs se sont installés au centre de l'hémicycle et attendent patiemment, une chope à la main.

Énergiques et passionnés, les membres de What the Funk sont au nombre de neuf. Leur truc, ce sont les reprises qui s’étalent des années 60 à aujourd'hui.

S’inspirant du meilleur de la black music, WTFunk mêle rythmes groovy et vibrations brûlantes : un cocktail bien frappé qui balance du lourd !

S’appuyant sur un répertoire judicieux et intergénérationnel, le groupe a offert un spectacle complet en visitant les gros standards du genre, le tout dans une bonne humeur contagieuse. Fallait voir le public se déhancher au gré de la basse syncopée et des guitares triturées par les pédales wah wah.

Bien que les formations de reprises soient dans l'air du temps, on peut quand même regretter l'absence de compos originales pour un festival de cette trempe.

Quoi qu'il en soit, le combo n'avait qu'un seul objectif : réveiller la pulsion rythmique qui sommeillait au plus profond de chacun de nous. Pari plutôt réussi et définitivement funky.

Retour à la scène de la Tour pour faire connaissance avec un jeune gaillard qui répond au nom de Tim Dup. Il est venu présenter les couleurs d'un nouvel album « La course folle ».

A vrai dire, cet artiste constitue la première belle surprise de la journée.

Agé de seulement 26 ans, ce garçon a tout d'un grand.

Il embrasse un univers où se marient volupté et mélancolie, le tout aiguisé par des textes empruntés à la langue de Molière.

En se servant de mots puissants, modernes et intimes à la fois, Tim brasse des thématiques vives et ensoleillées sur un lit de sonorités variées et audacieuses.

Des chansons qui invitent à l'évasion, tantôt avec légèreté, tantôt avec cette pointe d'autodérision. Il y parle de ses soirées d'apéros, de copains ou encore de l'Italie. Bref, une fraîcheur qui sent bon la jeunesse insouciante.

Devenu aujourd'hui une figure marquante de la scène française, le gaillard est aussi bien à l'aise devant le piano que le micro ; et il impressionne par la maturité de ses compos.

Si vous appréciez l'univers d'un Dominique A, vous devriez assez naturellement succomber au charme de Tim Dup.

L'heure est à la prestation de Patrice maintenant. L'artiste avait marqué les esprits en 1999 en publiant un elpee intitulé « Lions ». Pas étonnant donc que les groupies se soient pressées en masse devant le podium du Château.

L'homme dispose d'une large palette musicale. On passe de la soul au reggae et du blues au folk mélancolique en un tour de main.

Objectivement intéressant, l'homme ne parvient cependant pas à attirer l’attention de votre serviteur qui préfère remplir une fonction physiologique en se rendant au stand food.

Ce sera le dernier concert ‘organique’ de la journée, le reste étant consacré à la musique électronique. Un genre aux antipodes de ce que votre serviteur se met dans les portugaises. Curieux de nature, il prend la peine de jeter œil et une oreille au set de Thylacine.

Si dernière ce nom barbare se cache le loup de Tasmanie, ici, il en est tout autre puisqu'il s'agit de William Rezé, un musicien et compositeur français de musique électronique.

Issu du conservatoire, il prête ses talents de saxophoniste dans divers groupes et devient véritablement actif dans le milieu électronique, en 2012.

Si l'artiste se dit proche artistiquement de Fakear, Superpoze, Massive Attack, Four Tet ou Moderat, il s'inspire surtout de ses voyages pour composer sa musique qu'il façonne comme de la pâte à modeler.

La nuit vient de tomber. Des néons d'un bleu profond viennent s'immiscer subrepticement, faisant de ce moment de grâce, une parenthèse inattendue.

Planté au milieu de tout ce bidouillage électronique, Rezé est soutenu, sur certains morceaux, par un préposé aux ivoires. Et ses interventions sont subtiles. D’un noir étincelant, le piano à queue est planté au milieu de l'estrade.

Le jeune Français et son comparse sont d'une précision impressionnante. Tout est millimétré et calibré. Pourtant, par moments, lorsque l'on y est attentif, il semble que cette rigueur s’estompe pour laisser place à l'improvisation ; ce qui leur permet à la fois de revisiter, mais aussi de se forger un style unique.

Cette approche artistique permet au moins à Thylacine de renouer avec son passé de musicien du conservatoire.

Un vrai régal pour les yeux et les tympans.

Il est temps maintenant de regagner ses pénates, la dernière journée du LaSemo s'annonçant, elle aussi, très riche en découvertes et en surprises.

(Organisation : LaSemo)

(Voir aussi notre section photos ici)

Festival Au Carré 2022 : dimanche 3 juillet

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Triggerfinger était à l’affiche, ce dimanche 3 juillet 2022, dans le cadre du festival Au Carré de Mons qui se déroule, cette années, du 1er au 10 de ce mois. Six salles accueilleront les spectacles ‘indoor’, dont l’Arsonic, la Maison Folie, le Théâtre Royal, l’auditorium Abel Dubois, le 106 et le Théâtre le Manège où est programmé ce soir la formation anversoise. Trio anversois, Triggerfinger pratique un blues-rock, tendance stoner, particulièrement percutant. Il réunit le chanteur/guitariste Ruben Block (qui mène, en parallèle, un projet solo), le bassiste Paul van Bruystegem (surnommé Lange Polle ou Monsieur Paul, il a notamment sévi entre 86 et 94 chez les Wolf Banes) et le drummer Mario Goossens (producteur et également impliqué, suivant son temps disponible chez Angelico, Hooverphonic et Sloper). Le trio avait d’ailleurs accordé des interviews à Musiczine, en 2008, 2011 et 2014 (à lire ou à relire ici)

C’est en assurant les premières parties de pointures comme Iggy and The Stooges, Motörhead et Jim Jones Revue ou en se produisant dans de nombreux festivals belges et étrangers, qu’il a acquis une réputation de groupe de scène. Et il est enfin de retour sur les planches après 3 ans de pandémie…

Giac Taylor se charge du supporting act. Le Louviérois Giacomo Panarisi est considéré comme le parrain du ‘spaghetti rock’. Le leader de Romano Nervoso, a enfin réalisé le projet dont il rêvait : enregistrer quatre albums solos, chacun en moins d’une semaine, dont la sortie est imminente. Sur scène, il se charge du micro et de la batterie. Il est soutenu par Mick Torres à la six cordes, Angelo Guttadauria à la guitare, aux synthés et aux backing vocaux ainsi que Greg Chainis à la basse.

La setlist va privilégier les nouvelles compos. Sculptées dans un rock bien carré, elles sont le fruit d’un cocktail entre punk, metal et garage. Pas de temps mort ni de bavardages inutiles entre les morceaux. Pas de reprise ni de plages extraites du répertoire de Romano Nervoso, non plus. Hypnotique, la rythmique est empruntée aux Ramones. Ronflante, la ligne de basse libère un fameux groove. La frappe sur les fûts est à la fois métronomique et puissante. Les sonorités de gratte sont huileuses. Et le tout est généreusement nappé de claviers. Bref, toutes proportions gardées, ce flux d’énergie rappelle parfois le John Spencer Blues Explosion voire l’Experimental Tropic Blues Band. Un set bien sauvage comme votre serviteur les apprécie…

Setlist : « Armchair Warrior », « Mr Hollywood », « The Witch », « May Satan Bless Your Soul », « I Hate Drums », « Italian Abduction ».

Costards/cravates, les musiciens de Triggerfinger grimpent sur le podium. Ruben a chaussé des santiags de couleur blanche. Et côté costume, Mario a opté le bleu et Paul, pour le noir. Mais il semblerait que le line up soit passé à un quatuor, puisque Geoffrey Burton, un guitariste gantois, accompagne de plus en plus souvent les trois autre musicos, sur les planches.

Mario est planté au centre de la scène, sur son estrade, entouré de son imposant kit de batterie : deux énormes toms basse, une grosse caisse, une caisse claire et quelques cymbales. Dès que le band débarque, le light show se braque sur lui. Et manifestement, il semble en pleine forme. C’est même lui qui va faire le show, ce soir. Il martèle ses fûts pour lancer « I’m coming for you », le titre qui ouvre le set.

Geoffrey intègre parfaitement ses interventions à la guitare au répertoire de Triggerfinger. En fait, il permet à Ruben d’exprimer totalement son potentiel sur sa gratte ; que ce soit dans le domaine technique ou pour libérer des sonorités graisseuses, huileuses, sauvages ou métalliques.

Le back catalogue est revisité à une cadence infernale. Depuis « First Taste » à « Let It Ride », en passant par « Short Term Memory Love » et « By Absence Of The Sun ».  

Ruben ne manque pas d’humour. Il avoue que son slip est mouillé comme une piscine, avant de laisser tomber… son veston. Geste qu’imite dans la foulée, Mr Paul. Mais malgré l’énergie dépensée et la transpiration, Mario conserve le sien. Après « Is It » et « All That Dancing Around Again », le groupe clôt le concert par « Colossus ». Pas vraiment un morceau frénétique.

Au cours du rappel, le combo nous réserve le « Dancing Bearfoot » de Patti Smith. Une version un peu trop paisible au goût de votre serviteur, mais au cours de laquelle Ruben impressionne en chantant à la manière de la native de Chicago. En ‘live’, Trigggerfinger n’a rien perdu, ni de sa vitalité, ni de son efficacité. Du rock comme on l’aime !

Voir aussi notre section photos

(Organisation : Mars Mons et Classic 21)

Triggerfinger + Giac Taylor

Sinner’s Day Summer Festival 2022 : vendredi 24 juin

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Le Sinner’s day s’est battu contre vents et marées afin de conserver la tête hors de l’eau ; et finalement, s’est associé au W Festival, pour se maintenir à flots, pendant et après la Covid. Préalablement à l’édition hivernale prévue du 29 au 31 octobre, l’édition estivale du Sinner se déroulait du vendredi 24 au 26 juin à Ostende. Compte rendu du premier jour.

Après avoir laissé passer les orages et surtout les embouteillages qui conduisent au littoral, votre serviteur débarque en début de soirée. Sis à deux pas de la gare, le festival est organisé au sein d’un grand parc, entouré d’étangs enjambés de petits ponts. Un cadre agréable, féérique même, comparable au Minnewaterpark, où est organisé le Cactus à Bruges. Ou dans un style goth, comme l’Amphi festival de Cologne, aménagé le long du Rhin. La capacité du site est cependant limitée ; et à vue d’œil, il doit y avoir quelques milliers de participants. En espérant que cette fréquentation puisse permette aux organisateurs (par ailleurs fort sympathiques) de rentrer dans leurs frais.

Votre serviteur aurait souhaité assister au set du groupe belge Ultra Sunn, programmé en ouverture, à 12h30. Un duo réunissant Gaëlle aux synthés et Sam au chant. Quelque part entre cold-wave et EBM, mais revu à la sauce techno, son style évoque DAF, John Maus voire le défunt Soldout. A revoir dans d’autres circonstances…

A 19h30, W.H. Lung grimpe sur l’estrade. Il avait fait forte impression au Botanique, un mois plus tôt. A ce jour, il compte deux elpees à son actif, « Incidental Music » en 2019 et « Vanities », en 2021, bien reçus par la critique.  Malgré leur jeune âge, les Mancuniens semblent déjà bien à l’aise sur les planches. Plantés de chaque côté du podium, le bassiste et le guitariste se montrent aussi discrets qu’efficaces. A l’arrière, le drummer est également effacé, mais bien concentré sur son sujet. Et au centre, une claviériste au look purement british et surtout excentrique ainsi qu’un chanteur aux cheveux bouclés, dont le physique et l’attitude évoquent Nic Offer (NDR : le leader de !!!) communiquent leur bonne humeur, s’embarquent dans des chorégraphies ou se relaient au chant. Rafraîchissantes, les compos baignent au sein d’une synth-pop imprimée sur un rythme dance ou punk, à laquelle on aurait ajouté quelques accents empruntés à Metronomy. Une découverte qui fait mouche au milieu des vielles gloires qui se produisent lors de ce festival.

Grosse déception en revanche pour le concert de IamX. Celui-ci avait publié un elpee durant la pandémie. Intitulé « Machinate », il compilait des sessions ‘live’, interprétées online pour les fans. Réputé pour ses shows époustouflants, à l’instar de ceux qu’il avait accordé à la Madeleine ou l’AB, Chris Corner revient à Ostende, mais dans un projet solo. Affichant un look définitivement androgyne (longue chevelure blonde, sweat élégant à capuche derrière lequel il se cache parfois), il revisite son répertoire. Un peu trop, car on a parfois des difficultés à reconnaître ses compos. Le plus bel exemple ? « After every party I die ». Faut dire que les arrangements sont saturés de sonorités de basses émanant d’un clavier et d’une table de bidouillages. Les fidèles aficionados, comme sortis d’une exhibition manga, se pressent aux premiers rangs. En général, ce public est conquis d’avance, mais là on se rend compte qu’il n’est pas trop enthousiaste…

The Mission est un des groupes préférés de votre serviteur. Donc, il sera nécessaire de prendre beaucoup de recul pur rester objectif afin de commenter la prestation du band issu de Leeds. Il est enfin à l’affiche de ce festival, après plusieurs reports et reprogrammations. ’C’est un plaisir d’être là enfin, on aurait dû jouer… je ne sais même plus à quelle date, mais le principal c’est qu’on soit ici’ s’exclame d’ailleurs Wayne Hussey, enclin à entrer en communion avec ses fans. Le set s’ouvre par l’inévitable « Beyond the pale », déjà repris en chœur par les aficionados agglutinés aux premiers rangs. Les tubes s’enchaînent. Seul « Metamorphosis » (issu de « Another fall from grace », paru en 2016) vient se glisser au milieu des singles parus au cours des 80’s et 90’s. Le band s’autorise un débordement de timing. 50 minutes sont prévues, The Mission s’en octroie une bonne heure. On regrettera cependant un son globalement mal maîtrisé et l’un ou l’autre raté à l’allumage. Mais les fans les plus conquis (dont votre serviteur) auront savouré la prestation du quatuor (les trois membres originels et un batteur fraîchement incorporé au sein du line up). En attendant un retour en salle qui passera par Arlon le 7 août (au lendemain du Mera Luna festival en Allemagne) et à Louvain (Het Depot), le 22 avril 2023.

Setlist : “Beyond the Pale”, “Hands Across the Ocean“, “Like a Hurricane“, “Metamorphosis”, “Severina”, “Butterfly on a Wheel”, “Wasteland”, “Tower of Strength”, “Deliverance”

Initialement prévu comme tête d’affiche, Front 242 a été remplacé par Echo and the Bunnymen, qui se charge de clôturer la soirée. Très vite la différence de qualité du son est palpable (par rapport aux autres sets de la soirée). Le côté pro et bien rôdé des compos y est sans doute la meilleure explication. Toujours vêtu de son long imperméable et chaussé de lunettes fumées (qu’il ne quittera jamais tout au long du concert), Ian McCulloch reste placide, raide comme un piquet, derrière son micro. A sa droite, le guitariste Will Sergeant, l’autre membre fondateur du band, en 1978 (NDR : encore un groupe qui fête plus de 40 ans d’existence !), est fidèle au poste. Les trois autres musicos sont plus jeunes. Plongés cependant dans l’obscurité, ils prennent le soin de se fondre dans l’esprit de la musique des Hommes-Lapins. D’ailleurs, les 5 comparses sont plutôt statiques. Ce qui ne les empêche pas d’enchaîner les titres sans jamais provoquer le moindre instant de lassitude au sein de la foule. De « Going up » (issu du tout premier album « Crocodiles ») en ouverture à « The cutter » joué en rappel, le set est particulièrement fluide. « Nothing lasts forever » est prolongé par la reprise du « Walk on the wid side » de Lou Reed. Et en final, le combo ne va pas oublier « The killing moon » (issu de « Ocean rain », ce titre date de 1984), un morceau toujours d’actualité, car il a servi à de nombreuses BO). Le band de Liverpool quitte alors sobrement la scène après quelques remerciements polis et une bonne heure quinze de prestation.

Setlist : “Going Up”, ”All That Jazz”, “Flowers”, “Rescue”, “Dancing Horses”, “Over the Wall”, “Seven Seas”, “Bedbugs & Ballyhoo”, “Nothing Lasts Forever/Walk on the wild side”, “Never Stop”, “Lips Like Sugar”.

Rappel : “The Cutter”, “The Killing Moon”.

A noter qu’à côté de la scène principale, se relayaient en permanence des DJs sous un chapiteau rebaptisé ‘Batcave’. Et où une bonne cinquantaine de spectateurs se regroupaient pour s’autoriser un pas de danse tout au long de la journée… replongeant ainsi dans l’ambiance des soirées gothiques du défunt ‘Steeple Chase’ de Waregem, du ‘Coquin’ à Tournai ou des clubs new-wave de la ‘Bodega’ à Bruxelles.

(Organisation : Sinner’s day)

ULTRA SUNN, W.H. LUNG, IAMX, THE MISSION, ECHO AND THE BUNNYMEN

 

 

Les Nuits Botanique 2022 : dimanche 15 mai

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Soirée de clôture pour l’édition 2022 des Nuits du Bota. Alors que DIIV se produit sous le chapiteau, un autre concert focalise l’attention d’un public branché indé/rock : celui de Wet Leg. Ce groupe s’était illustré fin 2021, lors de la sortie de ses deux premiers singles, vus des millions de fois sur les plateformes de streaming. Et aussi en décrochant cinq nominations aux NME Awards 2022, avant la sortie d’un premier elpee en avril dernier. Mais on peut déjà vous l’annoncer : le concert ne sera pas vraiment à la hauteur de ce buzz !

Heureusement les premières parties sont souvent le théâtre de bonnes surprises. Le Grand Salon (NDLR : baptisé le Musée le reste de l’année) est déjà bien rempli lorsque les locaux Ada Oda grimpent sur l’estrade. Et ses fans sont enthousiastes. Dans le public, juste à côté de votre serviteur, s’est glissé un vieil homme très élégant : Frédéric François. En fait, il s’agit du père de Victoria Barracato, la chanteuse du groupe. Elle accompagnait déjà son papa en duo dans certaines émissions de variété, il y a une bonne dizaine d’années. Heureusement, la musique proposée par le band, ce soir, sera résolument rock, teintée d’une petite touche de surf. Et pour en être persuadés, les membres du combo ont choisi des accoutrements estivaux mais bien punks…

Victoria est épaulée par des musicos expérimentés, dont le bassiste Marc Pirard ainsi que les guitaristes Alex De Bueger et Aurélien Gainetdinoff.

L’aspect binaire, limite schizophrène des compos et les paroles exclusivement chantées en italien constituent l’originalité de sa musique. Et parfois, elle nous fait penser à une variété un peu kitsch dispensée dans les shows télévisés en Italie. Les trente petites minutes du set sont toutefois bien remplies, les gratteurs s’autorisant des envolées de guitare rock garage, alors que la prima donna va manifester un dynamisme auquel on ne s’attendait pas…

Passons à univers diamétralement différent. En l’occurrence, celui des Américains Water From Your Eyes. Si à l’origine, la musique de ce duo baignait dans l’électro-pop, depuis la sortie de son cinquième opus, « Structure », elle a adopté un style indistinct, voguant quelque part entre rock, post-punk et synth-pop. De petite taille, la chanteuse semble effacée, alanguie, sa voix est même censée accentuer cette impression. Cependant, son air de ne pas y toucher intrigue et lui confère une certaine forme de charme. Entre ironie et introspection, elle parvient même à nous entraîner au cœur de son monde.  Déroutante, la musique Water From Your Eyes est alimentée par des riffs de guitares hypnotiques et contagieux. Difficile de croire que le combo est issu de Brooklyn, comme Big Thief ou A Place To Bury Strangers. En outre, l’énergie libérée en ‘live’ donne envie de suivre attentivement l’aventure de cette formation. 

La salle est bondée lorsque Wet Leg débarque. Il est 22 heures. On dénombre, quand même, pas mal de jeunes (sans tickets) à l’extérieur du Grand Salon, aussi. Pas étonnant, quand on sait que le site Ticketswap recensait plus de 500 demandes pour aucune offre. Dans la fosse, on croise de nombreux journalistes, sans doute à l’affût des mouvements opérés par cette nouvelle sensation anglaise. Produit par Dan Carey (NDR : déjà au service de Fontaines DC, Black Midi ou encore Squid) le premier elpee (NDR : un éponyme !), fraîchement sorti, laissait augurer une bonne soirée. Les deux natives de l’île de Wight, Rhian Teasdale et Hester Chambers, occupent bien le devant de la scène en début de set, chacune dans son style, comme sur « Wet Dream ». Caractérisé par une ligne de basse omniprésente, ce titre nous replonge dans l’univers des sœurs Deal (The Breeders), à moins que ce ne soit celui de Kristin Hersh voire, et la référence plus récente, de Karen O des Yeah Yeah Yeahs.

« Pieces of shit » et « Ur Mum » sont peuplés de gros mots. Parce qu’émargeant à la girl power, le band assume son féminisme, tant sur les planches que dans les lyrics.

Mais les morceaux qui s’enchaînent finissent par se ressembler, tellement ils souffrent d’un manque de relief. Et puis les deux frontwomen ne débordent vraiment pas d’enthousiasme, snobant tout dialogue avec le public. Même le (déjà) méga-tube « Chaise longue » sera rapidement expédié clôturant, au bout de 50 minutes, un set sans grande saveur.

Il n’y aura pas de rappel, malgré l’insistance de l’auditoire.

Paris-Match n’hésitait pourtant pas, dès le lendemain, à situer la performance parmi ‘les 5 concerts qui auraient enflammé les Nuits Botanique’ (sic).

 

Alors Wet Leg, plutôt un pétard mouillé ou un coup d’épée dans l’eau ? A vous de choisir !

Setlist Wet Leg : ‘Being in Love”, “Wet Dream”, “Supermarket”, “Piece of Shit”, ”Primo Skin”, “Too Late Now”, “Obvious”, “Oh No”, “I Don't Wanna Go Out”, ”I Want to Be Abducted”, ”Ur Mum”, ”Angelica”, ”Chaise Longue“

(Organisation : Les Nuits Botanique)

WET LEG - WATER FROM YOUR EYES - ADA ODA

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Festival Inc’Rock 2022 : dimanche 8 mai

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Le festival Inc’ Rock se déroule au cœur d’un lieu champêtre, situé juste derrière le magnifique site des carrières d’Opprebais, dans le Brabant Wallon. Les deux premières journées sont consacrées à la musique urbaine et la troisième, à laquelle votre serviteur assiste, s’adresse surtout au grand public. Elle attire d’ailleurs les familles ; depuis les enfants en bas âge jusqu’aux grand parents…

Deux podiums sont séparés chacun de 100 mètres de distance. Le timing est scrupuleusement respecté. Le soleil tape dur et il fait déjà très chaud lorsque Juicy grimpe sur l’estrade. Soit à 13h30. En fait, les filles auraient dû se produire bien plus tard…

Habituées du festival, Julie Rens et Sasha Vonk sont un peu considérées comme les geishas du r&b. Elles vont nous livrer de larges extraits de leur dernier opus, « Mobile », paru en mars dernier.

Le set d’ouvre par le r&b déjanté « Call Me » Les filles sont plantées derrière leurs claviers et Julie dispose de percussions au pied et de cymbales. Elles ont revêtu les mêmes costumes que lors de la présentation du dernier elpee, à l’AB, soit une combinaison en latex de couleur noire constituée d’un pantalon et d’une veste aux larges épaules, bardée probablement de crin de cheval (NDR : ces ensembles ont été confectionnés par Catherine Somers). Il n’y a pas grand monde dans la plaine, mais au fil de show, le public va devenir de plus en plus nombreux. « Late Night » se distingue par les superbes harmonies vocales conjuguées par les deux artistes. Les bonobos du clip n’ont pas été invités pour « Treffles ». Contemporaine, dynamique et plaisante, la musique de Juicy est dominée par les ivoires. Ce qui n’empêche pas la setlist de receler des morceaux plus rock et même rap. Baignant au sein d’une fusion entre jazz et lounge, « Youth » clôt le show…

Setlist : « Call Me », « Late Night », « Treffles », « Seed And Ride », « Bug In », « Truth », « Haunter », « Count Our Fingers Twice », « Common Future », « Youth ».

Un grand espace est réservé aux enfants. Y sont implantés des châteaux et des structures gonflables. Et puis, sur la petite scène, des spectacles sont proposés dans l’esprit des Déménageurs de Perry Rose. Monsieur Nicolas est à l’affiche. Le chanteur/guitariste en a créé un spécialement pour les petites têtes blondes, lors du confinement. Sur les planches, il est accompagné d’un bassiste/percussionniste. Rien de tel que ce type de concert pour éveiller ce jeune public à la musique, et tout particulièrement au rock, folk, et autres musiques contemporaines…  

Saule est de retour. Il se produira sur la grande scène. Le géant montois est soutenu par le claviériste Xavier ‘O’ (Grandgeorge, Mister Cover, etc.), son fidèle bassiste et un batteur, barbu, casquette vissée sur le crâne. Baptiste assure le chant et la guitare semi-acoustique. Il va nous proposer des extraits de « Dare-Dare », son dernier elpee paru en 2021, un album consacré à la chanson française ; mais également des titres plus rock, comme une cover très électrique de « Dusty Men », et puis, en finale, une version instrumentale de deux morceaux enchaînés : le « Smells Like Teen Spirit » de Nirvana et « Insomnia » de Faithless. Il va même opérer un détour par le reggae et le folk.

Interactif, il s’autorise inévitablement un bain de foule, lors d’un concert qu’on pourrait qualifier de bordel organisé. Car, si sur les planches, il aime amuser la galerie, dans la langue de Voltaire, ses textes véhiculent des messages qui touchent les gens, qui leur parlent… Et à l’issue du spectacle, on pouvait voir le bonheur se lire sur les visages et dans les yeux des spectateurs…

Place ensuite à Coline et Toitoine. Ils se consacrent aux claviers. Elle se réserve le chant, les guitares et l’ukulélé ; et lui l’Ipad et autres machines.

Le falsetto de Coline est parfois très haut perché. Elle pourrait d’ailleurs postuler au Théâtre de La Monnaie. Lors des morceaux le plus dansants, Antoine injecte des beats vitaminés dans l’expression sonore. Le répertoire est interprété tour à tour dans la langue de Shakespeare ou de Molière. Le frère de Coline grimpe sur l’estrade afin de rapper et de slammer en compagnie du duo.

La paire nous réserve plusieurs morceaux issus de l’Ep « Soma », dont un punchy « OAEOA ». Des morceaux électro bien dans l’air du temps, rafraîchissants mais au sens mélodique préservé. Le duo n’en oublie pas son dernier single, « La Salle Aux lumières », une chanson intimiste, au cours de laquelle Coline dévoile l’histoire de sa première relation amoureuse avec une fille et décrit les différents états d’âme par lesquels elle est passée…

Ykons est une formation liégeoise considérée comme les Imagine Dragons belges. Outre cette source d’inspiration majeure, le band est également influencé par Coldplay et Snow Patrol. Pas étonnant que sa musique navigue dans la britpop. Les mélodies sont accrocheuses et l’instrumentation est impeccable. « Red Lights », « Time » et « Sequoia Tree » se révèlent particulièrement entraînants. A propose de Sequoia, c’est également une bière spéciale, conçue par des brasseurs et des musiciens d’Ykons. Une petite question, quand même : où la déguste-t-on cette Sequoia ?

Skarbone 14 est un collectif tournaisien qui pratique une forme de ska teinté de reggae et de punk. Le line up implique deux cuivres (trompette, trombone à coulisses). Ils sont 8 sur le podium, dont un vocaliste qui s’exprime dans la langue de Voltaire. La section rythmique est à la fois solide et efficace. Et la guitare s’enflamme circonstanciellement.  

Le band nous entraîne vers les plages de Kingston où le sable est brûlant ; d’ailleurs les musicos se produisent, pour la plupart, pieds nus. « Pierre Richard » est du voyage. « Le Souffle D’un Sifflet » réchauffe l’ambiance festive. Les textes de « Le bagne des Nuisettes » et « Anonymousse » sont des morceaux à prendre au second degré, mais ils incitent la foule à danser, sans aucune prise de tête. « Moscow » égratigne Poutine. Le soleil tape, la bière coule à flots et les Tournaisiens transforment la fosse en immense dancefloor. Kiff assuré !

Wejdene, c’est la nouvelle icône du r’n’b français. Crinière au vent, sexy, habillée d’un short ainsi que d’un body noir moulant et chaussée de hautes bottes noires, elle attire un public d’ados. Et elle va en ramener des aficionados de cette tranche d’âge. Faut dire qu’elle n’a que 18 ans printemps.

Sa notoriété, elle l’a acquise grâce à ses mixtapes postées sur les réseaux sociaux. Sur les planches, elle est accompagnée par deux danseuses légèrement vêtues, mais également un drummer et un claviériste, alors qu’un molosse veille au grain à droite. De grande taille, musclé, il ressemble à Michael Jordan. Et il scrute l’horizon afin que personne n’essaie d’enlever les donzelles. Les jeunes filles pré-pubères sont à la fête ainsi que les petites têtes blondes, souvent perchées sur les épaules des parents voire des grands-parents. Pas trop la tasse de thé de votre serviteur ; il est donc préférable de s’éclipser…

Il y a du peuple devant le petit podium pour accueillir Dj Daddy K.. Si, si, souvenez-vous, c’est lui qui était associé à Benny B. pour interpréter le mégatube « Mais vous êtes fous ». Et Dj Daddy K. va rapidement mettre le feu dans la foule en diffusant une sélection de titres issus des 80’s et des 90’s… Heureusement, les pompiers ne sont pas loin. La police également. Tout le monde danse à l’écoute son mix entre hip hop et r’n’b. Connu à travers le monde, le Dj connaît son job et est reconnu mondialement. Particulièrement interactif, n’hésitant pas à reprendre les paroles de certaines chansons, au micro, le mec a littéralement retourné la plaine…

Kendji Girac clôt la dernière journée du festival. D’origine manouche, il est né à Périgueux, dans le Périgord. Bien qu’âgé de 25 ans, il est déjà considéré comme une star. Tout de blanc vêtu, il est armé d’une guitare de la même couleur. Il chante, tour à tour en français ou en catalan, ses nombreux tubes. Il est épaulé par un second guitariste, dont les interventions sentent bon Django, les Gipsy King et les Saintes-Maries-De-La-Mer. Il a également eu une petite pensée pour les mamans dont c’est la fête aujourd’hui…

A l’année prochaine !

Juicy + Monsieur Nicolas + Saule + Coline et Toitoine + Ykons + Skarbone 14 + Wejdene + Dj Daddy K. + Kendji Girac

(Organisation : Inc’ Rock)

Les Nuits Botanique 2022 : jeudi 5 mai

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Ce jeudi, le Grand Salon accueille trois formations, dans le cadre des Nuits Botanique. Un espace magnifique habituellement destiné aux expositions d’art. Mais pas grand monde dans cette salle, ce soir, qui peut contenir de 400 à 500 âmes. Trente personnes en début de soirée. Cinquante, au maximum, pour la tête d’affiche, Silverbacks. Les deux autres bands, O et Unik Ubik servent donc de supporting act.

O (NDR : c’est une autre histoire !) ouvre les hostilités. Réunissant Joe Henwood et Tash Kaery, ce duo a été propulsé sur les scènes indie, hip-hop et jazz londoniennes en puisant ses influences chez Radiohead, The Comet Is Coming ou encore Noname. 

Portant de long cheveux blonds, vêtue d’un tee-shirt ‘kickers’, Tash se charge des drums. Elle est entourée de nombreuses cymbales, dont plusieurs sont superposées au-dessus d’un charleston. Elle paraît très à l’aise derrière ses fûts. De grande taille, barbu, Joe est coiffé d’une casquette à penne. Il se consacre au sax baryton, mais dispose de tout un éventail de pédales de distorsion et d’un pupitre équipé de boutons. Un matos qui lui permet de moduler et de déformer les sons de son instrument à sa guise.

Dès le premier morceau, « Ogo », le (maigre) public semble décontenancé. Faut dire que le couple est capable de mêler dub et beats cotonneux.

Poursuivi par les interventions distordues du sax, le drumming semble chaotique. Cependant, cet univers sonore expérimental et capricieux devient progressivement envoûtant. D’ailleurs, les spectateurs commencent à remuer la tête et même à esquisser quelques pas de danse. Un peu comme s’ils étaient ensorcelés par un chamane. Pourtant, la musique est exclusivement instrumentale.

Le band signale qu’il n’a pas encore enregistré sur support, mais que cette étape est proche. Enfin, que des tee-shirts et des gonies sont à vendre au stand merchandising. Un combo à suivre en 2022.

Changement de matos pour Unik Ubik, un quatuor tournaisien qui pratique un punk festif, déjanté, furieux, délirant, transgressif, d’obédience jazz et de tendance psychédélique ; bref, un peu fêlé. Défiant toute tentative d’étiquetage, cette belle équipe est animée par un vrai plaisir de jouer. En outre, les musicos ont opté pour des pseudos à coucher dehors. Jugez plutôt : à la guitare... Orkestralone Seb Dlay (Kofeee) ; à la basse... T.Raznor (Maria Goretti Quartet, Spagguetta Orghasmmond) ; au saxophone… JB (Louis Minus XVI, Cheikh de stael) ; et à la batterie… O'Von Pimpont ; von Basècles.

Répondant au doux nom de « I'm not Feng shui », son troisième opus avait déjà été présenté dans le cadre de l’édition 2021 des Nuits, lors d’un concert accordé à l’Orangerie.

On débute le set par une petite leçon de latin baptisée « Maximum Delirium Maxima ». La jam session débute. La voix est extatique et propice à la méditation. On se croirait au Tibet dans un temple bouddhiste, à moins que ce ne soit un chœur grégorien dont on est tombé sous le charme. Caractérisé par ses riffs répétitifs, « Dan-Jun » nous entraîne en Afrique de l’Ouest. Et lorsque le saxophoniste se déchaîne, tout en affichant une grande maîtrise de son instrument (il est capable de souffler dans deux saxophones à la fois, un baryton et un alto, comme David Jackson du Van der Graaf Generator), on ne peut s’empêcher de penser à l’Orchestre Du Belgistan.

Vraiment cools, le drummer et le saxophoniste ont enfilé des shorts. Légèrement bedonnant, le chanteur/guitariste entretient l’ambiance. Toujours le bonnet rivé sur la tête, il s’aide de deux feuillets pour exprimer des textes brefs et répétitifs. Car la musique est essentiellement instrumentale. ‘Santé’ crie-t-il en s’adressant à la foule tout en empoignant son verre rempli de gin.

Au cours du show, Unik Ubik revisite, à sa manière, 50 ans de musique rock, depuis The Ex à Television, en passant par The Clash, James Chance and The Contortions, et sous un angle contemporain, Black Midi ainsi que Crack Cloud. Et la liste est loin d’être exhaustive ! Funkysant, « Rolled In Flour » réveille en notre fors intérieurs les spectres de Tom Verlaine, Talking Heads et Brian Eno. Unik Ubik n’en oublie pas « I Am Not Feng Shui », le titre maître de son dernier opus, balance quelques riffs bien gras tout au long de « Gypsy’s Revenge » et sort ses griffes pendant « Panther ». A l’issue du set, nul doute que les musicos ont eu une envie irrépressible de se rincer le gosier…

Setlist : « Maximum Delirium Maxima », « Dan-Jun », « Rolled In Flour », « Gypsy's Revenge », « Mesmerize & Vanish », « TSA », « I Am Not Feng Shui », « Cab », « Right Or Contract », « Panther ».

Le renouveau du rock passe aujourd’hui par l’Irlande, et Dublin en particulier. IDLES, Fontaines D.C., Murder Capital ou encore Yard Act en sont les ambassadeurs les plus notoires. Il faudra y ajouter Silverbacks. Le band drivé par les frangins O'Kelly a publié son second LP en janvier 2021. Produit par Daniel Fox, le bassiste de Girl Band (devenu depuis Gilla Band), il s’intitule « Archive Material » et navigue quelque part entre post-punk, art-rock et garage rock slacker.

Impliquant trois guitaristes dont le chanteur (NDR : qui ne joue pas de son instrument en permanence), une bassiste et un drummer, le quintet grimpe sur l’estrade et attaque d’emblée « They Were Never Our People ». La voix de Daniel O'Kelly est plus déclamée que chantée. A la limite du slam, elle emprunte les inflexions de feu Mark E. Smith. Blonde, de petite taille et légèrement enveloppée, Emma Hanlon se charge de la basse, mais assure également les chœurs, d’une voix angélique, créant un élégant contrepoint à l’expression sonore chargée de testostérone.

Entre les morceaux, Daniel s’exprime dans un français maladroitement (en)chanteur ; il répète même, et à plusieurs reprises, la phrase ‘Ils s'entendent pas’, tout au long du titre maître du dernier elpee, le touchant « Archive Material ». Le combo a reconnu que Televison constituait une influence majeure. « Rolodex City » en est la plus belle illustration, même si on décèle des traces glanées chez The Fall, Pavement et même Cate Le Bon. Excellent !

Progressivement, le set devient puissant et plus énergique, mais sans jamais perdre le fil mélodique. Plus déjanté aussi, les grattes se répandant en larsens et riffs déstructurés, alors que la voix nonchalante de Daniel semble se vautrer sur ce lit électrique…

O + Unik Ubik + Silverbacks

(Organisation : Le Botanique)

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Roots And Roses 2022 : dimanche 1er mai

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Dimanche premier mai, c’est la fête du travail… et du muguet. Sous un soleil resplendissant, c’est également celle du Rock à Lessines et la seconde journée du Roots & Roses. Onze heures à l’horloge de l’église sonnent. Ce dimanche, l’affiche est celle qui était prévue en 2021. Mais à cause de la pandémie, le festival avait été annulé. Ou plus exactement reporté. La programmation y est cependant beaucoup plus éclectique que celle de la veille…

Scène Roots : Deadline (11h00-11h35)

Curieux, le groupe qui ouvre le bal, aujourd’hui, a choisi pour patronyme Deadline. Il s’agit d’un power trio qui pratique une forme de heavy-rock-punk-blues-roots. Issu de Charleroi, le combo s’est formé en 2013. A l’origine, il aiguisait ses cordes sur des riffs punks saturés, puis il a été touché par le maléfice de Robert Johnson. Depuis, les musicos sont hantés par les fantômes du blues et du roots.

Costards/cravates, ils sont sapés comme des traders de la Bourse de Londres. Les deux chanteurs, Quiet Ben et Simon Wray, échangent constamment leurs instruments (guitare, basse, harmonica), opérant ainsi des duels épiques, que canalise le drumming de Simon Blue King.

La setlist va nous réserver quelques extraits de l’Ep, « Those Who Inhabit This Land », gravé en 2018, de nouvelles compos et des reprises. Le début de concert est plutôt paisible, « Lair » et « The Armadillo Song » débarquant sur la pointe des pieds. Le calme avant la tempête électrique. Rythmique saccadée, cordes saturées, la tempête sonore peut commencer. Deux reprises : le « When I Was A Young Men » d’Allan Coe et le « Mannish Boy » de Muddy Waters. Il n’en manquait plus qu’une de Chuck Berry. A la fin du show, les instruments sont malmenés, jetés sur le plancher et contre les amplis. On se serait cru à la belle époque du Who.

Scène Roses : High Jinks Delegation (11h35-12h15)

High Jinks Delegation est un octuor cosmopolite, puisqu’il réunit des Américains, des Français et des Belges. En l’occurrence David Davoine (banjo, chant, trombone), Nora Helali (chant), Rebecca Samos (trompette, accordéon), Isabel Sokol-Oxman (violon), Nicolas Lebrun (harmonica, chant), Hervé De Brouwer (guitare), Jean-Luc Millot (drums, chœurs) et Simon Breux (chant, contrebassine*).

Le collectif pratique une musique inspirée par la tradition des ‘jugbands’ américains des années 30, en mêlant ragtime, blues, jazz et country. Et il va nous proposer de larges extraits de son album « One For The Road », paru en octobre 2021. Aux washboard, contrebassine trompette, clarinette et banjo se frottent la batterie, la guitare électrique et l’accordéon. Le set est vivifiant et bourré d’énergie. Ce qui incite le public à danser. 

* La contrebassine est un instrument à cordes pincées artisanal fabriqué généralement à partir d'une bassine en tôle galvanisée tenant lieu de caisse de résonance (plus récemment en plastique), d'un bâton (de la taille d'un manche à balai - ustensile généralement utilisé - tenant lieu de manche) et d'une seule et unique corde, souvent du type corde à linge (source Wikipédia).

Scène Roots : Parlor Snakes (12h15-12h55)

Place ensuite à Parlor Snakes, un duo franco-américain établi à Paris. Sur les planches, Eugénie Alquezar et Peter K sont soutenus par des musicos qui varient selon les circonstances. Ce soir, le tandem est épaulé par un bassiste et un drummer. Portée par la voix élastique et intense d’Eugenie, la musique explore les croisements lugubres entre punk, garage/pop et psyché. Dans l’esprit de son dernier elpee, paru en 2019, « Disaster Serenades ». Mais est-ce vraiment du garage, de la pop ou du punk. Peut-être un peu de tout ça à la fois, concentré au sein d’un cocktail explosif et lascif…

Scène Roses : Siena Root (12h55-13h35)

Siena Root n’est pas une formation italienne, mais suédoise, issue de Stockholm, très exactement. Fondée à la fin des 90’s, elle puise ses influences majeures dans le rock psychédélique des années 60 et 70. Le quatuor compte quand même douze elpees au compteur dont le dernier, « The Secret Of Our Time », et paru en 2020. Première constatation, en général, l’orgue domine l’expression sonore, un orgue aux sonorités denses, vintages que se réserve Zubaida Solid. C’est également elle qui se consacre au chant, parfois à la seconde sixcordes, sa voix soul/blues surprenante évoquant même parfois celle de Janis Joplin. Et le tout est dynamisé par les cordes de guitare hurlantes et la grosse section rythmique basse/batterie…

Scène Roots : The Cynics (13h35-14h15)

Encore un groupe de vétérans ! Pratiquant du rock/garage, The Cynics est issu de Pittsburgh, en Pennsylvanie. Fondé en 1983, il s’est séparé en 1994, avant de se reformer en 2002. Il a souvent changé de line up, et aujourd’hui, il ne reste plus que le guitariste Gregg Kostelich comme membre originel, le chanteur Michael Kastelic ayant rejoint le band en 1985. Le quatuor est aujourd’hui complété par le drummer Pablo González ‘Pibli’ et le bassiste Angel Kaplan.

« Baby What Wrong » ouvre les hostilités. Les sonorités de gratte sont écrasantes. Michael Kastelic ne chante pas, il vocifère. Et Kostelich souffle dans son harmo. Un morceau réminiscent des prémices du punk, lorsque la désorganisation était au pouvoir. L’orgue Hammond infiltre généreusement « Way It's Gonna Be ». Les compos oscillent du punk au rock garage en passant par le rhythm’n’blues. D’abord paisible, « Get My Way » finit pas s’emballer et opère même un crochet par le psychédélisme. Le public jeune semble complètement subjugué. A tel point qu’il reste bouche bée à l’écoute de « You Got To Love » et « All These Streets ». On reprochera quand même au band de pousser un peu trop le volume sonore et puis surtout les hurlements incessants de Kastelic…

Scène Roses : Chatham County Line (13h35-14h15).

Outre-Atlantique, Chatham County Line est considéré comme une figure marquante de la scène roots. Fondé en 1999, à Raleigh, en Caroline du Nord, le band a publié 13 albums, dont le dernier, « Strange Fascination », est paru en 2020. Le trio est actuellement constitué de David Wilson au micro, de John Terer au banjo, à la mandoline et au violon, ainsi que du contrebassiste Greg Readling, parfois reconverti à la pedal steel.

Ces vieux routards s’inscrivent dans le renouveau de la scène bluegrass américaine. Et dès les premiers accords, le combo nous entraîne à travers les grandes plaines américaines. Sonorités acoustiques (mandoline, banjo, harmonia) et électriques (guitares, pedal steel) se fondent dans un bel ensemble. A l’instar de « Crop Comes In ». Parfois, on a l’impression de revivre des moments partagés autour d’un feu de camp, au cours de notre jeunesse. « Free Again » s’avère presque cajun, alors « Girl She Used To Be » bénéficie d’une intervention puissante au violon…

Scène Roots : The Italian Job (14h55-h15h40)

The Italian Job, c’est le nom d’un thriller des années 60. C’est aussi celui d’un projet éphémère, qui se produira une seule et unique fois au Roots & Roses 2022, alors qu’il était prévu déjà en 2020. Le groupe d’un soir réunit la crème des mafiosi du rock’n’roll qui militent en Belgique. On y retrouve ainsi Marcella Di Troïa (Black Mirrors) et Giacomo Panarisi (Romano Nervoso) aux vocaux, Lord Bernardo (Boogie Beasts) à l’harmonica, Jeremy Alonzi (Experimental Tropic Blues Band), qui a troqué sa guitare pour les claviers ainsi que Lucas Lepori (Romano Nervoso) et Mario Goossens (Triggerfinger, Sloper) derrière leurs fûts. Bon, Mario n’est pas vraiment italien. Mais il vu l’origine de son prénom, ça peut passer. Particularité, il y aura deux batteurs. A gauche, Mario Goossens, considéré comme le meilleur en Belgique.

Le collectif a composé un répertoire original spécialement pour la circonstance et va nous interpréter sa version de « Roots & Roses », l’hymne du festival composé par Fred Lani, en 2014.

Le set s’ouvre par « 21 St Century Boy ». Giac est aux drums. On n’entend pas assez la voix puissante de Marcella. Il y a 9 musiciens sur les planches, et ce n’est pas un exercice facile pour l’ingé-son, surtout quand se produisent des musiciens issus de différents horizons. Le temps de quelques réglages et on retrouve son timbre hanté et chamanique. En outre, elle ne tient pas en place. Tout comme l’harmoniciste. A contrario, assis derrière les ivoires, Jeremy affiche une paradoxale sérénité. La maîtrise technique de Mario à la batterie est impressionnante. Le set va osciller entre blues et rock’n’roll. Et lors de titres les plus percutants, la foule danse et même parfois pogote. Faut dire que les aficionados louviérois, liégeois et anversois ont débarqué en nombre…

Mais l’intensité atteint son point culminant sur « Mother Earth » et « May Satan Bless You ». La version du « Roots And Roses » de Fredéric Lani est attaquée sur l’avant-dernier titre de la setlist. Puis, le concert s’achève par « Let Sabath ». La foule en veut encore, mais il n’y aura pas de rappel.

Setlist : « 21 St Century Boy », « Mother Earth », « Child Hood Witch », « May Satan Bless You », « Gentle Boogeyman », « Angels Lullaby », « Roots And Roses », « Let Sabath »

Scène Roses : Equal Idiots (15h40-16h25)

Equal Idiots est un tandem réunissant Thibault Christiaensen (chant et guitare) et Pieter Bruurs (batterie). Originaire d’Hoogstraten, dans la province d’Anvers, il s’est véritablement révélé, l'automne 2016, lorsqu'il a remporté le prix du public lors du concours ‘De Nieuwe Lichting’ et atteint la finale du Humo's Rock Rally.

Le set s’ouvre par le garage/punk « Knife And Gun » et tout au long de « Hippie Men », on entend des chiens aboyer. Des bandes préenregistrées, vous vous en doutez. Le duo sulfureux reprend le « Ça Plane Pour Moi » de Plastic Bertrand. Ce qui met le souk sous le chapiteau. La foule reprend même les paroles en chœur. Les deux jeunes gaillards ne manquent, en outre, pas d’humour. Rien que le patronyme de la paire, en est une parfaite démonstration. Et musicalement, il s’inscrit dans parfaitement dans la lignée de Black Keys et Black Box Revelation.

Scène Roots : The Lords Of Altamont (16h25-17h10)

Il est assez incroyable qu’après plus de dix ans de Roots & Roses, The Lords of Altamont n’ait jamais figuré à l’affiche. L’injustice est donc réparée en 2022. Le line up réunit le guitariste Dani ‘Dani Sin’ Sindaco, le bassiste Rob Zim, le drummer Barry Bonkers et bien sûr le chanteur/claviériste Jake ‘The Preacher’ Cavaliere. Cet ex-Fuzztones et ex-manager des Cramps s’est installé, depuis quelques années, derrière les claviers pour les Sonics. Originaire de Los Angeles, en Californie, le combo puise ses références majeures dans le hard rock, le psyché/rock américain et le garage. Son sixième opus, « Tune in Turn on Electricity », est paru en 2021. Il constitue l’essentiel de la setlist.  

Les sonorités d’orgue sont véritablement hypnotiques. Ce qui ne signifie pas que les riffs de guitare de Dabi Sin, les lignes de basse de Rob Zinn et la batterie serrée de Barry 'The Hatchet' van Esbroek jouent un rôle secondaire. Non, ces nuances apportent une forme de subtilité et d'originalité au son. Puissant ! Parfois un peu trop. Et des morceaux tempétueux comme « Death On The Highway », « Going Downtown » et « Cyclone » menacent et finissent par vous exploser à la figure…

Scène Roses : Sloper (17h10-17h55)

Il n’y a pas à dire, le timing est scrupuleusement respecté. Sloper, c’est le projet commun de deux batteurs d’exception qui a vu le jour en 2019. Celui de Mario Goossens (Triggerfinger), et la légende néerlandaise César Zuiderwijk (Golden Earring). Le line up est complété par le guitariste Fabio Canini et le chanteur/guitariste anglais Peter Shoulder.

Le chapiteau est plein à craquer pour assister à ce show ! Une estrade a été installée sur le podium. Mario s’y installe à gauche et César à droite. Ils sont séparés d’un énorme tambour placé en hauteur entre les deux. La grosse caisse de Mario est imposante. Assez technique, l’un des deux guitaristes déambule de gauche à droite et inversement. Il lui arrive de reproduire des solos, couché au sol. Pas de bassiste. Britannique, le second gratteur est coiffé d’une casquette en pied de poule. Les deux sixcordistes entrent régulièrement en duel, en se faisant face. César et Mario affichent de larges sourires. Détendus, ils font régulièrement le pitre et viennent même frapper sur les peaux des drums du voisin ; mais le plus génial, c’est que les deux batteurs soient capables de trouver un parfait équilibre dans leurs drummings respectifs. Les deux musiciens y expriment leur personnalité et leur jeu sans tomber dans le piège de la démonstration virtuose, qui n’est jamais loin dans ce genre de projet. C’est inévitable, Mario imite l’avion sur sa grosse caisse et incite l’auditoire à chanter et applaudir. C’était une figure de style attendue ! Un concert solide pour Sloper, dont la musique a parfois rappelé les meilleurs moments d’Eagles of Death Metal…

Scène Roots : The BellRays (18h00-19h00)

C’est la troisième fois que The BellRays se produit au Roots & Roses. Puissante, la voix de Lisa Kekaula se frotte parfois à la soul et au gospel. De temps à autre, elle se sert d’une cymbalette. Bob Vennum ne lésine pas sur les riffs énergiques. Le drumming sauvage voire tribal de Dusty Watson et les assauts de basse commis par Bernard Yin sont vraiment en phase. « Everybody Get Up » et « Perfect » remuent les tripes. « Third Time's The Charm » balance la purée. Sauf, que votre serviteur commence à avoir la dalle et qu’il est donc temps de se restaurer…

Il fait d’ailleurs l’impasse sur le set de Giant Sand

Scène Roses : The Inspector Clouzo. (20h10-21h10)

Car il faut être fit and well pour assister à la prestation The Inspector Clouzo. Un duo gascon originaire de Mont-De-Marsan. Des rockers qui cultivent du bio, élèvent des canards ainsi que des oies. La moitié de l’année est consacrée à la ferme et l’autre au rock’n’roll. Le guitariste Laurent Lacrouts et le batteur Mathieu Jourdain ont fondé ce projet en 2008. Il y a du peuple sous le chapiteau pour assister au show. La combinaison de hard rock et de funk est toujours aussi efficace. Laurent signale ne jamais préparer de setlist, toujours bien militer au sein d’un band indépendant, de s'autoproduire et de se financer à 100%. chez Virgin Angleterre. Le tandem va nous réserver, en exclusivité, des morceaux issus du futur elpee qui sortira en 2023. Après le concert, Laurent a promis de transmettre la setlist à votre serviteur, fin de semaine, car mardi il fallait planter 6 hectares de maïs… N’empêche, à l’issue d’un tel festin gascon, il y avait de quoi être rassasié.  

Il reste deux groupes à l’affiche : The Limiñanas et la formation helvète The Monsters qui clôture ce Roots & Roses. Votre serviteur a assisté à 26 concerts sur 29. C’est bien, il est fatigué et il décide de rejoindre ses pénates… Merci Fred Maréchal et Myriam Boone. A l’année prochaine, sans faute !

(Organisation : Centre Culturel de Lessines)

 

Roots & Roses 2022 : samedi 30 avril

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Après deux années d’interruption, suite à la pandémie covid 19, le Roots & Roses est de retour. Et le festival se déroulera sur deux journées. Soit le 30 avril et le 1er mai. Il y a du soleil, mais le vent est glacial. Heureusement, la musique réchauffe les corps et les cœurs.

Le 30 avril a programmé l’affiche de 2020 et le 1er mai, celle de 2021. Il y a quand même quelques changements et surtout la défection de Pokey LaFarge (la guerre en Ukraine a créé une certaine confusion chez certains artistes américains) ; cependant Fred Maréchal a déniché quelques perles pour pallier à ces absences. Trois nouveaux noms sont ainsi venus rejoindre l’affiche. En l’occurrence Monsters, les BellRays et le Giant Sand de Howe Gelb. Au total, 29 groupes ou artistes étalés sur les deux jours. Une affiche ambitieuse, généreuse, riche de découvertes et d’inattendus. La programmation fait cependant la part belle aux groupes belges :  Bertrand Lani & The Mudbugs, SONS, Deadline, Equal Idiots, High Jinks Delegation et Sloper. Et bien-évidemment, le supergroupe noir-jaune-rouge, créé pour la circonstance : The Italian Job qui réunit Marcella Di Troïa (Black Mirrors), Romano Nervoso, Lord Benardo (Boogie Beasts), Jérémy Alonzi (Experimental Tropic Blues Band) et Mario Goossens (Triggerfinger, Sloper !) Le collectif a enregistré le traditionnel hymne consacré au Roots & Roses ; ce sera assurément un moment à ne pas manquer le dimanche. Nouveau : un camping est accessible aux festivaliers. Et puis on retrouve les chapiteaux, l’espace détente, les stands food locaux ainsi qu’une foire aux vinyles et albums rares, à prix démocratique.

Passons donc en revue la journée du samedi :

Scène Roots : Bertrand Lani & The Mudbugs (11h30-12h05)

Bertrand, c’est le frère cadet de Frédéric, le leader de Fred and The Healers. Il a fondé son propre band, Bertrand Lani & The Mudbugs. Si la famille a biberonné ses fils au rock, au blues et à la country, il faut croire que la guitare servait déjà de hochet. Bertrand s’intéresse davantage à l’americana. Son backing group implique Valentin Marchal-Marchant (basse, contrebasse), Jean-Philippe Jasienski (batterie), Stéphane Pigeon (sax), Philippe Eliaers (trompette) ainsi que Jérémy Frisch (claviers). Bertrand se consacre au chant et aux guitares (électriques et semi-acoustiques). A ce jour, le combo a publié deux elpees, « Small Bowl » (2016) et « It Gets Bluer In A While » (2021). Ce n’est pas la première fois que Bert ouvre le festival.

Si Bertrand se plante au centre du podium, les cuivres (saxophone basse et baryton, trompette et trombone à coulisse) s’installent à gauche.

« Black Beard And blue Mood » nous entraîne à travers les grandes plaines du Far West. Titre maître du second opus, « It Gets Bluer In A While » embraie (NDR : en studio, Fred, Bruno Castellucci et Jack O Roonie avaient participé aux sessions). Bert est particulièrement cool et assure également à la sèche, notamment en picking. Tout au long de « A Amazing Journey », la richesse de la mélodie et la justesse des arrangements servent les mots de l’artiste.

« Countryside », titre maître du dernier opus, évoque la campagne de Maredret, où Bertrand et Fred ont passé leur enfance. On épinglera encore une superbe reprise de « Tout l’Amour » de Dario Moreno ainsi que « I’m Not A Cheater » qui achève un set bien équilibré, partagé entre titres paisibles et plus rythmés, d’une musique oscillant entre country (surtout), blues et soul…

Setlist : « Black Beard And Blue Mood », « It Gets Bluer In A While », « An Amazing Journey », « Somes Faces », « Countryside », « Tout L’Amour », « Movin’ With The Times », « Ice Cold Kisses », « I’m Not A Cheater ».

Scène Roses : Trixie And The Trainwrecks (12h10-12h50)

Fondé à Londres, ce duo réunit Trinity Sarratt et Charlie Hangdog. Elle est américaine et vit à Berlin depuis l’âge de 18 printemps. Il est britannique et s’est également établi dans la capitale de l’Allemagne.

Casquette vissée sur le crâne, lunettes fumées chaussées sur le nez, Trixie chante, joue de la guitare et en même temps se consacre aux percus : un charleston, une cymbale et une grosse caisse actionnée par une pédale au pied. Mais en début de concert, l’accessoire va se détacher ; ce qui va forcer un roadie à jouer au dépanneur. Charlie se réserve l’harmonica. Il a le souffle inépuisable. Elle a une voix puissante. La setlist privilégie les morceaux issus du troisième et dernier LP, « 3 Cheers To Nothing, gravé en 2018. Sarratt exprime ses sentiments de solitude et d'éloignement sur la ballade, « No Good Town ». Lorsqu’elle s’est rendue à San Francisco pour se produire en concert, elle a eu l’impression de ne plus être qu’une étrangère, dans sa ville d’origine. Country/blues ou americana, l’expression sonore dispensée par Trixie And The Trainwrecks, au cours de ce set, est à la fois harmonieuse et rythmée, parfois même sauvage, lorsque les cordes s’enflamment. Dommage que la prestation soit aussi courte…

Scène Roots : The Black Wizards (2h55-13h35)

The Black Wizards nous vient du Portugal. Ce soir, le quatuor est réduit à un trio. Comme ils se plaisent à le colporter, ces jeunes musicos sont nés à l’heure du numérique mais se consacrent à un son analogique.  

Apre, la rythmique contraste avec la voix de la chanteuse/guitariste Joana Brito. Une voix tellement puissante qu’elle domine la section rythmique basse/batterie. Parfois, cette voix rappelle celle de Janis Joplin. Le stoner psychédélique de ce band puise manifestement ses sources dans les 60’s et les 70’s. Le volume sonore est peut-être un peu excessif, mais le concert est particulièrement au point, le power trio affichant une technique irréprochable. Ce qui n’empêche pas les compos de libérer une belle énergie et de procurer d’excellentes sensations…

Scène Roses : Moonshine Wagon (13h40 - 14h20)

Après le Portugal, cap sur l’Espagne. Ou plus exactement le pays basque.

Jean-Paul Wiseman (Classic 21), le présentateur signale que les musicos de Moonshine Wagon se produisaient la veille, à Bordeaux. Ils ont effectué le trajet en tour-bus et c’est Jack Daniels (NDLR : le musicien ou celui qui se siffle ?) qui les a tenus éveillés. Bien que se limitant à des instruments acoustiques (guitare, violon, contrebasse, percussions et banjo), le combo libère une belle énergie sur les planches. Il pratique une forme de bluegrass parfois teinté de punk. Les textes sont interprétés le plus souvent en anglais, mais également en basque. Ils vont littéralement mettre le feu dans l’auditoire. Et Jack Daniels est également de la partie, sur l’estrade. Barbus, trois d‘entre eux ont un look à la ZZ Top.

C’est la première claque du festival !

Scène Roots : Nine Pound Hammer (14h25- 15h05).

Nine Pound Hammer est issu de Lexington, dans le Kentucky. A sa tête, le chanteur Scott Luallen et le guitariste Blaine Cartwright, par ailleurs leader de Nashville Pussy, déjà vu au Zik-Zak d’Ittre. Son mélange huileux voire graisseux de blues, cow punk, hard et southern rock dépote et nettoie les portugaises, nonobstant un souci de préserver le sens mélodique…   

Scène Roses : Jesse Dayton (15h10-15h50)

Né à Beaumont, mais établi à Austin, Jesse Dayton est un pur texan au parcours de vie incroyable. Il mène désormais une carrière solo indépendante, après avoir collaboré avec quelques-uns des plus grands noms de la scène américaine : de Willie Nelson à Townes Van Zandt en passant par Johnny Cash, Supersuckers et Social Distortion. Ce dernier a également collaboré avec le réalisateur de films d'horreur Rob Zombie pour composer quelques musiques de films. Ce sont toutes ses expériences qu’il répercute sur son dernier elpee, « Beaumonster ».

Jesse grimpe sur les planches, accompagné par une section rythmique classique basse/batterie. Entre bluegrass, country, americana et hillbilly, la musique proposée est harmonieuse, paisible et entraînante. Dayton rend de nombreux hommages à Johnny Cash. Et il est même capable de moduler sa voix qui ressemble alors étrangement à celle du Man In Black. En outre, il manifeste beaucoup d’interactivité. Ce qui colle parfaitement au style de ce power trio.

Scène Roots : The Morlocks (15h55-16h35)

Malgré 20 années de carrière The Morlocks n’a gravé que trois albums, à ce jour. Faut dire que fondé en 1984, le groupe s’est séparé en 1987 avant de se reformer en 2011. Originaire de San Diego, en Californie, il est responsable d’un garage/rock teinté de rock’n’roll et de punk.

Devenu une véritable institution dans le style, il libère une sauvagerie et une énergie qui évoquent tour à tour, Ramones, Jim Jones Revue, les Stooges et même les Stones. Faut dire que le quintet implique des ex-membres de groupes cultes comme Fuzztones, Cheeks, Link Wray ou encore Sonny Vincent.

Le band est toujours mené de main de maître par son charismatique chanteur à la voix écorchée, Leighton Koizumi. Riffs de guitares acérés, chargés de fuzz, drumming tribal, The Morlocks célèbre un retour aux sources de l’underground garage bien sale des années 60…

Scène Roses : GA-20 (16h40-17h20)

GA-20 est une formation issue de Boston dans le Massachussetts. Son patronyme n’est autre que le nom de l’amplificateur de guitare fabriqué par Gibson de 1950 à 1961.

C’est Matthew Stubbs qui a fondé le groupe, en 2018. Il a aussi accompagné Charlie Musselwhite (le binôme parfait de Ben Harper), à la guitare.

Le band pratique principalement du ‘chicago blues’. Pas de bassiste, mais deux guitaristes qui se servent de grattes issues des années 60 à 70 et de pédales de distorsion, communiquant à l’expression sonore des accents psychédéliques (NDR : une empreinte qui s’explique, puisque Matthew, barbu et la chevelure bouclée, est également le leader d’un combo psyché répondant au nom de The Antiguas).

Belle découverte !

Scène Roots : Sons (17h25- 18h10).

Sons est la première formation belge à se produire, dans le cadre de cette édition 2022 du Roots & Roses. Un quatuor anversois impliquant le guitariste/chanteur Robin Borghgraef, le bassiste Jens De Ruyte, son frère Arno à la seconde six cordes et le drummer Thomas Pultyn. Le magazine américain Rolling Stone n’en dit que du bien. Il a fait un tabac, au Trix d’Anvers, il y a quelques jours.

Il vient de publier son second long playing « Sweet Boy ». Et la setlist va privilégier les titres de cet LP.

Ces petits jeunes ont de l’énergie à revendre et dispensent un punk/rock/garage brut de décoffrage.

« Succeed » ouvre les hostilités. Les riffs de guitares sont lourds et particulièrement graisseux. Le band embraie par « LOVE », un morceau percutant et efficace de deux minutes qui raconte l’histoire d’une personne assassinée par un groupe d’homophobes. Et le reste du set va se révéler aussi saignant, démontrant que Sons est vraiment taillé pour le live….

Scène Roses : Jake La Botz (18h15- 19h00)

Jake La Botz est un habitué du festival, où il est apparu régulièrement, depuis 2004, en solo ou au sein de diverses formations. C’est un peu le chouchou du public lessinois. Jake mène une double carrière. Celle de musicien, d’abord. Puis d’acteur de cinéma. Il a ainsi été révélé par Steve Buscemi. Son dernier album, « They're Coming For Me », remonte à 2019.

Avant de véritablement lancer sa carrière musicale, il a joué dans la rue, les bars, les salons de tatouage, et même dans les églises, à Chicago. C’était au cours des 80’s. Et ce vécu se ressent dans sa musique. Il puise ses sources d’inspiration chez David ‘Honey Boy’ Edwards, l’ancien compagnon de route de Robert Johnson, mais également Homesick James et Maxwell Street Jimmy Davis. Que de belles références ! Enfin, sa musique oscille entre blues, delta blues et americana.

Le concert s’ouvre par le marécageux « Nickels and Dimes ». Puissante et claire, sa voix évoque celle de Fred Lani. Entraînant, « Shaken & Taken » baigne dans la country. Il n’en oublie pas son dernier single, « First McDonell's on the Moon » …

Scènes Roots : The Godfathers (19h05-20h05)

C’est au tour d’un des plus dignes représentants du pub rock anglais, encore en activité, de monter sur l’estrade. La naissance de The Godfathers remonte quand même à 1985. La formation est surtout connue pour son hit planétaire, « Birth, School, Work, Death » sorti en 1988. Et c’est la seconde fois qu’elle se produit au Roots & Roses.

Outre le chanteur Peter Coyne, le line up implique les guitaristes Steve Crittal et Alex McBain, le bassiste Darren Bitch et le drummer Tim James.

Peter Coyne affiche toujours la même rage matinée de classe british. Le combo nous propose un étonnant « Johnny Cash Blues », rendant ainsi un second hommage au maître de la country, ce samedi. « Unreal World » véhicule des accents funky. La setlist nous réserve « Lay That Money Down », un extrait du futur album qui s’intitulera « Alpha, Beta, Gamma, Delta ». « One Good Reason » constitue une petite perle pop énervée. Les chœurs montent en crescendo tout au long de « She Gives Me Love ». The Godfathers s’est montré convainquant tout au long du show grâce à une présence effective et un jeu de guitare tranchant comme un fil de rasoir. Une prestation qui s’est clôturée par l’inévitable « « Birth, School, Work, Death » …

Scène Roses : Flamin’ Groovies (20h10-21h10)

Les Flamin’ Groovies, c’est une autre légende du rock. Le groupe s’est formé en 1965, à San Francisco, par Ron Greco, Roy Loney et Cyril Jordan. Du line up originel, il ne reste plus que ce dernier. A l’origine, le band ramait à contre-courant du mouvement flower power célébré, alors, sur la West Coast, en proposant un rock’n’roll/blues survolté et hargneux.

Si en ‘live’ « Tore Me Down » et « Way Over My Head » se révèlent toujours aussi sauvages et incisifs, les titres les plus rock comme « Yes, It's True », « First Plain Home » et l'incontournable « Teenage Head » sonnent finalement très actuels, et pourraient facilement figurer au répertoire de bon nombre de bands qui ne jurent que par les sixties…

Scène Roots : The King Khan & BBQ Show (21h15-22h15)

King était annoncé comme le roi du Roots & Roses. Accompagné de son comparse Mark ‘BBQ’ Sultan, il devait repousser, au sein de sa troupe, les limites du blues doo-wop avant de les faire voler en éclats à coup de garage rock débridé. Il débarque sur le podium, en calbutte, torse nu et revêtu d’une cape noire. Il n’a vraiment pas l’air dans son état normal. Il est tellement défoncé qu’au cours de sa prestation, il part gerber du côté droit de la scène. On attendait que The King Khan & BBQ Show consacrel’apothéose du garage rock et de la soul psychédélique. On a eu droit à une vulgaire pantomime. Si bien que votre serviteur est allé voir ailleurs, si la nourriture était plus ragoûtante. Ce qui était, heureusement, le cas…

Scène Roses : The Black Lips (22h20 – 23h30)

The Black Lips clôture donc cette longue journée. Issue d’Atlanta, en Georgie, cette formation a connu, depuis sa naissance, de nombreux changements de musiciens. Si bien que du line up originel, il ne demeure plus que le chanteur/guitariste Cole Alexander et le bassiste Jared Swilley. Le duo est soutenu par le drummer Oakley Munson, le second sixcordiste Jeff Clarke et la saxophoniste Zumi Rosow, une véritable icône de la scène underground à Los Angeles qui s’est imposée dans l’univers de la mode, devenant l’ultime muse de Gucci.

Le rock garage de The Black Lips est interprété avec un maximum de dérision et sous une forme nihiliste, afin de pouvoir déboucher sur un grand moment festif et heureux. Le combo est venu nous présenter de larges extraits du nouvel album, « Sing In A World That's Faling Apart », dont le single « Odelia » constitue un futur hit en puissance. S’il est réputé pour ses shows provocateurs, cette outrance déborde d'énergie positive. Après « Sea Of Blasphemy », « Holding Me Holding You », « Gentleman » et « Dirty Hands », le public est sur les rotules. Bref une belle clôture pour ce premier jour de festival un peu frisquet. The Black Lips a démontré que le rock n’est pas mort, qu’il peut toujours être subversif et synonyme de contre-culture…

A demain !

(Organisation : Centre Culturel de Lessines)

 

 

 

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